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Massacre d'Ústí

Le massacre d'Ústí (tchèque : Ústecký masakr, allemand : Massaker von Aussig) est un lynchage de la population allemande survenu le dans la ville d'Ústí nad Labem (allemand : Aussig) en Tchécoslovaquie.

Résultats d'un raid aérien sur Ústí nad Labem (Aussig an der Elbe dans le Grand Reich allemand à l'époque) en 1945.

Prenant comme excuse l'explosion d'un entrepôt militaire, la population tchèque de la ville s'en prend à la communauté allemande. Le nombre officiel de victimes est de 43 tués mais le bilan réel est inconnu, probablement entre une cinquantaine et plusieurs milliers de morts[1].

Le massacre survient juste après la capitulation du Troisième Reich et le retour de la région germanophone des Sudètes à la Tchécoslovaquie. Il s'ajoute à une longue série d'exactions et de représailles commises à l'encontre des civils allemands en Europe de l'Est dans l'immédiat après-guerre[2]. L'expulsion définitive des Allemands des Sudètes sera finalement actée en août 1945 à la conférence de Potsdam.

Contexte

La ville d'Ústí nad Labem ou Aussig est située dans la région des Sudètes, une région alors à majorité allemande mais qui avait été rattachée à la Tchécoslovaquie à la fin de la Première Guerre mondiale. En 1938, sur les 43 793 habitants que compte la ville, on dénombre 32 878 Allemands pour 8 735 Tchèques et Slovaques.

L'Allemagne nazie revendique la souveraineté sur les Sudètes et obtient finalement leur annexion en septembre 1938 après les accords de Munich. Ces accords ne sont pas respectés par Adolf Hitler qui envahit le reste de la Tchécoslovaquie quelques mois plus tard, en mars 1939. La Bohème est intégrée au Troisième Reich sous la forme du protectorat de Bohème-Moravie tandis que les Sudètes sont administrées directement comme un territoire allemand. L'occupation et la guerre sont très difficiles pour l'ancienne Tchécoslovaquie, qui subit les privations et la répression qui s'abat sur la résistance ainsi que sur les communautés juive et tzigane. Les Tchèques développent une rancœur à l'encontre des Allemands des Sudètes, considérés comme des traîtres responsables des accords de Munich.

En mai 1945, les armées alliées entrent en Bohème. L'Armée rouge libère Prague le 9 mai, le lendemain de la capitulation des armées allemandes. Des troupes américaines entrent pour leur part dans l'ouest de la Bohème. La souveraineté de la Tchécoslovaquie est rétablie, avec à sa tête le président Edvard Beneš qui, en exil à Londres depuis 1940, à formé un gouvernement d'union nationale le 5 avril à Košice. Beneš, qui souhaite prévenir toutes revendications irrédentistes futures, négocie avec les Alliés l'expulsion définitive des Allemands des Sudètes.

Sans attendre la décision des Alliés, une épuration ethnique sauvage commence dans les Sudètes, parfois avec la complicité des autorités. Au cours de la marche forcée de Brno qui commence le 30 mai 1945, des milliers d'Allemands sont expulsés vers l'Autriche ou bien rassemblés dans des camps dans lesquels beaucoup meurent de maladie et de malnutrition.

Le massacre

Le aux alentours de 15 h 30, un dépôt de munitions explose dans le quartier de Krásné Březno. On dénombre 26 ou 27 victimes, dont seulement 7 sont tchèques.

Immédiatement après l'accident, une rumeur se répand dans la ville et accuse les Allemands de sabotage. Le massacre débute alors, le brassard blanc porté par les citoyens Allemands les rendant particulièrement visibles. Les victimes sont battues à mort, tuées à la baïonnette ou bien abattues. Sur le pont traversant l'Elbe, un incident éclate à la suite des provocations d'un allemand, Georg Schörghuber. L'homme est jeté dans le fleuve par la foule et se fait tirer dessus alors qu'il essaie de nager vers la rive. D'autres Allemands sont ensuite jetés du haut du pont, notamment une femme et son bébé qui sont criblés de balles.

Les massacres sont principalement commis par les Gardes Révolutionnaires, un groupe paramilitaire établi à la suite de la capitulation allemande, ainsi que par des soldats tchécoslovaques et soviétiques. Des citoyens tchèques tentent cependant de calmer la foule, parmi lesquels le maire de la ville Josef Vondra, qui prend la défense des Allemands. L'état d'urgence est finalement déclaré et un couvre-feu est mis en place. Le calme revient dans les rues vers 18 h 30 après l'intervention de l'armée.

Notes et références

Articles connexes

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