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Marx et la Poupée

Marx et la Poupée est un roman autobiographique de Maryam Madjidi paru le aux éditions Le Nouvel Attila et lauréat du prix Goncourt du premier roman la même année.

Marx et la Poupée
Auteur Maryam Madjidi
Pays Drapeau de la France France
Genre Roman
Éditeur Le Nouvel Attila
Date de parution
Nombre de pages 202
ISBN 978-2371000438

Historique du roman

Le roman reçoit le le prix Goncourt du premier roman 2017 par sept voix contre une à Manuel Benguigui (Un collectionneur allemand), une à Blandine Rinkel (L'Abandon des prétentions) et une voix à Alexia Stresi (Looping)[1] - [2] - [3].

Résumé

Maryam Madjidi naĂ®t durant la pĂ©riode rĂ©volutionnaire en Iran en 1980. Dès sa pĂ©riode prĂ©natale elle est bercĂ©e par les mouvements rĂ©volutionnaires iraniens. Ses parents, activistes communistes, conservent l'espoir d'un pays libre. Dès son plus jeune âge, Maryam se retrouve au cĹ“ur des mouvements contestataires. UtilisĂ©e comme messagère entre les rebelles, ses parents cachent des messages dans les couches de la petite fille. L'enfance de Maryam est chargĂ©e de traumatismes et de souffrances enfantines. Ses parents l'Ă©duquent avec des prĂ©ceptes communistes. Dans un pays qui se dĂ©chire Maryam essaye tant bien que mal de se conforter Ă  leur valeurs. Très vite elle doit donner ses jouets aux enfants du quartiers sous l'injonction de ses parents. Cet Ă©pisode marque un des premiers traumatismes de sont enfance. Les annĂ©es passent et le rĂ©voltes ne tarissent pas. Petit Ă  petits des proches de la familles disparaissent comme son oncle Saman arrĂŞtĂ© puis emprisonnĂ© ou Abbâs, jeune homme proche de Maryam arrĂŞtĂ© et fusillĂ© en prison. Les parents de Maryam rĂ©alise petit Ă  petit l'ampleur des Ă©vènements et leur foi dans le partie communiste vacille, jusqu'en 1986, oĂą ils quittent le pays pour s'installer en France. Avant de partir ses parents dĂ©cident d'enterrer leur livres communistes avec les jouets de Maryam. La petite fille vit cet Ă©vènement comme une nouvelle dĂ©chirure. Cet Ă©pisode marque le commencement de son exil auquel s'ajoute le traumatisme de son enfance. Maryam est alors âgĂ©e d'Ă  peine 6 ans. Tout d'abord logĂ©s dans un 15 m2 Rue Marx Dormoy situĂ© dans au 6e Ă©tage Ă  Paris, elle doit ensuite s'intĂ©grer dans un nouveaux pays, une nouvelle culture. Maryam vit très mal cette pĂ©riode et sa famille n'arrive pas Ă  s'acclimater Ă  ces nouvelles coutumes. Notamment sa mère, qui ressent le manque et la nostalgie de son pays, de sa famille et qui s'isole dans leur petit appartement parisien. Quant Ă  Maryam durant la première annĂ©e en France, elle fait des cauchemars et peint ses traumatismes sur du papier en essayant tant bien que mal de surmonter ses angoisses et son isolement. Sa mère l'emmène consulter un psychanalyste car elle s'inquiète de voir sa fille subir les consĂ©quences de l'exil. Par la suite, une rencontre importante marque l'enfance de la petite Maryam. C'est la fille d'un couple de rĂ©fugiĂ©s iraniens, Shirin. Grâce Ă  sa joie de vivre et sa prĂ©sence rĂ©confortante, Maryam parvient petit Ă  petit Ă  surmonter ses cauchemars toutefois sans faire disparaĂ®tre ses traumatismes. La solitude de Maryam ne disparaĂ®t pas. Solitude d'un enfant en exil dans un pays totalement diffĂ©rent de celui d'origine. Cette solitude se traduit par un refus de jouer avec les autres enfants de son âge. Maryam prĂ©fère s'Ă©chapper et s'inventer ces propres histoires.

Durant son enfance passée en France la langue persane constitue une grosse partie du traumatisme de la famille de Maryam. Sa mère a honte de son accent persan et pousse Maryam à apprendre le français pour s'intégrer. Ainsi, lorsque Maryam commence l'école française elle se voit placée dans un classe spécialisée (CLIN) afin d'apprendre cette nouvelle langue. Elle décrit cette classe comme un lieu de paumés, exclus de la société: "ici ca sent la misère de l'exclusion, c'est comme une arrière cour"[4]. Elle vit très mal cette période car l'impression qu'on efface sa culture pour la remplacer par la culture française prédomine dans la tête de la petite fille. Elle décide alors de ne plus parler. Son mutisme est la représentation des traumatismes de son enfance et du changement de culture. Son enfance déchirer entre l'intégration; l'effacement de sa culture au profit d'une autre, étrangère et la préservation de cette même culture engendre cette dualité typique des enfants d'exilés.

Néanmoins, elle entreprend de son côté d'apprendre le français et de répéter les leçons apprises en classe. Et elle décide un jour de mettre fin à son mutisme et de parler Français. Elle refuse toutefois de parler la langue persane. Mais sa mère, qui vit mal son exil et qui se rattache à ses origines, la force à utiliser sa langue natale à la maison sous menace de plus répondre lorsque sa fille lui parle Français. Maryam ne tient pas longtemps et continue à parler le persan toutefois en enfouissant ses origines.

L'adolescence de Maryam est bercée par la honte de ces parents à l'égard de ses amis. Honte de leur français maladroit et frustration à leur égard de leur incompétence à remplir les courriels administratifs et autres papiers importants. S'ajoute l'enfouissement de sa culture d'origine. Le persan n'a plus de place dans la vie de Maryam qui essaye de se construire son identité autour de sa double culture.

Le regard des autres sur sa culture impacte aussi la vie de Maryam. L'imaginaire de la femme persane[5], secrète et mystérieuse nourrit les esprits. Durant une partie de sa vie Maryam joue sur cette illusion. Pour certains elle est cette femme persane, pour d'autres elle est Française, pour d'autres encore elle n'est pas assez Française ou pas assez iranienne. Le regards des autres et l'image qu'ils se font de sa culture pèse tout au long de la vie de Maryam et elle-même n'accepte pas cette double culture.

Puis, survient la redécouverte de cette part d'elle-même, enfouit dans son être. Maryam replonge dans la culture persane, frénétiquement, elle cherche à se redécouvrir et à soigner les traumatismes de l'exil. Elle réapprend sa langue natale et en juillet 2003 retourne en Iran ou elle ne s'était pas rendue depuis 17 ans. Elle renoue avec ses origines et sa famille et décide de s'installer. Mais sa grand mère, dont elle très proche, lui fait comprendre qu'avec son éducation en France ça lui ai impossible. Elle finit donc par rentrer chez elle, puis voyage en Chine et s'installe à Istanbul. Elle termine enfin son périple sur sa terre d'exil, dans ce pays qu' elle a longtemps détester, la France, pays d'adoption pour une petite fille devenue adulte. Elle accepte ainsi sa double culture et continuer à garder des contacts avec sa terre natale et retourne voir sa famille en Iran.


Caractéristiques littéraires

L'œuvre est autobiographique. Maryam Madjidi décrit sa propre histoire avec nostalgie et poésie[6]. Son style littéraire lui vient de ses études et de la rédaction d'un mémoire de maîtrise en littérature comparée sur deux auteurs d'origines iraniennes : le poète Omar Khayyâm et le romancier Sadegh Hedayat.

Le livre est composé de courts chapitres décrivant des morceaux de sa vie: sur la nostalgie du pays, sur la douleur refoulée... Certaines phrases sont constituées de proses et de vers qui rappelle un poème ou un conte[6]. Le titre Marx et la poupée fait lui-même penser à un conte. Il oppose le côté politique du roman avec le communisme de Marx et l'innocence de la poupée.

Le récit est constitué de bribes de souvenirs dispersés, déstructurés. Les lieux et les temporalités se confondent et renvoient au sentiment d'exil mais aussi à une sensation de légèreté et de voyage à travers le temps et l'espace[7].

Le livre est composé de plusieurs sections nommées "Première naissance, Deuxième naissance, Troisième naissance". Elles désignent l'évolution de Maryam à travers le temps.

L'auteure utilise aussi le fantastique exacerbant ainsi le côté poétique. En effet, lorsque la grand mère de Maryam qui vit en Iran fait des apparitions auprès de sa petite fille lors de son premier jours d'école en France, le lecteur ce rend bien compte de l'imaginaire du roman.

Le livre entier est un mĂ©lange de points de vus et de styles littĂ©raires. Maryam alterne entre une Ă©criture impersonnel (quand elle est dans le ventre de sa mère par exemple), Ă  un style narratif. Les points de vue changent: parfois le regard de la mère ou celui du père et souvent celui de la petite Maryam. Son regard sur le monde Ă©volue au fur et mesure qu'elle grandit et le style d'Ă©criture change avec.  

RĂ©ception critique

À l'international, Marx et la Poupée est retenu dans la liste des douze romans étrangers de l'année 2018 pour le quotidien québécois Le Devoir[8].

Éditions

  • Le Nouvel Attila, coll. « Incipit », 2017 (ISBN 978-2371000438).
  • Voir de près, coll. « 20 », 2017 (ISBN 978-2-901096-67-2).

Notes et références

  1. « Académie Goncourt - Actualités », sur academie-goncourt.fr.
  2. Amandine Schmitt, « Prix Goncourt premier roman, nouvelle et poésie : le palmarès et les critiques littéraires », L'Obs,‎ (lire en ligne).
  3. Bruno Corty et Mohammed Aïssaoui, « Prix Goncourt premier roman, nouvelle et poésie : le palmarès et les critiques littéraires », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  4. Marx et la poupée (lire en ligne)
  5. « Loxias », sur revel.unice.fr (consulté le )
  6. Anne-Frédérique Hébert-Dolbec, « «Marx et la poupée»: Maryam Madjidi face aux fantômes de la désintégration culturelle », sur Le Devoir, (consulté le )
  7. Marie-Danièle, « Petit-déjeuner littéraire du 11 mars 2017 : les coups de cœur du comité de lecture du salon du livre d'Alençon », sur Salon du livre alencon,
  8. Christian Desmeules, Danielle Laurin et Anne-Frédérique Hébert-Dolbec, « Palmarès 2018 : douze temps forts de la littérature étrangère », Le Devoir, 15 décembre 2018.
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