Marronnage du Grand marais lugubre
Le Marronnage du Grand marais lugubre était un groupe d'anciens esclaves libérés ou fugitifs, qui s'était installé dans une zone sèche et inhabitée du Grand marais lugubre (« Great Dismal Swamp ») établi à cheval sur les États de Virginie et de Caroline du Nord.
Localisation
Malgré des conditions de vie très éprouvantes, plusieurs milliers de personnes fuyant l'esclavage ont trouvé refuge dans le Grand marais lugubre. Le marécage s'étendait à l'origine sur environ 4 000 km2, avant que l'activité humaine ne réduise sa taille de 90 %.
De nos jours, le Grand marais lugubre mesure 450 km2. Il occupe une zone du sud-est de la Virginie au nord-est de la Caroline du Nord, entre la James River (Virginie) et la ville d'Albemarle (Caroline du Nord). C'est une réserve naturelle depuis 1973.
Histoire
Des recherches ont montré que d'anciens esclaves ont vécu dans le marécage dès le XVIIe siècle et jusque dans les années 1860. Harriet Beecher Stowe les évoquait déjà dans son récit sur les Marrons publié en 1856, Dred: A Tale of the Great Dismal Swamp (en).
Les recherches les plus abouties sont menées depuis 2002 par les équipes de Dan Sayers de l'American University. L'archéologue estime que le marécage aurait abrité plus de 100 000 esclaves[1] libérés ou en fuite sur toute la période concernée. Le Marronnage du Grand Marais lugubre serait la plus grande communauté du genre connue sur le sol américain. Certains Marrons y seraient nés de parents esclaves en fuite, et y auraient vécu toute leur vie.
Les membres du Marronnage commerçaient de temps à autre avec les esclaves envoyés pour défricher le marais, et même avec certains Blancs[2]. Ces contacts permettaient aux Marrons d'échanger du bois contre des habits, de la vaisselle ou des petits objets du quotidien. Ils vivaient aussi de chasse et cultivaient des céréales dans les zones sèches du marécage. Certains rançonnaient également les voyageurs[3] ou volaient dans les fermes alentour.
À partir du début du XIXe siècle, le Grand marais lugubre devient une étape pour les Noirs qui cherchent à rejoindre le Chemin de fer clandestin[4]. Ce réseau permettait aux esclaves en fuite de traverser la ligne Mason-Dixon, et pour certains de se réfugier au Canada. La présence des Marrons inquiète suffisamment les autorités pour envoyer en 1823 une milice chargée de détruire le Marronnage[5]. L'expédition sera un échec. En 1847, la Caroline du Nord votera une loi contre le Marronnage qui restera sans effet sur les habitants du marais.
La construction du canal du marais de Dismal (1793-1805) avait déjà permis aux Marrons d'entretenir plus de liens avec le monde extérieur. Le plus gros des travaux était confié à des esclaves. Les autorités peu regardantes fermaient les yeux sur la présence de travailleurs Marrons[6]. Certains saisissent l'occasion de quitter le marais. Pendant la Guerre de Sécession, des troupes noires de l'Union entrent dans le marécage[5] pour libérer les esclaves. Beaucoup de Marrons rejoignent l'armée du Nord. La plupart d'entre eux quitteront le Grand marais lugubre après la guerre.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Great Dismal Swamp maroons » (voir la liste des auteurs).
- Chiffre cité dans le reportage d'Arte Histoire "Le village des esclaves insoumis" diffusé en 2017, page consultée le 26 août 2017.
- "The Ghosts of the Great Dismal Swamp" par John Tidwell, publié en août 2001 dans American Heritage Magazine, page consultée le 26 août 2017.
- "Runaway Slave Communities in South Carolina" par Tim Lockley, Université de Warwick (Royaume-Uni), page consultée le 26 août 2017.
- Google livre "Cher Journal : Du désespoir à la liberté: Julia May Jackson, sur le chemin de fer clandestin, consulté le 24 novembre 2018
- "Letter from Virginia : American refugees" publié en septembre/octobre 2011 par Marion Blackburn dans Archeology, page consultée le 26 août 2016.
- "Escaped slaves may have lived in the Great Dismal Swamp" publié le 29 janvier 2012 par Bill Bartel, page consultée le 26 août 2017
Bibliographie
- "The Political Economy of Exile in the Great Dismal Swamp" par Daniel O. Sayers, International Journal of Historical Anthropology, Vol. 11, No. 1,