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Marronnage du Grand marais lugubre

Le Marronnage du Grand marais lugubre Ă©tait un groupe d'anciens esclaves libĂ©rĂ©s ou fugitifs, qui s'Ă©tait installĂ© dans une zone sèche et inhabitĂ©e du Grand marais lugubre (« Great Dismal Swamp Â») Ă©tabli Ă  cheval sur les États de Virginie et de Caroline du Nord.

Localisation

Esclaves fugitifs du Grand marais lugubre en Virginie, par David Edward Cronin, 1888

MalgrĂ© des conditions de vie très Ă©prouvantes, plusieurs milliers de personnes fuyant l'esclavage ont trouvĂ© refuge dans le Grand marais lugubre. Le marĂ©cage s'Ă©tendait Ă  l'origine sur environ 4 000 km2, avant que l'activitĂ© humaine ne rĂ©duise sa taille de 90 %.

De nos jours, le Grand marais lugubre mesure 450 km2. Il occupe une zone du sud-est de la Virginie au nord-est de la Caroline du Nord, entre la James River (Virginie) et la ville d'Albemarle (Caroline du Nord). C'est une rĂ©serve naturelle depuis 1973.

Histoire

Des recherches ont montré que d'anciens esclaves ont vécu dans le marécage dès le XVIIe siècle et jusque dans les années 1860. Harriet Beecher Stowe les évoquait déjà dans son récit sur les Marrons publié en 1856, Dred: A Tale of the Great Dismal Swamp (en).

Les recherches les plus abouties sont menĂ©es depuis 2002 par les Ă©quipes de Dan Sayers de l'American University. L'archĂ©ologue estime que le marĂ©cage aurait abritĂ© plus de 100 000 esclaves[1] libĂ©rĂ©s ou en fuite sur toute la pĂ©riode concernĂ©e. Le Marronnage du Grand Marais lugubre serait la plus grande communautĂ© du genre connue sur le sol amĂ©ricain. Certains Marrons y seraient nĂ©s de parents esclaves en fuite, et y auraient vĂ©cu toute leur vie.

Les membres du Marronnage commerçaient de temps à autre avec les esclaves envoyés pour défricher le marais, et même avec certains Blancs[2]. Ces contacts permettaient aux Marrons d'échanger du bois contre des habits, de la vaisselle ou des petits objets du quotidien. Ils vivaient aussi de chasse et cultivaient des céréales dans les zones sèches du marécage. Certains rançonnaient également les voyageurs[3] ou volaient dans les fermes alentour.

À partir du début du XIXe siècle, le Grand marais lugubre devient une étape pour les Noirs qui cherchent à rejoindre le Chemin de fer clandestin[4]. Ce réseau permettait aux esclaves en fuite de traverser la ligne Mason-Dixon, et pour certains de se réfugier au Canada. La présence des Marrons inquiète suffisamment les autorités pour envoyer en 1823 une milice chargée de détruire le Marronnage[5]. L'expédition sera un échec. En 1847, la Caroline du Nord votera une loi contre le Marronnage qui restera sans effet sur les habitants du marais.

La construction du canal du marais de Dismal (1793-1805) avait déjà permis aux Marrons d'entretenir plus de liens avec le monde extérieur. Le plus gros des travaux était confié à des esclaves. Les autorités peu regardantes fermaient les yeux sur la présence de travailleurs Marrons[6]. Certains saisissent l'occasion de quitter le marais. Pendant la Guerre de Sécession, des troupes noires de l'Union entrent dans le marécage[5] pour libérer les esclaves. Beaucoup de Marrons rejoignent l'armée du Nord. La plupart d'entre eux quitteront le Grand marais lugubre après la guerre.

Notes et références

  1. Chiffre cité dans le reportage d'Arte Histoire "Le village des esclaves insoumis" diffusé en 2017, page consultée le 26 août 2017.
  2. "The Ghosts of the Great Dismal Swamp" par John Tidwell, publié en août 2001 dans American Heritage Magazine, page consultée le 26 août 2017.
  3. "Runaway Slave Communities in South Carolina" par Tim Lockley, Université de Warwick (Royaume-Uni), page consultée le 26 août 2017.
  4. Google livre "Cher Journal : Du désespoir à la liberté: Julia May Jackson, sur le chemin de fer clandestin, consulté le 24 novembre 2018
  5. "Letter from Virginia : American refugees" publié en septembre/octobre 2011 par Marion Blackburn dans Archeology, page consultée le 26 août 2016.
  6. "Escaped slaves may have lived in the Great Dismal Swamp" publié le 29 janvier 2012 par Bill Bartel, page consultée le 26 août 2017

Bibliographie

Liens externes

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