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Mark Alizart

Mark Alizart est un philosophe et un acteur de la vie culturelle française né à Londres le .

Mark Alizart
Biographie
Naissance
Nationalité
Activités
Œuvres principales
Pop Théologie, Informatique Céleste, Cryptocommunisme

Biographie

Mark Alizart est né le 14 avril 1975 à Londres, d'un père mauricien et d'une mère qui a vu le jour en Inde dans un camp de prisonniers juifs allemands[1].

Une malformation cardiaque qui l’expose précocement à la mort détermine sa vocation pour la philosophie[1]. Malgré des études en classe préparatoire au lycée Henri IV où il laisse le souvenir d’un élève hors-norme[2], il échoue aux différents concours d'enseignement.

Un petit journal de critique littéraire qu'il autoédite en 1996, la revue M.U.L, convainc Marianne Alphant de le faire entrer au service de la parole du Centre Pompidou en 2001. Parallèlement, il fonde la revue Fresh Théorie (2005-2007), qui rassemblera les textes d'une nouvelle génération de philosophes. Au Centre Pompidou, il dirige le catalogue de l'exposition Traces du Sacré de Jean de Loisy (2008) et publie le premier livre en français sur et avec Stuart Hall[3], le fondateur anglo-caribéen des Cultural Studies. Il collabore également aux journaux Art Press, Le Magazine Littéraire, Elle, et Vogue.

À 31 ans, il rejoint le Palais de Tokyo dont il devient le directeur adjoint. Il y programme notamment les rendez-vous culturels, comme F*ck my Brain, le premier rendez-vous régulier dédié à la scène artistique trans, et oeuvre à l'indépendance du centre d'art, mis sous tutelle du Centre Pompidou en 2007, qui sera obtenue du ministère de la Culture en 2009[4] - [5].

De 2011 à 2012, il est appelé auprès de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication pour devenir son conseiller pour les arts plastiques, la mode, le design, les métiers d'art et le patrimoine immatériel[6]. Ce dernier, qui le qualifie de « vif-argent un tantinet provocateur[7] », le charge en particulier de suivre la refondation du Palais de Tokyo qui sera menée à bien dans un climat tendu[8] - [9].

De 2012 à 2017, Delphine Arnault lui confie la direction du Prix LVMH des Jeunes Créateurs de Mode, qui révèle des talents comme Virgil Abloh, Jacquemus ou Demna Gvasalia[10].

En 2016 et 2017, il est le commissaire associé avec Mathieu Potte-Bonneville de la Nuit des idées de l'Institut français[11].

A quarante ans, il quitte toutes ses fonctions professionnelles pour se consacrer à l'écriture[12]. Ses livres sont traduits en six langues.

Œuvre

Protéiforme et iconoclaste, l'œuvre de Mark Alizart bouscule les idées reçues sur la modernité en privilégiant « l'examen de ses angles morts[13] ».

Pop Théologie, son premier livre, s'intéresse à l'influence méconnue sur notre culture d'un courant tardif du protestantisme, le mouvement du Réveil, qui a connu une diffusion importante au dix-neuvième siècle, notamment aux Etats-Unis. L'auteur en conclue que le procès en décadence et en nihilisme qui est couramment fait aux contemporains n'a pas lieu d'être, contrairement à l'avis de Max Weber lui-même, qui pensait que notre époque était marquée par la dégénerescence de l'idéal ascétique protestant[14].

Informatique Céleste s'attache à démontrer que l'informatique permet de sortir de la vision cartésienne et newtonnienne du monde conçu comme une mécanique céleste remontée par un Dieu horloger indifférent à nos existence, au profit d'un univers compris comme corps vivant, conscience de soi qui se manifeste à nous et s'auto-divinise en nous selon les termes de la philosophie hégélienne[15].

Cryptocommunisme et le Coup d'Etat Climatique déclinent cette « ontologie digitale » en une philosophie politique renouvelée par les leçons de la thermodynamique. Il voit en particulier dans la blockchain la possibilité de réarrimer les échanges d'information et d'énergie dans nos sociétés[16]. Plus largement, c'est à une politique libérée de l'emprise de l'idéologie néo-classique sur l'économie, au profit des principes de la bioéconomie, qu'il en appelle pour résoudre la crise écologique, y compris par les moyens d'une « géo-ingénierie verte[17] ».

À la croisée de la théologie, du marxisme et de la technologie, ce travail peut évoquer le cosmisme russe ou l'accélérationnisme anglais, le communisme messianique Walter Benjamin ou la « gnose de Princeton » de Raymond Ruyer. D'après le journaliste Robert Maggiori, son style peu académique évoque cependant des formes de pensée plus anciennes comme celle du philosophe alchimiste de la Renaissance Giordano Bruno animé par une « fureur héroïque qui dans un premier temps sidère ou laisse pantois, puis alimente un enthousiasme théorique assez communicatif[18] ».

Bibliographie

  • Fresh Théorie (dir.), Paris, Éditions Léo Scheer, 2005, 2006 et 2007.
  • Stuart Hall (dir.), Paris, Éditions Amsterdam, 2007.
  • Traces du Sacré (dir.), Paris, Éditions du Centre Pompidou, 2008.
  • Pop Théologie, Paris, Coll. Perspectives critiques, Presses Universitaires de France, 2015.
  • Informatique Céleste, Paris, Coll. Perspectives critiques, Presses Universitaires de France, 2017.
  • Hériter et après?, (collectif sous la direction de Jean Birnbaum), Paris, Gallimard/Folio, 2017.
  • Chiens, Paris, Coll. Perspectives critiques, Presses Universitaires de France, 2018.
  • Cryptocommunisme, Paris, Coll. Perspectives critiques, Presses Universitaires de France, 2019.
  • Postcritique, (collectif sous la direction de Laurent de Sutter), Paris, Coll. Perspectives critiques, Presses Universitaires de France, 2019.
  • Le Coup d'État climatique, Paris, Coll. Perspectives critiques, Presses Universitaires de France, 2020.

Traductions

  • Dogs, Londres, Polity, 2019.
  • Perros, Buenos Aires, Ediciones La Cebra, 2019.
  • 犬たち (Chiens), Tokyo, Hosei University Press, 2019.
  • Cryptocommunism, Londres, Polity, 2020.
  • Criptocomunismo, Buenos Aires, Ediciones La Cebra, 2020.
  • Golpe de Estado climático, Buenos Aires, Ediciones La Cebra, 2020.
  • 개 (Chiens), Seoul, E-Sang Books, 2020.
  • The Climate Coup, Londres, Polity, 2021.

Médailles et récompenses

Notes et références

  1. « MARK ALIZART : "Ma vocation ça a été de m'en trouver une!" » (consulté le )
  2. « T. Morton sur l’écologie et M. Alizart sur le cryptocommunisme », sur France Culture, (consulté le )
  3. « Stuart Hall », sur centrepompidou.fr (consulté le ).
  4. « Temple de l’art contemporain, le Palais de Tokyo fête ses 20 ans en regrettant l’éclat de ses débuts », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  5. Claire Moulène, « La story du Palais de Tokyo (3/5): 2007-2009, le fantôme du Centre Pompidou Alma - Les Inrocks », sur https://www.lesinrocks.com/ (consulté le )
  6. Cf. le décret publié au Journal Officiel.
  7. F. Mitterrand, Le désir et la chance, Robert Laffont,
  8. Claire Moulène, « La story du Palais de Tokyo (4/5): 2009-2011, la lutte souterraine - Les Inrocks », sur https://www.lesinrocks.com/ (consulté le )
  9. « Le Journal des Arts N°355 », sur www.lejournaldesarts.fr (consulté le ).
  10. « Qui sera le prochain Jacquemus ? », sur LEFIGARO, (consulté le )
  11. Jean-Marie Durand, « Les Inrocks - La seconde édition de la Nuit des idées est une réussite », sur Les Inrocks, (consulté le ).
  12. « Mark Alizart, philosophe de l'informatique : épisode 68/82 du podcast Profession philosophe », sur France Culture (consulté le )
  13. « Mark Alizart : « Au fond de Tintin, il y a un enfant qui pleure » », sur L'Obs, (consulté le )
  14. « ”Pop théologie” : tous artistes, tous protestants ? - Les Inrocks », sur https://www.lesinrocks.com/ (consulté le )
  15. France Culture, « Informatique Céleste »
  16. « Mark Alizart : “Le Bitcoin s’inscrit dans le grand mouvement d’émancipation qui caractérise la modernité” », sur Philosophie magazine, (consulté le )
  17. « Une « géo-ingénierie verte » est-elle possible ? », sur L'Obs, (consulté le )
  18. « Mark Alizart, au début était le code », sur Libération (consulté le )

Liens externes

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