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Marie Delcourt

Marie Delcourt, née à Ixelles le et morte à Liège le , est une philologue classique, helléniste et historienne de la littérature belge francophone. Elle est également une militante wallonne et fait partie de l'équipe dirigeante de l'Union des femmes de Wallonie avec Léonie de Waha.

Marie Delcourt
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  87 ans)
Liège
SĂ©pulture
Nationalité
Formation
Activités
Professeure d’université, militante pour les droits des femmes, traductrice, enseignante, historienne de l'Antiquité classique, historienne des religions, philologue classique, éditrice
Conjoint
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Maître
Distinctions

Elle est la première femme chargée de cours à l'université de Liège, à partir de 1929, y créant le cours d'histoire de l'humanisme.

Biographie

Jeunesse et formation

Marie Delcourt est née à Ixelles le lieu d'affectation de son père, militaire de carrière. Elle passe son enfance à Arlon, en Belgique. À l'âge de trois ans, elle contracte la poliomyélite et en garde des séquelles[1].

Aucun lycée ne prépare les filles aux études supérieures à l'époque et Marie Delcourt prépare seule les examens du jury central[2]. Elle passe son diplôme d’humanités gréco-latines devant le jury central et, en 1911, elle entreprend des études de philologie classique à l’Université de Liège, qui vont être vite interrompues par la Première guerre mondiale[1].

Après la mort de son père, lieutenant-colonel sur le front de l'Yser en 1914, Marie Delcourt rejoint le réseau de renseignement belge "La Dame Blanche" qui collecte des informations sur les mouvements de troupes pour le compte du War Office britannique[3]. Pour cet engagement, elle est décorée de la Croix d’officier de l’Empire britannique. Elle évoque cet épisode de sa vie dans son ouvrage, Nos Grands cœurs[1].

À la fin de la guerre, elle reprend ses études à l'université de Liège et obtient en 1919 un diplôme de docteur en philosophie classique[4] avant de partir étudier deux ans à Paris grâce au Concours des bourses de voyage (1920) et au Concours universitaire (1921) dont elle est lauréate[1]. Elle y étudie à la Sorbonne et à l'Institut des hautes études[2].

Carrière

À partir de 1922, elle enseigne à l'Institut supérieur des demoiselles ouvert par Léonie de Waha (et qui porte aujourd'hui son nom Athénée Léonie de Waha) à Liège. Elle occupera ce poste jusqu'en 1940 en s'efforçant de favoriser l'accès des filles aux études[1].

Parallèlement, elle poursuit ses recherches personnelles et publie de nombreux travaux dont la qualité est remarquée[2].

Elle est la première femme à être chargée de cours à l'université de Liège où elle crée, en 1929, un cours d'histoire de l'humanisme[4]. Seule femme dans un milieu d'hommes, elle n'est, au début, pas rémunérée et ne bénéficie pas des mêmes avantages qu'eux et n'a pas une très bonne opinion de cette université bourgeoise et conservatrice[1].

Limitée dans ses déplacements par son handicap, elle écrit et correspond énormément. En plus des livres scientifiques, elle écrit de la poésie, des nouvelles, des chroniques pour le journal Le Soir et même des recettes de cuisine[1].

En 1925, le prix Joseph Gantrelle lui est décernée par l'Académie royale de Belgique pour son livre Études sur les traductions des tragiques grecs et latins en France depuis la Renaissance. Après la publication de sa Vie d'Euripide, en 1930, elle traduit et commente son théâtre.

Elle se marie en 1932 avec Alexis Curvers un jeune poète peu conventionnel qui deviendra un romancier reconnu[5].

Elle entretient des relations avec de nombreuses personnalités du monde littéraire belge comme Norge et bien d’autres. Elle anime aussi un groupe d’intellectuels français et allemands qui se réunissent au château de Colpach au Luxembourg. On y retrouve Paul Claudel, André Gide, Jean Paulhan, Jean Schlumberger, Henri Michaux, Karl Jaspers, Walther Rathenau ou Bernard Groethuysen[1].

Son œuvre scientifique considérable et diversifiée lui vaut une réputation internationale. Elle écrit essentiellement des traductions (comme les tragédies d'Euripide et la correspondance d'Érasme), des biographies (Eschyle, Périclès, Euripide, Érasme, Thomas More), sur la religion et les mythes grecs (l'Oracle de Delphes, Héphaïstos, Œdipe, Hermaphrodite...)[2].

En 1961, elle est nommée Professeure émérite[5].

Engagement féministe et wallon

Marie Delcourt est membre de l’équipe dirigeante de l’Union des Femmes de Wallonie, dont Léonie de Waha est la présidente. Elle prend position à diverses reprises en faveur du droit de vote des femmes et de leur droit au travail[2].

Elle s’intéresse aussi au régionalisme et à la situation de la Wallonie[2] et publie régulièrement des articles dans la revue Femmes wallonnes.

Fin de vie

Vers la fin de sa vie, elle souffre de problèmes de vue et doit abandonner l'étude du sanskrit qu'elle a entreprise mais continue de correspondre intensément avec ses amis. Elle ne quitte plus sa chambre. Son mari, aidé de quelques amies, la soigne jusqu'au bout. Elle meurt le [5].

Après sa mort ses amis créent l'association Les amis de Marie Delcourt, que préside son mari jusqu'à son décès en 1992.

Une rue d'Arlon porte son nom ainsi qu'une salle de l'Université de Liège.

DĂ©corations

Publications

Antiquité

  • La vie d’Euripide, Éd. Gallimard, Paris, 1930. RĂ©Ă©d. Labor, Bruxelles, 2004, coll. Espace Nord
  • Eschyle, Éd. Rieder, Paris, 1934 (MaĂ®tres de LittĂ©rature, 18)
  • StĂ©rilitĂ©s mystĂ©rieuses et naissances malĂ©fiques dans l'antiquitĂ© classique, Éd. Droz, Paris, 1938 (FacPhLLg, 82)
  • PĂ©riclès, Éd. Gallimard, Paris, 1939 :: - Prix quinquennal de l'essai et prix Bordin de l’AcadĂ©mie française 1940
  • LĂ©gendes et cultes de hĂ©ros en Grèce, Éd. P.U.F., Paris, 1942
  • Images de Grèce, Éd. Libris, Bruxelles, 1943. RĂ©Ă©d., Éd. Wesmael Charlier, Namur, 1959
  • Ĺ’dipe ou la lĂ©gende du conquĂ©rant, avec Conrad Stein, Éd. Fac.Phil.Lett., Liège, 1944, (FacPhLg, 104). RĂ©Ă©d., Éd. Gallimard, Paris, 1981
  • Les grands sanctuaires de la Grèce, Éd. P.U.F., Paris, 1947 (Mythes et Religions, 21)
  • L'oracle de Delphes, Éd. Payot, Paris, 1955. RĂ©Ă©d., ibid., 1981
  • HĂ©phaistos ou la lĂ©gende du magicien, Éd. Belles-Lettres, Paris, 1957 (FacPhLLg 146)[6] - [7].
  • Hermaphrodite, mythes et rites de la bisexualitĂ© dans l'antiquitĂ© classique, Éd. P.U.F., Paris, 1958 (Mythes et Religions, 36). RĂ©Ă©d., 1992 Lire en ligne
  • Oreste et AlcmĂ©on. Étude sur la projection lĂ©gendaire du matricide en Grèce, Éd. Belles-Lettres, Paris, 1959 (FacPhLLg 151)
  • Pyrrhus et Pyrrha. Recherches sur les valeurs du feu dans les lĂ©gendes hellĂ©niques, Éd. Belles-Lettres, Paris 1965, (FacPhLLg 174)

Histoire de l’humanisme

  • Thomas More, Ĺ“uvres choisies, Éd. La Renaissance du livre, Paris, 1936 (Les Cent Chefs-d'Ĺ“uvre Ă©trangers)
  • Érasme, Éd. Libris, Bruxelles, 1944. RĂ©Ă©d., Éd. Labor, Bruxelles, 1986

Traductions

  • Tragiques Grecs. Euripide, Éd. Gallimard, Paris, 1962, (Bibliothèque de la PlĂ©iade). RĂ©Ă©d., Éd. Gallimard, coll. Folio classique, Paris, 1988
  • Thomas More. L'Utopie, Éd. La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1966
  • La correspondance d’Érasme, Collectif, tomes 1, 10, 11, Éd. Presses AcadĂ©miques EuropĂ©ennes, Bruxelles, 1967-1982

Varia

  • Jean Schlumberger, essai critique, Éd. Gallimard, Paris, 1945
  • MĂ©thode de cuisine Ă  l'usage des personnes intelligentes, Éd. Baude, Paris-Bruxelles, 1947, RĂ©Ă©d., Éd. UniversitĂ© de Liège, Fac. Phil. Lett., 1985
  • Marie Delcourt. L'autre regard, Ed. Le Cri/AcadĂ©mie royale de langue et de littĂ©rature françaises, Bruxelles, 2004. Coll. Chroniques du Journal Le Soir
  • Nouvelles, Ă©ditĂ© par Catherine Gravet, Mons, UniversitĂ© de Mons, 2015.

Notes et références

  1. « Marie Delcourt », sur www.uliege.be (consulté le )
  2. « Marie Delcourt | Connaître la Wallonie », sur connaitrelawallonie.wallonie.be (consulté le )
  3. Suzanne van Rokeghem, Jacqueline Aubenas, Jeanne Vercheval-Vervoort Des femmes dans l'histoire en Belgique, depuis 1830, 2006, Voix de l'histoire, Luc Pire éditions, 303 p. p. 128 [lire en ligne (page consultée le 2019-01-30)]
  4. Eliane Gubin, Dictionnaire des femmes belges : XIXe et XXe siècles, Lannoo Uitgeverij, , 637 p. (ISBN 978-2-87386-434-7, lire en ligne)
  5. « Marie Delcourt », sur Objectif plumes (consulté le )
  6. Henri Jeanmaire, M. Delcourt. Héphaistos ou la Légende du Magicien compte-rendu, Revue de l'histoire des religions, Année 1959, 155-1, p. 82-86
  7. Martin Persson Nilsson, Marie Delcourt, Héphaistos ou la légende du magicien (compte-rendu), L'Antiquité Classique, Année 1958, 27-2, p. 526-528

Voir aussi

Bibliographie

  • Isabelle Schopp, « Delcourt Marie (1891-1979), Ă©pouse Curvers », dans Dictionnaire des femmes belges, Bruxelles, Racine, , p. 170-171
  • Malika Bastin, « Marie Delcourt, la "dame blanche" et la philologue », dans Laure de Chantal (dir.), Femmes savantes. De Marguerite de Navarre Ă  Jacqueline de Romilly, Paris, Les Belles Lettres, , 295-314 p.
  • AndrĂ© Motte, Marie Delcourt, dix ans dĂ©jĂ , Paris, Centre international de la religion grecque antique, 1990, Lire en ligne

Liens externes

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