Maria Salguero Bañuelos
Maria Salguero Bañuelos, née le à Mexico, est une géophysicienne mexicaine, militante féministe, reconnue pour avoir créé une carte interactive des féminicides au Mexique.
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Carte des féminicides au Mexique (d) |
Biographie
Maria Salguero est diplÎmée en géophysique de l'Institut polytechnique national de Mexico[1].
Elle raconte qu'elle s'intéresse aux féminicides depuis l'ùge de sept ans, quand elle lisait ces récits dans les faits divers des journaux et c'est vers 2010 qu'elle réalise l'ampleur du phénomÚne en voyant l'augmentation des cas, dont elle veut faire prendre conscience aux autorités[2].
En , elle dĂ©mĂ©nage Ă Hermosillo, capitale de l'Ătat du Sonora, oĂč elle travaille pour la procureure gĂ©nĂ©rale au sein de l'UnitĂ© d'analyse et de contexte des cas de violences Ă haut risque[1] - [3].
Elle envisage de faire un master en science des données et de faire de sa carte interactive son projet d'études[2].
Carte des féminicides
En créant des cartes interactives sur les disparus, elle se rend compte du nombre important de données sur les féminicides et décide, en 2016, de les exploiter pour créer une carte interactive pour les recenser et les géolocaliser[1]. Elle réalise ainsi que le nombre de féminicides au Mexique est bien plus important que ce qu'avancent les chiffres officiels des autorités, qui ne tiennent notamment pas compte des meurtres de femmes liés au crime organisé et elle décompte 9,39 féminicides par jour au Mexique. Elle constate également que certains états touristiques ne reportent pas tous les cas de féminicides.
Si certaines affaires sont trÚs médiatisées, comme celle des meurtres de femmes de Ciudad Juårez, le travail de Maria Salguero permet de mettre en évidence le fait que ces féminicides concernent tous les états mexicains[4].
Maria Salguero met sa carte interactive Ă disposition sur Google Maps gratuitement. Celle-ci est utilisĂ©e par les journalistes, les chercheurs et mĂȘme les autoritĂ©s[1] - [2].
Elle compile les donnĂ©es concernant les victimes: Ăąge, mobile, mode opĂ©ratoire, lien de parentĂ© avec le meurtrier, circonstances de la dĂ©couverte du corps, etc. en utilisant les informations du ministĂšre de l'IntĂ©rieur et des bureaux des procureurs des diffĂ©rents Ă©tats, ainsi que la presse Ă scandale qui, au Mexique, traite beaucoup de ces fĂ©minicides[3] - [1]. Elle utilise Ă©galement le systĂšme d'alerte de Google pour ĂȘtre avertie des entrĂ©es concernant les mots-clĂ©s « Mujer asesinada » (femme assassinĂ©e), « mujer apuñalada » (femme poignardĂ©e), « feminicidio » (fĂ©minicide), « restos de mujer » (les restes d'une femme), « cadĂĄver de mujer » (cadavre de femme), « niña asesinada » (fille assassinĂ©e), « mujer descuartizada » (femme dĂ©membrĂ©e)[5]. Elle relĂšve notamment que la plupart des victimes ont entre 18 et 30 ans[2].
Maria Salguero distingue deux types de violence : « La violence familiale - le pÚre, le frÚre, le mari - et la violence communautaire issue de l'environnement plus global: le quartier, le métier, le moyen de transport... »[6].
La violence communautaire est, selon elle, liĂ©e Ă©galement Ă la culture catholique des pays sud-amĂ©ricains: « Une enfance influencĂ©e par l'Ăglise est forcĂ©ment marquĂ©e par le patriarcat. La Bible, c'est ce qu'il y a de plus machiste et de plus misogyne »[6], ainsi qu'Ă la guerre entre les cartels de la drogue et au crime organisĂ©, qui pratique la traite des femmes et les fĂ©minicides punitifs[1] - [3], par lesquels des femmes sont assassinĂ©es pour exercer des reprĂ©sailles contre les hommes de leur famille ou pour leur faire peur. Elle relĂšve ainsi qu'Ă Tijuana, 90% des fĂ©minicides sont liĂ©s aux cartels[1].
Elle dénonce l'impunité des auteurs et le peu de moyens déployés par les autorités pour enrayer les féminicides et plaide pour qu'une plus grande attention soit accordée à la parole des femmes qui dénoncent les violences dont elles sont victimes[3]. Selon ses données, 82% des auteurs de féminicides sont en liberté[4].
Reconnaissance
Maria Salguero ne reçoit aucune contrepartie financiÚre pour le travail qu'elle effectue[1] - [7].
Elle reçoit la reconnaissance d'ONU Femmes et le magazine Forbes la nomme parmi les cent femmes les plus influentes du Mexique en 2019[1], puis en 2020[8].
Notes et références
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Diego Calmard, « Maria Salguero, cartographe des assassinĂ©es », Causette, no 120,â , p. 37-39.
- (es) Marisol VelĂĄzquez et Salvador Corona, « MarĂa Salguero, la geofĂsica que busca evidenciar el feminicidio en MĂ©xico », El Economista,â (lire en ligne).
- (es) « MarĂa Salguero, creadora del Mapa de Feminicidios en MĂ©xico, se integrĂł a la FiscalĂa de Sonora para atender casos de violencia », Infobae,â (lire en ligne).
- (es) Carlos Ăguila Arreola, « Q. Roo, tierra peligrosa para la mujer: Salguero Bañuelos », La Jornada Maya,â (lire en ligne).
- (es) Eugenia Coppel, « Una mexicana crea un mapa para que los feminicidios en su paĂs no caigan en el olvido », El PaĂs,â (lire en ligne).
- Maria Salguero dans Diego Calmard, « Maria Salguero, cartographe des assassinĂ©es », Causette, no 120,â , p. 37-39.
- (es) Melissa Amezcua, « Ella es la ĂNICA persona que cuenta todos los feminicidios que ocurren en MĂ©xico », BuzzFeed,â (lire en ligne).
- (es) « 100 mujeres mĂĄs poderosas de MĂ©xico 2020 », Forbes MĂ©xico,â (lire en ligne).