Accueil🇫🇷Chercher

Margarethe Kahn

Margarethe Kahn[1] aussi connue sous le nom de Margarete[2] ou Grete Kahn[3], née le , disparue après sa déportation à Piaski en Pologne par les allemands, le , est une mathématicienne allemande victime de la Shoah[3]. Elle est parmi les premières femmes à obtenir un doctorat en Allemagne. Son travail porte sur la topologie des courbes algébriques.

Margarethe Kahn
Margarethe Kahn en 1930.
Cette illustration a été retouchée par une IA (voir l'original).
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  61 ans)
Trawniki
Nom de naissance
Margarethe Kahn
Nationalité
Domicile
Formation
Activité
Autres informations
Directeur de thèse
Plaque commémorative

Biographie

Margarethe Kahn est la fille d'Albert Kahn (1853-1905) marchand de Eschwege et propriétaire d'une usine de production de flanelle, et de son épouse, Johanne (née Plaut, 1857-1882). Elle a un frère aîné, Otto (1879–1932). Cinq ans après la mort prématurée de son épouse, son père se remarie avec la sœur cadette de cette dernière, Julie (1860-1934), avec qui il a une fille, Martha (1888–1942), demi-sœur de Margarethe[4].

Après avoir Ă©tĂ© Ă  l'Ă©cole primaire Ă  partir de 1887, et Ă  l'Ă©cole supĂ©rieure pour filles Ă  partir de 1889 Ă  1896, Margarete Kahn prend des leçons privĂ©es pour prĂ©parer  son Abitur, les Ă©coles pour filles se faisant rares Ă  cette Ă©poque dans la Hesse en Allemagne. En 1904, elle a l'autorisation de prĂ©parer son Abitur au Gymnase Royal, Ă  Bad Hersfeld. Elle appartient alors Ă  la petite Ă©lite de jeunes femmes autorisĂ©e Ă  prĂ©parer l'Abitur dans des Ă©coles de garçons en externe au dĂ©but du 20e siècle, en Allemagne. Konrad Duden signe son certificat d'obtention du diplĂ´me Ă©tant le directeur de l'Ă©cole en question.

Depuis que la Prusse a commencĂ© Ă  permettre aux femmes d'assister officiellement aux cours de l'universitĂ©, et ce seulement Ă  partir du semestre hivernal de 1908-1909, Margarete Kahn et son amie Klara Löbenstein frĂ©quentent les universitĂ©s de Berlin et de Göttingen en tant qu'Ă©tudiantes invitĂ©es. En outre, Margarete Kahn suit des confĂ©rences et des cours techniques en mathĂ©matiques Ă  l'UniversitĂ© technique de Berlin. Ils y Ă©tudient les mathĂ©matiques, la physique, et l'enseignement dans les deux universitĂ©s prĂ©cĂ©demment mentionnĂ©es. Ă€ l'UniversitĂ© de Göttingen, elle assiste Ă  des sĂ©minaires donnĂ©s par, entre autres, David Hilbert, Felix Klein, Woldemar Voigt, et Georg Elias MĂĽller ; Ă  Berlin, elle suit les confĂ©rences donnĂ©es par Hermann Amandus Schwarz et Paul Drude Ă  la Royal AcadĂ©mie Prussienne des Sciences. Son domaine de spĂ©cialisation est la gĂ©omĂ©trie algĂ©brique. Avec Löbenstein, elle tente de rĂ©soudre le  seizième problème de Hilbert [4]. Ce problème concerne la topologie de courbes algĂ©briques dans un plan complexe. Dans sa formulation du problème, Hilbert avance qu'il y a pas de courbes algĂ©briques de degrĂ© 6 , consistant en 11 ovales sĂ©parĂ©s. Margarethe Kahn et Klara Löbenstein dĂ©veloppent alors des mĂ©thodes pour rĂ©soudre ce problème.

MalgrĂ© l'opposition de la facultĂ© de Berlin, mais avec le soutien de l'UniversitĂ© de Göttingen, et de Felix Klein, Kahn obtient son doctorat en 1909 sous la direction de David Hilbert, Ă  Göttingen, avec une thèse intitulĂ©e Eine allgemeine Methode zur Untersuchung der Gestalten algebraischer Kurven [Une mĂ©thode gĂ©nĂ©rale pour Ă©tudier les formes des courbes algĂ©briques], et est donc l'une des premières femmes allemandes Ă  obtenir un doctorat en mathĂ©matiques (les mathĂ©matiques font alors partie de la facultĂ© de philosophie, Ă  l'Ă©poque). Elle passe sa soutenance  – encore une fois, avec le soutien de Löbenstein – le .

Margarethe Kahn ne peut poursuivre une carrière scientifique, les femmes en Allemagne ne pouvant obtenir d'habilitation à diriger des recherches avant 1920. Elle cherche alors un poste d'institutrice, et, en , elle décroche un emploi dans le système scolaire prussien, où elle travaille comme enseignante dans les collèges et les lycées de Katowice et Dortmund, et à partir de 1929 a travaillé à Berlin-Tegel à Gabriele-von-Bülow-Gymnasium et plus tard à Berlin-Pankow à Carl-von-Ossietzky-Gymnasium[5].

Stolperstein au 127 Rudolstädter Straße à Wilmersdorf, à la mémoire de Margarethe Kahn

D'origine juive, elle est forcĂ©e de dĂ©missionner en 1933 par les Nazis, et est renvoyĂ©e de l'Ă©ducation nationale en 1936. Elle est par la suite travailleuse forcĂ©e  dans une usine de chaĂ®ne Ă  neige de la Nordland Schneeketten. Le , elle est dĂ©portĂ©e avec sa sĹ“ur Martha, maintenant veuve, Ă  Piaski, et depuis lors, disparue[6]. Le ghetto prĂ©sent dans cette ville est liquidĂ© et les juifs survivant Ă  la liquidation ont Ă©tĂ© assassinĂ©s au camp d'extermination de Belzec.

Le , un Stolperstein est posé au 127 Rudolstädter Straße à Wilmersdorf, en mémoire de Margarethe Kahn, ainsi que le 26 mai 2010 devant l'ancien maison de ses parents au Stad 29 à Eschwege, où une plaque commémorative à Kahn a été apposée le 13 décembre 2017[7]. Depuis 2013, une rue de Leverkusen porte son nom[8].

Publications

  • (de) Margarete Kahn, « Eine allgemeine Methode zur Untersuchung der Gestalten algebraischer Kurven », Doctoral dissertation, University of Göttingen, Göttingen, W. Fr. Kaestner,‎

Références

  1. Inscription au registre des naissances du bureau de l'état civil Eschwege 1880, n ° 214: registre secondaire des naissances Eschwege 1880 (ordonnance HStM 923 n ° 1834) et inscription au registre des naissances de la communauté synagogue Eschwege 1825–1936, n ° 591: registre des naissances des Juifs d'Eschwege 1825–1936 (HHStAW Abt. 365 No. 145), disponible en ligne auprès de LAGIS Hesse
  2. Demande manuscrite et signée personnellement pour un doctorat datée du 2 juin 1909, dossier de doctorat dans les archives de l'Université de Göttingen, signature UAG.Phil.Prom.Spec.K.II
  3. (de) « Gedenkbuch – Opfer der Verfolgung der Juden unter der nationalsozialistischen Gewaltherrschaft in Deutschland 1933–1945 », dans Bundesarchiv (Archives fĂ©dĂ©rales d'Allemagne), vol. 2, , 1595 p. (ISBN 3-891-92137-3); Kahn, Margarete Margarethe
  4. (de) York-Egbert König, « Ein Leben für die Mathematik – Vor 90 Jahren legte Grete Kahn als erste Eschwegerin die Doktorprüfung ab » [« A life for mathematics – 90 years ago Grete Kahn was the first woman from Eschwege to earn a doctorate »], vghessen.de,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (de) York-Egbert König, Christina Prauss et Renate Tobies, Margarete Kahn. Klara Löbenstein. Mathematikerinnen – Studienrätinnen – Freundinnen, Berlin, Hentrich & Hentrich, (ISBN 9783942271233), p. 55
  6. (de) Alfred Gottwaldt et Diana Schulle, Die "Judendeportationen" aus dem Deutschen Reich von 1941–1945 – eine kommentierte Chronologie, Wiesbaden, , 188 p. (ISBN 978-3-86539-059-2)
  7. (de) « Stolperstein Rudolstädter Str. 127 », sur berlin.de, (consulté le )
  8. (de) « Grete-Kahn-Str. », sur leverkusen.com, (consulté le )

Lectures complémentaires

  • (de) Renate Tobies, "Aller Männerkultur zum Trotz" : Frauen in Mathematik und Naturwissenschaften, Campus Verlag, , 288 p. (ISBN 3-593-35749-6, lire en ligne)
  • (de) York-Egbert König, Christina Prauss et Renate Tobies, Margarete Kahn. Klara Löbenstein : Mathematikerinnen, Studienrätinnen, Freundinnen, Berlin, Hentrich & Hentrich, , 78 p. (ISBN 978-3-942271-23-3 et 3-942271-23-0)
  • (de) York-Egbert König, Dr. Margarete Kahn (1880–1942) aus Eschwege. Ergänzungen und familienkundliche Anmerkungen [« Dr. Margarete Kahn (1880–1942) d'Eschwege. Ajouts et notes d'histoire familiale »], vol. 22, Eschweger Geschichtsblätter, (lire en ligne), p. 67–76
  • (de) York-Egbert König, Zwei Paar Schuhe ... ganz verbraucht ... Dr. Margarete Kahn (1880–1942) aus Eschwege erklärt ihr Vermögen [« Deux paires de chaussures ... toutes usĂ©es. Dr. Margarete Kahn (1880–1942) d'Eschwege explique sa fortune »], vol. 23, Eschweger Geschichtsblätter, (lire en ligne), p. 22–30
  • (de) York-Egbert König, Ein Leben fĂĽr die Mathematik ... Dr. Margarethe Kahn (1880–1942) aus Eschwege [« Une vie dĂ©diĂ©e aux mathĂ©matiques ... Dr. Margarethe Kahn (1880–1942) d'Eschwege »], vol. 21, Eschweger Geschichtsblätter, (lire en ligne), p. 69–74

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.