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Margaret Harrison

Margaret Harrison (nĂ©e en Ă  Wakefield) est une artiste britannique. Figure influente du mouvement de l'art fĂ©ministe en Grande-Bretagne, elle mĂȘle art et activisme dans une rĂ©flexion croisĂ©e sur les questions de genre et de classe et s'attache Ă  rendre visible les diffĂ©rentes formes de domination[1] - [2]. Son travail artistique s'appuie sur une recherche documentaire qui est souvent visible dans ses installations, sous forme de photographies, d'interviews, etc.

Margaret Harrison
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Mouvement
Genres artistiques
Nature morte, portrait, installation (en)
ƒuvres principales
First Lines, from the Revolutions Per Minute (The Art Record) (d)

Biographie

AprÚs la Seconde Guerre mondiale, la famille de Margaret Harrison vit d'abord à Bridlington, puis à Cumbria[3]. Elle étudie au Carlisle College of Art de 1957 à 1961, à la Royal Academy of Arts à Londres, de 1961 à 1964 et est diplÎmée de l'Académie des Beaux-Arts de Pérouse en 1965[4].

Elle est une des fondatrices du London Women's Liberation Art Group en 1970[5], un groupe d'activistes qui mÚne des actions spectaculaires, comme lancer des tomates et de la farine sur Bob Hope, le présentateur du concours de Miss Monde au Royal Albert Hall[6].

ƒuvre

Plusieurs de ses installations, basĂ©es sur des photographies, des interviews et des images produites par les mĂ©dias de masse, proposent une rĂ©flexion sociologique sur les conditions de travail des femmes Ă  la suite de la crise industrielle des annĂ©es 1970 en Grande-Bretagne, les violences domestiques ou encore l’armement nuclĂ©aire[7].

Margaret Harrison effectue des recherches rigoureuses et une analyse approfondie avant de rĂ©aliser ses Ɠuvres. Elle place l’expĂ©rience des femmes dans un contexte global, de plus en plus caractĂ©risĂ© par les migrations et les dĂ©placements. Les questions qu'elle explore sont plutĂŽt universelles et intemporelles : les travailleuses Ă  domicile, le viol et la violence domestique, l'impact de la guerre sur les femmes, la cĂ©lĂ©britĂ© et la beautĂ© telle que reprĂ©sentĂ©e par l'industrie des cosmĂ©tiques[8]. Margaret Harrison travaille aux États-Unis et en Angleterre et expose Ă  travers le monde.

Ses Ɠuvres font partie des collections permanentes de la Tate modern, du Conseil des arts de Grande-Bretagne (en), de l'UniversitĂ© de Californie, de la Carlisle City Art Gallery et du Victoria and Albert Museum[9].

L'image des femmes

Margaret Harrison questionne la marchandisation de la femme. Elle reprĂ©sente des hommes dans des positions et des tenues qu’on considĂšre comme sexy pour des femmes mais dĂ©gradantes quand elles sont attribuĂ©es Ă  des hommes[10] - [11].

Lors de sa premiĂšre exposition personnelle en 1971 Ă  la Motif Edition Gallery de Londres, Margaret Harrison s'attaque aux assignations de genre et aux stĂ©rĂ©otypes en affublant l'icĂŽne pop Captain America d'attributs Ă©rotiques fĂ©minins. Dans la mĂȘme exposition figure un dessin satirique, «He’s Only a Bunny Boy but He’s Quite Nice Really» qui reprĂ©sente Hugh Hefner, le propriĂ©taire du magazine amĂ©ricain Playboy en Bunny girl. Alors que Playboy publie, avec succĂšs des photos de femmes dĂ©nudĂ©es portant des oreilles de lapin, l’image de Hugh Hefner dans la mĂȘme tenue est considĂ©rĂ©e comme choquante. L'exposition est fermĂ©e aprĂšs une journĂ©e pour indĂ©cence[12] - [13] - [14] - [6]. Le dessin est finalement volĂ© et Margaret Harrison en rĂ©alise une nouvelle version en 2011, qui reprend une mise en scĂšne de Playboy, avec une femme couchĂ©e sur une peau de bĂȘte, qui est en fait la peau de Hugh Hefner[11].

Avec la frise chronologique From Rosa Luxembourg to Janis Joplin de 1992, Margaret Harrison livre la généalogie de femmes célÚbres exposées brutalement à la notoriété et montre les conséquences néfastes qui en découlent[15].

Les violences faites aux femmes

Son travail "Beautiful Ugly Violence", suite de peintures Ă  l'huile et de collages, dĂ©montre les liens entre les diffĂ©rentes formes de violence Ă  l'Ă©gard des femmes qui se produisent dans le monde entier, que ce soit les violences domestiques, les viols ou les mutilations gĂ©nitales, les assassinats liĂ©es Ă  la dot ou les crimes d'honneur. Margaret Harrison explore aussi les relations complexes entre la violence domestique et dans le domaine Ă©conomique et politique mondial plus large. Les couleurs vives de ses peintures contrastent avec l'horreur du thĂšme[16]. Des objets quotidiens, banals, posĂ©s sur un Ă©crin de soie esthĂ©tisent les instruments d'une violence largement invisible. L’Ɠuvre artistique comprend aussi des tĂ©moignages de dĂ©tenus amenĂ©s Ă  s'interroger sur leur violence dans le cadre d' un programme de rĂ©insertion[10] - [8].

La condition sociale des femmes

La crise industrielle des annĂ©es 1970  touche de plein fouet le Royaume-Uni. Margaret Harrison s'engage alors dans une rĂ©flexion sur les conditions sociales des femmes dans les classes populaires. Entre 1973 et 1975, elle collabore avec les artistes Kay Hunt et Mary Kelly pour une Ă©tude sur le travail des femmes dans une usine de boĂźtes mĂ©talliques Ă  Bermondsey, Londres. Elles prĂ©sentent leurs rĂ©sultats en 1975 dans l'installation Women and Work : A Document on the Division of Labour in Industry 1973-1975 qui est exposĂ©e pour la premiĂšre fois Ă  la South London Art Gallery en 1975. L'exposition raconte les histoires de 150 travailleuses ayant participĂ© au projet et leur rapport au lieu de travail et Ă©labore des rĂ©flexions sur les changements dans le travail et l'industrie induits par l'Equal Pay Act (en) (loi sur l'Ă©galitĂ© de rĂ©munĂ©ration) adoptĂ©e en 1970. L’Ɠuvre utilise la mĂ©thode sociologique comme stratĂ©gie conceptuelle. Elle prĂ©sente un aspect minimaliste avec des photographies et des films en noir et blanc, de simples textes dactylographiĂ©s et des graphiques et documents photocopiĂ©s. Les cartes perforĂ©es enregistrent l'Ă©cart de salaire entre les hommes et les femmes, et les films de la vie en usine montrent des femmes confinĂ©es Ă  des tĂąches rĂ©pĂ©titives, statiques et peu qualifiĂ©es tandis que les hommes exercent des rĂŽles plus physiques et de supervision[17] - [18].

Entre 1978 et 1980, elle consacre un travail aux Homeworkers, travailleuses à domicile, soumises à un travail répétitif, abrutissant, mal payées et dans l'impossibilité d'émettre des revendications[11].

L’installation Craftwork (The Prostitution Piece), en 1980, montre les consĂ©quences de la crise industrielle sur les travailleuses dont certaines sont obligĂ©es de recourir Ă  la prostitution pour survivre. Elle leur donne la parole et montre une sĂ©rie d’Ɠuvres textiles illustrant la perte d'un savoir faire qui aurait permis Ă  ces femmes de s’en sortir dignement[11] - [15].

Greenham common, les missiles nucléaires

Margaret Harrison rĂ©alise un travail important sur Greenham Common, un vaste mouvement de femmes qui, en 1981, protestent contre la prĂ©sence de missiles amĂ©ricains sur un terrain de Greenham. Margaret Harrison tĂ©moigne de ces actions avec des textes et de grandes installations utilisant des images d’archives, des objets, vĂȘtements et des jeux de miroir. De 1981 Ă  1989, elles mĂšnent une campagne anti-missiles autour de ce camp et, rĂ©ussissent Ă  faire plier les autoritĂ©s[11] - [15].

Distinction

En 2013, elle remporte le Northern Art Prize[19].

Expositions

  • 1980 : Issue: Social Strategies by Women Artists, Institute for Contemporary Arts, Londres
  • 2004 : Beautiful Ugly Violence, Intersection of the Arts, San Francisco[8]
  • 2011 : I am a Fantasy, Galerie PayneShurvell, Londres[13] - [20],
  • 2014 : Beautiful Ugly Violence, Silberkuppe, Berlin
  • 2015 : On reflexion, Ronald Feldman Gallery , New York[21]
  • 2017-2018 : Margaret Harrison: Dialogues between sex, class and violence, Azkuna Zentroa, Bilbao[22]
  • 2019 : Danser sur les missiles, Fonds rĂ©gional d'art contemporain de Lorraine, Metz[15]
  • 2020 : Galerie Nicolas Krupp, BĂąle[23]
  • 2020 : Danser sur les Missiles, BPS22, Charleroi[7]

Liens externes

Références

  1. Rédaction, « Margaret Harrison », sur L'Eventail (consulté le )
  2. « [mtfb_title] », sur Ccarteprof.be (consulté le )
  3. (en) Kim Munson, On Reflection: the art of Margaret Harrison, California, USA, Neurotic Raven, , 46 p. (ISBN 978-0-9963145-1-0), p. 46
  4. (en-US) « Margaret Harrison », sur Ronald Feldman Gallery (consulté le )
  5. (en) Phaidon Editors, Great women artists, Phaidon Press, (ISBN 0714878774), p. 172
  6. « Margaret Harrison : féministe - artiviste - socialiste », sur RTBF Culture, (consulté le )
  7. « Margaret Harrison », sur BPS22 (consulté le )
  8. « /seconds. - Margaret Harrison - Beautiful Ugly Violence », sur www.slashseconds.org (consulté le )
  9. « Margaret Harrison PR | », sur web.archive.org, (consulté le )
  10. Les missiles ironiques de Margaret Harrison (lire en ligne)
  11. « Margaret Harrison, artiste féministe essentielle et méconnue: une expo 3 étoiles », sur Le Soir Plus, (consulté le )
  12. « NY Arts Magazine - Home », sur www.newyork-hotel.com (consulté le )
  13. (en) « Margaret Harrison: a brush with the law », sur the Guardian, (consulté le )
  14. « Margaret Harrison danse sur des missiles au BPS22 », sur L'Echo, (consulté le )
  15. « Margaret Harrison, le féminisme en cape et talons aiguilles », sur Beaux Arts (consulté le )
  16. (en) « Art of Fact », sur SF Weekly (consulté le )
  17. (en-GB) Tate, « BP Spotlight: Women and Work », sur Tate (consulté le )
  18. (en-GB) Tate, « ‘Women and Work: A Document on the Division of Labour in Industry 1973-75’, Margaret Harrison, Kay Hunt, Mary Kelly, 1973–5 », sur Tate (consultĂ© le )
  19. (en-GB) « Margaret Harrison wins Northern Art Prize », BBC News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  20. (en-US) « 2013 Prize », sur Northern Contemporary Art (consulté le )
  21. « On Reflection », Ronald Feldman Gallery (consulté le )
  22. (en) « Margaret Harrison. Dialogues between sex, class and violence », sur www.azkunazentroa.eus (consulté le )
  23. « Margaret Harrison | Solo exhibition », sur www.nicolaskrupp.com (consulté le )
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