Marché aux poissons de Tsukiji
Le marchĂ© aux poissons de Tsukiji (çŻć°ćžć Ž, Tsukiji ichiba/Tsukiji shijĆ) Ă©tait le principal marchĂ© aux poissons de la mĂ©tropole de Tokyo et le plus grand marchĂ© de gros du monde pour les poissons et fruits de mer[1]. Il se trouvait dans le quartier de Tsukiji, arrondissement de ChĆ«Ć. MĂȘme s'il Ă©tait communĂ©ment appelĂ© « marchĂ© aux poissons », on y trouvait Ă©galement des fruits et lĂ©gumes. Il a Ă©tĂ© fermĂ© en 2018 et remplacĂ© par le marchĂ© aux poissons de Toyosu.
Présentation
Le marché qui a été créé en 1935, enregistrait deux mille tonnes de poisson chaque jour.
Tsukiji pouvait ĂȘtre schĂ©matiquement prĂ©sentĂ© en trois secteurs distincts :
- le premier était consacré spécifiquement au marché au thon ;
- le second était le marché couvert, dédié aux poissons en tous genres, dont la vente est réservée aux professionnels ;
- le troisiÚme était la partie extérieure est consacrée aux condiments, aux accessoires et aux restaurants.
Une journée au marché
Le marchĂ© sâouvre dĂšs 5 h 30. Les acheteurs commencent par repĂ©rer les meilleurs poissons. Chaque poisson porte un numĂ©ro afin de faciliter les transactions. On en trouve plus de 450 espĂšces en provenance du monde entier[2]. Parmi elles, le thon rouge est l'espĂšce la plus convoitĂ©e[3], mais Ă©galement la plus menacĂ©e dâextinction Ă cause dâune pĂȘche excessive[4]. Il arrive que des piĂšces de trĂšs grande qualitĂ© atteignent les 10 000 euros[5].
Transactions
Le volume annuel Ă Tsukiji a chutĂ© Ă 570 000 tonnes en 2006, contre environ 800 000 tonnes vingt ans plus tĂŽt[6]. Tsukiji Ă©tait concurrencĂ© par les grands supermarchĂ©s et les discounts, qui achetaient directement aux pĂȘcheurs sans passer par le marchĂ©[6]. En 2013, le chiffre d'affaires quotidien Ă©tait d'environ 18 millions de dollars, pour 2 900 tonnes de poissons, coquillage et fruits de mer vendus.
Le marché au thon
Le Japon consomme annuellement environ 500 000 tonnes de thon de qualité sashimi, dont environ 17 000 tonnes de thon rouge[7]. Ce type de thon peut atteindre des prix trÚs élevés au marché aux poissons de Tsukiji, lorsqu'il répond à de hauts critÚres de qualité, notamment lors de la premiÚre enchÚre de l'année, spécialement renommée et élevée, ayant généralement lieu le :
- en 2001, un thon rouge de 214 kg atteint le prix de 20,2 millions de yens ;
- en 2009, un thon de 232 kg est vendu Ă 16,28 millions de yens ;
- le , un thon rouge de 342 kg atteint le prix de 32,49 millions de yens[8] ;
- le , un thon rouge de 269 kg atteint le prix de 56,49 millions de yens[9]. Au vu du prix, le morceau dâĆtoro (性ăă, thon gras de couleur rose avec un taux de graisse proche ou supĂ©rieur de 25 %) pourrait atteindre les 5 000 yens, soit cinquante euros, mais il devrait ĂȘtre vendu au prix normal de 418 yens, soit quatre euros[9] ;
- le , un thon rouge de 222 kg est vendu au prix record de 155,4 millions de yens, soit 1,38 million d'euros[10] ;
- le , un thon rouge de 230 kg est vendu au prix de 7,4 millions de yens, soit 51 000 euros, une premiÚre criée en forte baisse à cause d'une offre plus importante de thons rouges et à l'absence d'enchérisseurs aprÚs le record établi l'année précédente ;
- le , un thon rouge de 180 kg est vendu au prix de 4,5 millions de yens, soit 31 000 euros, une premiÚre criée de nouveau en forte baisse toujours à cause d'une offre plus importante de thons rouges et de l'absence d'enchérisseurs aprÚs le record établi en 2013[11] ;
- en 2017, un thon rouge de 212 kg est vendu au prix de 74,2 millions de yens, soit 605 000 euros. Pour la sixiÚme année de suite, il a été acquis par Kiyoshi Kimura, patron de la chaßne de restaurants Sushizanmai[12].
Tourisme
La municipalitĂ© de Tokyo a annoncĂ© que des gardes empĂȘcheront les touristes d'assister aux ventes aux enchĂšres de poissons entre le et le « car ils photographient au flash et touchent les thons pendant le dĂ©roulement des enchĂšres ». La fermeture a finalement Ă©tĂ© rĂ©itĂ©rĂ©e Ă plusieurs reprises, et le , la zone des ventes aux enchĂšres a Ă©tĂ© limitĂ©e Ă un quota de visiteurs fixĂ© Ă 140.
AprĂšs le tremblement de terre du , la zone des ventes aux enchĂšres a Ă©tĂ© temporairement fermĂ©e aux touristes. DĂ©sormais, elle est rouverte, mais les visites sont limitĂ©es Ă 120 personnes (rĂ©parties en deux groupes de 60) maximum par jour d'ouverture. Les enchĂšres ont lieu Ă partir de 5 h 30 du matin (les visites elles-mĂȘmes durant deux fois 20 Ă 25 minutes), mais elles ont un tel succĂšs qu'il n'est pas rare de voir des gens faire la queue Ă partir de 2 h 30.
Il reste possible de se rendre le matin dans le reste du marchĂ© et dans les restaurants de sushis et les petites poissonneries de la rue Uogashi YokochĆ (éăăæšȘäž) comme le font certains salarymen avant de commencer leur journĂ©e de travail[13].
Déménagement
Le gouverneur de Tokyo, ShintarĆ Ishihara, souhaite dĂšs 2007 que le marchĂ© aux poissons soit dĂ©placĂ© d'ici 2012 dans un nouveau lieu au bord de la baie de Tokyo Ă 3 km plus au sud, Ă Toyosu, dans l'arrondissement voisin de KĆtĆ[6].
L'une des raisons invoquées pour ce déménagement est proliférations de rats d'égouts lorsque le marché est le moins actif. Ainsi, en 2015, la municipalité estimait à cinq cents le nombre de rats (mais ce chiffre serait en réalité bien plus élevé).
Une autre raison est la transformation du site Tsukiji en base de transport principale pour les véhicules qui transporteront les athlÚtes et le personnel participant aux Jeux olympiques et paralympiques de 2020[14].
Le , Ishihara rejette la proposition de la majoritĂ© dĂ©tenue depuis septembre par le PDJ Ă l'AssemblĂ©e mĂ©tropolitaine de reconstruire le marchĂ© sur son site actuel, l'estimant plus longue que son propre projet de le dĂ©placer Ă Toyosu. De plus, il considĂšre l'emplacement de Tsukiji comme trop sensible aux tremblements de terre et pas assez salubre. Il annonce dans le mĂȘme temps que le gouvernement mĂ©tropolitain va engager 128 milliards de yens pour acheter les terrains nĂ©cessaires Ă ce dĂ©mĂ©nagement, estimant que les dĂ©bats Ă l'AssemblĂ©e de Tokyo menĂ©s depuis un an ont durĂ© trop longtemps et n'ont menĂ© Ă rien de concret. La majoritĂ© dĂ©mocrate a toutefois immĂ©diatement rappelĂ© son opposition Ă ce projet, et a menacĂ© de bloquer le vote du budget pour l'annĂ©e fiscale 2011 et tout projet de dĂ©libĂ©ration prĂ©sentĂ© par Ishihara et son administration sur le sujet. De plus, les opposants au dĂ©placement Ă Toyosu font valoir que le terrain choisi par le gouvernement mĂ©tropolitain Ă©tait autrefois occupĂ© par une centrale Ă gaz et que des cancĂ©rogĂšnes et autres toxines ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s Ă des taux supĂ©rieurs Ă la normale. Ishihara rĂ©pond que son gouvernement utilisera « la sagesse des plus grands universitaires de notre nation » pour sĂ©curiser le site[15] - [16].
Face Ă l'opposition rencontrĂ©e par son projet de reconstruction sur site, le PDJ dĂ©cide finalement dâapporter son soutien au projet de la mairie de Tokyo, et le l'installation du nouveau marchĂ© aux poissons Ă Toyosu est votĂ©e, et prĂ©vue pour 2014. Cependant, au , l'emmĂ©nagement est prĂ©vu pour , pour un coĂ»t de construction de 3,8 milliards de dollars (2,75 milliards d'euros).
Le , Yuriko Koike, la gouverneur de Tokyo nouvellement Ă©lue, repousse le dĂ©marrage des opĂ©rations de dĂ©mĂ©nagement pour des questions de sĂ©curitĂ©, de coĂ»t, de manque de transparence financiĂšre et de carences dans l'information du public. Les entreprises de Tsukiji ont alors dĂ©jĂ dĂ©pensĂ© plus de vingt milliards de yens en prĂ©vision de leur installation sur le nouveau site. Par la suite, les enquĂȘtes sur le projet mettent en lumiĂšre des problĂšmes de pollution des sols et de modifications inexpliquĂ©es des plans de construction[17].
Le , le marché ferme et rouvre ensuite le 11 à Toyosu[18].
Notes et références
- Charles Clover, The End of the Line: How Overfishing Is Changing the World and What We Eat, University of California Press, 2008, p. 165, (ISBN 978-0-520-25505-0).
- « Marché de Tsukiji », sur visitonstokyo.com (consulté le ).
- « Thon vendu Ă 2,7 millions dâeuros : les raisons dâune enchĂšre record », sur leparisien.fr (consultĂ© le ).
- « LE THON ROUGE : UN POISSON TRĂS PRISà », sur wwf.fr (consultĂ© le ).
- « Au Japon, un thon Ă prĂšs de 3 millions dâeuros », sur la-croix.com (consultĂ© le ).
- Kyoko Hasegawara, « la lĂ©gendaire halle au poisson de Tsukiji est peut-ĂȘtre condamnĂ©e »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?), sur www.aujourdhuilejapon.com, (consultĂ© le ).
- [PDF] Greenpeace.
- (en) Fish story: Big tuna sells for record $396,000, MSNBC, le .
- Japon : un thon rouge vendu 560.000 euros aux enchĂšres, MaxiSciences, le .
- AFP, « Japon : un thon rouge de 222 kilos vendu... 1,38 million d'euros », Le Monde, .
- AFP, Japon: le prix du thon rouge chute, Le Figaro, le .
- AFP, Un thon rouge vendu 605.000 euros au Japon, Le Figaro, le
- Office national du tourisme japonais, « Tsukiji et Tsukishima », sur www.tourisme-japon.fr, (consulté le ).
- « Tsukiji sera transformĂ© en garage en vue des Jeux olympiques de Tokyo », NHK World,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) T. Fukada, « Tsukiji to relocate to Toyosu: Ishihara », The Japan Times, .
- (en) « Tokyo governor rejects rebuilding of Tsukiji market at present site », Mainichi Shimbun, .
- Daigo Kawamoto, « Le transfert du marchĂ© de Tsukiji fait lâobjet dâune incertitude croissante », Nippon.com, le .
- AFP, « A Tokyo, l'adieu au mythique marché au poisson de Tsukiji », Le Point, .
Voir aussi
Liens externes
- (en + ja) Site officiel