Marcelline Boivin-Coocoo
Marcelline Boivin-Coocoo est une écrivaine de la nation atikamekw née en 1950 à Wemotaci (Québec, Canada).
Biographie
Famille
Marcelline Boivin-Coocoo a une grande famille composĂ©e dâune sĆur aĂźnĂ©e et dâun frĂšre aĂźnĂ©, ainsi que de plusieurs autres sĆurs et frĂšres cadets. Elle a Ă©galement de nombreux enfants et petits-enfants qui lâont inspirĂ©e Ă parler de son enfance dans ses Ă©crits, afin de crĂ©er un monde meilleur pour les gĂ©nĂ©rations Ă venir.
Expérience dans les pensionnats
Marcelline Boivin-Coocoo a Ă©tĂ© pensionnaire pendant dix ans. Elle a Ă©tĂ© sĂ©parĂ©e de ses parents Ă l'Ăąge de sept ans pour aller au pensionnat Ă Amos en Abitibi. Dans « Que sont devenus les enfants arrachĂ©s Ă leur famille? », un rĂ©cit autobiographique publiĂ© dans LittĂ©rature amĂ©rindienne du QuĂ©bec [1], elle raconte quâau dĂ©but, elle avait hĂąte dâaller au pensionnat et se sentait trĂšs adulte, puisqu'elle Ă©tait assez grande pour partir avec son frĂšre et sa sĆur aĂźnĂ©s. Ces derniers avaient frĂ©quentĂ© un pensionnat autochtone l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, donc ils savaient ce qui allait se passer Ă l'Ă©cole. Marcelline Boivin-Coocoo, pour sa part, avait peur de s'ennuyer de sa famille, mais croyait quâelle sâen allait dans une Ă©cole ordinaire, oĂč elle serait acceptĂ©e pour ce quâelle Ă©tait. Elle a Ă©tĂ© conduite au pensionnat en train et en camion Ă bestiaux [2]. DĂšs son arrivĂ©e, Boivin-Coocoo et sa sĆur ont Ă©tĂ© sĂ©parĂ©es de leur frĂšre. Ensuite, lors de ce que Marcelline Boivin-Coocoo nomme «la cĂ©rĂ©monie de l'Ă©pouillage», les religieuses ont coupĂ© ses cheveux, puis elle a Ă©tĂ© lavĂ©e, avec lâintention de la rendre «plus blanche» [1]. Marcelline Boivin-Coocoo affirme que, durant les dix annĂ©es quâelle a passĂ©es dans les pensionnats, elle a Ă©tĂ© rabaissĂ©e, ridiculisĂ©e, contrĂŽlĂ©e et harcelĂ©e sexuellement et physiquement [2] - [3] - [4]. Lâabus quâelle a subi, dit-elle, lâa affectĂ©e physiquement, mentalement, affectivement et spirituellement. Une fois sortie du pensionnat, elle ne pratiquait plus sa religion, et ses souvenirs de son sĂ©jour dans les pensionnats l'avaient marquĂ©e pour le reste de sa vie.
Ăducation
Marcelline Boivin-Coocoo a fait ses Ă©tudes primaires dans deux pensionnats : le pensionnat d'Amos (en opĂ©ration de 1955 Ă 1973) [5], puis elle a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e Ă lâannexe, au pensionnat de Pointe- Bleue (en opĂ©ration de 1960 Ă 1973) [6]. Elle a ensuite Ă©tĂ© scolarisĂ©e Ă l'Ă©cole secondaire de Roberval. Elle a poursuivi des Ă©tudes postsecondaires. Elle a obtenu son certificat en Ă©ducation et son brevet d'enseignement avant dâobtenir son baccalaurĂ©at en enseignement Ă l'UniversitĂ©Ì du QuĂ©bec Ă Chicoutimi.
Emploi
Marcelline Boivin-Coocoo a commencĂ© sa vie professionnelle quand elle Ă©tait jeune. Son premier emploi Ă©tait en restauration. Pour mieux se prĂ©parer Ă son avenir, Don Marcelino, dans Les AmĂ©rindiens et JĂ©sus[7], indique quâelle sâest engagĂ©e dans un processus de guĂ©rison basĂ© sur l'approche de l'enfant intĂ©rieur. Au terme de ce processus, Boivin-Coocoo est devenue journaliste d'enquĂȘte pour Radio Sagami Ă MontrĂ©al. AprĂšs avoir occupĂ© un poste de journaliste, elle a dĂ©cidĂ© de concentrer son travail au sein de sa communautĂ© autochtone, la rĂ©serve de Wemotaci. Au dĂ©but, elle travaillait comme agente de dĂ©veloppement du matĂ©riel didactique pour lâĂ©cole prĂ©scolaire de la communautĂ©. Ensuite, elle a occupĂ© un poste de conseillĂšre pĂ©dagogique. Elle a Ă©galement travaillĂ© comme membre du Conseil d'Ă©tablissement de l'Ă©cole Waratinak. Elle est prĂ©sentement bĂ©nĂ©vole au sein du ComitĂ© Pimatisiwin, qui suit la guĂ©rison des « survivants » des pensionnats autochtones.
Genre littéraire
Marcelline Boivin-Coocoo Ă©crit des tĂ©moignages qui traitent de l'abus dans les pensionnats autochtones et des problĂšmes sociaux [2], quâelle diffuse par le biais de Wemotaci Publications. Dans ses textes, elle parle de son expĂ©rience dans les pensionnats pour aider les autres victimes Ă guĂ©rir en utilisant la mĂȘme approche de l'enfant intĂ©rieur quâelle a suivie. En 2013, elle a participĂ© au cabaret organisĂ© par le thĂ©Ăątre Ondinnok et intitulĂ© « Je vous rĂ©pondrai par la bouche de nos poĂštes » en compagnie de plusieurs autres poĂštes et artistes autochtones de diverses nations[8].
Publications littéraires
- Que sont devenus les enfants arrachĂ©s Ă leur famille ? - Dans Gatti, M. (2009). LittĂ©rature amĂ©rindienne du QuĂ©bec. Ăcrits de langue française. MontrĂ©al : BibliothĂšque quĂ©bĂ©coise. Ses autres textes ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s dans sa langue maternelle et partagĂ©s uniquement avec sa communautĂ©
Références
- "Gatti, M. (2009). LittĂ©rature amĂ©rindienne du QuĂ©bec : Ăcrits de langue française. MontrĂ©al: BibliothĂšque quĂ©bĂ©coise.
- Indiens du Canada. Le repentir du gouvernement. (2008, le 16 juin). Trouvé le 16 octobre 2020, de https://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=20080616&article=3262922&type=ar
- « Indiens du Canada. Le repentir du gouvernement », sur Le Telegramme, (consulté le )
- « Détails sur le document pour Traduction française de récits autochtones du Canada comportant des mots empruntés aux langues indigÚnes. », sur bac-lac.on.worldcat.org (consulté le )
- Goulet, H. 2016. Chapitre 4. Le pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery (Amos), de 1955 Ă 1973. Dans Histoire des pensionnats indiens catholiques au QuĂ©bec : Le rĂŽle dĂ©terminant des pĂšres oblats. Presses de lâUniversitĂ© de MontrĂ©al. doi :10.4000/books.pum.3350
- Goulet, H. 2016. Chapitre 5. Le pensionnat de Pointe-Bleue (Mashteuiatsh), de 1960 Ă 1973. Dans Histoire des pensionnats indiens catholiques au QuĂ©bec : Le rĂŽle dĂ©terminant des pĂšres oblats. Presses de lâUniversitĂ© de MontrĂ©al. doi:10.4000/books.pum.3351
- Don Marcelino, Les Amérindiens et Jésus, Louise Courteau, (ISBN 2892393604)
- Laurent JĂ©rĂŽme, « Les cosmologies autochtones et la ville : sens et appropriation des lieux Ă MontrĂ©al », Anthropologica, vol. 57, no 2,â , p. 327â339 (ISSN 0003-5459, lire en ligne, consultĂ© le )