Marc Freund-Valade
Marc Freund-Valade, né à Schiltigheim le et mort à Vic-sur-Aisne le , est un haut fonctionnaire français et préfet français.
Préfet de la Haute-Vienne | |
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Préfet de l'Aude | |
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Naissance | |
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Décès |
(Ă 97 ans) Vic-sur-Aisne |
Nom de naissance |
Marc Paul Freund |
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Distinctions | |
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Archives conservées par |
Archives nationales (F/1bI/769, 1073,AJ/40/542)[1] |
Son rôle sous l'Occupation fut controversé, mais son intervention face au massacre d'Oradour-sur-Glane plaida en sa faveur.
Biographie
Paul Marc Freund est le fils du pasteur luthérien Georges Paul Freund et de Marie Marguerite Oberlin[2].
Il fait ses études de droit à Montpellier et Strasbourg et obtient, en 1921, le diplôme de l’Institut des hautes études internationales de l’université de Paris[2].
Successivement secrétaire particulier de Louis Marin, ministre des Pensions, et rédacteur à la Direction générale des affaires d’Alsace et de Lorraine à Paris, il est remarqué par le président Poincaré qui le fait nommer en 1928 sous-préfet d’Erstein (Bas-Rhin[2].
Il se marie à La Roche-Chalais en Dordogne, le avec Jacqueline Valade, dont le père est industriel à La Roche. Il accole le nom de famille de son épouse au sien, pour éviter une confusion avec un sous-préfet homonyme[2].
Carrière professionnelle
Il est nommé directeur de cabinet de Pierre Roland-Marcel, préfet du Bas-Rhin en octobre 1930, puis en 1937 secrétaire général de la préfecture de la Charente[2]. Il est mobilisé le et devient attaché d’intendance auprès du général de Lattre de Tassigny[2].
Il est démobilisé en 1940 et nommé secrétaire général de la police à Nice[2]. Il devient préfet de l'Aude en 1942, puis préfet de la Haute-Vienne et de la région de Limoges, poste qu’il occupe jusqu'à la Libération[3].
Prise de position après le massacre d'Oradour-sur-Glane
Marc Freund-Valade est préfet de la Haute-Vienne lors de la destruction du village d'Oradour-sur-Glane et du massacre de 643 habitants par un bataillon de la division Das Reich de l'armée nazie. Il se rend avec l'évêque de Limoges, Louis Paul Rastouil, à Oradour, prescrit une journée de deuil, intervient vainement auprès de Vichy pour obtenir que les responsables militaires allemands soient punis[2]. L'allocution qu'il prononce lors des obsèques des victimes, le , dans laquelle il condamne le crime des Allemands, est transmise à Londres et aux États-Unis[2].
Après-guerre
À la Libération, Marc Freund-Valade est mis d'abord mis en expectative puis en disponibilité sans traitement à partir de décembre 1944, et révoqué le . Sa révocation est annulée par le Conseil d'État en [3]. Il bénéficie en d'une reconstitution de carrière, tout en étant admis à prendre sa retraite[3].
Il occupe des rôles de premier plan sous Vichy[2]. Fonctionnaire « intègre mais discipliné » du régime de Vichy selon l'historien Jean-Louis Panicacci[4], lorsqu'il est en poste à Nice, il applique les consignes gouvernementales, mais vient en aide à un couple belge et une cantatrice autrichienne. Par ailleurs, il autorise les enfants d'une maison d'accueil de Vence à sortir d'un camp d'internement et facilite la délocalisation de ce foyer en septembre 1943, dans la Creuse[2].
Les comités départementaux de libération de l'Aude et de la Haute-Vienne établissent des rapports sur son rôle durant la Seconde Guerre. Le pasteur et résistant, Albert Chaudier, président du CDL de Haute-Vienne[5] rend un avis plus favorable. Le président de la sous-commission chargée de l'épuration des administrations centrales et du corps préfectoral d'épuration, Aimé Jeanjean, conclut que Freund-Valade n'a pas été « un préfet de combat »[6].
Protestantisme
Marc Freund-Valade est connu comme préfet protestant[6].
En 1954 il fait connaître au ministère de l'Intérieur son souhait de succéder à Robert Hoepffner à la présidence du Consistoire supérieur de l’Église de la Confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine[2]. Cependant sa candidature n'est pas retenue[7] et c'est Étienne Jung qui est désigné[8].
Distinctions
- Officier de la LĂ©gion d'honneur (1960)[3].
- Croix de guerre 1939-1945[2]
- Officier de l'ordre national du MĂ©rite (1974[9])
Références
- « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_799 »
- Maurice Oster, François Boulet, Patrick Cabanel et Christian Wolff, « Freund-Valade, Marc », dans Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours t. 2 D-G, Paris, Les Éditions de Paris/Max Chaleil, (ISBN 978-2-84621-288-5), p. 651-652.
- René Bargeton, Intérieur. Dictionnaire biographique des préfets (septembre 1870-mai 1982) (Archives nationales, 1994, p. 450-451)
- Jean-Louis Panicacci, « Les Chrétiens dans la résistance européenne », dans Jean-Paul Pellegrinetti, La Méditerranée en passion. Mélanges d’histoire contemporaine offerts à Ralph Schor, Classiques Garnier, (ISBN 978-2-8124-4797-6), p. 575-591.
- Pierre Bolle, François Boulet et Patrick Cabanel, « Chaudier, Albert », dans Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours t. 1 A-C, Paris, Les Éditions de Paris/Max Chaleil, (ISBN 978-2-84621-288-5), p. 666
- François Boulet, « Les préfets protestants 1940-1944 », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, vol. 154,‎ , p. 550, 571-573 (lire en ligne, consulté le ).
- Il ne s'agit pas d'une élection de la part de l'Église, mais d'une nomination.
- Georges Foessel, Maurice A. Oster et Bernard Vogler, in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, n° 19, p. 1842
- Décret du 2 juillet 1974 publié au Journal officiel le 9 juillet 1974, p. 7165
Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- François Boulet, « Les préfets protestants (1940-1944) », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, no 154, octobre-décembre 2008, p. 560-565, [lire en ligne]
- Le Figaro, 11-12 mai 1957
- Bernard Fischbach, Oradour. L'extermination, Strasbourg, Oberlin, 2001, 225 p. (ISBN 978-2853692267)
- La libération de Limoges 21 août 1944. Recueil de textes historiques, Société archéologique et historique du Limousin, 1994
- Maurice A. Oster, « Marc Freund, dit Freund-Valade », Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 12, p. 1027
- Maurice Oster, François Boulet, Patrick Cabanel et Christian Wolff, « Freund-Valade, Marc », dans Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours t. 2 D-G, Paris, Les Éditions de Paris/Max Chaleil, (ISBN 978-2-84621-288-5), p. 651-652.
- Jean-Claude Streicher, Ces Alsaciens qui ont infiltré Vichy, Colmar, Jérôme Do Bentzinger, 2018, 250 p. (ISBN 9782849606605)
- (de) « “Wir sind doch keine Russen”: vergilbte Dokumente widerlegen Lügen und Legenden über Oradour », Frankfurter Zeitung, juillet 1994
Archives
- Marc Freund-Valade, rapport sur son activité 1939-1944 au commissaire de la République, , dact., archives familiales
- Freund, dit Freund-Valade, Marc Paul France Archives, dossier F/1bI/769
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative Ă la vie publique :
- René Bargeton, Intérieur. Dictionnaire biographique des préfets (septembre 1870-mai 1982) (Archives nationales, 1994, p. 450-451)