Marathon aux Jeux olympiques de 1908
L'épreuve du marathon aux Jeux olympiques de 1908 se déroule le à Londres, au Royaume-Uni. Elle est remportée par l'Américain John Hayes en 2 h 55 min 18 s 4, après la disqualification de l'Italien Dorando Pietri. Le podium est complété par le Sud-africain — courant pour le Royaume-Uni — Charles Hefferon en 2 h 56 min 06 s 0 et l'Américain Joseph Forshaw en 2 h 57 min 10 s 4.
Sport |
Athlétisme Marathon |
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Organisateur(s) | Comité international olympique |
Édition | 4e |
Lieu(x) | Londres |
Date | |
Nations | 16 |
Participants | 55 |
Tenant du titre | Thomas Hicks (non présent) |
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Vainqueur | John Hayes |
Deuxième | Charles Hefferon |
Troisième | Joseph Forshaw |
Pour la première fois de l'histoire olympique, la distance courue est de 42.195 km (26 milles 385 yards), ce qui deviendra ensuite le standard en 1921. Ainsi, le temps de John Hayes est reconnu comme le premier record olympique de la discipline.
Soixante-quinze athlètes sont inscrits pour la course, mais cinquante-cinq de seize nations prennent finalement le départ ; seulement environ la moitié, vingt-sept, finissent la course.
Contexte
Il s'agit de la quatrième course de l'histoire du marathon olympique. L'Américain Sidney Hatch est le seul coureur du précédent marathon des Jeux de 1904 (alors quatorzième) à participer de nouveau ; Frederick Lorz, qui avait alors passé la ligne premier avant d'être disqualifié pour avoir utilisé une voiture, est quant à lui inscrit mais ne prend pas le départ.
Le marathon de 1908 est le plus international jusqu'alors, avec seize nations représentées. Chaque nation ne peut inscrire qu'au maximum douze athlètes, ce qui est le cas du Canada, des États-Unis, et de la Grande Bretagne ; toutefois, cinq Américains et un Britannique ne participent finalement pas à la course.
L'Australasie, l'Autriche, la Belgique, la Bohême, le Danemark, la Finlande, l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas, et la Russie inscrivent respectivement leur premier athlète de leur histoire olympique lors de cette course.
Lors d'une réunion du Comité international olympique à La Haye en mai 1907, il est d'abord convenu avec l'Association olympique britannique que les Jeux olympiques de 1908 comprendraient un marathon d'environ 25 miles, soit 40 kilomètres. Le comité olympique confie ensuite l'organisation du marathon à l'Association d'athlétisme amateur d'Angleterre (ou Amateur Athletic Association), même si celle-ci n'a alors aucune expérience quant à l'organisation d'une course aussi longue. Fin 1907, Jack Andrew, secrétaire honoraire des Polytechnic Harriers, propose de reprendre la tâche. Cette offre est acceptée en février 1908 bien que déjà , en novembre 1907, un itinéraire d'« environ 25 à 26 miles de distance » avait été publié dans les journaux[1] - [2]. Ce dernier partait du château de Windsor et se terminait au stade olympique, le White City Stadium de Shepherd's Bush, à Londres[3].
Les Polytechnic Harriers sont aussi chargés d'organiser une course d'essai de marathon, qui devait se dérouler sur la majeure partie du parcours du marathon olympique. En avril 1908, une carte révisée du parcours de la course d'essai est publiée, indiquant également le parcours prévu du marathon olympique. Il est alors décidé de fixer la distance du marathon olympique à "environ 26 miles" jusqu'au stade, plus un tour de piste de 536,45 m (1760 pieds)[3]. L'entrée royale est utilisée comme tunnel et la course doit se terminer sur la ligne d'arrivée normale du stade, devant la loge royale. La carte d'avril 1908 montre l'arrivée prévue, bien que le White City Stadium ne soit pas encore terminé à cette époque. Le parcours olympique complet prévu alors va donc de Windsor au White City Stadium, en passant par Eton, Slough, Langley, Uxbridge, Ickenham, Ruislip, Harrow, Sudbury, Wembley, Willesden et Wormwood Scrubs.
Pour le marathon essai officiel du 25 avril 1908, le départ est donné à 640 m de la statue de la reine Victoria sur The Long Walk, une avenue menant au château de Windsor dans le Windsor Great Park. Le marathon de trial se finit à Wembley, soit 6 km plus court que la distance fixée pour le marathon olympique.
Depuis le début de la planification, il est espéré que pour le marathon olympique lui-même, le départ puisse être donné sur la pelouse de l'est, près de la terrasse privée de l'est du château de Windsor, avec l'autorisation du roi Édouard VII, afin que le public ne gêne pas le départ[3] - [4]. La princesse de Galles et ses enfants quittent leur résidence du domaine de Frogmore, à l'autre bout du parc de Windsor, pour assister au départ de la course[3] - [4].
Peu avant l'ouverture des Jeux, on se rend compte que l'entrée royale ne peut en réalité pas être utilisée comme entrée du marathon, celle-ci étant surélevée pour permettre aux membres de la famille royale de descendre facilement de leurs voitures et ne s'ouvre ainsi pas sur la piste. Une autre entrée est donc choisie, en diagonale en face de la loge royale. Un chemin spécial est tracé à partir de Du Cane Road en direction du sud, juste à l'est du terrain de l'Exposition franco-britannique de 1908, afin que la distance entre Windsor et le stade reste "d'environ 26 miles". La ligne d'arrivée reste inchangée, mais pour que davantage de spectateurs aient une bonne vue sur les derniers mètres, le sens de la course est inverse et devient dans le sens des aiguilles d'une montre autour du stade. Cela signifie que la distance dans le stade est réduite d'un tour complet de la piste à 352 mètres (385 yards), et la distance totale de course devient officiellement « environ 26 miles plus 385 yards sur la piste »[3]. Une version modifiée de la carte des Polytechnic Harriers d'avril 1908 est publiée en juin 1908, incorporant la fin modifiée et omettant le départ à la marche utilisé pour le marathon d'essai. Cette version est publiée dans les journaux et dans le programme officiel des jeux.
La distance, sans tenir compte du mot "environ" dans la phrase « environ 26 miles plus 385 yards sur la piste », est finalement à l'origine de la distance moderne du marathon de 42,195 km. Selon John Bryant dans son livre The Marathon Makers, le premier kilomètre du parcours du marathon olympique de 1908 a été remesuré par John Disley à la fin des années 1990 et il s'est avéré qu'il manquait 159 mètres (174 yards)[5].
Déroulement
Le rapport officiel donne la liste des premiers de la course à chaque mille, du quatrième au vingt-quatrième : Thomas Jack (milles 4 et 5) ; Frederick Lord (milles 6 à 14) ; Charles Hefferon (milles 15 à 24). L'Italien Dorando Pietri rattrape Hefferon et accélère entre Old Oak Common Lane et Wormwood Scrubs.
Dorando Pietri commence sa course avec un rythme relatiement lent mais entame dans la seconde moitié du parcours une puissante accélération qui le fait se retrouver en seconde position au kilomètre 32 (20 milles), à 4 minutes du Sud-Africain Charles Hefferon. Selon ses propres dires, Hefferon commet une "erreur" à moins de trois kilomètres de l'arrivée : il accepte un verre de champagne qui, selon lui, lui donne une crampe. Sachant qu'Hefferon est en crise, Pietri augmente encore son rythme et le dépasse au 39ème kilomètre (24 milles).
Cependant, à deux kilomètres de l'arrivée, Pietri commence à ressentir les effets de la fatigue extrême et de la déshydratation. En entrant dans le stade, il prend d'abord le mauvais chemin et, lorsque les arbitres le redigirent, il tombe pour la première fois. Il se relève avec leur aide, devant 75 000 spectateurs. Il est tombé quatre fois de plus, et à chaque fois les arbitres l'aident à se relever. Finalement, bien que totalement épuisé, il réussit à terminer la course à la première place. Sur son temps total de 2h 54min 46s, dix minutes ont été nécessaires pour les 350 derniers mètres. Le deuxième est l'Américain Johnny Hayes, avec un temps de 2h 55min 18s. L'équipe américaine dépose immédiatement une plainte contre l'aide que Pietri a reçue des arbitres. La plainte est acceptée et Pietri est disqualifié puis retiré du classement final de la course. Pietri n'étant pas responsable de sa disqualification, la reine Alexandra lui remet une coupe d'argent.
Charles Hefferon, bien qu'il ait été dépassé par Pietri et ensuite par Hayes près du stade, franchit la ligne d'arrivée en troisième position devant deux autres Américains, Joseph Forshaw et Alton Welton. La disqualification de Pietri donne à Hefferon l'argent et à Forshaw le bronze.
Résultats
Rang | Athlète | Temps |
---|---|---|
John Hayes (USA) | 2 h 55 min 18 s 4 OR | |
Charles Hefferon (RSA) | 2 h 56 min 06 s 0 | |
Joseph Forshaw (USA) | 2 h 57 min 10 s 4 | |
4 | Alton Welton (USA) | 2 h 59 min 44 s 4 |
5 | William Wood (CAN) | 3 h 01 min 44 s 0 |
6 | Frederick Simpson (CAN) | 3 h 04 min 28 s 2 |
7 | Harry Lawson (CAN) | 3 h 06 min 47 s 2 |
8 | Johan Svanberg (SWE) | 3 h 07 min 50 s 8 |
9 | Lewis Tewanima (USA) | 3 h 09 min 15 s 0 |
10 | Kalle Nieminen (FIN) | 3 h 09 min 50 s 8 |
11 | Jack Caffery (CAN) | 3 h 12 min 46 s 0 |
12 | William Clarke (GBR) | 3 h 16 min 08 s 6 |
13 | Ernest Barnes (GBR) | 3 h 17 min 30 s 8 |
14 | Sidney Hatch (USA) | 3 h 17 min 52 s 4 |
15 | Frederick Lord (GBR) | 3 h 19 min 08 s 8 |
16 | William Goldsboro (CAN) | 3 h 20 min 07 s 0 |
17 | James Beale (GBR) | 3 h 20 min 14 s 0 |
18 | Arnošt Nejedlý (BOH) | 3 h 26 min 26 s 2 |
19 | Georg Lind (RUS) | 3 h 26 min 38 s 8 |
20 | Willem Wakker (NED) | 3 h 28 min 49 s 0 |
21 | Gustaf Törnros (SWE) | 3 h 30 min 20 s 8 |
22 | George Goulding (CAN) | 3 h 33 min 26 s 4 |
23 | Julius Jørgensen (DEN) | 3 h 47 min 44 s 0 |
24 | Arthur Burn (CAN) | 3 h 50 min 17 s 0 |
25 | Emmerich Rath (AUT) | 3 h 50 min 30 s 4 |
26 | Rudy Hansen (DEN) | 3 h 53 min 15 s 0 |
27 | George Lister (CAN) | 4 h 22 min 45 s 0 |
— | Victor Aitken (ANZ) | DNF |
Fred Appleby (GBR) | DNF | |
Henry Barrett (GBR) | DNF | |
George Blake (ANZ) | DNF | |
Umberto Blasi (ITA) | DNF | |
Wilhelmus Braams (NED) | DNF | |
George Buff (NED) | DNF | |
François Celis (BEL) | DNF | |
Edward Cotter (CAN) | DNF | |
Alexander Duncan (GBR) | DNF | |
Thomas Jack (GBR) | DNF | |
Nikolaos Kouloumberdas (GRE) | DNF | |
Anastasios Koutoulakis (GRE) | DNF | |
Seth Landqvist (SWE) | DNF | |
Johan Lindqvist (SWE) | DNF | |
Tom Longboat (CAN) | DNF | |
Joseph Lynch (ANZ) | DNF | |
James Mitchell-Baker (RSA) | DNF | |
Thomas Morrissey (USA) | DNF | |
Frederick Noseworthy (CAN) | DNF | |
Jack Price (GBR) | DNF | |
Fritz Reiser (GER) | DNF | |
Michael Ryan (USA) | DNF | |
John Tait (CAN) | DNF | |
Frederick Thompson (GBR) | DNF | |
Arie Vosbergen (NED) | DNF | |
Albert Wyatt (GBR) | DNF | |
DQ | Dorando Pietri (ITA) | 2 h 54 min 46 s 4 |
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Athletics at the 1908 Summer Olympics – Men's marathon » (voir la liste des auteurs).
- « From Windsor Castle to White City: The 1908 Olympic Marathon Route »
- « 1907/1908 sketch map of the marathon route », The National Archives, London.
- Bob Wilcock, The 1908 Olympic Marathon, Journal of Olympic History, Volume 16 Issue 1, March 2008
- Theodore Andrea Cook, The Fourth Olympiad, vol. IV, British Olympic Association, coll. « Official Reports of Olympics », , 68–84 p., « Chapter IV. The Olympic Games of 1908. Athletics. XI.—The marathon race. »
- Jeré Longman, « The Marathon's Random Route to Its Length », sur On Olympics, The New York Times,
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Charles C. Lovett, Olympic marathon : a centennial history of the games' most storied race [« Le marathon olympique : une histoire centenaire de la course la plus célèbre des Jeux »], Praeger, (ISBN 0-275-95771-3 et 978-0-275-95771-1, OCLC 35770999). .
- (en) David E. Martin et Roger W. H. Gynn, The Olympic marathon [« Le marathon olympique »], Human Kinetics, , 532 p. (ISBN 0-88011-969-1 et 978-0-88011-969-6, OCLC 42823784, lire en ligne), « 1908: Pietri Steals the Show as Hayes Captures the Gold ». .
- (en) Bill Mallon, The 1908 Olympic Games : results for all competitors in all events, with commentary [« Les Jeux olympiques de 1908 : les résultats de tous les concurrents dans toutes les épreuves, avec commentaires. »], McFarland & Co, (ISBN 0-7864-0598-8 et 978-0-7864-0598-5, OCLC 42833776)..
- Raymond Pointu, Les marathons olympiques : Athènes 1896-Athènes 2004, Calmann-Lévy, (ISBN 2-7021-3380-0 et 978-2-7021-3380-4, OCLC 417374610), « Le calvaire de Dorando ». ..
- (en) John Bryant, The Marathon Makers, John Blake, , 352 p. (ISBN 978-1-84454-560-5 et 1-84454-560-1, OCLC 228155825).
- (en) Bob Wilcock, « The 1908 Olympic Marathon », Journal of Olympic History,‎ , p. 17 (lire en ligne )
- (en) Martin Polley, « From Windsor Castle to White City: The 1908 Olympic Marathon Route », The London Journal, vol. 34, no 2,‎ , p. 163–178 (ISSN 0305-8034, DOI 10.1179/174963209X442441, lire en ligne, consulté le ).
- (en) David Davis, Showdown at Shepherd's Bush: the 1908 Olympic marathon and the three runners who launched a sporting craze [« Confrontation à Shepherd's Bush : le marathon olympique de 1908 et les trois coureurs qui ont lancé un engouement sportif »], Thomas Dunne Books, (ISBN 978-0-312-64100-9, 0-312-64100-1 et 978-1-250-01239-5, OCLC 759913930).
- (en) Iain Adams et Mitchell J. Larson, « ‘Hey Pal! Who Won the Marathon?’ The Illustrated London News 's Coverage of Sport in 1908, an Olympic Year », Sport in History, vol. 32, no 2,‎ , p. 135–156 (ISSN 1746-0263 et 1746-0271, DOI 10.1080/17460263.2012.681347, lire en ligne, consulté le ).