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Manoir le Roure

Le Manoir le Roure se situe au sud de la ville de Montélimar, sur la commune de Châteauneuf-du-Rhône, en Drôme provençale. Cette maison de maître, dont les origines remontent au XIVe siècle selon l'historien Auguste de Coston[1], est aujourd'hui une bâtisse historique avec parc et bassins.

Façade sud du Manoir le Roure


Histoire

Du XVI° au XVIII° siècle : la famille Roure

Selon l'historien Auguste de Coston, la famille Roure est une ancienne famille de Montélimar : on trouve Pons dès 1385, Jean en 1400, Guillaume en 1450, Pierre (consul) en 1471, Mathieu en 1500, Antoine en 1512 (il possède deux maisons et un puits dans la rue des Taules), Christophe en 1530 et enfin Claude en 1544.

Ce dernier lègue à sa fille Claudine et à son époux Armand Pertuis le domaine qui porte le nom de "Roure". Leur fils Hector Pertuis, avocat, consul en 1550, en hérite à son tour. Il épouse, en 1562, Françoise de Piolenc, fille de Thomas, et teste le devant Me Bérole en faveur de ses trois fils : Samuel, Félix et Jacques, nés vers 1570.
Le domaine appartient successivement au fils aîné Samuel, marié à Catherine de Bellon, puis à Josserand Pertuis, né vers 1600, marié à Lucrèce de Barry, puis à Jacques 1er, né vers 1630, marié à Catherine Duclaux. Ce couple a deux fils : Joseph et Jacques II Pertuis, nés vers 1670, qui sont anoblis.
Joseph hérite des biens de son père en 1717 mais le manoir du Roure ne figure pas sur la liste, uniquement celui de Pertuis, situé juste en face du Roure. Selon certains généalogistes, la famille Pertuis, ruinée, aurait vendu le Roure au noble Alexandre de Piolenc de Thoury, président du parlement de Grenoble, qui l'aurait revendu à son tour en 1758 à Jacques-Daniel Nicolas. Selon Coston, c'est Zacharie Pascal qui possède le Roure lorsqu'il décède en 1652. Son fils Florent en hérite et prend le nom de Florent Pascal du Roure. Marié à Marguerite de Langes de Montmiral, il n'a pas de descendance. Aussi, c'est son frère Alexandre Pascal du Roure qui hérite du manoir. Marié en 1668 avec Françoise de Morgues, il meurt le , sans postérité, après avoir testé en faveur de sa sœur Madelaine Pascal du Roure, épouse de Daniel Livache, juge des fiefs du duc de Lesdiguières.

Du XVIII° au XIX° siècle : la famille Nicolas

Jacques-Daniel Nicolas, né le , fils de Daniel Nicolas, achète le domaine en 1758 et ajoute lui aussi le nom de "Roure" à son patronyme. Marié à Jeanne-Monique Laurans (les Laurans donneront un maire à la ville de Montélimar au siècle suivant et résideront à Champblanc), ils ont une dizaine d'enfants dont Daniel et Joseph.

  • Daniel Nicolas du Roure, notaire, nĂ© le , Ă©pouse le Ă  MontĂ©limar Marie Rousset, nĂ©e le , fille de Pierre Gaspard Rousset et de Marie Faujas, qui lui donne six enfants dont Daniel, nĂ© le 15 ventĂ´se an IV ().
  • Joseph Nicolas du Roure, nĂ© le , frère du prĂ©cĂ©dent, commissaire des guerres prend, pour se diffĂ©rencier, le nom de "Jonquet", nom du domaine dont il est lui-mĂŞme propriĂ©taire, situĂ© non loin de lĂ . Il Ă©pouse, le Ă  MontĂ©limar, Clotilde Richon, avec laquelle il a un fils, sans descendance, et une fille, Clotilde Nicolas-Jonquet, nĂ©e vers 1800.
Le bassin du parc du Manoir le Roure

Les deux domaines et les deux noms se trouvent alors réunis le lorsque Daniel Nicolas du Roure, fils de Daniel Nicolas du Roure et de Marie Rousset, épouse sa cousine germaine, Clotilde Nicolas-Jonquet, fille de Joseph Nicolas-Jonquet et de Clotilde Richon. Daniel Nicolas du Roure, maire de Montélimar du au , décède en 1863. Son épouse Clotilde hérite de la propriété du Jonquet par son père Joseph, mais pas, comme on aurait pu le supposer, de celle du Roure puisqu'elle sera obligée de la racheter en 1879 à Jean-Baptiste-Frédéric Chare, maire de Montélimar de 1848 à 1852, qui y décède en 1865.
On connaĂ®t ce rachat grâce Ă  un acte insĂ©rĂ© dans le Journal de MontĂ©limar du : "Le , les deux hĂ©ritières de Jean-Baptiste-FrĂ©dĂ©ric Chare, leur père, ont vendu Ă  Mme Clotilde Nicolas, veuve de M. Daniel Nicolas, le domaine appelĂ© "Le Roure", situĂ© sur le territoire de Châteauneuf-du-RhĂ´ne, contenant 25 hectares, ayant un bâtiment de maĂ®tre avec cour, jardin, verger, fontaine et pièce d'eau, et un bâtiment sĂ©parĂ©, destinĂ© Ă  l'exploitation composĂ© de terres labourables, prairies, bois... et dont l'ensemble confine notamment des terres appartenant Ă  M. de La Bruyère. Cette vente est consentie moyennant le prix de soixante et onze mille francs". Clotilde Nicolas dĂ©cède deux ans plus tard, le , sans hĂ©ritier, son unique fille, Ă©galement prĂ©nommĂ©e Clotilde, Ă©tant dĂ©cĂ©dĂ©e en 1869. Tous ses biens, estimĂ©s Ă  306 000 francs, reviennent Ă  l'hĂ´pital de MontĂ©limar, sauf le domaine Le Roure qu'elle lègue Ă  son cousin Charles Rousset.

XIX° siècle : la famille Rousset

La famille Rousset est présente à Montélimar depuis le XVIIe siècle. Ses membres sont des bourgeois, des marchands ou des maîtres-chirurgiens tels Louis, né le , mari de Catherine Richon, et leur fils Gaspard, né le , marié à Catherine Gibaux. Pierre-Gaspard Rousset, né le , fils de Gaspard Rousset et Catherine, est procureur en la sénéchaussée. Marié à Marie Faujas, ils ont deux enfants :

  • Marie Rousset, nĂ©e le , Ă©pouse de Daniel Nicolas du Roure.
  • Pierre-Louis Rousset, nĂ© le , mariĂ© Ă  Marie-Anne-JosĂ©phine-Rivière-Nocaze, d'oĂą un fils : Gustave-Pierre-Michel Rousset, nĂ© le , notaire Ă  Sauzet, mariĂ© le Ă  MontĂ©limar Ă  Adrienne Caroline-LĂ©onie Bonnefoy. Ce sont les parents de Charles-Louis-Marie-Joseph, dit Charles, qui naĂ®t le Ă  MontĂ©limar. Charles Rousset, sorti de Saint-Cyr en 1868, sous-lieutenant au 32e rĂ©giment d'infanterie, participe Ă  la guerre de 1870 dans l'armĂ©e de Metz, puis est fait prisonnier. RentrĂ© en France, il se bat contre la Commune de Paris ; capitaine en 1873, il est attachĂ© Ă  la RĂ©vision de la Carte d'Ă©tat-major et entre Ă  l'Ă©cole de guerre (1878-1880) après laquelle il prend part Ă  l'expĂ©dition de Tunisie. Le , il Ă©pouse, Ă  Chanos-Curson, Marguerite-Émilie-Marie de Pina de Saint-Didier, nĂ©e le Ă  Toulon, d'oĂą quatre enfants :
    • Pierre-LĂ©on-Marie-Bruno Rousset de Pina nĂ© le Ă  Marseille, qui Ă©pouse en 1922, Ă  Strasbourg, Marie-ThĂ©rèse Schmitt. Chevalier de la LĂ©gion d'honneur et croix de guerre, il dĂ©cède en 1938 « des suites de blessure de guerre. »
    • Marcel-Paul-Maxime Rousset de Pina, nĂ© le Ă  Marseille, Ă©pouse le Ă  Chanos-Curson (26), Marie-Marguerite-Françoise Trives et dĂ©cède le Ă  Paris Ă©galement chevalier de la LĂ©gion d'honneur. Leur fille aĂ®nĂ©e Jacqueline Rousset de Pina, Ă©pouse, en 1944, Jacques Baillieux, d'origine belge, fils d'Alfred Baillieux, dit Hector.
    • Jean-Paul-François Rousset de Pina, nĂ© le Ă  Toulon, mariĂ© Ă  Solange-Marie-Brigitte Rais et dĂ©cĂ©dĂ© en 1985 Ă  MontĂ©limar.
    • Jacques, dĂ©cĂ©dĂ© Ă  seize mois en septembre 1907. Après diverses promotions, Charles est nommĂ© gĂ©nĂ©ral de brigade en 1905. PlacĂ© dans le cadre de rĂ©serve en 1909, il prend sa retraite Ă  Châteauneuf-du-RhĂ´ne, au manoir le Roure dont il a hĂ©ritĂ© en 1881, et dont il entreprend la transformation. Charles Rousset devient membre de la SociĂ©tĂ© d'ArchĂ©ologie de la DrĂ´me le . Il dĂ©cède le .

Du XX° au XXI°siècle : les familles Bailleux, Lhopital et Louis

En 1959, Alfred-Hector Baillieux achète à la famille Rousset le Manoir Le Roure. Lorsqu'il décède en 1969, les héritiers le vendent à M. et Mme Deloye, parents de neuf enfants, qui le conservent jusqu'en 2001.

Le domaine, mis en vente, est racheté par M. et Mme Lhopital qui le transforment en hôtel.

Le 14 décembre 2018 la famille Louis rachète le Manoir et investit près de 3 millions d’euros pour le rénover entièrement créant un complexe hôtelier de luxe. Le 11 novembre 2019 un tremblement de terre secoue pour la seconde fois le Manoir. Les vitraux, la peinture et les fresques de l’orangerie du 19e sont refaites.

Construction

Dès 1385, le domaine comprend des bâtiments agricoles, assez volumineux, jouxtant la route et un peu plus au sud une bâtisse toute en longueur fermée au nord et au sud par un grand portail en plein cintre permettant le passage de diligences ou de charrettes.
Au XVIIe siècle, le domaine, qui comprend une maison de maître et une ferme en galets du Rhône, subit un agrandissement en forme de cube de style provençal austère.
Vers la fin du XIXe siècle, de grands travaux d'embellissement sont entrepris avec la création d'un étage supplémentaire et le rehaussement de la toiture ; à cette occasion, la pente du toit change de direction. Le manoir est alors transformé en style Belle Époque, tel un château avec tour et colonnades, agrémenté d'un péristyle et d'une orangerie qui ouvrent sur le jardin.

Orangerie du manoir le Roure avec lustre

Les choix d'architecture de l'époque s'inspirent nécessairement du style de bâtiments de la Drôme, comme par exemple le château de Grignan où vécut la marquise de Sévigné. Les vitraux de couleur, ainsi que les fresques ornant l'orangerie, de par leurs couleurs chaudes, avec une dominante ocre et safran, font penser à une influence africaine, peut-être en lien avec le retour des colonies du général Rousset, propriétaire de l'époque, à l'origine des transformations du manoir. Les constructions de la bâtisse bourgeoise ont ainsi été édifiées, afin de protéger les terrasses et le bâti principal des vents dominants (mistral). Les principales ouvertures sont ainsi sur la façade sud du bâtiment. L'orangerie et les terrasses d'agrément bénéficient également d'une exposition sud-sud-ouest tandis que les ouvertures côté nord, moins nombreuses, sont juste suffisantes pour permettre une lumière traversante à l'intérieur de l’habitat.

Le parc

Depuis 2002, la propriété est implantée sur un terrain de 4 hectares, avec de nombreuses espèces d'arbres, dont une quarantaine de platanes de plus de 40 mètres de hauteur. Ces derniers ont été préservés des différentes maladies dégénératives des platanes qui ont touché ces dernières décennies le Sud de la France, comme le long du canal du Midi. Taillés en couronne, ces platanes se situent en bordure de la route départementale et à l'entrée nord de la bâtisse.
Sur près d'un hectare, d'autres essences se côtoient, en particulier deux spécimens, un cèdre du Liban et un séquoia datant de plus de 200 ans, ainsi que sept marronniers. Les tilleuls, pins, ifs, peupliers et chênes (appelés également chênes du Midi) se partagent le reste des terres.
Le parc se distingue par la hauteur de ses arbres séculaires, impressionnante au regard de celle de la végétation des environs et de la région. La croissance de ces grands arbres a été possible grâce à la présence d'eau, le domaine, ses terres et bassins étant alimentés par trois sources. Jusqu'à une date encore récente (1975), la totalité du domaine et de l'habitation étaient entièrement autonomes en eau.

Bibliographie

Le manoir a fait l'objet de nombreux articles par Marylène Marcel-Ponthier[2], historienne et chroniqueuse au journal La Tribune, ainsi que dans ses chroniques montiliennes[3], où elle relate quelques moments de vie de ses différents propriétaires.

L’œuvre de l'historien De Coston, dont on pourra lire un exemplaire conservé par la médiathèque de Montélimar[4], reste aujourd'hui le dernier ouvrage de nature à nous renseigner sur les origines du Roure[5].

Les journaux de Montélimar du , du , du et du apportent quelques publications liées aux différents propriétaires du manoir le Roure.

Notes et références

  1. baron de Coston Auguste, Histoire de Montélimar et des principales familles qui ont habité cette ville. tome 1, Montélimar, Bourron imprimeur et éditeur, , 534 p. (lire en ligne), page 244
  2. Marylène Marcel-Ponthier 120 Chroniques montiliennes tome 3
  3. Marylène Marcel-Ponthier, Montélimar en Drôme provençale. Ses rues, ses places, ses monuments, ses personnages. : 120 chroniques montiliennes., t. 1, 2, 3, La Tribune, , 288 p. (ISBN 978-2951705326)
  4. dans ses tomes de 1 page 426 et 427, tome 2 page 130 et 131, 106 et 107, tome 4 page 240 Ă  243 puis page 330,331 et 448 Ă  449
  5. porté en 1383 Par Pons Roure, en 1400 par Jean Roure, en 1471 par le consul Pierre Roure, en 1507 par Durand ...
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