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Mamora

La Mamora (ou Maâmora) est une région naturelle du Maroc dont l'unité se définit selon deux points de vue scientifiques :

  • une unitĂ© gĂ©ologique-gĂ©omorphologique,
  • une unitĂ© botanique (la plus grande forĂŞt de chĂŞnes-lièges du Maroc et peut-ĂŞtre au monde).
La Mamora
Pays Maroc
Villes principales Kénitra, Rabat, Salé, Khemisset
CoordonnĂ©es 34° 15′ 52″ nord, 6° 39′ 27″ ouest
Géologie dunes quaternaires sur marnes miocènes
Relief dunaire
Production liège et bois de chauffage
Forêt de Mamora. La plus grande forêt de chênes-lièges au Maroc, côte atlantique au nord-est de Rabat
Lapereau. ForĂŞt Ă  feuilles persistantes de Mamora.

Localisation

Lepoutre et Combes (1967) la situent « depuis l'OcĂ©an entre Rabat et KĂ©nitra, jusqu'Ă  70 km vers l'intĂ©rieur du pays, limitĂ©e au sud par la vallĂ©e du Bou-Regreg et les contreforts du plateau central et au nord par la plaine du Gharb »[1].

Cette localisation de la zone géographique correspond bien à la délimitation de la subéraie dont la surface a malheureusement régressé sous l'action de l'exploitation humaine. Des reboisements de compensation en eucalyptus (Eucalyptus gomphocephala et Eucalyptus camaldulensis) n'ont pas permis de restaurer la forêt dans ses limites historiques.

GĂ©ologie

Du point de vue géologique, la Mamora est une vaste plate-forme quaternaire[1].

Hydrogéologie

Elle est parcourue par plusieurs oueds Ă  caractère plus ou moins permanent, affluents du Sebou. Parmi ceux-ci, l'oued Fouwarat dont la source se situe quelque part dans le secteur du Bled-Dendoum. On trouve aussi l'oued Smento qui coule un peu plus Ă  l'est. L'oued Tiflet est pĂ©renne. Il existe de nombreuses mares temporaires (daya, pluriel douyet, daiet) dont la superficie cumulĂ©e est environ de 10 km2[2].

Ces oueds ont un cours souterrain qui s'Ă©panouit Ă  l'approche de leur confluent avec le Sebou. Il y a sous la Mamora une importante nappe d'eau qui est contenue par des formations grĂ©so-sableuses du plio-villafranchien. L'Ă©paisseur de cette nappe est comprise entre 10 et 30 m, sa profondeur varie de 20 Ă  40 m pouvant atteindre 80 m. Cette nappe s'Ă©coule vers l'est, vers l'ocĂ©an Atlantique et vers la plaine du Sebou. Les rĂ©serves sont estimĂ©es Ă  300 Ă— 106 m3. Ce vĂ©ritable château d'eau a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© par les premiers forages effectuĂ©s dans la vallĂ©e de l'oued Fouarat, avec des captages importants. La nappe fait l'objet de protections très attentives dans un pays oĂą la ressource en eau est vitale. Le danger de pollution existe lĂ  oĂą des villes comme KĂ©nitra dĂ©versent leurs eaux usĂ©es brutes dans des zones humides tel le lac Fouwarat.

Botanique

On désigne aussi sous ce nom de Mamora la grande forêt de chênes-lièges (Quercus suber) ou subéraie qui occupait en presque totalité la région géologique décrite par Lepoutre et Combes. Selon Charles Sauvage (1961[3]) et Maurer et Sauvage (1965[4]), la Mamora est unité botanique, une forêt de chênes-lièges ou subéraie. Du moins, ce qu'il en reste actuellement car cette forêt a régressé et une partie a été reboisée en eucalyptus, avec plus ou moins de succès.

La subéraie de la Mamora

La Maâmora est la plus vaste forêt de chênes-lièges (suberaie) du Maroc et probablement du monde. Son nom signifie « la fructifère » et proviendrait de la qualité exceptionnelle des glands doux de ses chênes, autrefois très appréciés jusqu’à la cour d’Espagne.

La superficie de la suberaie, 55 000 hectares en 2003, est l’addition de massifs très dĂ©coupĂ©s, rĂ©sultat des amĂ©nagements entrepris dès les annĂ©es 1910. Ă€ l’époque, elle s’étendait sur 130 000 hectares. Le massif forestier est parcouru par de nombreuses pistes. C’est un lieu de pâturage rĂ©gulier et on y rĂ©colte le liège.

Les parties les plus dégradées, surtout au nord, ont été remplacées par des plantations d’arbres exotiques : pins, acacias à tanin et eucalyptus. Les autres ont été recepées et aménagées. Le sous-bois, souvent très clairsemé, est constitué de genêts, de passerines, de palmiers nains, etc. Ces plantes, en effet, sont résistantes à la dent du bétail, contrairement aux jeunes chênes-lièges.

Le seul lieu où la suberaie présente des arbres de toutes tailles (certains très majestueux, aux branches redescendant à terre), dominant une prairie de graminées bien fournie, est la réserve royale d’Aïn Johra (ex-chasse résidentielle du maréchal Lyautey). Là, le pâturage et l’émondage sont interdits.

Des étendues d’eau temporaires sont présentes au cœur du massif. Les dayas sont de petites dépressions au fond argileux, qui collectent les eaux de pluie et s’assèchent l’été. Les merjas sont des sortes d’étangs alimentés par la nappe phréatique. Leurs deux principales menaces sont :
  • le bouleversement de l’hydrologie (pompage pour l’agriculture et les villes),
  • la dĂ©tĂ©rioration du couvert vĂ©gĂ©tal, par le pâturage principalement.
[réf. nécessaire]

La pollution (eutrophisation liée aux hommes), les dépôts de matériaux et l’invasion d’espèces sont d’autres périls existants.

La forĂŞt de la Maâmora est dĂ©limitĂ©e par l’ocĂ©an Atlantique Ă  l’ouest, et s’étend vers l’est sur environ 70 km. Globalement, elle se prĂ©sente comme un plateau doucement inclinĂ© vers le nord-est, entaillĂ© par quatre vallĂ©es d’oueds coulant vers le nord. Les sols sont des sables, de profondeur variable, sur argiles. Ă€ l’ouest, le climat est ocĂ©anique (tempĂ©rature modĂ©rĂ©e, forte hydromĂ©trie) et devient continental vers l’est (pĂ©riode sèche plus longue).

Autres subéraies marocaines

Au Maroc, le chêne-liège est connu dans le nord, dans la Jebala, entre Larache et Asilah.

Centres spécialisés

Voir aussi

Bibliographie

  • Charles Sauvage, Recherches gĂ©obotaniques sur les subĂ©raies marocaines, Rabat, Institut Scientifique ChĂ©rifien, coll. « Travaux de l'Institut », , 462 p., 21 fig., 10 cartes et 2 diagrammes en pochette (rĂ©sumĂ©). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • B. Lepoutre et M. Combes (Comptes-rendus du congrès de PĂ©dologie mĂ©diterranĂ©enne, Madrid, 1966), « La Mamora », Les Cahiers de la Recherche Agronomique, no 24 « t. I, 2e partie : Description des rĂ©gions traversĂ©es, chap. VII »,‎ , p. 279-295 (lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Camille Arambourg, « Les vertĂ©brĂ©s du PlĂ©istocène de l'Afrique du Nord », Archives du MusĂ©um National d'Histoire Naturelle, 7e sĂ©rie, vol. 10,‎ , p. 1-126 + planches I-XVI (lire en ligne).
  • GĂ©rard Maurer et Charles Sauvage, « Excursion botanique au Maroc : 8-21 mai 1965 », Al Awamia, no 41,‎ , p. 104-214 (lire en ligne, consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Claire Villemant et Dominique Titolet, « La forĂŞt de la Mamora », Courrier de l'Environnement de l'INRA, no 30,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Alain Fraval et Claire Villemant, « La Maâmora et ses ennemis », Courrier de l'Environnement de l'INRA, no 15,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Michel Tarrier et Jean Delacre, Carnets de voyages naturalistes au Maroc, (lire en ligne).

Notes et références

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