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Maison familiale rurale

Une maison familiale rurale (MFR) ou (MFREO) est un Ă©tablissement scolaire de statut associatif qui a pour objectif la formation et l'Ă©ducation des jeunes et des adultes, ainsi que leur insertion sociale et professionnelle. L'engagement des parents est la pierre angulaire du mouvement.

Logo des MFR.

Les origines

La première maison familiale à porter ce titre a été fondée en 1937 à Lauzun à l'initiative de l'abbé Granereau et du SCIR (Syndicat Central d’Initiative Rurale). Cependant, le premier établissement destiné à cet objectif a été créé deux ans plus tôt dans le village voisin de Sérignac-Péboudou (Lot-et-Garonne), par l'abbé Granereau[1]. Une loi de , prise dans le contexte de la Corporation paysanne mise en place par l’État Français (Régime de Vichy), qui organise l'enseignement agricole post-scolaire, a structuré le réseau des maisons familiales rurales ; elles ont survécu à la Libération et jouent toujours un rôle important dans l'enseignement agricole français actuel[2].

Chaque maison familiale est, en effet, gérée par des familles et des professionnels groupés en association. Autour de chaque jeune et adulte en formation, les parents, les maîtres de stage et l’équipe éducative se mobilisent pour permettre à chacun de développer son esprit d’initiative, de poursuivre sa quête d’autonomie et de responsabilité et de mettre en œuvre son projet. Les maisons familiales rurales ont l’ambition de transcender les actions de formation en agissant avec et pour les acteurs locaux au développement global des personnes et de l'environnement économique et humain.

D’une façon simple, une maison familiale rurale est d’abord un établissement scolaire sous contrat de participation avec l’État ou sous convention avec les conseils régionaux.

Cet établissement accueille des élèves de la quatrième aux formations supérieures, toutes étant en alternance sous différents statuts. Les apprentis ou stagiaires sont amenés à acquérir une formation générale et une formation professionnelle et accompagnés jusqu’à la qualification et l’insertion.

Le mouvement des maisons familiales rurales, malgré ses apports aux sciences de l’éducation, son rôle dans le développement local et ses travaux sur la citoyenneté depuis 70 ans, reste mal connu.

Caractéristiques

Les maisons familiales rurales ont des caractéristiques fonctionnelles et éducatives singulières au sein du système éducatif français :

  • Une taille modeste (150 Ă©lèves en moyenne par Ă©tablissement) ;
  • Une dĂ©marche pĂ©dagogique centrĂ©e sur le projet personnel de chaque jeune et sur la formation thĂ©orique en lien avec les rĂ©alitĂ©s vĂ©cues grâce Ă  l’alternance ;
  • La coopĂ©ration entre les enseignants, les familles et les entreprises accueillant les stagiaires pour la mise en Ĺ“uvre de la formation ;
  • L’accent mis sur les apprentissages des savoir-ĂŞtre et les apprentissages sociaux ;
  • Leur fonctionnement associatif ;
  • Leur implantation en milieu rural dans des zones oĂą il y a peu de dispositifs de formation ;
  • Leur volontĂ© enfin d’avoir un idĂ©al pour la sociĂ©tĂ© : celui de faire en sorte que chaque personne puisse construire sa vie, avec les autres, dans son mĂ©tier, dans sa famille, dans son quartier ou dans son village.

Le slogan des maisons familiales, « Réussir autrement », se décline autour de quelques axes directeurs :

  • Des adultes impliquĂ©s et responsables de la formation des jeunes : responsabilitĂ© Ă©ducative des familles, partage d’expĂ©riences entre parents, implication des maĂ®tres de stage, des professionnels.
  • Des Ă©lèves qui ne sont pas exclusivement des apprenants en salle de classe mais qui sont considĂ©rĂ©s comme des personnes insĂ©rĂ©es dans la sociĂ©tĂ©, connues et reconnues, qui ont une fonction sociale, qui sont Ă©coutĂ©es, qui prennent progressivement des responsabilitĂ©s…
  • Des enseignants ou formateurs ne sont pas uniquement des professeurs mais qui ont une fonction d’écoute, de dialogue, d’accompagnateur de formation. La discipline (la matière enseignĂ©e) n’est pas le centre de l’acte d’apprentissage. Le travail en Ă©quipe est fondamental.
  • La formation n’est pas centrĂ©e seulement sur des savoirs livresques. L’équipe Ă©ducative travaille Ă©galement le projet professionnel et personnel et accompagne la rĂ©flexion sur l’orientation. La formation est conçue de façon globale et la parcellisation des savoirs est Ă©vitĂ©e. Les apprentissages des savoir-ĂŞtre (politesse, respect des horaires, travail bien fait…) et la valorisation des savoir-faire pratiques, des temps de stage, cas concrets sont valorisĂ©s.
  • La maison familiale rurale n’est pas qu’un Ă©tablissement scolaire. C’est une association ancrĂ©e dans les dynamiques locales pour rĂ©pondre Ă  de nouveaux besoins. Elle porte une ambition pour le dĂ©veloppement du territoire et des personnes qui y vivent.

Toutes ces caractéristiques justifient l’appellation d’origine « maison familiale rurale » :

  • « maison » parce qu’on vit ensemble, en internat, qu’on se connaĂ®t, que l’on participe Ă  l’entretien des locaux ;
  • « familiale » parce que les parents sont responsables du fonctionnement de l’établissement ;
  • « rurale » parce que la majoritĂ© de ces structures est situĂ©e en dehors des villes.

Les maisons familiales rurales ont une ambition pour la société. Prenant racine dans les mouvements syndicaux et chrétiens progressistes du début du XXe siècle comme le Sillon de Marc Sangnier, les maisons familiales rurales affichent, sans complexe, les concepts qui les animent :

  • Mobiliser tous ceux qui sont prĂŞts Ă  apporter leur appui Ă  la rĂ©ussite des jeunes et des adultes ;
  • Permettre au plus grand nombre de faire sa place dans la sociĂ©tĂ© et Ă  chacun de prendre son destin en main ;
  • PrĂ©parer Ă  la citoyennetĂ© et Ă  la responsabilitĂ© ;
  • DĂ©velopper la dĂ©mocratie participative Ă  travers le mouvement associatif et les groupements de base ;
  • Encourager les initiatives locales ;
  • Affirmer que l’éducation est l’affaire de tous et en particulier l’affaire des familles ;
  • Associer la formation et le dĂ©veloppement ;
  • Aider, partout dans le monde, les paysans et les communautĂ©s Ă  s’organiser et les territoires ruraux Ă  progresser…

Les maisons familiales rurales ont la volonté d’agir pour un monde plus solidaire, plus responsable, plus proche des besoins des personnes.

Le système pédagogique des maisons familiales

À l’inverse de la logique scolaire classique qui est d’apprendre pour restituer, les fondateurs des maisons familiales rurales ont expérimenté une méthode pédagogique basée sur une démarche en deux temps : sur le terrain, le temps « du faire et de l’action » et à l’école, le temps « de la réflexion et du sens ». Sans le savoir, ils ont ainsi créé une formule pédagogique bien connue aujourd’hui des CFA : l’alternance.

Mais le système pédagogique des maisons familiales rurales ne se résume pas à la technique de l’alternance. Pour exprimer une réelle efficacité, ce système doit être complété par d’autres aspects qui s’imbriquent les uns dans les autres avec des effets de synergie. Ces éléments sont le socle commun de l'enseignement agricole et se retrouvent aussi bien dans les établissements publics que privés :

  • L’acteur en formation est le propre auteur de sa formation ;
  • La formation prend une dimension sociale s’il y a interpellation et questionnement des personnes qui entourent l’acteur en formation ;
  • La formation technique sert la formation gĂ©nĂ©rale ;
  • L’apprentissage de la vie de groupe, notamment Ă  l’internat, est une pièce fondamentale du puzzle Ă©ducatif ;
  • L’établissement doit ĂŞtre Ă  taille humaine ;
  • Le personnel enseignant appelĂ© "Formateurs" doivent avoir des fonctions polyvalentes de relation, d’enseignement, d’éducation ;
  • Les familles sont actives dans l’éducation de leurs enfants.

En France et dans le monde

Aujourd’hui, 507 associations maisons familiales rurales (associations de formation + structures fĂ©dĂ©rales) sont prĂ©sentes en France et forment, par alternance, plus de 65 000 Ă©lèves, apprentis ou stagiaires.

Certaines maisons familiales rurales sont sous contrat de participation au service public d’éducation avec le Ministère de l'Agriculture. Toutefois, les MFR ne se reconnaissent pas dans ce clivage public/privé. Elles sont l’émanation de groupements de base où la place du collectif et de leur rôle social font qu’elles se sentent investies d’une mission d’intérêt public.

Les maisons familiales rurales qui ont des formations agricoles sont régies par la loi du (Art. L813-9 du Code Rural) portant réforme des relations entre l'État et les établissements d'enseignement agricole privés. Cette loi reconnaît la spécificité structurelle et pédagogique des maisons familiales rurales et en fait des partenaires à part entière du paysage éducatif national.

Mais les maisons familiales rurales peuvent Ă©galement ĂŞtre des Centres de Formation pour adultes ou des Centres de Formation d’apprentis avec des formations de l’Éducation Nationale sous convention avec les conseils rĂ©gionaux (reprĂ©sentant environ 15 000 stagiaires ou apprentis).

Les maisons familiales rurales reçoivent des adolescents ou des adultes après les différents paliers d’orientation prévus (5e, 4e, 3e, Seconde, Terminale, etc.) en fonction de leur motivation. Elles ne pratiquent pas ou peu de sélection scolaire traditionnelle, il est vrai, à l’entrée en formation. Elles accueillent certains jeunes qui sont qualifiés par le système de « mal à l’aise à l’école » car les maisons familiales rurales considèrent que c’est l’école qui est mal à l’aise avec les jeunes et que ceux-ci méritent tous de réussir en se mobilisant. Malgré cette image qu’on a d’elles, elles enregistrent le plus souvent des taux de réussite aux examens équivalents ou supérieurs à la moyenne nationale.

Il existe plusieurs centaines de maisons familiales rurales dans le monde réparties dans plus de 32 pays.

L’ambition originelle des maisons familiales et leurs références

Inspirées par le christianisme social du début du XXe siècle puis nourries par les organisations militantes engagées dans l’évolution du monde agricole et rural, les maisons familiales sont marquées par la double ambition des hommes et des femmes qui les ont créées. Ces derniers avaient, à la fois, un objectif pour leurs enfants - ainsi que pour eux-mêmes - et une volonté de peser sur le milieu où ils vivaient. Depuis toujours donc, une certaine philosophie de l’épanouissement de l’homme a alimenté le mouvement des maisons familiales rurales dans ses démarches conceptuelles et ses réalisations pratiques. Au-delà de cette approche humaniste, son champ d’action s’est structuré autour de quatre références - le monde des associations et en particulier les associations familiales, l’économie sociale, l’éducation populaire - et le système pédagogique de l’alternance, inédit, qu’il a lui-même conçu. Ainsi, depuis l’origine, le projet des maisons familiales, à travers les formations qu’elles mettent en œuvre et leur fonctionnement associatif, est de donner à chacun, et à chaque jeune en particulier, les moyens de construire son avenir avec ceux qui l’entourent pour un monde plus solidaire et plus responsable.

Permettre aux jeunes de faire leur place dans le monde des adultes

Au départ (en 1935/1937), la volonté des familles qui se sont groupées pour agir, ensemble, au sein de la première maison familiale était de permettre à leurs enfants de rester au « pays » tout en continuant à se former, à réfléchir à leurs projets, à moderniser leur exploitation agricole, à s’engager dans leur métier et dans le développement de leur territoire. Permettre aux jeunes de faire leur place dans le monde des adultes tout en contribuant à le transformer, telle est, toujours, la grande ambition des maisons familiales. Aujourd’hui, cette ambition ne se limite plus aux enfants d’origine agricole mais concerne tous les adolescents. Or, ce vaste dessein ne peut se concevoir qu’avec l’acceptation pleine et entière du principe de la responsabilité éducative des familles dans le cadre des relations traditionnelles entre parents et enfants mais également en leur donnant la responsabilité d’une partie d’un système éducatif. Pour illustrer ce principe –ainsi que pour conforter leur indépendance-, les maisons familiales rurales ont fait le choix (en 1942) de rejoindre le mouvement associatif.

  • Les associations familiales : Les maisons familiales rurales sont des associations, au regard de la loi du , et des associations familiales, au regard du Code de la Famille. Elles revendiquent cette reconnaissance qui leur permet d’affirmer leur originalitĂ© et leur raison d’être. La forme associative et la vie associative qui les animent leur donnent, en effet, une place singulière dans le paysage Ă©ducatif français car elles mettent en pratique, très concrètement, la responsabilitĂ© Ă©ducative des familles. Ce statut leur donne le droit de siĂ©ger dans les instances associatives et familiales reprĂ©sentatives.
  • Un système pĂ©dagogique spĂ©cifique : Avec le choix associatif, les maisons familiales rurales vont peu Ă  peu concevoir un système Ă©ducatif qui permet d’apprĂ©hender la globalitĂ© des personnes en formation et de mobiliser toutes celles qui les entourent. Après avoir mis en Ĺ“uvre, les premières annĂ©es, de façon empirique, une alternance de stages et de sĂ©jours Ă  l’école, elles vont progressivement prĂ©ciser leur approche pĂ©dagogique. « A l’école « classique », l’élève est Ă©cartelĂ© entre trois univers : l’école, sa vie familiale, sa vie sociale. Avec l’alternance ces trois mondes ne font plus qu’un. L’unitĂ© pĂ©dagogique est reconstituĂ©e ». Ă€ partir de 1950, AndrĂ© Duffaure, jeune responsable du mouvement, va structurer cette pensĂ©e en relation avec des pĂ©dagogues de « l’École nouvelle française ». IntĂ©grant les recherches sur les mĂ©thodes actives d’apprentissage et la place centrale de l’élève dans le système Ă©ducatif, les maisons familiales rurales vont toutefois Ă©laborer une conception spĂ©cifique de l’enseignement autour de quelques grands principes : expĂ©rience du jeune en situation professionnelle en vraie grandeur, activitĂ©s pĂ©dagogiques permettant de lier les temps d’expĂ©riences en milieu professionnel et familial et les temps d’école, association de la formation professionnelle et de la formation gĂ©nĂ©rale, prise en compte des relations du jeune et de son milieu de vie, organisation de l’enseignement en plan de formation, formation thĂ©matique (grâce au Plan d’Étude notamment)…

Contribuer aux transformations Ă©conomiques et sociales

L’engagement des pionniers des maisons familiales rurales puisait ses sources dans une ambition plus large encore que l’unique champ de l’éducation de leurs enfants. Ils voulaient également agir pour leur milieu de vie, faire évoluer leur profession et leur région. Cette volonté de contribuer à l’évolution de la société, avec les idées forces d’engagement collectif et de promotion des personnes, trouve ses marques dans l’univers de l’économie sociale et de l’éducation populaire.

  • L’économie sociale : Compte tenu de leur histoire, de leurs valeurs, de leur organisation et de leur attachement au monde associatif, les maisons familiales rurales appartiennent sans conteste au large champ de l’économie sociale et solidaire comme les mutuelles et les coopĂ©ratives. « Les entreprises de l’économie sociale fonctionnent de manière dĂ©mocratique. Elles sont constituĂ©es de sociĂ©taires solidaires et Ă©gaux en devoirs et en droits (…). Elles affirment leur droit au dĂ©veloppement dans le respect de leur totale libertĂ© d’action (…). Elles s’efforcent de participer au dĂ©veloppement harmonieux de la sociĂ©tĂ© dans une perspective de promotion individuelle et collective (…) » (extraits de la Charte de l’Économie solidaire).
  • L’éducation populaire : Dans les statuts des maisons familiales rurales, il est fait rĂ©fĂ©rence Ă  leur caractère d’éducation populaire. « L’éducation populaire contribue Ă  l’éducation Ă  la citoyennetĂ© au sens d’engagement au service de l’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral. L’éducation populaire permet Ă  des personnes de participer avec d’autres, Ă  la construction d’un projet de sociĂ©tĂ© et Ă  la rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s sociales, culturelles et Ă©conomiques. L’éducation populaire se caractĂ©rise par une dĂ©marche inductive et Ă©ducative que des personnes s’approprient par elles-mĂŞmes pour construire en commun un projet et dĂ©terminer ensemble des règles et un contenu » (dĂ©finition du ComitĂ© pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire).

Notes et références

  1. sources : mairie de SĂ©rignac-PĂ©boudou
  2. Gilbert Garrier, La Corporation paysanne, parenthèse ou continuité ?, consultable http://bcpl.ish-lyon.cnrs.fr/1981_N_1-2/5LA_CORPO1.PDF

Voir aussi

Bibliographie

  • Franck Sanselme, Les maisons familiales rurales : L'ordre symbolique d'une institution scolaire, Presses universitaires de Rennes, coll. « Le sens social », (ISBN 978-2-7535-3792-7, DOI 10.4000/books.pur.24030, lire en ligne)
  • RĂ©ussir autrement sa formation dans les maisons familiales rurales, Barbara Batard, L’Étudiant, 2005
  • ThĂ©rèse Marois, « La pĂ©dagogie de l’alternance en maisons familiales rurales », Recherches & Ă©ducations, no 4,‎ (ISSN 1969-0622 et 1760-7760, DOI 10.4000/rechercheseducations.187, lire en ligne, consultĂ© le )
  • Une formation citoyenne, Anne de Commines, Descartes et Cie, 2002
  • Les maisons familiales rurales. L’ordre symbolique d’une institution scolaire, Franck Sanselme, Presses universitaires de Rennes, 2000
  • Éducation, milieu et alternance, AndrĂ© Duffaure, MĂ©sonance, 1985
  • RĂ©ussir autrement, un mouvement dans l’histoire, Gilbert MĂ©tivier, Ă©ditions SiloĂ«, 1999
  • Ici, j’ai tout : la maison, le travail et l’école, collectif, L’Harmattan, 1995
  • L’étonnante histoire des MFR, Florent NovĂ©-Josserand, France empire, 1987
  • A l’aube des formations par alternance, Daniel Chartier, MĂ©sonance, 1986
  • Naissance d’une pĂ©dagogie de l’alternance, Daniel Chartier, MĂ©sonance, 1978

Articles connexes

Liens externes

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