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Maison du développement durable

La Maison du développement durable (MDD), située au coin des rues Clark et Sainte-Catherine, est le premier édifice commercial certifié « LEED platine nouvelle construction » dans le centre-ville d'une grande agglomération québécoise[1]. Cette certification lui a été accordée officiellement le .

Maison du développement durable
Localisation
Adresse
Coordonnées
45° 30â€Č 34″ N, 73° 33â€Č 51″ O
Carte
Mur végétal de la Maison

La MDD abrite divers organismes Ă  vocation sociale et environnementale, permettant la mise en commun de ressources, en plus d'ĂȘtre un pĂŽle de rĂ©flexion, d’éducation, d’innovation et de rencontres sur le dĂ©veloppement durable. Ouvert au public, il offre un parcours d'interprĂ©tation[2], Ă©galement accessible de façon virtuelle[3], ainsi que des outils Ă©ducatifs sur le dĂ©veloppement durable et constitue pour les chercheurs canadiens un outil de recherche sur le bĂątiment Ă©cologique[4].

Origine du projet et participants

En 1987, le Rapport Brundtland rĂ©clame des politiques assurant la protection de l’environnement, la participation des citoyens au dĂ©veloppement ainsi qu'une utilisation des ressources qui rĂ©ponde aux besoins tout en prĂ©servant l’avenir des gĂ©nĂ©rations futures, sans ĂȘtre orientĂ©e d’abord vers le profit[4]. FondĂ©e en 1993, l'association Equiterre se demandait « comment faire avancer l’industrie du bĂątiment en termes d’impacts environnementaux[5] ». Le projet d'une Maison occupĂ©e en partenariat avec d'autres ONG est nĂ© au dĂ©but des annĂ©es 2000, mais il a pris huit annĂ©es avant de se concrĂ©tiser[6]. La construction de la MDD a dĂ©butĂ© au printemps 2010 et s'est terminĂ©e en [7]. PropriĂ©tĂ© d’une organisation sans but lucratif contrĂŽlĂ©e par ses membres, elle a Ă©tĂ© officiellement inaugurĂ©e le [8]. Depuis sa crĂ©ation, elle propose au public une programmation d’activitĂ©s diversifiĂ©es, un centre de ressources sur le dĂ©veloppement durable ainsi qu’un centre d’interprĂ©tation du bĂątiment durable avec son parcours d’interprĂ©tation.

SituĂ© tout juste Ă  cĂŽtĂ© du ThĂ©Ăątre du Nouveau Monde dans le Quartier des spectacles, cet Ă©difice de cinq Ă©tages avec une surface de 65 000 pieds carrĂ©s (6 038 m2) accueille les bureaux de ses membres fondateurs : CPE le Petit RĂ©seau, Équiterre, Environnement JEUnesse, Conseil rĂ©gional de l'environnement de MontrĂ©al, Regroupement national des conseils rĂ©gionaux de l'environnement du QuĂ©bec, Option consommateurs, Vivre en Ville et Amnistie Internationale. On y trouve Ă©galement une dizaine de locataires notamment la Fondation David Suzuki, Dunsky Expertise en Ă©nergie, FSC Canada, HumanitĂ© et Inclusion ainsi que RĂ©alitĂ© climatique Canada. Au total vingt-deux organismes sont installĂ©s dans la MDD[5]. En 2016, elle abritait 80 enfants et 169 employĂ©s Ă  plein temps[9].

Les plans ont été réalisés par la firme Menkes Shooner Dagenais Letourneux architectes[10]. Le coût de la Maison, évalué à 27 millions de dollars, a été financé par plus de 45 partenaires et donateurs privés, outre des contributions du gouvernement du Québec, de la Ville de Montréal, d'Hydro-Québec et d'Alcoa, qui en est le principal partenaire[4].

Caractéristiques

Selon le tĂ©moignage d'un des promoteurs, « Au dĂ©part, notre rĂȘve Ă©tait de produire de l’énergie dĂ©centralisĂ©e, avec des Ă©oliennes, du solaire, mais dans les faits, la prioritĂ© est devenue perdre le moins d’énergie possible. Et le bĂątiment est tellement efficace qu’on doit le chauffer moins que prĂ©vu, car sinon il fait trop chaud[5]. ».

Afin d'atteindre une efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique maximale, les ingĂ©nieurs ont travaillĂ© sur l'Ă©tanchĂ©itĂ© du bĂątiment. L'enveloppe extĂ©rieure offre une isolation thermique supĂ©rieure et toutes les fenĂȘtres sont Ă  verre triple avec deux pellicules de basse Ă©missivitĂ©[11].

L'Ă©nergie gĂ©othermique provient de 28 puits de 152m de profondeur creusĂ©s sous le site et dans lesquels on a insĂ©rĂ© des tuyaux de polyĂ©thylĂšne reliĂ©s Ă  une salle des machines. Ce systĂšme permet de rĂ©pondre Ă  80 % des besoins de chauffage et entiĂšrement aux besoins de climatisation. En hiver, un chauffage d'appoint au gaz naturel rĂ©pond au reste des besoins[4]. Outre les importantes Ă©conomies d’énergie, ce systĂšme requiert peu d’entretien et nĂ©cessite une salle mĂ©canique plus petite avec moins d’équipements[11].

Une toiture vĂ©gĂ©tale comportant un choix de 14 variĂ©tĂ©s de sedum est disposĂ©e sur un « substrat composĂ© de matĂ©riaux absorbant l’humiditĂ©, telles l’argile, l’ardoise et la pierre Ă  savon », ce qui permet d’entretenir les plantes sans arrosage artificiel[12]. Ce toit vert de 800 m2, d'une faible Ă©paisseur (7 cm) afin de ne pas alourdir la structure, « permet Ă  la Maison de rĂ©duire les Ăźlots de chaleur, sa consommation Ă©nergĂ©tique et l’apport du bĂątiment aux Ă©pisodes de dĂ©bordement des eaux usĂ©es des usines d’épuration[13]. » La MDD dispose Ă©galement d'un mur vĂ©gĂ©tal de cinq Ă©tages de hauteur, qui agit comme un biofiltre afin de rĂ©duire la quantitĂ© de polluants dans l’air ambiant du bĂątiment[2] et d'un systĂšme de rĂ©cupĂ©ration des eaux de pluie en vue de leur utilisation dans les toilettes[14]. Toutefois, les responsables reconnaissent que les coĂ»ts associĂ©s Ă  l'entretien du toit et du mur vĂ©gĂ©tal « reprĂ©sentent un dĂ©fi continuel pour l’équipe de gestion[15]. »

Un plĂ©num (espace vide) de 305 mm de hauteur entre la dalle de bĂ©ton et la surface du plancher sert de conduit pour l'alimentation en air de ventilation : « ce systĂšme nĂ©cessite moins dâ€˜Ă©nergie que la ventilation conventionnelle parce qu’il permet d’alimenter les bureaux en air Ă  basse vitesse, par le bas, directement dans l’espace occupĂ© par l’employĂ©. » Cela entraĂźne « une Ă©conomie d’énergie d’environ 15 %, un confort accru et de la flexibilitĂ© lors de la reconfiguration des rĂ©seaux de cĂąblage[11]. »

La consommation d'Ă©lectricitĂ© est Ă©galement rĂ©duite grĂące Ă  un positionnement des fenĂȘtres qui maximise l’entrĂ©e de lumiĂšre naturelle et un systĂšme de gestion de l'air[11]. Un compteur affiche en temps rĂ©el les Ă©conomies d'Ă©nergie rĂ©alisĂ©es depuis l'ouverture du bĂątiment[16]. Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en 2016 Ă©tablit que la MDD consomme moins d’énergie que 84 % des bĂątiments de sa catĂ©gorie dans la mĂȘme zone climatique[15].

Au moins 50 % du bois neuf utilisĂ© dans le bĂątiment provient de forĂȘts certifiĂ©es FSC (Forest Stewardship Council)[14]. Au moins 15 % du poids des matĂ©riaux est constituĂ© de matiĂšres recyclĂ©es: les panneaux de gypse utilisĂ©s sont faits de matĂ©riaux recyclĂ©s Ă  99 % et la laine isolante Ă  70 %. Les comptoirs des cinq cuisinettes du bĂątiment sont constituĂ©s Ă  93 % de verre recyclĂ©[14].

Au total, 87 matĂ©riaux Ă©cologiques ont Ă©tĂ© utilisĂ©s dans le bĂątiment, allant de l'isolation au revĂȘtement des comptoirs[2]. Compte tenu du fort coĂ»t environnemental de la production de ciment[17], « De 10 Ă  20 % de la masse du ciment Portland contenu dans le bĂ©ton a Ă©tĂ© remplacĂ©e par des cendres volantes, un rĂ©sidu des centrales thermiques au charbon. Cet apport cimentaire concerne l’ensemble du bĂ©ton d’usage gĂ©nĂ©ral utilisĂ© dans la Maison du dĂ©veloppement durable. D'autre part, la Maison du dĂ©veloppement durable a procĂ©dĂ© Ă  la mise en place de deux dalles de bĂ©ton expĂ©rimentales (pourvues d'Ă©quipement de mesurage) constituĂ©es en partie de verre de bouteilles recyclĂ©es broyĂ©es[14]. »

Un parc adjacent Ă  l’édifice permet Ă  la fois la rĂ©duction des eaux de ruissellement et la rĂ©duction des Ăźlots de chaleur en plein cƓur du centre-ville montrĂ©alais.

Alors qu'elle émettait une moyenne de 13,2 tonnes de GES au cours de ses trois premiÚres années, la MDD a pu réduire celles-ci à une moyenne annuelle de 9 tonnes à partir de 2015, grùce à des modifications apportées à la mécanique du bùtiment[15].

Outre sa certification LEED, la MDD est certifiée par le programme ICI ON RECYCLE de Recyc-Québec pour, entre autres, ses méthodes de gestion des matiÚres résiduelles.

  • Toit vert de la Maison
    Toit vert de la Maison
  • Parc Hydro-QuĂ©bec (adjacent Ă  la Maison)
    Parc Hydro-Québec (adjacent à la Maison)
  • Atrium de la Maison
    Atrium de la Maison

DĂ©fis lors de la construction

Lors de la construction de la MDD, certains dĂ©fis ont Ă©tĂ© rencontrĂ©s, particuliĂšrement au niveau des objectifs environnementaux. En 2019, une Ă©tude post-occupation fut rĂ©alisĂ©e par la Chaire Fayolle-Magil Construction en architecture, bĂątiment et durabilitĂ© de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al et l’OBNL Équiterre, un des membres originaux de la Maison du dĂ©veloppement durable[18].

Cette Ă©tude a relevĂ© plusieurs problĂšmes importants rencontrĂ©s lors de la construction et Ă  la suite de son inauguration, et soulĂšve les compromis que la MDD a dĂ» faire pour le bien et la pĂ©rennitĂ© du bĂątiment. Un des problĂšmes rencontrĂ©s fĂ»t celle-lĂ  qualitĂ© de l’air versus la performance d’énergie. La MDD possĂšde des planchers surĂ©levĂ©s pour amĂ©liorer l’efficacitĂ© d’énergie, toutefois, comme dans plusieurs constructions, les solutions d’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique peuvent venir affecter la qualitĂ© de l’air. C’est ce qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© lors de la construction dans le cas de MDD, des compromis ont donc dĂ» ĂȘtre faits pour de ne pas compromettre la qualitĂ© de l’air et le confort des occupants.

Un autre enjeu fut celui celle l’innovation en contraste avec la maintenance du bĂątiment Ă  long terme. Les occupants de la MDD souhaitaient que le bĂątiment se distingue par ses innovations au niveau des diffĂ©rentes fonctionnalitĂ©s, dans un but d’économie d’énergie et de durabilitĂ©. Toutefois, les innovations peuvent mener vers des terrains inconnus, particuliĂšrement au niveau de la maintenance long terme, et c’est ce qui est arrivĂ© dans le cas de la MDD. Finalement, la performance Ă©nergique est beaucoup plus basse qu’anticipĂ©e, en effet la MDD consomme 2.3 fois plus d’énergie qu’anticipĂ©. Plusieurs ajustements et amĂ©liorations ont Ă©tĂ© faits depuis, et l’efficacitĂ© Ă©nergique s’est grandement amĂ©liorĂ©e. Ces amĂ©liorations, les coĂ»ts de maintenance non prĂ©vue, la perte Ă©nergique, etc. sont trĂšs couteux et sont des sommes qui s’ajoutent au coĂ»t initial de la construction, qui Ă©tait elle aussi dispendieuse[19].

Références

  1. Bouthillette Parizeau : réalisations
  2. Parcours d'interprétation
  3. Visite virtuelle
  4. Jacinthe Leblanc, Maison du développement durable - Une maison exemplaire!, Le Devoir, 17 novembre 2012.
  5. 5 ans de la Maison du dĂ©veloppement durable : la force d’un rĂȘve, 13 octobre 2016.
  6. MDD, Visite virtuelle
  7. La Presse, samedi 3 juillet 2010, cahier Mon toit, page 5
  8. Novae : La Maison du développement durable est inaugurée
  9. MDD, Bilan 5 ans
  10. MDD, RĂ©alisation
  11. MDD, Gestion de l'Ă©nergie.
  12. MDD, Bien plus que des plantes!
  13. MDD, Toit végétalisé.
  14. [MDD, Choix des matériaux
  15. MDD, Bilan aprĂšs 5 ans
  16. MDD, Visite virtuelle
  17. Énergie et environnement, 1er dĂ©cembre 2018
  18. « Le CA de la MDD », sur Maison du developpement durable (consulté le )
  19. A Oliver, R Leoto, G Lizzaralde et A M Petter, « Design, decision-making and trade-offs in the Centre for Sustainable Development (La Maison du dĂ©veloppement durable) in Canada », IOP Conference Series: Earth and Environmental Science, vol. 294, no 1,‎ , p. 012055 (ISSN 1755-1307 et 1755-1315, DOI 10.1088/1755-1315/294/1/012055, lire en ligne, consultĂ© le )

Bibliographie

  • Normand Roy, Diane Thode, Ricardo Leoto, Charles Thibodeau, Analyse du cycle de vie de la maison du dĂ©veloppement durable, MontrĂ©al, Équiterre, , 54 p.
  • Tanguy Marquer, Ricardo Leoto et Samy Geronimo, Analyse de la performance Ă©nergĂ©tique de la Maison du dĂ©veloppement durable, MontrĂ©al, BibliothĂšque numĂ©rique canadienne,

Voir aussi

Lien externe

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