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Maison de retraite des artistes de Pont-aux-Dames

La Maison de retraite des artistes de Pont-aux-Dames est une institution fondée en 1903 à Couilly-Pont-aux-Dames, en Seine-et-Marne, par l'acteur Constant Coquelin dit Coquelin aîné.

Maison de retraite des artistes de Pont-aux-Dames.

Genèse du projet

En , Constant Coquelin dit Coquelin aîné, acteur de la Comédie-Française et créateur du rôle de Cyrano de Bergerac est élu président de l'Association de secours mutuels des artistes dramatiques[1]. Soucieux depuis plusieurs années du sort des comédiens âgés, il va dès lors mettre en chantier un projet au sein de cette institution, créée initialement par le baron Isidore Taylor : la construction d’une maison de retraite pour les comédiens les plus nécessiteux[1].

« Je veux les voir mes vieux comédiens à cheveux blancs, groupés ensemble dans un asile fleuri, comme les abeilles d’une ruche, avec cette différence que les abeilles travaillent et qu’eux ne feront plus rien. Je veux les voir, sans une buée de mélancolie dans leur maison ensoleillée, bavardant de leur succès d’antan, sous les verts rameaux de leur parc ombreux. Et je veux même, qu’ils jouent toujours la comédie, comme passe-temps, pour se distraire, ces vétérans du théâtre. Je leur veux une petite salle de spectacle bien naïve, bien coquette, où, de temps en temps ils donneront une représentation dont les quelques bénéfices viendront aider leurs minces besoins. »

— Annuaire de l'Association de secours mutuels des artistes dramatiques, 1902[2]

C’est Ă  partir de 1902, que cette idĂ©e va prendre forme. InformĂ© cette annĂ©e-lĂ  de la mise en vente dans le village de Couilly-Pont-aux-Dames d'une grande propriĂ©tĂ©, ancienne abbaye, pour la somme de 115 000 F, il trouve le site bien adaptĂ© Ă  ce projet. Cette demeure construite sur un parc de 4,5 hectares au milieu de la vallĂ©e des peintres du Grand Morin, fut jusqu’en 1789, le siège d’une abbaye royale cĂ©lèbre pour avoir accueilli dans ses murs la comtesse du Barry[1]. Les fonds nĂ©cessaires Ă  l'acquisition et aux travaux d'amĂ©nagement sont rĂ©unis par des dons, des tombolas, l'organisation de galas, mais aussi grâce Ă  Pierre Waldeck-Rousseau, ami de longue date du comĂ©dien, qui lui fait bĂ©nĂ©ficier, via le pari mutuel d'une somme de 300 000 F au titre des Ĺ“uvres mĂ©ritantes et de bienfaisance[1].

Construction

La direction des travaux d'aménagement est confiée à l’architecte René Binet[3] - [1]. Une façade de style Art nouveau est édifiée[4]. La première pierre est posée le en présence de personnalités telles que Pierre Waldeck-Rousseau alors président du Conseil[1].

L'inauguration a lieu le , en prĂ©sence du directeur de l’Assistance publique et de grands comĂ©diens comme Victorien Sardou, Mounet-Sully ou encore RĂ©jane[1] - [2]. La maison de pierre meulière, dĂ©corĂ©e de portraits de comĂ©diens et comĂ©diennes en mosaĂŻques bleues et or, de mascarons figurant la comĂ©die et la tragĂ©die grecques, de frises rouges aux dĂ©cors vĂ©gĂ©tal et animal, comporte trois ailes en U rĂ©parties sur deux Ă©tages d’habitations. L’aile de gauche Ă©tant dĂ©diĂ©e aux chambres des hommes, celle de droite aux chambres des femmes et l’aile centrale accueillant les couples, la salle Ă  manger, les salles de dĂ©tentes (bibliothèque, billard, salon…). Le sous-sol accueille quant Ă  lui la cuisine recouverte d’une faĂŻence de Delft siglĂ©e d’un coq en fanfare (emblème de Coquelin surnommĂ© le Grand Coq), les caves et une chapelle funĂ©raire. Les 60 chambres sont Ă©quipĂ©es sur un modèle identique : un lit, deux chaises, une table.

Musée du théâtre

Ce musĂ©e doit sa crĂ©ation Ă  LĂ©on BrĂ©mont et Ă  la renommĂ©e de Constant Coquelin. En , l’acteur meurt subitement alors que « Le grand Coq Â» rĂ©pĂ©tait le rĂ´le de Chantecler Ă©crit spĂ©cialement pour lui par Edmond Rostand. Ses obsèques sont nationales. Tous les théâtres parisiens ferment leurs portes, le gouvernement au complet se dĂ©place Ă  Pont-aux-Dames pour rendre un dernier hommage Ă  l’acteur. Selon sa volontĂ©, il est enterrĂ© dans le sous-bois du parc. L’épitaphe de sa sĂ©pulture extraite du discours prononcĂ© par Edmond Rostand lors des obsèques de l’acteur indique : « Qu’il dorme dans ce beau jardin, ses vieux comĂ©diens le gardent Â». Dans son testament, Coquelin lègue Ă  la Maison des Artistes de Pont-aux-Dames une grande partie de ses biens. L’essentiel de son mobilier et de ses collections restant dans le château, oĂą le comĂ©dien avait Ă©lu domicile. Cette information Ă©tant publique, de nombreux curieux demandèrent Ă  visiter sa dernière demeure. Ce sont ces demandes qui donnèrent Ă  LĂ©on BrĂ©mont – vice-prĂ©sident de l’association - l’idĂ©e de faire payer une visite des appartements du comĂ©dien. C’est ainsi qu’en 1911, un MusĂ©e du théâtre voit le jour Ă  Pont-aux-Dames. Les collections de Constant Coquelin y sont complĂ©tĂ©s rapidement par des dons d'autres artistes[1] - [5].

Vie quotidienne des pensionnaires

Les conditions pour entrer Ă  Pont-aux-Dames Ă©taient simples. Il suffisait d’abandonner Ă  la SociĂ©tĂ© de Secours des Artistes Dramatiques la pension de retraite que cette dernière vous versait en Ă©change d’une place. Les conditions rĂ©glementaires Ă©taient les suivantes : « Le sociĂ©taire doit avoir 60 ans rĂ©volus, une bonne condition de santĂ© ou tout du moins ne pas ĂŞtre atteint d’une maladie incurable ou d’une trop lourde infirmitĂ©, et doit pouvoir attester d’une vie et de mĹ“urs sans reproches Â». La vie s’organisait Ă  Pont-aux-Dames en quasi autarcie grâce Ă  la ferme, au château d’eau, au potager mais aussi aux dons des grands magasins parisiens et des notables des environs comme la famille Menier. Les moyens de fonctionnement Ă©taient complĂ©tĂ©s par les ressources d'un théâtre. Constant Coquelin eut en effet l’idĂ©e de faire construire en 1905 un théâtre de verdure qui sera complĂ©tĂ© après sa mort en 1911 par un théâtre d’hiver. L’inauguration de ce premier théâtre, construit par RenĂ© Binet sur le modèle des théâtres antiques, eut lieu le en prĂ©sence de plusieurs personnalitĂ©s dont le prĂ©sident de la RĂ©publique Armand Fallières[1].

Afin de se conformer aux nouvelles réglementations relatives aux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), les chambres ont depuis été transformées pour permettre l’accueil des personnes avec des handicaps plus lourds. La restauration a préservé le patrimoine architectural du lieu. L'établissement est en mesure d'accueillir 60 résidents[6]. Il n'est plus réservé aux pensionnaires issus du milieu des comédiens.

Pensionnaires et anciens pensionnaires de la maison de Couilly-Pont-aux-Dames

Notes et références

  1. Francine Delacroix, « Constant Coquelin et la maison des comédiens de Ponts-aux-Dames », dans Francine Delacroix, Liliane Kalenitchenko, Benoît Noël, Les Coquelin : 3 générations de comédiens, Société historique de Rueil-Malmaison, (lire en ligne)
  2. « Coquelin, le 1er Cyrano : La maison de retraite de Pont-aux-Dames », sur cyranodebergerac.fr
  3. « Les trésors de la maison de retraite des artistes dramatiques », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  4. Odile Morain, « Journées du patrimoine : visite insolite de la maison de retraite des artistes », France Info,‎ (lire en ligne)
  5. « Coquelin Constant, dit Coquelin l'Aîné », sur tombes-sepultures.com
  6. « EHPAD Maison des Artistes – Maison de retraite à Couilly Pont aux Dames », sur Malakoff Médéric Humanis
  7. « Le chanteur folk Graeme Allwright est mort », sur Le Dauphiné libéré, (consulté le ).

Voir aussi

Archives

Bibliographie

  • Marie-Ange Rauch, Ă€ bas l'Ă©goĂŻsme, vive la mutualitĂ©, Presses universitaires de Vincennes, (lire en ligne), « Les maisons de retraite des artistes interprètes : la vie de château pour les anciens », p. 105-120
  • Francine Delacroix, Liliane Kalenitchenko, BenoĂ®t NoĂ«l, Les Coquelin : 3 gĂ©nĂ©rations de comĂ©diens, SociĂ©tĂ© historique de Rueil-Malmaison, , 76 p. (lire en ligne), « Constant Coquelin et la maison des comĂ©diens de Ponts-aux-Dames »
  • Sandrine Vallet-Pierrette, « La maison de retraite des vieux comĂ©diens de Couilly-Pont-aux-Dames », in Les coulisses de l’histoire, p. 191-200.

Liens externes

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