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Maison d'hĂ´tes (Maroc)

Les maisons d'hôtes, parfois catégorisées comme Riad(s)-Maisons d'hôtes (RMH), sont des types d'hébergements touristiques marocains.

Fonctionnement

Une maison d'hĂ´te est un hĂ©bergement touristique dĂ©fini par l'article 3 de la loi 80-14[1]. Il s'agit d'« un Ă©tablissement commercial prenant la forme de villa ou maison, d'une capacitĂ© d'hĂ©bergement en chambres, minimale et maximale, fixĂ©e par voie rĂ©glementaire et offrant en location des chambres et/ou suites Ă©quipĂ©es et accessoirement des services de restauration et d'animation Â»[1]. Les maisons d'hĂ´tes sont installĂ©es dans des maisons particulières[2], ayant un certain cachet, que la loi du dĂ©finit comme pouvant ĂŞtre de vieilles demeures, des riads, des palais, des kasbahs ou encore des villa, situĂ©s dans l'enceinte de la mĂ©dina, le long d'un itinĂ©raire touristique ou dans un site touristique majeur (Article 2)[3] - [4].

La loi marocaine classe les maisons d'hĂ´tes en trois catĂ©gories : « Maison de charme Â», « 2e catĂ©gorie » et « 1re catĂ©gorie Â»[5].

La maison d'hĂ´te, distinct de l'hĂ´tellerie classique, est en voie d'« hĂ´tellisation Â» (nĂ©ologisme indiquant le rapprochement de par les services du fonctionnement d'un hĂ´tel), encouragĂ©e par les institutions marocaines[6].

Les analyses spĂ©cialisĂ©es tendent Ă  utiliser Ă©galement l'expression « Riad(s)-Maisons d'hĂ´tes Â» (RMH) lors des publications pour les qualifier[7] - [8], (Rachida Saigh Bousta, 2004).

Histoire

Marrakech semble la première ville du Maroc Ă  accueillir une maison d'hĂ´te, en 1929[6]. On peut considèrer que ce nouveau type d'hĂ©bergement touristique est l'hĂ©ritier des « hĂ´tels non classĂ©s qui se sont installĂ©s dans de grands Riads et anciennes demeures traditionnels Â»[6].

Peu contrôlées, il faut attendre la seconde moitié des années 2000 pour que le gouvernement marocain légifère afin de contrôler la multiplication des hébergements non déclarés[9].

L'association des maisons d'hôtes de Marrakech et du Sud est fondée en 2001[2]. Elle est à l'origine d'une Charte de qualité et des services, rédigée en 2002

Chiffres

Si la médina de Marrakech, là où le phénomène semble le plus développé, possédait 14 établissements en 1999 (2 en 1996), au début des années 2000-2010, il n'y a pas moins de 700/750 maisons d'hôtes[9] - [10]. Sur le nombre, il est considéré que 420 appartiennent à des propriétaires étangers[10].

Critiques

Au cours des années 1990, l'arrivée massive de touristes et les investissements privés européens dans les quartiers anciens des villes marocaines ont posé la question de la cohabitation avec les autochtones[11] - [9]. La géographe Anne Claire Kursac-Souali a étudié notamment le phénomène dans une thèse Les médinas marocaines : une requalification sélective : élites, patrimoine et mondialisation au Maroc (soutenue en 2006).

Ces Ă©trangers, originaires des principaux pays de l'Union europĂ©enne, afin d'amortir l'achat de ces maisons ou riads dans la mĂ©dina ouvre une maison d'hĂ´tes[9]. Anne Claire Kursac-Souali observe que « Les Ă©trangers qui investissent dans le secteur du tourisme se comportent aussi comme de vĂ©ritables « prescripteurs » de la mĂ©dina, de sa patrimonialisation et de la revitalisation de sa fonction rĂ©sidentielle. Â»[11] Toutefois, les inĂ©galitĂ©s entre ces nouveaux arrivants et une partie de la population locale tend Ă  amener des crispations, menant Ă  des rumeurs quant Ă  une forme de « colonisation Â» de la mĂ©dina[11]. La presse nationale marocaine a d'ailleurs publiĂ© plusieurs articles sur le sujet[11]. Certains ont relayĂ© « les colères des professionnels du secteur du tourisme et de la restauration, mis en concurrence par des maisons d’hĂ´tes non dĂ©clarĂ©es. Â»[11]

Cependant, Anne Claire Kursac-Souali, dans un article paru dans la HĂ©rodote (2007), cite un article de l’historien M. El FaĂŻz dans lequel il relativise le phĂ©nomène des maisons d'hĂ´tes possĂ©dĂ©es par des Ă©trangers dans la mĂ©dina de Marrakech en rappelant qu'elles doivent « reprĂ©senter les 500 ou 600 maisons sur les 30 000 habitations Â», soit « une quantitĂ© nĂ©gligeable Â»[11] - [12].

Pour aller plus loin

Ouvrages

  • Rachida SaĂŻgh Bousta, « Le riad-maison d’hĂ´tes, esquisse d’une rĂ©flexion sur l’immersion culturelle du touriste dans l’espace traditionnel des autochtones », dans Rachida SaĂŻgh Bousta, F. Albertini, Le Tourisme durable, rĂ©alitĂ©s et perspectives marocaines et internationales, Marrakech, UniversitĂ© Caddi Ayyad, FLSH, p. 157-170

Articles, publications

  • [PDF] Manon Istasse, « La relation Ă  l'autre et prĂ©servation du patrimoine dans les logements touristiques Ă  Fès (Maroc) », 1ères Doctoriales du Tourisme de la Chaire « Culture, Tourisme, dĂ©veloppement » TOURISME / TOURISM Concepts et mĂ©thodes Ă  la croisĂ©e des disciplines,‎ , p. 12 (lire en ligne)
  • Anne Claire Kursac-Souali, « Rumeurs et cohabitation en mĂ©dina de Marrakech : l’étranger oĂą on ne l’attendait pas », HĂ©rodote, vol. quatrième trimestre, no 127, GĂ©opolitique du tourisme,‎ (lire en ligne)
  • AM: Architecture du Maroc, dossier « Les maisons d'hĂ´tes en mĂ©dina » (Sommaire)
  • Rachida SaĂŻgh Bousta and Ouidad Tebbaa, « StratĂ©gies et imaginaires du tourisme : cas des ryads maisons d’hĂ´te et mutations de la mĂ©dina de Marrakech », TĂ©oros, vol. 1, no 24,‎ , p. 48-52 (lire en ligne)
  • Mostafa Chebbak, « Maisons d’hĂ´tes : un avatar orientaliste », Architecture du Maroc, no 17,‎ , p. 29-30
  • Rachida SaĂŻgh Bousta, « Voisinage des riads-maisons d’hĂ´tes dans la mĂ©dina de Marrakech. RĂ©sultats d’une enquĂŞte rĂ©alisĂ©e en mars 2003 », dans Rachida SaĂŻgh Bousta (sous la dir.), Communication interculturelle, patrimoine et tourisme, Marrakech, UniversitĂ© Caddi Ayyad, FLSH, , p. 179-202

Presse spécialisée

Articles connexes

Liens externes

  • Site officiel de la FĂ©dĂ©ration Nationale de l’Industrie HĂ´telière (FNIH)

Notes et références

  1. « loi n°80-14 relative aux établissements touristiques et aux autres formes d'hébergement touristique », sur site du Ministère du Tourisme - www.tourisme.gov.ma (consulté le ). Consultable : [PDF] Maroc. « Projet de loi n°80-14 relative aux établissements touristiques et aux autres formes d'hébergement touristique » [lire en ligne (page consultée le 11 juillet 2016)].
  2. Catherine Miller, Elsa Coslado et Justin Mcguinness, MĂ©dinas immuables ? Gentrification et changement dans les villes historiques marocaines (1996-2010), Centre Jacques-Berque, , 412 p. (ISBN 979-10-92046-00-7, lire en ligne), p. 199.
  3. [doc] « Loi n° 61-00 Portant statut des établissements touristiques », sur le site du Ministère du Tourisme - tourisme.gov.ma (consulté le ).
  4. Catherine Miller, Elsa Coslado et Justin Mcguinness, Médinas immuables ? Gentrification et changement dans les villes historiques marocaines (1996-2010), Centre Jacques-Berque, , 412 p. (ISBN 979-10-92046-00-7, lire en ligne), p. 200, note n°10 « Loi du 13 juin 2002 (dahir n°1-02-176 ; loi n°61-00) ».
  5. « Système de classement », Accueil » Entreprises et activités touristiques » Hébergement, sur site du Ministère du Tourisme - tourisme.gov.ma (consulté le ).
  6. Salma Belhaj Soulami, Maisons d'hôte, naissance et développement (Projet de fin d'étude), Fès, Ecole supérieure de technologie de Fès - Diplôme Universitaire Technologique, (lire en ligne).
  7. Mohamed Sebti, Gens de Marrakech : géo-démographie de la ville rouge, Paris, INED, coll. « Cahiers de l'INED », , 350 p. (ISBN 978-2-7332-0165-7, lire en ligne), p. 283
  8. Catherine Miller, Elsa Coslado et Justin Mcguinness, MĂ©dinas immuables ? Gentrification et changement dans les villes historiques marocaines (1996-2010), Centre Jacques-Berque, , 412 p. (ISBN 979-10-92046-00-7, lire en ligne), p. 256.
  9. Catherine Miller, Elsa Coslado et Justin Mcguinness, MĂ©dinas immuables ? Gentrification et changement dans les villes historiques marocaines (1996-2010), Centre Jacques-Berque, , 412 p. (ISBN 979-10-92046-00-7, lire en ligne), p. 200-201.
  10. Mohamed Kadimi, « Maisons d’hôtes et riads hors la loi », Libération,‎ (lire en ligne).
  11. Kursac-Souali 2007.
  12. Mostafa Chebbak, « Repères de la mémoire, entretien avec Mohammed El Faïz », Architecture du Maroc numéro=17,‎ , p. 31-32.
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