Accueil🇫🇷Chercher

Maison d'Armagnac

Originaire de Gascogne, la maison d'Armagnac fut l'une des plus puissantes familles du royaume de France aux XIVe et XVe siècles. Elle s'illustra avec Bernard VII d'Armagnac et de Rodez, connétable de France et chef du parti des Armagnacs durant la guerre de Cent Ans. Elle s'éteignit à la fin du XVIe siècle.

d'Armagnac
Image illustrative de l’article Maison d'Armagnac
Armes de la famille.

Blasonnement D'argent au lion de gueules
Période Xe siècle - XVIe siècle
Fonctions militaires Connétable de France
Fonctions ecclésiastiques Cardinal
Évêque

Généralités

Jusqu'à la fin du XIIIe siècle, les Armagnac, qui vivent sur leurs territoires gascons, ne sont pas encore assez puissants pour jouer un rôle politique hors de leurs possessions. La maison de Toulouse, qui rayonnait sur le grand sud-ouest français, est vaincue par le pouvoir capétien lors de la croisade des albigeois, ce qui permet à des dynasties locales de s'affirmer, comme la maison de Foix, les comtes de Comminges, les Albret et les Armagnac. Autant de rivaux pour ces derniers, qui entrent en conflit avec les comtes de Foix pour l'héritage de la vicomté de Béarn qui a échu à ces seigneurs. Ce conflit perdurera jusqu'au XIVe siècle avec Gaston III de Foix-Béarn qui s'opposera victorieusement aux prétentions des Armagnac sur cette province.

Au commencement du XIVe siècle, ils accèdent au rang de grands féodaux avec l'héritage du comté de Rodez. Ce patrimoine s'ajoutant aux terres gasconnes de la famille, cela leur permet de tenir un rang de première importance au sein de la noblesse et de s'allier dès lors à la maison royale de France.

Au XVe siècle, après la maison de Bourgogne qui est alors la plus puissante maison du royaume de France, elle est l'une des familles françaises qui représente le mieux l'histoire des liens compliqués entre la haute féodalité et la souveraineté des capétiens. Au faîte de sa puissance avec le comte Bernard VII, les descendants de ce dernier se croiront capables de revendiquer une indépendance plus ou moins réelle envers la tutelle royale, mais le roi de France Louis XI mettra fin à leur puissance.

Entre le XIVe siècle et le XVe siècle, elle entre en possession d'autres territoires, parmi lesquels le Charolais, la Marche, le Pardiac, le comté de Castres, la terre de Nemours érigée en duché, le Carladez, etc. et s'allie avec de grandes maisons étrangères.

Après avoir été attachée aux rois durant le XIVe siècle, elle cherche à s'émanciper de la tutelle royale au XVe siècle et prend ainsi une part active dans les dernières luttes de la féodalité en France. Elle bat monnaie et fait précéder ses titres de noblesse par la mention Dei gracia. Le roi Louis XI brisera ses désirs d'indépendance par la force et les Armagnac ne se relèveront jamais de leur défaite. Ils déclineront et s'éteindront au XVIe siècle non sans avoir jeté diverses branches plus ou moins connues.

L'attitude de quelques membres de cette maison au XVe siècle la fera décrire comme « trop puissante et trop fière »[1].

De ce lignage féodal est issu Bernard VII, comte d'Armagnac et de Rodez, connétable de France, chef du parti des Armagnacs opposés aux Bourguignons durant la guerre de Cent Ans.

Histoire

Les origines

La maison d'Armagnac est issue de Garcia II Sanche le Courbé, comte de Gascogne, mort après 920 qui partagea ses possessions entre ses trois premiers fils[2] :

Le comté d'Armagnac

Guillaume, comte de Fézensac, détacha de ses terres le comté d'Armagnac pour le donner à son fils cadet Bernard le Louche, qui fonda la première maison d'Armagnac. Le petit-fils de ce dernier, Bernard II Tumapaler, fut brièvement comte de Gascogne, qu'il tenait de sa mère, mais en fut dépossédé par son cousin Guy-Geoffroy, duc d'Aquitaine. En 1140 s'éteignit la branche aînée de Fézensac au profit des comtes d'Armagnac, héritage qui amorça la puissance de la famille.

L'héritage du comté de Rodez : les comtes d'Armagnac et de Rodez

L'héritage du comté de Rodez est à l'origine de la puissance de la maison d'Armagnac aux XIVe siècle et XVe siècle.

À la suite de l'acquisition par mariage du comté de Rodez entre la fin du XIIIe siècle et le début du XIVe siècle, les comtes Jean Ier d'Armagnac et son fils Jean II d'Armagnac se rapprochèrent de la cour de France, Jean Ier mariant sa fille avec Jean, duc de Berry. Bernard VII d'Armagnac épousera à son tour une fille du duc de Berry puis il mariera l'une de ses filles à Charles d'Orléans. À la mort de Louis d'Orléans, il prit sa succession dans le conflit contre le parti des Bourguignons, prenant la tête du parti qui devint celui des Armagnacs. Pour accroître sa puissance, il déposséda les cadets de la famille, récupérant le Fézensaguet et le Pardiac, mais échouant avec le Comminges. Il mourut en 1418, laissant deux fils :

  • Sceau de Jean Ier d'Armagnac
    Sceau de Jean Ier d'Armagnac
  • Armoiries du comtĂ© de Rodez
    Armoiries du comté de Rodez

Les Armagnacs et les Bourguignons

De l'assassinat de Louis d'Orléans en 1407 au traité d'Arras en 1435, la maison d'Armagnac soutient les intérêts français contre les ducs de Bourgogne, alliés aux Anglais. Les Armagnacs se confondent avec l'intérêt national. Ils sont le bras armé de la France légitime. Bernard VII d'Armagnac est connétable de France et chef du parti des Armagnacs.

  • Sceau de Bernard VII d'Armagnac
    Sceau de Bernard VII d'Armagnac
  • Les Cabochiens durant la guerre civile Armagnacs-Bourguignons
    Les Cabochiens durant la guerre civile Armagnacs-Bourguignons

La lutte pour l'indépendance et la fin de la maison d'Armagnac

Après avoir servi les capétiens durant le XIVe siècle et le début du XVe siècle, les Armagnac cherchent ouvertement à s'émanciper. Ils tiennent pour acquis que leur rang, avec le rôle qu'ils tiennent au sein du royaume de France, leur donne des droits supérieurs au reste de la noblesse. Ils revendiquent alors des droits régaliens, battent monnaie et prennent la qualification de comtes par la grâce de Dieu. De fait, ils s'érigent en défenseurs des droits de la féodalité.

En 1473, Jean V d'Armagnac est assiégé et tué le à Lectoure par les troupes françaises dirigées par le cardinal Jean Jouffroy, évêque d'Albi. Elles ne laissèrent en vie que la comtesse Jeanne de Foix (fille du comte Gaston de Foix). Celle-ci, que Jean V avait épousée en 1468, fut dépouillée de ses bijoux et de ses joyaux et fut traînée dans le château de Buzet-sur-Tarn. Elle mit au monde une enfant mort-née en , et décéda après le .

Cousin germain au 1er degré du précédent, Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, comte de Pardiac et de La Marche, vicomte de Carlat et de Murat, fils de Bernard d'Armagnac, comte de Pardiac, et d'Éléonore de Bourbon, duchesse de Nemours, est exécuté en 1477 aux Halles à Paris pour conspiration contre la personne du roi Louis XI.

Jacques et Jean V étaient deux des trois derniers petits-fils et héritiers mâles de Bernard VII et de Bonne de Berry (1367-1435). Louis XI, qui les fit mettre à mort, était leur cousin au 4e degré, puisqu'ils avaient Jean II Le Bon, roi de France, et Bonne de Luxembourg comme trisaïeux communs, ainsi que bien d'autres ancêtres.

Le seul rescapé mâle de la maison d'Armagnac fut Charles Ier, comte d'Armagnac, vicomte de Fézensaguet. Louis XI le fit enfermer treize longues années en prison, de 1472 à 1485. La santé mentale de Charles en fut très affectée. Ayant cédé son comté à Alain d'Albret, il finit misérablement, aux mains des curateurs. Charles Ier était né en 1425 et décéda sans postérité légitime le à Castelnau-de-Montmiral, à l'âge de 72 ans. Il s'était marié le à Castelnau-de-Médoc avec Catherine de Foix-Candale, fille de Jean de Foix (1410 - 1485), comte de Benauges et de Kendall (Candalle), vicomte de Castillon et de Meilles, captal de Buch et de Margaret de La Pole of Suffolk (1426-1485), comtesse de Kendall. Il eut un fils naturel prénommé Pierre d'Armagnac, capitaine des guerres d'Italie, qui fut légitimé par le roi Louis XII en 1502. Pierre fut lui-même père de Georges d'Armagnac, élevé au cardinalat en 1544.

Généalogie simplifiée

Garcia II le Courbé
comte de Gascogne
(† 926)
Guillaume Garcès
comte de Fezensac
(† 960)
Odon
comte de FĂ©zensac
(† 985)
Bernard Ier
le Louche

comte d'Armagnac
(† 995)
Bernard-Odon
comte de FĂ©zensac
(† 1020)
GĂ©raud Ier
Trancaléon

comte d'Armagnac
(† 1020)
Arnaud Ier
vicomte de Lomagne
Aymeric Ier
comte de FĂ©zensac
(† 1032)
Astanove Ier
comte de FĂ©zensac
(† 1064)
Bernard II
Tumapaler

comte d'Armagnac
(† 1090)
Odon Ier
vicomte de Lomagne
(† 1085)
Aymeric II
comte de FĂ©zensac
(† 1103)
GĂ©raud II
comte d'Armagnac
(† 1103)
Odon II
vicomte de Lomagne
(† 1091)
Astanove II
comte de FĂ©zensac
(† 1140)
Bernard III
comte d'Armagnac
(† 1110)
VĂ©zian Ier
vicomte de Lomagne
(† 1137)
Bernard III
comte de Bigorre
(† 1112)
Anicelle
comtesse de FĂ©zensac
GĂ©raud III
comte d'Armagnac
(† 1160)
Odon III
vicomte de Lomagne
(† 1178)
Bernard IV
comte d'Armagnac
(† 1193)
Mascarose
Odon
seigneur
de Firmacon
Vezian II
vicomte de Lomagne
(† 1221)
GĂ©raud IV
comte d'Armagnac
(† 1215)
Bernard Ier
vicomte de FĂ©zensaguet
(† 1202)
Roger
vicomte
de FĂ©zensaguet
GĂ©raud V
comte d'Armagnac
(† 1219)
Odon IV
vicomte de Lomagne
(† 1240)
Pierre GĂ©rard
comte d'Armagnac
(† 1241)
Bernard V
comte d'Armagnac
(† 1243)
Mascarose Ire
comtesse d'Armagnac
(† 1255)
Arnaud Odon
comte d'Armagnac
(† 1265)
Escaronne
de Blaziert
GĂ©raud VI
comte d'Armagnac
(† 1285)
Eskivat de Chabanais
comte d'Armagnac
et de Bigorre
(† 1283)
Mascarose II
comtesse d'Armagnac
(† 1256)
Vezian III
vicomte de Lomagne
(† 1280)
Bernard VI
comte d'Armagnac
et de Rodez
(† 1319)
Gaston
comte de FĂ©zensaguet
(† 1326)
Jean Ier
cte d'Armagnac
et de Rodez
(† 1373)
GĂ©raud II
comte de FĂ©zensaguet
(† 1339)
Jean II
comte d'Armagnac
et de Rodez
(† 1384)
Jean Ier
comte de FĂ©zensaguet
(† 1390)
GĂ©raud III
comte de Pardiac
et de FĂ©zensaguet
(† 1401)
Jean III
comte d'Armagnac
et de Rodez
(† 1391)
Bernard VII
comte d'Armagnac
et de Rodez
(† 1418)
Jean II
comte de Pardiac
et de FĂ©zensaguet
(† 1402)
Jean IV
cte d'Armagnac
et de Rodez
(† 1450)
Bernard
cte de Pardiac
de la Marche
duc de Nemours
(† 1462)
Jean V
comte d'Armagnac
et de Rodez
(† 1473)
Charles Ier
comte d'Armagnac
et de Rodez
(† 1497)
Jacques
comte de Pardiac
de la Marche
duc de Nemours
(† 1477)
Jean
comte de Pardiac
duc de Nemours
(† 1500)
Louis
comte de Pardiac et de Guise
duc de Nemours
(† 1503)

N.B. : Cette généalogie ne fait pas l'objet d'un consensus. Elle est différente de celle publiée au XIXe siècle par l'historien du Rouergue, Hippolyte de Barrau, qui ne mentionne pas la substitution par la maison de Lomagne[3].

Armorial de la maison d'Armagnac

  1. Comtes d'Armagnac : D'argent au lion de gueules
  2. Comtes d'Armagnac et de Rodez : Écartelé, aux 1 et 4 d'argent au lion de gueules, aux 2 et 3 de gueules au lion ou lion léopardé d'or
  3. Comtes de Pardiac et de la Marche, puis ducs de Nemours : Écartelé, aux 1 et 4 d'argent au lion de gueules, aux 2 et 3 de gueules au lion ou lion léopardé d'or au lambel d'azur sur le tout

Notes et références

  1. Hippolyte de Barrau, Documents historiques sur le Rouergue ..., tome 1er, page 258.
  2. Christian Settipani "La noblesse du Midi carolingien: études sur quelques grandes familles d'Acquitaine et du Languedoc du IXe siècle au XIe siècle, Toulousain, Périgord, Limousin, Poitou, Auvergne", UPR 2004, page 73.
  3. Hippolyte de Barrau, Documents historiques sur le Rouergue, sur ses familles et ses hommes remarquables dans les temps anciens et modernes, vol. Ier, Paris, Ed. du Palais royal, (lire en ligne), p. 230 Ă  263.

Bibliographie

  • Hippolyte de Barrau, Documents historiques et gĂ©nĂ©alogiques sur le Rouergue, sur ses familles et ses hommes remarquables dans les temps anciens et modernes, vol. Ier, Paris, Éditions du Palais royal, (lire en ligne), p. 230 Ă  263
  • Charles Samaran, La maison d’Armagnac au XVe siècle et les dernières luttes de la fĂ©odalitĂ© dans le Midi de la France, Paris, Alphonse Picard et fils, , XXI-523 p. (prĂ©sentation en ligne, lire en ligne).
  • Charles Samaran, La chute de la maison d'Armagnac au XVe siècle : École nationale des chartes. Positions des thèses soutenues par les Ă©lèves de la promotion de 1901 pour obtenir le diplĂ´me d'archiviste-palĂ©ographe, extrait, Mâcon, imprimerie de Protat frères, , 14 p.
  • Emmanuel Johans, Les Armagnacs et le Rouergue : l'ascension d'une dynastie princière, 1274-1418, Paris, Éditions des Aigles, (ISBN 978-2-9576577-0-4 et 2-9576577-0-8, OCLC 1246288816).
  • Édouard de Dienne, Les Sciences occultes en Carladez. Le maĂ®tre Guillaume de Carlat dans la tentative d'envoĂ»tement de Bernard VII d'Armagnac. 4. - Le projet d'envoĂ»tement (). EnquĂŞte de 1401...5. - Vengeance de Bernard VII. 6. - Prise de GĂ©raud Ă  Monlezun. 7. - Interrogatoire et mort de ses enfants. 8. -... Mort de Bernard VII. 9. - Jean V et le duc de Nemours. 10. - Fin de la maison d'Armagnac... 11.- En appendice : Notice sur Etienne PĂ©pin, dit aussi Olivier Acquitardi, RHA, XIII, 1911, 42-69.
  • GlĂĽck, PrĂ©cis historique et gĂ©nĂ©alogique de la maison d'Armagnac de Castanet, Cahors, 1850 (brochure disponible sur le site "Gallica")

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.