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Magnon (physique)

Les magnons sont des modes d'excitation ou ondes de spin. Dans un milieu ferromagnétique isotrope en dessous de la température de Curie, ou dans un milieu antiferromagnétique en dessous de la température de Néel, les moments magnétiques des atomes sont alignés. On dit qu'il y a brisure spontanée de la symétrie de rotation. Le théorÚme de Goldstone implique la présence de modes d'excitation de basse énergie, les magnons. Dans le cas ferromagnétique, on peut les visualiser comme une rotation périodique des moments magnétiques autour de la direction moyenne de l'aimantation.

Magnon

Ces magnons se comportent à basse température comme des bosons de spin 1 et suivent la statistique de Bose-Einstein.

Principales conséquences de l'existence des magnons

Pour les magnons ferromagnétiques, la relation de dispersion pour est , et pour les magnons antiferromagnétiques . La présence des magnons entraine des corrections de la chaleur spécifique et une réduction de l'aimantation. Dans le cas ferromagnétique, la correction à la chaleur spécifique provenant des magnons est[1] :

et l'aimantation par spin varie à basse température comme :

OĂč est le spin des ions ferromagnĂ©tiques, est la constante d'Ă©change, et est un nombre sans dimension. On note qu'Ă  T=0, l'aimantation est exactement . C'est une consĂ©quence du fait que l'Ă©tat ferromagnĂ©tique est l'Ă©tat fondamental exact du modĂšle de Heisenberg ferromagnĂ©tique.


Dans le cas antiferromagnĂ©tique, la correction Ă  la chaleur spĂ©cifique est donnĂ©e par La diffĂ©rence de comportement en fonction de la tempĂ©rature vient Ă©videmment de ce que les magnons antiferromagnĂ©tiques ont une relation de dispersion linĂ©aire, comme les phonons. En ce qui concerne la rĂ©duction de l'aimantation alternĂ©e, sa propriĂ©tĂ© la plus remarquable est qu'elle ne s'annule pas au zĂ©ro absolu : oĂč N est le nombre total d'ions.La raison est que l'Ă©tat de NĂ©el n'est pas un Ă©tat propre exact de l'hamiltonien de Heisenberg, ce qui entraine l'existence de fluctuations de point zĂ©ro. Pour les tempĂ©ratures au-dessus du zĂ©ro absolu, l'aimantation est encore rĂ©duite par la contribution des fluctuations thermiques : Cette contribution diverge en dimension , ce qui fait qu'un Ă©tat antiferromagnĂ©tique ne peut exister au-dessus du zĂ©ro absolu qu'en dimension .

Méthodes expérimentales

Les magnons peuvent ĂȘtre mis en Ă©vidence par la diffusion inĂ©lastique des neutrons. Les neutrons possĂ©dant un spin 1/2, ils ont une interaction magnĂ©tique avec les ions magnĂ©tiques. Un neutron peut donc absorber un magnon ou Ă©mettre un magnon tout en renversant son spin. Cette absorption ou cette Ă©mission se fait avec conservation de l'impulsion totale et conservation de l'Ă©nergie totale. Il est ainsi possible de mesurer expĂ©rimentalement la relation de dispersion des magnons.

Une autre technique permettant de mettre en Ă©vidence les magnons est l'effet Raman.

Selon la thĂ©orie de Fleury-Loudon[2], un photon peut cĂ©der de l'Ă©nergie en crĂ©ant une paire de magnons. Cela se traduit par une diminution de la longueur d'onde du photon. Comme la longueur d'onde d'un photon est beaucoup plus grande que celle d'un magnon, les deux magnons crĂ©Ă©s ont des impulsions opposĂ©es et ont donc la mĂȘme Ă©nergie. La section de diffusion Raman donne donc accĂšs Ă  la densitĂ© d'Ă©tats des magnons.

Approches théoriques

Dans le cas ferromagnétique, F. Bloch a montré en 1930 qu'un magnon unique est un état propre exact du hamiltonien de Heisenberg. Pour pouvoir traiter le cas d'un nombre thermodynamique de magnons, il est nécessaire d'avoir recours à des approximations basées sur la seconde quantification. Holstein et Primakoff ont introduit[3] en 1940 une représentation des opérateurs de spin de la forme :

oĂč est un opĂ©rateur de crĂ©ation de bosons, et est un opĂ©rateur d'annihilation. En introduisant cette reprĂ©sentation dans le hamiltonien de Heisenberg, et en dĂ©veloppant les racines carrĂ©es en puissances de , et en ne retenant que les termes quadratiques en , Holstein et Primakoff ont pu obtenir la relation de dispersion des magnons ferromagnĂ©tiques. Les termes nĂ©gligĂ©s (d'ordre supĂ©rieur en 1/S) dĂ©crivent des interactions entre les magnons. Le dĂ©veloppement de Holstein et Primakoff est valide dans une limite .

Les interactions entre magnons ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es en 1956 par F. J. Dyson[4] - [5]. Dyson a utilisĂ© une reprĂ©sentation des ondes de spin diffĂ©rente de celle de Holstein et Primakoff. Il a sĂ©parĂ© les interactions des ondes de spin en 2 catĂ©gories : les interactions cinĂ©matiques qui proviennent de ce que le spin d'un ion donnĂ© ne peut varier qu'entre et , et une interaction dynamique. Dyson a pu montrer que seule l'interaction dynamique est importante Ă  basse tempĂ©rature. Dans un milieu ferromagnĂ©tique, cette interaction dynamique produit des corrections en par rapport au rĂ©sultat de Bloch qui nĂ©glige les interactions entre les ondes de spin. Ces corrections sont trop petites pour ĂȘtre observables expĂ©rimentalement. S.V. Maleev[6] a introduit une reprĂ©sentation des opĂ©rateurs de spin qui permet de retrouver les rĂ©sultats de Dyson. On a coutume de parler de reprĂ©sentation de Dyson-Maleev :

L'inconvĂ©nient de cette reprĂ©sentation est de ne pas ĂȘtre hermitique (). Cependant, elle a l'avantage de produire des interactions magnons-magnons beaucoup plus simples que la reprĂ©sentation de Holstein et Primakoff. T. Oguchi[7] a cependant pu, en 1960, montrer qu'on pouvait reproduire le terme en de Dyson en utilisant la reprĂ©sentation de Holstein et Primakoff.

Une autre approche des ondes de spin dans un milieu ferromagnétique se base sur l'équation de Landau-Lifshitz-Gilbert[8]. Cette équation s'écrit :

Comme l'ont montrĂ© Charles Kittel et Herring[9] en 1951, elle peut se dĂ©duire des Ă©quations du mouvement des spins. Dans le cas oĂč le systĂšme possĂšde une aimantation moyenne non nulle, on peut linĂ©ariser cette Ă©quation ce qui permet de retrouver la dispersion des ondes de spin.

Une derniÚre approche, plus récente, utilise les bosons de Schwinger pour représenter les opérateurs de spin. Dans ce cas, les magnons apparaissent comme des pÎles de la susceptibilité dynamique des spins[10].

Liens internes

Références

  1. Felix Bloch, « Zur Theorie des Ferromagnetismus », Zeitschrift fĂŒr Physik, vol. 61,‎ , p. 230 (DOI 10.1007/BF01339661)
  2. (en) P. A. Fleury et R. Loudon, « Scattering of Light by One- and Two-Magnon Excitations », Physical Review, vol. 166, no 2,‎ , p. 514–530 (ISSN 0031-899X, DOI 10.1103/PhysRev.166.514, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. (en) T. Holstein et H. Primakoff, « Field Dependence of the Intrinsic Domain Magnetization of a Ferromagnet », Physical Review, vol. 58, no 12,‎ , p. 1098–1113 (ISSN 0031-899X, DOI 10.1103/PhysRev.58.1098, lire en ligne, consultĂ© le )
  4. (en) Freeman J. Dyson, « General Theory of Spin-Wave Interactions », Physical Review, vol. 102, no 5,‎ , p. 1217–1230 (ISSN 0031-899X, DOI 10.1103/PhysRev.102.1217, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. (en) Freeman J. Dyson, « Thermodynamic Behavior of an Ideal Ferromagnet », Physical Review, vol. 102, no 5,‎ , p. 1230–1244 (ISSN 0031-899X, DOI 10.1103/PhysRev.102.1230, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. S. V. Maleev, « Scattering of Slow Neutrons in Ferromagnets », Journal of Experimental and Theoretical Physics, vol. 6,‎ , p. 776 (lire en ligne)
  7. (en) Takehiko Oguchi, « Theory of Spin-Wave Interactions in Ferro- and Antiferromagnetism », Physical Review, vol. 117, no 1,‎ , p. 117–123 (ISSN 0031-899X, DOI 10.1103/PhysRev.117.117, lire en ligne, consultĂ© le )
  8. L. D. Landau et E. M. Lifshitz, « On the theory of the dispersion of magnetic permeability in ferromagnetic bodies », Phys. Z. Sowjet.,‎ , p. 153
  9. (en) Conyers Herring et Charles Kittel, « On the Theory of Spin Waves in Ferromagnetic Media », Physical Review, vol. 81, no 5,‎ , p. 869–880 (ISSN 0031-899X, DOI 10.1103/PhysRev.81.869, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. (en) E. A. Ghioldi, M. G. Gonzalez, Shang-Shun Zhang et Yoshitomo Kamiya, « Dynamical structure factor of the triangular antiferromagnet: Schwinger boson theory beyond mean field », Physical Review B, vol. 98, no 18,‎ , p. 184403 (ISSN 2469-9950 et 2469-9969, DOI 10.1103/PhysRevB.98.184403, lire en ligne, consultĂ© le )
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