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MV Derbyshire

Le M.V. Derbyshire est un vraquier britannique construit en 1976, qui a fait naufrage au sud du Japon dans un typhon en 1980. L'enquête qui a suivi le naufrage a eu de grandes conséquences sur la sécurité et la conception de ce type de navires. Il est le plus gros navire britannique perdu en temps de paix à ce jour[1].

Derbyshire
illustration de MV Derbyshire
Autres noms M.V. Liverpool Bridge
M.V. Derbyshire
Type Vraquier/pétrolier/minéralier (OBO)
Histoire
Chantier naval Haverton Hill
Lancement 1976
Statut Naufrage le 9 septembre 1980
Caractéristiques techniques
Longueur 294,1 m (hors-tout)
Maître-bau 44,3 m
Tirant d'eau 18,4 m
Tonnage 91 654 tjb
Carrière
Propriétaire Bibby Line (en)
Armateur Bibby Lines
Pavillon Royaume-Uni

Histoire et description

Le MV Derbyshire est construit en 1976 par Swan Hunter au chantier Haverton Hill ; il est enregistrĂ© Ă  Liverpool et armĂ© par Bibby Line. Long de 294,1 m[1], large de 44,3 m et ayant un tirant d'eau de 18,4 m, il est enregistrĂ© pour un tonnage brut de 91 654 tonneaux. Sa construction prit deux ans au total, et il est d'abord nommĂ© MV Liverpool Bridge. Il dispose de neuf cales, fermĂ©es par des panneaux de cale en acier coulissant latĂ©ralement de part et d'autre du navire lors du chargement.

C'est un navire de type OBO (Ore / Bulk / Oil Carrier) : il remplit à la fois les fonctions de vraquier (transport de grains), de pétrolier (transport de brut liquide) et de minéralier (transport de minerai de fer, beaucoup plus lourd). Ce type était fréquent dans les années 1980, car il pouvait générer potentiellement plus de revenus qu'un navire plus spécialisé. En revanche, les différentes contraintes structurelles imposent des renforts plus solides. Le plan de chargement diffère aussi selon le type de cargaison : quand du minerai est chargé, deux des cales sont laissées vides.

Le naufrage

Le , le MV Derbyshire quitte Sept-ĂŽles, dans le nord-est du QuĂ©bec, avec 157 446 tonnes de concentrĂ© de fer[1]. Sa destination est Kawasaki, Ă  cĂ´tĂ© de Tokyo. Toutefois, le MV Derbyshire n'arrive jamais Ă  destination puisqu'il sombre le durant le typhon Orchid, au sud du Japon, par 25°30' N et 130°30' E. Les 42 membres d'Ă©quipage disparaissent, ainsi que deux femmes qui avaient embarquĂ©[1].

Ă€ l'origine, la nĂ©gligence de l'Ă©quipage est considĂ©rĂ©e comme la principale cause du naufrage, mais la fĂ©dĂ©ration internationale des ouvriers du transport lance sa propre enquĂŞte pour trouver l'Ă©pave[1]. Bien que l'entreprise soit considĂ©rĂ©e sans espoir, le syndicat persĂ©vère, mĂŞme s'il ne peut payer que huit jours de recherches. L'Ă©pave est finalement retrouvĂ©e Ă  près de 4 000 m de fond en juin 1994, quasiment Ă  la fin de la pĂ©riode de huit jours, grâce au sous-marin tĂ©lĂ©commandĂ© Magellan qui prend de nombreuses photos confirmant qu'il s'agit bien du Derbyshire. L'orientation Ă©trange de l'Ă©pave est signalĂ©e dans un rapport le , ce qui incite le gouvernement britannique Ă  rouvrir l'enquĂŞte sur les causes du naufrage.

En 1995, une nouvelle expĂ©dition est lancĂ©e, cette fois-ci par le gouvernement britannique. Ce dernier fait appel Ă  l'Institut ocĂ©anographique de Woods Hole pour l'aider Ă  rĂ©cupĂ©rer des images de l'Ă©pave et les faire analyser par trois experts. Les dĂ©bris du navire ayant Ă©tĂ© Ă©parpillĂ©s dans un rayon de 1,3 km, il faut trois semaines et des milliers de photos pour reconstituer le fond marin oĂą se trouve l'Ă©pave. Après deux mois d'expĂ©dition, les Ă©quipes rentrent Ă  terre et les enquĂŞteurs ont alors des milliers de photos et des centaines d'heures de vidĂ©o Ă  disposition pour Ă©lucider l'accident. Cependant, cette première enquĂŞte conclut Ă©galement que c'est une erreur de l'Ă©quipage et qu'une Ă©coutille Ă  la proue du navire n'avait pas Ă©tĂ© fermĂ©e correctement.

Les familles des victimes n'étant pas satisfaites de ce rapport et n'acceptant pas qu'on tente une nouvelle fois de faire porter le chapeau aux hommes à bord, décident de lancer une nouvelle enquête indépendante.

Cette enquĂŞte dĂ©bute le et conclut finalement que le navire a sombrĂ© Ă  cause de problèmes structurels tout en innocentant l'Ă©quipage. Douze dĂ©gagements d'air (bouches de ventilation) ont laissĂ© rentrer de l'eau dans le coqueron avant du navire, le remplissant. Cette grande quantitĂ© d'eau stockĂ©e Ă  l'avant du navire a modifiĂ© l'assiette, l'inclinant significativement sur le nez. Dès lors, la cale n°1 fut plus exposĂ©e aux vagues et aux intempĂ©ries ce qui fit cĂ©der le panneau de cale[1]. Le MV Derbyshire Ă©tait alors rempli de minerai de fer, une cargaison très dense mais peu volumineuse ; il avait donc un volume disponible important, permettant ainsi Ă  une grande quantitĂ© d'eau de rentrer dans le navire. Par la suite, le double fond s'est effondrĂ©, faisant cĂ©der une Ă  une les cloisons sĂ©parant les diffĂ©rentes cales du navire. Finalement, c'est une faiblesse au niveau de la membrure n°65 (faiblesse qui fut repĂ©rĂ©e sur plusieurs autres navires-jumeaux du MV Derbyshire) qui a fait que le bateau s'est brisĂ© en deux et a coulĂ©.

La publication en 1998 de ce dernier rapport est un élément clef amenant à la mise en place du Chapitre XII de la Convention du SOLAS.

Ce dernier traite entre autres de la résistance de la cloison entre les cales 1 et 2. Plusieurs recommandations furent en même temps acceptées telles que des systèmes pour vérifier la fatigue de la coque (« load master computer » et « hull stress monitoring system »).

Entre autres, l'Association des familles du Derbyshire a reçu la médaille d'argent « Thomas Gray » de la part de The Marine Society en pour sa campagne en faveur de meilleures règles de sécurité concernant les vraquiers.

Source

  1. Michel Olagnon (ill. Janette Kerr (en)), Anatomie curieuse des vagues scĂ©lĂ©rates, Quæ, coll. « Carnets de sciences », , 176 p. (ISBN 978-2-7592-2967-3, prĂ©sentation en ligne), V. L'effet fait la lame, « OrchidĂ©e pour MV Derbyshire », p. 79-80.

Liens externes

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