MĂ©thode de Romberg
En analyse numérique, la méthode d'intégration de Romberg est une méthode récursive de calcul numérique d'intégrale, fondée sur l'application du procédé d'extrapolation de Richardson à la méthode des trapÚzes. Cette technique d'accélération permet d'améliorer l'ordre de convergence de la méthode des trapÚzes, en appliquant cette derniÚre à des divisions dyadiques successives de l'intervalle d'étude et en formant une combinaison judicieuse.
Principe
On souhaite calculer l'intégrale d'une fonction f supposée réguliÚre sur [a,b] en subdivisant [a,b] en n sous-intervalles identiques, du type pour et . La méthode des trapÚzes, notée T(n), est définie à l'aide de cette grille réguliÚre :
oĂč les pondĂ©rations sont Ă©gales Ă 1 pour les points extrĂȘmes, et Ă 2 pour les autres. La mĂ©thode est dite dâordre 1, car donne un rĂ©sultat exact pour un polynĂŽme de degrĂ© 1. D'aprĂšs la formule d'Euler-Maclaurin, l'erreur commise, notĂ©e , vĂ©rifie
oĂč les coefficients ck ne dĂ©pendent pas du pas h choisi, et seules les puissances paires de h apparaissent. Cette propriĂ©tĂ© (qui est aussi partagĂ©e avec la mĂ©thode du point mĂ©dian) sera avantageusement exploitĂ©e, pour supprimer, un Ă un les termes de l'erreur, Ă l'aide de l'extrapolation de Richardson.
Des manipulations algĂ©briques fournissent une approximation de I en . Pour ce faire, il s'agit d'Ă©liminer le terme en h2 dans le dĂ©veloppement de l'erreur. On y parvient en considĂ©rant la quantitĂ© [4 T(n) â T(n/2)]/3, qui correspond prĂ©cisĂ©ment Ă la mĂ©thode de Simpson. Le mĂȘme procĂ©dĂ© peut ĂȘtre reconduit, permettant ainsi d'annuler successivement les termes en , conduisant ainsi Ă des approximations de I qui sont de plus en plus prĂ©cises.
Algorithme
Formalisations de la technique précédente de réduction de l'erreur :
- Initialisations :
- soit le résultat de la méthode des trapÚzes basée sur
- RĂ©currence :
On montre par rĂ©currence que l'approximation Ă lâĂ©tape n, soit R(n,n), fournit une approximation de I qui est en , ceci Ă condition que la fonction soit de classe (ou ). Le calcul de R(n,n) est exact pour les polynĂŽmes de degrĂ© 2 n + 1 : elle est dâordre 2n + 1.
L'algorithme peut ĂȘtre reprĂ©sentĂ© sous la forme d'un tableau. La premiĂšre diagonale R(n,n) fournit les approximations successives ; la premiĂšre colonne R(n, 0) correspond (par dĂ©finition) Ă la mĂ©thode du trapĂšze, la seconde R(1,n) reflĂšte la mĂ©thode de Simpson, la troisiĂšme celle de Boole qui est la formule de Newton-Cotes Ă 5 points appliquĂ©e Ă une dĂ©composition en sous-intervalles. Par contre, les colonnes suivantes correspondent Ă des formules de quadrature diffĂ©rentes de celles de Newton-Cotes dâordre supĂ©rieur, Ă©vitant ainsi les problĂšmes dâinstabilitĂ©.
CritĂšre dâarrĂȘt
Pour obtenir une approximation de I avec une prĂ©cision donnĂ©e, le critĂšre d'arrĂȘt est satisfait lorsque . Ceci implique gĂ©nĂ©ralement .
Redondances
Lorsque lâĂ©valuation de la fonction f (en un point) comporte un certain coĂ»t de traitement, il est prĂ©fĂ©rable dâĂ©viter dâappliquer brutalement la mĂ©thode du trapĂšze avec 2n subdivisions pour des valeurs croissantes de n.
D'aprĂšs la formule suivante :
avec , lâinitialisation est avantageusement remplacĂ©e par la relation rĂ©cursive :
Ceci permet de rĂ©duire dâun facteur 2 le nombre total dâĂ©valuations de f qui, pour dĂ©terminer , atteint ainsi .
Subdivision initiale
DĂ©composer [a,b] en p morceaux avant dâappliquer la mĂ©thode de Romberg sur chacun dâeux peut ĂȘtre utile lorsque la fonction nâest pas assez rĂ©guliĂšre (limitation de n), ou encore lorsquâelle est rĂ©guliĂšre uniquement sur chacun des morceaux.
Dans le cas contraire, une subdivision initiale prĂ©sente gĂ©nĂ©ralement peu dâintĂ©rĂȘt. Il ne faut cependant pas s'attendre Ă une amĂ©lioration considĂ©rable de la prĂ©cision par la seule augmentation du nombre d'itĂ©rations : en effet, bien que le terme diminue Ă chaque itĂ©ration, le coefficient multiplicateur peut augmenter considĂ©rablement puisqu'il se rĂ©fĂšre Ă des dĂ©rivĂ©es d'ordres plus Ă©levĂ©s.
Exemple
On considÚre le calcul de l'intégrale
On trouve . La matrice de l'algorithme est
k=0 | 1 | 2 | 3 | 4 | |
p=0 | 0,7764705882 | ||||
1 | 1,8882352941 | 2,2588235294 | |||
2 | 2,3510141988 | 2,5052738337 | 2,5217038540 | ||
3 | 2,4235526286 | 2,4477321053 | 2,4438959900 | 2,4426609446 | |
4 | 2,4307735880 | 2,4331805744 | 2,4322104723 | 2,4320249879 | 2,4319832783 |
d'oĂč l'on tire les approximations consĂ©cutives
k | R(k) |
---|---|
0 | 0,77647058823529 |
1 | 2,25882352941176 |
2 | 2,52170385395538 |
3 | 2,44266094457555 |
4 | 2,43198327829659 |