MĂ©thode de Patterson
En cristallographie, la méthode de Patterson est une méthode de solution du problÚme de phase lors de la détermination d'une structure cristalline. Elle fut développée par A.L. Patterson en 1934[1] et est utilisée pour la diffraction des rayons X.
ProblĂšme de phase
Le problÚme de phase vient du fait qu'une grande partie de l'information sur la structure d'un cristal, contenue dans la phase de l'onde diffractée, n'est pas accessible expérimentalement.
Le facteur de structure d'un cristal pour une réflexion s'écrit :
oĂč est le vecteur de diffraction[note 1] de la rĂ©flexion, de composantes , est la densitĂ© Ă©lectronique (toujours positive) de la maille, est le vecteur position et le facteur de diffusion atomique de l'atome dans la maille, est la phase de la rĂ©flexion .
Le facteur de structure est proportionnel Ă la transformĂ©e de Fourier de la maille : en effectuant la transformĂ©e de Fourier inverse, il devrait ĂȘtre possible de dĂ©terminer la structure de la maille. Cependant, la quantitĂ© accessible expĂ©rimentellement est l'intensitĂ© I, proportionnelle au carrĂ© de la norme du facteur de structure :
avec h, k et l les coordonnĂ©es dans l'espace rĂ©ciproque du point oĂč l'intensitĂ© est mesurĂ©e, soit les composantes du vecteur de diffraction .
L'intensité d'une réflexion est une quantité réelle, ne contenant pas d'information sur la phase de l'onde diffractée : il n'est pas possible de déterminer directement la structure du cristal en effectuant une transformée de Fourier inverse de l'intensité mesurée. C'est le problÚme de phase de la cristallographie.
Description de la méthode
La méthode de Patterson utilise les propriétés des séries de Fourier dont les coefficients sont les produits des facteurs de structure avec leurs conjugués, , afin de déterminer les vecteurs entre atomes dans un cristal. Elle n'utilise que les intensités mesurées et ne prend pas en compte les phases des facteurs de structure. Plus précisément, elle utilise le théorÚme de convolution : la transformée de Fourier inverse du produit des facteurs de structure avec leurs conjugués est égale à la fonction d'autocorrélation de la densité électronique, aussi appelée fonction de Patterson.
La fonction de Patterson, calculée dans l'espace direct, est constituée de maxima qui correspondent aux vecteurs entre atomes dans la structure, centrés à l'origine de la maille. Ces vecteurs sont pondérés : d'aprÚs l'expression de la fonction de Patterson, chaque maximum est obtenu par convolution des densités électroniques individuelles de deux atomes et sa valeur dépend du nombre d'électrons des atomes. Les contributions des atomes lourds (à grand numéro atomique relativement aux autres atomes du cristal) sont donc particuliÚrement visibles.
Fonction de Patterson
DĂ©finition
La fonction de Patterson est définie par
ou, puisque l'intensité diffractée par un cristal forme une fonction discrÚte dans l'espace réciproque,
La fonction de Patterson est donc la transformée de Fourier des intensités mesurées.
En utilisant les relations
il suit que la fonction de Patterson est la fonction d'autocorrélation de la densité électronique :
Propriétés
La fonction de Patterson est toujours centrosymĂ©trique (fonction paire), mĂȘme si la densitĂ© Ă©lectronique ne l'est pas, c'est-Ă -dire si le cristal ne possĂšde pas de centre d'inversion.
Si la maille du cristal contient N atomes, la fonction de Patterson contient N2 maxima (puisque la densitĂ© Ă©lectronique est positive en tout point), correspondant Ă tous les vecteurs interatomiques. Parmi ces vecteurs, N ont une longueur nulle : les maxima correspondants se superposent Ă l'origine dans la fonction de Patterson, qui contient donc finalement N2âN maxima.
Le maximum absolu de la fonction de Patterson est situĂ© Ă l'origine et reprĂ©sente l'ensemble des vecteurs interatomiques entre un atome et lui-mĂȘme.
La hauteur d'un maximum dans la fonction de Patterson est déterminée par le produit du nombre d'électrons de chaque atome de la paire contribuant au maximum.
Notes et références
Notes
- Le facteur de structure d'un cristal s'annule pour des vecteurs de diffusion ne satisfaisant pas la condition de Laue. L'ensemble des vecteurs de diffraction est un sous-ensemble discret de celui des vecteurs de diffusion pour lequel une intensitĂ© diffractĂ©e peut ĂȘtre observĂ©e (elle peut cependant ĂȘtre nulle pour certains vecteurs de diffraction si le groupe d'espace du cristal conduit Ă des extinctions systĂ©matiques).
Références
- (en) A.L. Patterson, « A Fourier Series Method for the Determination of the Components of Interatomic Distances in Crystals », Physical Review, vol. 46, no 5,â , p. 372-376 (DOI 10.1103/PhysRev.46.372)
Bibliographie
- (en) Carmelo Giacovazzo, Hugo Luis Monaco, Gilberto Artioli, Davide Viterbo, Marco Milanesio, Giovanni Ferraris, Gastone Gilli, Paola Gilli, Giuseppe Zanotti et Michele Catti, Fundamentals of Crystallography, Oxford, Oxford University Press, , 3e Ă©d., 842 p. (ISBN 978-0-19-957366-0)
- (en) International Tables for Crystallography, vol. B : Reciprocal space, U. Shmueli, Kluwer Academic Publishers, , 3e éd. (ISBN 978-1-4020-8205-4), chap. 2.3 (« Patterson and molecular-replacement techniques »), p. 235-263
- (de) Werner Massa, Kristallstrukturbestimmung, Wiesbaden, Vieweg+Teubner, (1re Ă©d. 1994) (ISBN 978-3-8348-0649-9)