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MĂ©thode Reid

La mĂ©thode Reid[1] est une technique d'interrogatoire policier dĂ©veloppĂ©e dans les annĂ©es 1950 aux États-Unis par John E. Reid (d), psychologue, polygraphiste et ancien officier de police de Chicago. La mĂ©thode est reconnue pour crĂ©er une forte pression sur la personne interrogĂ©e, suivie de sympathie, de comprĂ©hension et d'aide si une confession est prĂ©visible.

Depuis sa diffusion dans les annĂ©es 1960, la mĂ©thode est un pilier de la procĂ©dure policiĂšre, particuliĂšrement aux États-Unis.

Historique

En 1955, à Lincoln, Nebraska, Reid aide à obtenir des aveux du suspect Darrel Parker concernant le meurtre de sa femme[2]. Cette affaire aurait établi la réputation de Reid et popularisé sa méthode.

Reid coécrit un texte expliquant ses techniques d'interrogatoire[3]. Il participe à la fondation de l'entreprise John E. Reid and Associates[4] - [5], qui continue à véhiculer la méthode aprÚs la mort de son auteur.

Description

La technique Reid se divise en trois phases commençant par une analyse des faits, suivie de l'entretien d'analyse du comportement (un entretien non accusatoire conçu pour dĂ©velopper des informations d'enquĂȘte et comportementales), suivi, le cas Ă©chĂ©ant, des neuf Ă©tapes d'interrogatoire Reid. Selon les directives de cette procĂ©dure, les individus ne doivent ĂȘtre interrogĂ©s que lorsque les informations des deux phases prĂ©cĂ©dentes indiquent qu'ils sont impliquĂ©s dans l'exĂ©cution du crime.

Dans la mĂ©thode Reid, l'interrogatoire est un processus accusatoire au cours duquel l'enquĂȘteur dit au suspect que les rĂ©sultats de l'enquĂȘte indiquent clairement qu'il a commis le crime en question. L'interrogatoire se prĂ©sente sous la forme d'un monologue prĂ©sentĂ© par l'enquĂȘteur plutĂŽt que sous forme de questions-rĂ©ponses. IdĂ©alement, au cours de l'interrogatoire, l'enquĂȘteur est comprĂ©hensif, patient et non humiliant. L'objectif de l'utilisateur de la mĂ©thode est de rendre progressivement le suspect plus Ă  l'aise Ă  dire la vĂ©ritĂ©. Pour ce faire, l'enquĂȘteur imagine d'abord, puis propose au suspect diverses constructions psychologiques comme justification de son comportement. Cela peut prendre la forme, par exemple, d'une question suggestive ou alternative telle « Avez-vous planifiĂ© cela ou est-ce arrivĂ© sur un coup de tĂȘte ? », qui repose sur une prĂ©somption implicite (en) de culpabilitĂ©[1].

Neuf Ă©tapes

Les neuf étapes d'interrogatoire de la méthode Reid sont[6] :

  1. Affrontement positif. Informez le suspect que les preuves ont conduit la police à le considérer comme suspect. Offrez rapidement à la personne une occasion d'expliquer pourquoi l'infraction a eu lieu.
  2. Essayez de dĂ©placer le blĂąme du suspect vers une autre personne ou un ensemble de circonstances qui ont poussĂ© le suspect Ă  commettre le crime. Pour ce faire, dĂ©veloppez des thĂšmes contenant des raisons qui justifieront ou excuseront psychologiquement le crime. Les thĂšmes peuvent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s ou modifiĂ©s pour trouver celui auquel l'accusĂ© est le plus rĂ©ceptif.
  3. Essayez de minimiser la fréquence des démentis du suspect.
  4. À ce stade, l'accusĂ© donnera souvent une raison pour laquelle il n'a pas ou n'a pas pu commettre le crime. Essayez d'utiliser cela pour avancer vers la reconnaissance de ce qu'il a fait.
  5. Renforcez la sincérité pour vous assurer que le suspect est réceptif.
  6. Le suspect deviendra plus silencieux et écoutera. Déplacez le thÚme de la discussion vers l'offre d'alternatives. Si le suspect pleure à ce stade, inférez-en la culpabilité.
  7. Posez la "question alternative", en donnant deux choix pour ce qui s'est passé ; l'un plus acceptable socialement que l'autre. On s'attend à ce que le suspect choisisse l'option la plus facile, mais quelle que soit l'alternative choisie par le suspect, la culpabilité est admise. Il y a toujours une troisiÚme option qui est de soutenir qu'il n'a pas commis le crime.
  8. Amener le suspect à répéter l'aveu de culpabilité devant témoins et développer des informations corroborantes pour établir la validité des aveux.
  9. Documentez l'aveu ou les aveux du suspect et demandez-lui de préparer une déclaration enregistrée (audio, vidéo ou écrite).

Critique

Les partisans de la technique Reid disent qu'elle est utile pour obtenir des informations de suspects autrement récalcitrants, alors que ses critiques affirment que la technique entraßne un taux inacceptable de faux aveux[2], en particulier de la part des mineurs et des handicapés mentaux. La méthode serait également contre-productive envers certains suspects, qui cessent de collaborer[7].

Notes et références

  1. Normand Boivin, « Interrogatoire d’Yvan Truchon: «C’est pire que dans District 31» », Le Quotidien, (consultĂ© le )
  2. (en) Starr, « The Interview: Do police interrogation techniques produce false confessions? », The New Yorker, d2 décembre 2013 (consulté le )
  3. (en) Fred E. Inbau, John E Reid, Joseph P. Buckley et Brian C Jayne, Criminal Interrogation and Confessions, Burlington, MA, 5, (ISBN 978-0763799366)
  4. (en) « Company information », John E. Reid & Associates, Inc. (consulté le )
  5. (en) Gallini, « Police 'Science' in the Interrogation Room: Seventy Years of Pseudo-Psychological Interrogation Methods to Obtain Inadmissible Confessions », Hastings Law Journal, no 61,‎ , p. 529 (lire en ligne, consultĂ© le )
  6. (en) David E. Zulawski et Douglas E. Wicklander, Practical Aspects of Interview and Interrogation, Ann Arbor, CRC Press, (ISBN 978-0-8493-0101-8)
  7. (en) « A Severed Head, Two Cops, and the Radical Future of Interrogation », Wired.com, (consulté le )

Voir aussi

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