MĂ©ry Laurent
Méry Laurent, née Anne Rose Suzanne Louviot (Nancy, – Paris, ) est une demi-mondaine, muse de plusieurs artistes parisiens. Elle tient un salon littéraire, et y accueille Stéphane Mallarmé, Émile Zola, Marcel Proust, François Coppée ou encore Henri Gervex, James Whistler ou Édouard Manet[1] - [2].
Naissance | |
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Décès |
(Ă 51 ans) 8e arrondissement de Paris |
SĂ©pulture | |
Nom de naissance |
Anne Rose Suzanne Louviot |
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Biographie
Anne Rose Suzanne Louviot naît en 1849 à Nancy ; elle est la fille d'une lingère chez le maréchal François Certain de Canrobert, et d'un père inconnu. La mère blanchisseuse donne sa fille de 15 ans à Canrobert, pour qu'elle devienne sa maîtresse et reçoive une rente à vie de 500 francs par mois[3]. Cette rente lui permet de monter à l'âge de 16 ans à Paris, où elle commence alors une brève carrière d'actrice[1]. Elle est comédienne légère aux Variétés (le rôle de sa vie y est Vénus anadyomène, nue dans sa coquille) et au Châtelet (elle y joue des fééries d'Offenbach)[4].
En 1873, au moment des perquisitions opérées rue de Suresnes[5], dans le lupanar et refuge galant des filles de théâtre et des jeunes dames qui s'y rendent en cachette de leur amant[6], elle est dénoncée, par Gabriel Huglemann, avec une vingtaine de ses camarades artistes, Marguerite Debreux, Alice Regnault, Gabrielle Roux[7],....
En 1874, devenue cocotte, elle rencontre Thomas W. Evans, chirurgien-dentiste de la famille impériale, qui installe sa maîtresse au 52, rue de Rome, où elle reçoit dans son salon toute l'avant-garde artistique parisienne[8]. C'est à cette occasion qu'elle devient la maîtresse de François Coppée, Stéphane Mallarmé, Antonin Proust, mais aussi le modèle et peut-être la maîtresse d'Édouard Manet[9] qu'elle rencontre en 1876[10].
À sa mort, elle lègue sa fortune à son dernier coup de cœur et protégé, Victor Margueritte, à l'exception de son portrait allégorique de l'Automne (tableau de Manet commencé en 1882), offert au musée des beaux-arts de Nancy[11] - [12].
Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise (56e division).
Son salon
Le salon que tient Méry Laurent est un lieu d'échanges qui favorise les démarches créatrices de ceux qui le fréquentent : on y rencontre des peintres, tels qu’Édouard Manet ou Henri Gervex, des poètes et des écrivains comme Mallarmé, Coppée, Huysmans, Proust (l'auteur brosse en partie son portrait dans le personnage d'Odette de Crécy, le plus grand amour de Swann[13]) ou Zola (qui s'inspire d'elle pour Nana), des sculpteurs, des artistes lyriques et des musiciens, tels qu'Hortense Schneider ou Reynaldo Hahn[4]. Celui-ci sera d'ailleurs son exécuteur testamentaire[4].
Ses portraits par Édouard Manet
- MĂ©ry Laurent au Chapeau de Loutre
- MĂ©ry Laurent au Chapeau Noir (l'Automne) (1882).
- MĂ©ry Laurent au Petit Chapeau
Notes et références
- Mery Laurent dans son temps, sur Libération, 4 avril 2005. Consulté le 13 juin 2013.
- (en) Mery Laurent
- Méry Laurent, Manet, Mallarmé et les autres, ArtLys, , p. 11
- Méry Laurent, Manet, Mallarmé et les autres : Musée des beaux-arts de Nancy, Cabinet d'art graphique, 4 mars-9 mai 2005, ArtLys, 2005
- Affaire de la rue de Suresnes. La baronne Strausack & Cie. Tribunal correctionnel de Paris audiences des 20,21 et 22 FĂ©vrier 1873, Imp. Sacre-Duquesne, (lire en ligne)
- Antoine Claude et Théodore Labourieu, Mémoires de M. Claude, chef de la police de sûreté sous le second Empire. Tome 7, 1881-1883 (lire en ligne), p. 204
- « Le Tintamarre », sur Gallica, (consulté le )
- Méry Laurent, Manet, Mallarmé et les autres, ArtLys, , p. 70
- Sylvie Thorel-Cailleteau, Splendeurs de la Médiocrité : Une idée du roman, Librairie Droz, 2008, p. 207.
- (en) Jill Berk Jiminez (Ă©d.), Dictionary of Artists' Models, pp. 376-377. Londres, Dearborn, 2001.
- Adolphe Tabarant, Manet et ses Ĺ“uvres, Gallimard, , p. 445
- Conseil municipal de Nancy, Assemblées délibérantes, Procès-verbaux imprimés, Séances du 1er février 1905 au 12 décembre 1905, Archives municipales de Nancy, « "Legs de Mme veuve Laurent au Musée de Peinture" », Procès-verbaux imprimés,‎ séance du 26 mai 1905, pp. 254-255. (lire en ligne)
- En 1880, Méry Laurent se fait offrir par son protecteur Thomas W. Evans une maison au 9 boulevard Lannes, les Talus. Proust s'inspire du décor de cette maison pour décrire l'intérieur de l'appartement des Swann.
Voir aussi
Bibliographie
- Françoise Cachin, Manet, 1832-1883, New York, The Metropolitan Museum of Art, 1983, (ISBN 0-87099-349-6).
- Blandine Chavanne, Méry Laurent, Manet, Mallarmé et les autres..., Versailles, Art Lys Éditions, 2005, (ISBN 2-85495-221-9).
- Stéphane Mallarmé, Lettres à Méry Laurent, Paris, Gallimard, 1986, (ISBN 2-07-074438-8).
- (de) George Moore, Pariser Geschichten. Berlin, Fischer, 1926.
- Méry Laurent, Manet, Mallarmé et les autres…, Musée des Beaux-arts de Nancy, Cabinet d'art graphique, -, ArtLys, 2005, 71 p..
- Jules Petroz, Un Manet si bien caché, Éditions Le Manuscrit / Manuscrit.com (). ASIN : B005NKK7H8