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Lycée Marie-Curie (Sceaux)

Le lycée Marie-Curie est un lieu d'enseignement situé à Sceaux (Hauts-de-Seine). Ancien lycée de jeunes filles ouvert en 1936, cette cité scolaire départementale mixte réunit aujourd'hui un collège, un lycée d'enseignement général et des classes préparatoires aux grandes écoles dans des bâtiments inscrits depuis 2001 à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Lycée Marie-Curie (Sceaux)
Description de l'image Sceaux Lycée Marie-Curie 01.jpg.
Histoire et statut
Fondation 1936
Type Établissement public local d'enseignement (EPLE)
Administration
Académie Versailles
Proviseur Étienne Recoing
Études
Population scolaire ~750 Ă©lèves au collège et ~1 200 Ă©lèves au lycĂ©e
Formation Collège
Lycée général
CPGE Ă©conomiques
Localisation
Ville Sceaux
Pays Drapeau de la France France
Site web lyc-mariecurie-sceaux.ac-versailles.fr
CoordonnĂ©es 48° 46′ 37″ nord, 2° 17′ 16″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Hauts-de-Seine
(Voir situation sur carte : Hauts-de-Seine)
Lycée Marie-Curie (Sceaux)
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Lycée Marie-Curie (Sceaux)

Historique

Création

N’ayant pas d’enseignement proposé aux jeunes filles à Sceaux après le certificat d’études, quelques professeurs du lycée Lakanal, notamment Émile Morel, décident d’ouvrir en 1897 le cours Florian à Bourg-la-Reine, mais les locaux s’avèrent rapidement trop exigus. Des démarches sont alors entreprises auprès du ministère de l'Instruction publique pour la construction d’un lycée de jeunes filles à Sceaux. En 1929-1930, la ville de Sceaux acquiert un terrain ayant appartenu au mathématicien Cauchy, situé au centre de la ville (actuelles rues Émile-Morel et Constant-Pilate), cédé ensuite à l’État, qui confie en 1932 la construction d’un lycée de jeunes filles à l’architecte Émile Brunet[1].

Le , le lycée ouvre ses portes sous la direction de Suzanne Forfer et le une inauguration est organisée en présence de nombreuses personnalités, dont Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du gouvernement du Front populaire et Irène Joliot-Curie, fille de Marie Curie, avec son époux. À l’occasion de cette journée, une fête est donnée en l’honneur de ce « palais scolaire » avec une chorégraphie, intitulée Les Noces normandes, exécutée par les élèves du jardin d'enfants.

Le nom de Marie Curie s’imposa par décret en janvier 1937 pour ce nouveau lycée de jeunes filles puisque cette scientifique de renommée internationale, deux fois prix Nobel en 1903 et 1911, se maria à Sceaux en 1895, vécut avec son mari Pierre, dont le père était docteur à Sceaux, dans le quartier du lycée (actuel 9 et 11 rue Pierre-Curie). Pionnière, elle représente un exemple à suivre dans la poursuite d’études et l’exercice d’un enseignement jusqu’alors réservés aux hommes. Son engagement pour l’éducation constitue également un modèle.

Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, d' à , un détachement de l’état-major de la Luftwaffe occupe le lycée Marie-Curie. Les soldats dorment dans des salles de classe transformées en dortoirs. L’appartement de fonction de la directrice Suzanne Forfer est affecté au service d’un général allemand qui jette par les fenêtres le mobilier qu’il jugeait «inadapté»[2]. Des batteries anti-aériennes sont installées sur les terrasses. Les abris de la Défense passive[3], construits dans les sous-sol avant-guerre pour protéger les élèves des bombardements allemands en cas de conflit, sont utilisés par l'occupant allemand[4]. Des bunkers sont construits à l'extérieur du lycée, auxquels ils sont reliés par des galeries souterraines.

Les élèves sont accueillies par le lycée Lakanal, occupé lui-même partiellement. Le lycée Lakanal fonctionne avec des horaires décalés, afin que filles et garçons ne se rencontrent pas. Les classes primaires[5] du lycée trouvent refuge chez des particuliers et au Petit Château, mis à disposition par le maire de Sceaux André Deillon. La directrice Suzanne Forfer occupe un appartement en ville, 112 rue Houdan. Alice Pick, professeur de mathématiques, est déchue par le statut des juifs du 3 octobre 1940, malgré une lettre rédigée par ses collègues et l'intervention de la directrice[6] auprès du recteur Jérôme Carcopino. Réfugiée en zone sud avec sa famille, elle échappe aux rafles et réintègre son poste en octobre 1944.

La remise en état du lycée après le départ de la Luftwaffe se chiffra à plus de 3 millions de francs. Cependant, le lycée rouvrit ses portes dès la rentrée d'octobre 1944.

Après-guerre

Après la guerre, on observe une nouvelle croissance des effectifs, qui atteignent 1 327 Ă©lèves en 1954, pour dĂ©passer les 2 500 Ă©lèves en 1958, entraĂ®nant la disparition progressive des classes de primaires du lycĂ©e Marie-Curie et ce malgrĂ© l'ouverture entre 1958 et 1960 des annexes de Châtenay-Malabry et d’Antony, futurs lycĂ©e Emmanuel-Mounier et lycĂ©e Descartes, qui devaient rĂ©pondre Ă  l'afflux d'Ă©lèves. La dernière classe de primaire ferme en 1961.

Jusqu'en 1971[7], la mixité n'est pas de mise au lycée Marie-Curie : c'est un établissement pour filles uniquement, les garçons étant au lycée Lakanal. Font exception le jardin d'enfants et les classes primaires, accueillant quelques garçons. Le port de la blouse était toujours obligatoire : blouse bise avec nom, prénom, classe brodés en rouge, alternant chaque semaine avec une blouse bleue avec nom, prénom, classe brodés en blanc.

La mixité est introduite en classe de sixième en 1971 et va de pair avec la fin du port de la blouse.

Architecture

Un palais au style Art déco

Le lycée Marie-Curie est un bâtiment au style Art déco[7] dont la construction, réalisée entre 1932 et 1936, a été confiée à Émile Brunet, architecte en chef des Monuments historiques, élève d'Anatole de Baudot. Il s'entoure de l'équipe avec laquelle il a déjà travaillé dans les années 1920 pour la construction de l'église Saint-Léon dans le 15e arrondissement de Paris : le maître mosaïste Auguste Labouret, le maître ferronnier Raymond Subes ou encore le statuaire Albert Chartier. Les vitraux sont attribués à Louis Barillet. Le style Art déco s'est développé en réaction contre l’Art nouveau, caractérisé par des lignes courbes et puisant son inspiration dans la nature. L’Art déco privilégie au contraire des lignes simples et la géométrisation des formes. Émile Brunet habille une vaste structure en béton armé avec un parement en briques ocres[8] à l’extérieur, blanches à l’intérieur, donnant ainsi au lycée Marie-Curie son identité visuelle.

De grands artistes décorateurs

Auguste Labouret est l'auteur des huit mosaïques[9] du grand hall mettant en scène des jeunes filles s'adonnant à des activités en plein air : promenade, sports, peinture de paysage, visite d'un site archéologique, etc. Avec Raymond Subes, il est le maître d'œuvre de la porte monumentale, dont il a réalisé les huit pavés de verre taillés au burin représentant les disciplines enseignées. Albert Chartier a réalisé le fronton en bas-relief, intitulé Les Sciences et les Lettres, ainsi que le buste de Marie Curie, trônant à l'origine dans le parloir (actuelle salle des professeurs), aujourd'hui dans le vestibule d'entrée. Robert Lotiron est l'auteur d'une fresque enfantine qui ornait le jardin d'enfants, transformé postérieurement en infirmerie. La fresque est aujourd'hui recouverte d'un enduit, mais restaurable, sa présence étant signalée par des fenêtres de reconnaissance.

Un monument historique

Depuis le [10], les bâtiments du lycée Marie-Curie sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques du ministère de la Culture : bâtiments du lycée en totalité, ainsi que les façades, les toitures et l'escalier intérieur de l'ancienne maison Cauchy. Ce classement est le fruit d'une démarche initiée par Gérard Kaiser, professeur de philosophie, et Françoise Blanchard, professeur d'histoire, avec le soutien du proviseur Jacques Durin.

Chefs d'Ă©tablissements

Les directrices

  • 1936-1954 : Mlle Suzanne Forfer, officier de la LĂ©gion d'honneur, co-fondatrice du journal Le Monde en 1944.
  • 1954-1964 : Mme Suzanne Aubry
  • 1964-1968 : Mlle Yvonne Châtelet
  • 1968-1976 : Mlle Rose VĂ©chot
  • 1976-1979 : Mme Mireille Delpla

Les proviseurs

  • 1979-1984 : Mme Maddy Noin-Ledanois
  • 1984-2007 : M. Jacques Durin
  • 2007-2018 : Mme BĂ©atrice Potier
  • Depuis 2018 : M. Étienne Recoing

Enseignement depuis 1980

Une cité scolaire départementale mixte

Depuis les annĂ©es 1980, le nombre d’élèves est de l'ordre de 2 000 Ă©lèves. Les lois de dĂ©centralisation ont fait en 1982 du lycĂ©e une citĂ© scolaire mixte dĂ©partementale qui forme les Ă©lèves de la classe de sixième jusqu’aux classes prĂ©paratoires au concours d’entrĂ©e Ă  l’École normale supĂ©rieure de Cachan et aux grandes Ă©coles de commerce. De 1981 Ă  1995, le lycĂ©e accueille une section sport Ă©tudes basket fondĂ©e par Alain Weisz, alors professeur d'EPS, futur sĂ©lectionneur national, qui remporte neuf fois le championnat de France.

Trois niveaux d'enseignement

Trois niveaux d’enseignement cohabitent au sein du lycée Marie-Curie : un collège, un lycée général et des classes préparatoires aux grandes écoles. Le lycée propose 9 spécialités : Arts plastiques, HGGSP, HLP, LLCE, maths, physiques, NSI, SES, SVT et 5 options : Arts plastiques, hébreu, russe, grec, latin. Les CPGE sont les suivantes :

  • Classe prĂ©paratoire Économie et gestion option Ă©conomie, droit et gestion (D1)
  • Classe prĂ©paratoire Économie et gestion option Ă©conomie, mĂ©thodes quantitatives et gestion (D2)

Résultats au baccalauréat

En 2022 le lycée se classe 5e sur 54 au niveau départemental. 98 % des élèves inscrits au bac par le lycée Marie Curie ont obtenu leur diplôme en 2022. Parmi les 329 élèves présentés à l'examen, 87 % ont obtenu une mention.

Personnalités liées au lycée

Élèves

Personnel

  • Suzanne Forfer, première directrice, cofondatrice du journal Le Monde
  • Germaine PĂ©guy, professeur de Lettres, fille de l'Ă©crivain Charles PĂ©guy.
  • Alain Weisz, professeur d'EPS, section sport Ă©tudes basket, sĂ©lectionneur national

Le lycée et les médias

Le lycée Marie-Curie est régulièrement un lieu de tournages : par exemple, le film Le Zèbre et Dans la peau d'une grande ou Moi à ton âge (dont l'histoire se déroule principalement dans le lycée), ainsi que les séries télévisées Madame le Proviseur et Julie Lescaut. En 2022, c’est la marque américaine Carhartt qui emprunte les locaux de l’établissement pour y tourner des publicités et en 2023 une partie de La der des der (épisode 7 de la saison 4) de la série télévisée Capitaine Marleau de Josée Dayan y est tournée. Le lycée a également servi de décor au clip La Peau dure d'Étienne Daho[12].

Pour approfondir

Bibliographie

  • DRAC ĂŽle-de-France, Les LycĂ©es d’Île-de-France, Lieux-Dits, 2021.
  • ChloĂ© Dupart, « Le lycĂ©e Marie-Curie : un lycĂ©e de jeunes filles Ă  Sceaux », Bulletin des Amis de Sceaux, 2023.
  • Jacques Durin, « Quand un lycĂ©e de jeunes filles devient la citĂ© scolaire Marie-Curie », 2006.
  • GĂ©rard Kaiser, « Une ballade architecturale », 2000.
  • Claude et Françoise Lelièvre, Histoire de la scolarisation des filles, Nathan, 1991.
  • HĂ©lène Offret, « Un hĂ©ritage enfoui sous le lycĂ©e Marie-Curie », Bulletin des Amis de Sceaux, 2023.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « Le lycée de jeunes filles à Sceaux » dans La Construction moderne, 14 mars 1937, no 19, pp. 385–393 [lire en ligne]
  2. Jacques Durin, « Du Lycée de jeunes filles à la Cité scolaire », 2006. [lire en ligne]
  3. Hélène Offret, « "Un héritage enfoui sous le lycée Marie-Curie" », Bulletin des Amis de Sceaux,‎
  4. Charlotte Ferla, « Sous le lycée Marie-Curie », sur Le Parisien,
  5. Chloé Dupart, « Le lycée Marie-Curie : un lycée de jeunes filles à Sceaux », Bulletin des Amis de Sceaux,‎
  6. Claude Singer, Vichy, l'université et les Juifs, Les Belles Lettres,
  7. Chloé Dupart, « "Le lycée Marie-Curie : un lycée de jeunes filles à Sceaux" », Bulletin des Amis de Sceaux,‎
  8. Philippe Emmanuelle, « Dossier d'oeuvre architecture », sur Région Ile-de-France
  9. Philippe Emmanuelle, « Le décor du lycée Marie-Curie », sur Région Ile-de-France
  10. Notice no PA92000008, base Mérimée, ministère français de la Culture
  11. Françoise Chandernagor, interviewée par Caroline Pigozzi, « Jude et Jésus - Enfants de la fratrie », Paris Match n°3444, semaine du 21 au 27 mai 2015, page 16.
  12. https://www.youtube.com/watch?v=g9DBLGWrEAY
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