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Lusitain

Le lusitain ou lusitanien (nommĂ© ainsi d'après le peuple du mĂŞme nom) Ă©tait une langue palĂ©o-hispanique qui appartenait apparemment Ă  la famille des langues indo-europĂ©ennes. Sa relation avec les langues italiques ou les langues celtiques de la pĂ©ninsule ibĂ©rique, soit comme cousin (dans une branche appelĂ©e « para-celtique Â»), ou en tant que branche diffĂ©rente de l'indo-europĂ©en a Ă©tĂ© dĂ©battue, mais il est dĂ©sormais considĂ©rĂ© par la majoritĂ© des spĂ©cialistes comme une langue indo-europĂ©enne distincte des langues celtiques[1] - [2]. Il Ă©tait parlĂ© dans le territoire habitĂ© par la tribu des Lusitaniens, du Douro au Tage, rĂ©gion qui recouvrent aujourd'hui principalement le centre du Portugal et une petite frange ouest de l'actuelle Espagne.

Lusitain
PĂ©riode d'avant la domination romaine jusqu'Ă  sa fin
Extinction Invasions germaniques
RĂ©gion Lusitanie
Typologie flexionnelle
Classification par famille
Codes de langue
IETF xls
ISO 639-3 xls
Glottolog lusi1235
Carte
Image illustrative de l’article Lusitain
Répartition des langues paléo-hispaniques. Le lusitain est représenté dans la nuance la plus claire de bleu.
Une des inscriptions d'Arroyo de la Luz.

Classification et langues apparentées

Le lusitain paraît avoir été une langue indo-européenne plutôt différente des langues parlées au centre de la péninsule Ibérique. Ce serait une langue plus archaïque que le celtibère.

Anderson (1985) et Untermann (1987) classent le lusitanien parmi les langues celtiques[3] - [4]. Ceci est largement basĂ© sur de nombreux noms de personnes, de dĂ©itĂ©s et de lieux[5] - [6]. D'autres spĂ©cialistes mettent l'accent sur la faiblesse des attestations anciennes, seulement cinq inscriptions, et le fait que la prĂ©sence de dieux celtiques et d'anthroponymes peut s'expliquer par une celtibĂ©risation de ses populations, en effet la domination de tribus celtes sur l'ouest de la pĂ©ninsule est attestĂ©e historiquement[7]. D'un point de vue phonĂ©tique, le lusitanien conserve le *p- initial indo-europĂ©en tel qu'on retrouve dans le mot lusitanien porcom « porc Â» (cf. latin porcus), alors que l'amuĂŻssement du *p- initial est l'une des caractĂ©ristiques consonantiques qui distinguent toutes les langues celtiques (lusitanien porcom, mais vieil irlandais orc « porc ») des autres langues indo-europĂ©ennes (cf. latin pater, germanique *faÉ—ar Ă  comparer au vieil irlandais athair et au gaulois *ater / atrebo). Ce phĂ©nomène de chute du *p- initial est attestĂ© en celtique Ă  une date plus prĂ©coce que celle Ă  laquelle les inscriptions lusitaniennes montrent au contraire une conservation de cette consonne initiale.

Villar et Pedrero (2001) relient le lusitanien aux langues italiques. Ceci est basĂ© sur des ressemblances formelles entre des mots italiques et lusitaniens, comme l'ombrien gomia et le lusitanien comaiam ou encore taurom « taureau Â» qui ressemble davantage au latin taurus qu'au gaulois taruos. C'est aussi basĂ© sur l'analogie entre des noms de divinitĂ©s italiques et lusitaniennes. En outre, certains Ă©lĂ©ments grammaticaux rapprocheraient davantage le lusitanien des langues italiques que des autres langues indoeuropĂ©ennes[8]. Prosper (2003) considère le lusitanien comme prĂ©curseur Ă  l'introduction des langues celtiques dans la pĂ©ninsule. Il reprĂ©senterait le prologue de l'indo-europĂ©anisation de sa partie ouest, comme le montrent par exemple des Ă©lĂ©ments communs Ă  l'hydronymie europĂ©enne antique[9].

Distribution géographique

Des inscriptions ont été trouvées à Arroyo de la Luz (province de Cáceres), Cabeço das Fragas (Guarda) et à Moledo (Viseu) et plus récemment à Ribeira da Venda. En prenant en compte des théonymes, anthroponymes et toponymes lusitains, la sphère lusitanienne inclurait le Portugal du nord-est moderne et les régions adjacentes d'Espagne, avec le centre de la Serra da Estrela.

Système d'écriture

Les plus célèbres inscriptions sont celles de Cabeço das Fráguas et Lamas de Moledo au Portugal, ainsi que celles de Arroyo de la Luz en Espagne. Ribeira da Venda est la dernière découverte, en 2008. Toutes les inscriptions connues sont écrites en alphabet latin.

Lamas de Moledo: Cabeço das Fráguas: Arroyo de la Luz (I & II): Arroyo de la Luz (III): Ribeira da Venda:

RUFUS ET
TIRO SCRIP
SERUNT
VEAMINICORI
DOENTI
ANGOM
LAMATICOM
CROUCEAI
MACA
REAICOI PETRANOI R(?)
ADOM PORCOM IOUEAS(?)
CAELOBRICOI[10]

OILAM TREBOPALA
INDO PORCOM LAEBO
COMAIAM ICONA LOIM
INNA OILAM USSEAM
TREBARUNE INDI TAUROM
IFADEM REUE...[11]

Un mouton [agneau?] pour Trebopala
et un porc pour Laebo,
[un mouton] du même âge pour Iccona Loiminna,
un mouton d'un an pour
Trebaruna et un bœuf fertile...
pour Reve[6]...

AMBATVS
SCRIPSI
CARLAE PRAISOM
SECIAS ERBA MVITIE
AS ARIMO PRAESO
NDO SINGEIETO
INI AVA INDI VEA
VN INDI VEDAGA
ROM TEVCAECOM
INDI NVRIM INDI
VDEVEC RVRSENCO
AMPILVA
INDI
LOEMINA INDI ENV
PETANIM INDI AR
IMOM SINTAMO
M INDI TEVCOM
SINTAMO

ISACCID·RVETI.
PVPPID·CARLAE·EN
ETOM·INDI·NA.[
....CE·IOM·
M·[12]

[- - - - - -] XX•OILAM•ERBAM
HARASE•OILA•X•BROENEIAE•H
OILA•X•REVE AHARACVI•T•AV[...]
IEATE•X•BANDI HARACVI AV[....]
MVNITIE CARIA CANTIBIDONE•
APINVS•VENDICVS•ERIACAINV[S]
OVOVIANI[?]
ICCINVI•PANDITI•ATTEDIA•M•TR
PVMPI•CANTI•AILATIO[13]

Références

  1. (en) John T Koch, Tartessian 2 : The Inscription of Mesas do Castelinho ro and the Verbal Complex. Preliminaries to Historical Phonology, Aberystwyth (GB), Oxbow Books, Oxford, UK, , 198 p. (ISBN 978-1-907029-07-3, lire en ligne), p. 33 - 34
  2. Eugenio R. Luján, « L'onomastique des Vettons, analyse linguistique Â» in Gaulois et celtique continental, Études rĂ©unies par Pierre-Yves Lambert et Georges-Jean Pinault, Librairie Droz 2007. p. 246.
  3. Anderson, J. M. 1985. «Pre-Roman Indo-European languages of the Hispanic Peninsula», Revue des Études Anciennes 87, 1985, p. 319–326.
  4. Untermann, J. 1987. «Lusitanisch, Keltiberisch, Keltisch», in: J. Gorrochategui, J. L. Melena & J. Santos (eds.), Studia Palaeohispanica. Actas del IV Coloquio sobre Lenguas y Culturas Paleohispánicas (Vitoria/Gasteiz, 6-10 mayo 1985). (= Veleia 2-3, 1985–1986), Vitoria-Gasteiz ,1987, p. 57–76.
  5. Juan Carlos Olivares Pedreño, « Celtic Gods of the Iberian Peninsula », (consulté le )
  6. Marco V. García Quintela, « Celtic Elements in Northwestern Spain in Pre-Roman times », Center for Celtic Studies, University of Wisconsin-Milwaukee, (consulté le )
  7. Ana-Maria MartĂ­n Bravo, Los origines de Lusitania. El 1 milenio a. C. en la alta Estramadura, Real Academie de la HistĂłria, Madrid, 1999.
  8. Indoeuropeos y no Indoeuropeos en la Hispania Prerromana, Salamanca: Universidad, 2000
  9. The inscription of Cabeço das Fráguas revisited. Lusitanian and Alteuropäisch populations in the West of the Iberian Peninsula Transactions of the Philological Society vol. 97 (2003)
  10. HĂĽbner, E. (ed.)Corpus Inscriptionum Latinarum vol. II, Supplementum. Berlin: G. Reimer (1892)
  11. Untermann, J. Monumenta Linguarum Hispanicarum (1980–97)
  12. Villar, F. and R. Pedrero La nueva inscripciĂłn lusitana: Arroyo de la Luz III (2001)
  13. André Carneiro, José d’Encarnação, Jorge de Oliveira, Cláudia Teixeira Uma Inscrição Votiva em Língua Lusitana Palaeohispanica 8 (2008) (Portuguese)

Voir aussi

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