Luckner Cambronne
Luckner James Cambronne (né le à Arcahaie en Haïti - mort le à Miami aux États-Unis) est un homme d’État haïtien, considéré comme le bras droit des Duvalier durant leurs dictatures.
Luckner Cambronne | |
Fonctions | |
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Secrétaire d'État de l'Intérieur, et de la Défense nationale | |
– (1 an, 6 mois et 24 jours) |
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Président | Jean-Claude Duvalier |
Prédécesseur | Aurèle A. Joseph |
Successeur | Roger Lafontant |
Secrétaire d'État des Travaux publics, Transports et Communications | |
– (4 ans, 4 mois et 4 jours) |
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Président | François Duvalier |
Prédécesseur | Louis R. Lévêque |
Successeur | Raoul Lespinasse |
Biographie | |
Nom de naissance | Luckner James Cambronne |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Arcahaie (HaĂŻti) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Miami, Floride (États-Unis) |
Nationalité | Haïtienne |
Conjoint | Marie Ina Gousse |
Jeunesse et début de carrière politique
Né dans une famille pauvre de prédicateurs, il commence une carrière professionnelle au sein de la Banque nationale de la République d'Haïti. Sa fonction, qui consistait à représenter la BNRH à l'aéroport international de Chancerelles, ne l'empêcha pas de s'inscrire à la faculté de droit et d'occuper le poste de trésorier du Cercle des étudiants.
Puis dans les années 1960, il commence sa carrière politique en devenant député de Cabaret (nord de Port-au-Prince). Il est alors remarqué par le dictateur François Duvalier qui le nomme ministre des Travaux publics. C’est à ce titre qu’en 1961, Cambronne se verra confier la collecte des ressources financières nécessaires au déroulement des travaux de construction de Duvalierville (autre nom de Cabaret), cité voulue par François Duvalier, dans son délire mégalomane. Dans le cadre de ce qui était appelé à l’époque « Le mouvement de rénovation nationale », Luckner Cambronne imposa des retenues sur salaire aux fonctionnaires de l’État et menaça directement ceux qui voulaient résister. « Un bon duvaliériste est prêt à tuer ses enfants et les enfants à tuer leurs parents », aurait-il déclaré un jour du haut de la tribune de la Chambre des Députés.
Le bras armé du régime
Le serviteur dévoué que Luckner Cambronne est devenu, fut récompensé pour son zèle en récupérant le portefeuille de l’Intérieur et de la Défense nationale en remplacement de Clément Barbot. C’est surtout à ce poste qu’il entrera dans l’histoire haïtienne comme étant le deuxième personnage le plus terrifiant du pays.
À la tête des tontons macoutes, il fera régner la terreur dans tout Haïti, notamment contre les opposants au régime, n’hésitant pas notamment à diriger lui-même les opérations contre la guérilla déclenchée en 1969 à Cazale (commune de Cabaret), par des leaders paysans et intellectuels communistes : la répression s’était soldée par des arrestations arbitraires et des exécutions sommaires.
Déjà en 1964, à Cabaret, des disparitions d’opposants s’étaient succédé alors que Luckner Cambronne détenait le portefeuille des Travaux publics dans le cabinet au côté de Clovis Désinor (Finances), Hervé Boyer (Commerce), René Chalmers (Affaires étrangères) et Adrien Raymond (secrétaire d’État au même ministère).
Devenu le favori du dictateur, c’est lui qui fut chargé de conduire le processus de révision de la constitution de 1964, instaurant la Présidence à vie, afin de permettre à Jean-Claude Duvalier (Baby doc) alors âgé de seulement 19 ans de combler, à partir du , le vide politique laissé après la mort son père décédé officiellement d’un accident vasculaire-cérébral.
Clé de voûte de la transition, avec le général Claude Raymond, promu chef des Forces Armées d’Haïti (FAd’H), peu avant la mort de Duvalier père (alias Papa Doc), Luckner Cambronne devint le conseiller spécial du jeune Président à vie et son mentor en politique. Afin de stimuler l’épicurien Baby Doc, peu enclin au début à assumer certaines responsabilités, Cambronne avait décidé de « lui accorder une récréation » en nommant au poste stratégique de secrétaire particulier du chef de l’État un bon ami, ex-camarade de classe à l’école Saint-Louis de Gonzague de Port-au-Prince, Claude-Auguste Douyon, un dandy plus connu sous le nom de « Ti Pouche Douyon ».
Scandale du « sang noir » et disgrâce
Luckner Cambronne joua également un rôle dans une sombre affaire de trafic de sang qui avait causé la mort de nombreux Haïtiens issus des couches défavorisées de la population et rapporté beaucoup d’argent aux personnages puissants du régime des Duvalier.
La « Banque du sang noir », fut créée avec le concours d’un ancien barbouze français André Labay (né en 1922), ancien médecin auxiliaire reconverti dans les affaires d’import-export, accessoirement producteur de cinéma, et connu comme agent du SDECE (services secrets français), mais aussi pour ses relations mafieuses. Labay avait fait auparavant les 400 coups au Yémen, au Liban ou en Afrique en s’enrichissant dans des trafics en tout genre. Peu après son arrivée en Haïti (où il deviendra chef d’antenne du SDECE), il était devenu un proche des Duvalier et même l’amant de leur fille aînée Marie-Denise, la sœur de Baby doc.
Intermédiaire privilégié dans plusieurs transactions secrètes entre Haïti, les États-Unis et la Grèce, responsable de l’émission de 50 000 timbres d’or à l’effigie du dictateur haïtien, Labay fut l’associé de Cambronne dans le fameux laboratoire installé en plein cœur de Port-au-Prince et qui achetait aux Haïtiens au prix de quinze gourdes (trois dollars américains, selon le taux de change de l’époque) le litre du plasma sanguin. Le produit était exporté aux États-Unis, en Allemagne et en Suède où il était utilisé dans des hôpitaux.
Ce scandale du sang et d’autres activités louches allaient porter Jean-Claude Duvalier à limoger Luckner Cambronne (Labay était tombé quelques mois plus tôt à Paris pour une grosse affaire de stupéfiants, 106 kg de drogue avaient été saisis dans son véhicule…). Tombé en disgrâce en , Cambronne fut contraint de s’exiler aux États-Unis, et y mourra en 2006 à l’hôpital baptiste de South Kendall à Miami des suites d’une maladie.