Lucienne Soubbotnik
Lucienne Soubbotnik, née Lucienne Fromageau le au Havre et morte le à Paris[1], est une résistante française[2] et ancienne déportée[3].
Nom de naissance | Lucienne Fromageau |
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Naissance |
Le Havre |
Décès |
7e arrondissement de Paris |
Nationalité | Française |
Distinctions |
Biographie
Vie civile
Après des études secondaires au pensionnat « Jeanne d'Arc - Les Ormeaux » du Havre jusqu'en 1928, elle fait une année d'école commerciale (sténo-dactylographie, anglais) et obtient le diplôme de la Chambre de commerce britannique.
De 1930 à 1938, elle est la secrétaire de M.. R. G. Grout, directeur de la General Steam Navigation Co. Ltd. au Havre. Elle est également secrétaire bénévole des nombreuses activités de la communauté britannique du Havre.
En 1939 et 1940, elle enseigne la sténographie à l'école commerciale dirigée par sa sœur, Simone Fromageau. De la fin 1939 jusqu'en , elle est la secrétaire des capitaines Sturt et Watkins qui dirigent le Hirings Office de la British Base du Havre.
RĂ©sistance
De à , elle est secrétaire au consulat américain de Marseille, service des visas d'immigration. Elle travaille déjà pour le Special Operations Executive (SOE) depuis 1941, bien que la date exacte de son recrutement, probablement bien antérieure, demeure à ce jour inconnue, son dossier personnel dans les archives britanniques étant scellé jusqu'au [4].
En le SOE l'active en qualité d'agent p. 1 (elle sera promue p. 2 avec grade de sous-lieutenant après son arrestation[5]). Le Consulat ferme le . Elle passe alors dans la clandestinité.
Assistante des chefs du réseau "Jean Marie / Buckmaster" André Marsac et Cpt. Henri Frager (fusillé en 1944), elle accompagne ses supérieurs dans plusieurs tournées d'inspection des réseaux à travers toute la France.
Arrestation, internement et déportation
Le , lors d'une mission à Paris, elle est arrêtée par la Gestapo au café Longchamp.
Internée à Fresnes durant 10 mois, elle est déportée en à Ravensbrück jusqu'en , de là à Hanovre puis à Bergen-Belsen.
Le camp est libéré à la mi-avril 1945 mais, atteinte du typhus, elle ne peut être rapatriée que le . Elle est démobilisée à Paris le [6].
Elle passe sa convalescence en Suisse puis à Marseille jusqu'en , soignée par le Dr. Leopold Mecz, son épouse Madeleine et sa belle-sœur Rosa Pioch, véritable famille d'adoption de Lucienne, de sa sœur Simone et de leur mère Gabrielle.
Après-guerre
De janvier à , elle est employée par le ministère des Affaires étrangères au service des Conférences internationales, sis 82 rue de Lille à Paris. Elle est secrétaire de Mme C. Michelet, chef du service des Traductions de la conférence des ministres suppléants des Affaires étrangères à Londres, de janvier à , puis assure le secrétariat des bureaux de traductions lors de la conférence des ministres des Affaires étrangères et de la conférence de la Paix à Paris, d'avril à .
Le , Lucienne Fromageau Ă©pouse Simon Soubbotnik, adjudant de la 2e DB[7].
Elle travaille d'abord comme secrétaire au Ministère des Affaires Étrangères puis entre aux Nations unies lors de leur création. Elle y fait toute sa carrière, d'abord à New-York puis à Paris.
Lorsqu'elle prend sa retraite, elle est "administrative officer" au Centre d'Information des Nations unies, Ă Paris.
Âgée de 102 ans à sa mort, elle était la doyenne de l'Institution nationale des invalides (hébergée dans l'hôtel des Invalides) et l'une des dernières survivantes françaises du SOE.
Distinctions
- Chevalier de la Légion d'honneur en [8]. La médaille lui est remise aux Invalides par le général d'armée Bruno Cuche, gouverneur, le , en même temps que la médaille de la Déportation et de l'internement pour faits de Résistance.
- Chevalier de l'ordre national du Mérite[9] dont elle refuse d'abord que la médaille lui soit remise mais qu'elle accepte finalement alors qu'elle est déjà pensionnaire des Invalides.
- Croix de guerre 1939-1945, palme de bronze
- Médaille de la Résistance française (décret du , signé de Georges Bidault au nom du Gouvernement provisoire et d'Edmond Michelet, ministre des Armées)[10]
- Médaille de la déportation pour faits de Résistance
Lors de l'annonce de sa mort, le , le maire de Paris Bertrand Delanoë salue « la mémoire de cette femme d’exception et de cette résistante extraordinaire »[11].
Notes et références
- Relevé des fichiers de l'Insee
- Certificat d'appartenance aux Forces Françaises Combattantes (FFC) n° 95377 en date du 1er juin 1953
- N° de déportation 27.693
- Records of Special Operations Executive - Personnel Files, date range 01 January 1939 - 31 December 1946, Ref. HS9/546/7. Tous les dossiers cotés HS9 sont préservés de la même façon. Le descriptif est accessible via discovery.nationalarchives.gov.uk
- Attestation du Colonel de réserve J. Adam, chef du réseau "Jean Marie" établie le 23 juin 1953.
- Fiche de démobilisation n° 352
- Extrait du Registre des Actes de Mariage, Mairie de Boulogne-Billancourt, année 1948, n°950
- Journal Officiel du 5 mai 2013, décret du 3 mai 2013 portant promotion et nomination.
- Lettre du Ministre des Affaires Étrangères Jean Sauvagnargues, datée du 24 décembre 1974, annonçant sa nomination à Lucienne Soubbotnik.
- Ordre de la Libération, « Base des Médaillés de la Résistance française - fiche Lucienne FROMAGEAU » (consulté le )
- Réaction à la suite du décès de Lucienne Soubbotnik, Paris.fr, Bertrand Delanoë, 29 janvier 2014.