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Low Power Wide Area Network

Un réseau étendu à basse consommation (Low Power Wide Area Network ou LPWAN) est un type de réseau employé dans l'Internet des objets (Internet of Things ou IoT) et dans la communication intermachines (Machine to Machine ou M2M).

Les LPWAN, apparus dans la décennie 2010, constituent un nouveau modèle de communication dans l'IoT, à côté des réseaux sans fil à faible portée et des réseaux cellulaires conventionnels[1] - [2]. Ils proposent des compromis originaux répondant aux contraintes de contextes IoT de plus en plus répandus : un grand nombre d'objets, doté chacun d'une longue portée (quelques kilomètres) et traitant occasionnellement de petites quantités d'information, tout en maintenant une faible consommation électrique, l'alimentation s'effectuant le plus souvent par une pile devant durer plusieurs années.

On peut citer comme exemples d'application la gestion des places d'un parking (contexte smart city), la surveillance de surfaces cultivées (contexte smart farming), le comptage d'eau (contexte smart metering) ou le suivi de flottes (contexte asset tracking).

Cet article n'énumère pas les caractéristiques des différents LPWAN existants pris un par un. Pour cela on pourra se reporter aux liens internes. Au contraire, il situe les LPWAN dans le contexte des réseaux sans fil pour l'IoT puis recense leurs caractéristiques générales.

Description

Architecture d'un réseau LPWAN

Dans sa forme la plus répandue, un LPWAN est constitué d'un nombre plus ou moins grand de nœuds terminaux (end nodes ou end devices), et d'une ou plusieurs passerelles (base station, gateway ou access point) avec lesquelles ils communiquent par ondes radioélectriques. À l'image de la gauche de la figure ci-contre, la plupart des LPWAN ont une topologie étoile.

Chaque nœud terminal est un objet connecté. Dans sa forme la plus simple il s'agit d'un capteur associé à un microcontrôleur relié à un circuit émetteur-récepteur sans fil (wireless transceiver). À son initiative, le microcontrôleur fait l'acquisition de la grandeur mesurée par le capteur, traite éventuellement celle-ci, puis l'émet grâce au transceiver ; c'est une transmission montante (uplink ou UL). Quand tout se passe bien, une (ou des) passerelle(s) reçoive(nt) la donnée émise.

Dans l'autre sens de circulation de l'information, plus rare, une passerelle peut envoyer des informations vers un objet. Cette transmission descendante (downlink ou DL) est utilisée par la passerelle pour, par exemple :

  • signifier Ă  l'objet qu'elle a bien reçu une mesure (acquittement),
  • envoyer Ă  l'objet des informations de reconfiguration, voire dans certains cas un nouveau firmware[note 1],
  • envoyer Ă  l'objet un signal de commande quand l'objet est un actionneur plutĂ´t qu'un capteur.

Les passerelles d'un LPWAN sont aussi reliées via un réseau intermédiaire (backhaul network) à des serveurs connectés à Internet. Ainsi, les données de mesure peuvent être consultables via une application utilisateur et à l'inverse une application utilisateur peut envoyer des informations à l'objet.

Réseaux pour l'IoT antérieurs aux LPWAN

Des réseaux, souvent antérieurs aux LPWAN, sont très utilisés dans l'IoT et continueront de l'être conjointement au développement des LPWAN. Ces réseaux ont leurs avantages propres mais nous mettons en évidence pour chacun, conjointement à un court descriptif, pourquoi ils ne peuvent être classés parmi les LPWAN : soit parce qu'ils n'ont pas le côté longue portée, soit parce qu'ils n'ont pas le côté basse consommation. Certains ne permettent pas non plus un nombre important d'objets.

Diagramme indicatif (portée - débit) de quelques technologies sans fil

Nous présentons ces technologies en les classant selon leur portée. La vignette ci-contre montre qualitativement sur un diagramme portée - débit où les LPWAN se situent par rapport à ces réseaux. En outre, comme en première considération la consommation électrique d'une technologie est liée au débit d'information, ce diagramme permet de se fixer des ordres de grandeur quant aux consommations des technologies les unes par rapport aux autres.

RFID (RadioFrequency IDentification) et NFC (Near Field Communication)

RFID et NFC sont des technologies de communication à très faible portée (quelques mètres pour RFID, quelques centimètres pour NFC), utilisées par exemple dans les étiquettes d'identification d'articles de magasin ou dans le paiement sans contact à l'aide d'un smartphone. Elles ne sont pas détaillées dans cet article.

RĂ©seaux WPAN (Wireless Personal Area Network)

  • RĂ©seaux basĂ©s sur IEEE 802.15.4 tels ZigBee ou 6LoWPAN : Ces implĂ©mentations se prĂ©occupent de l'aspect basse consommation mais ont par contre une couverture assez faible, de l'ordre d'une centaine de mètres[3]. ZigBee permet des rĂ©seaux utilisĂ©s surtout dans la domotique. 6LoWPAN trouve quant Ă  lui un exemple d'application dans les rĂ©seaux de capteurs sans fil (Wireless Sensor Network ou WSN). Moyennant une configuration exigeante et un coĂ»t en ressources, ces rĂ©seaux peuvent ĂŞtre rĂ©silients face Ă  une rupture de lien, une erreur de nĹ“ud ou la mobilitĂ© d'un nĹ“ud[4]. Les topologies (Ă©toile, mesh, arbre) sont plus variĂ©es que celles des LPWAN mais un routage multi-hop est nĂ©cessaire, ce qui peut nuire Ă  l'autonomie Ă©nergĂ©tique de certains nĹ“uds[5]. Les objets d'un rĂ©seau 6LoWPAN jouissent toutefois de l'adressage IPv6, critère pouvant ĂŞtre dĂ©cisif. Au niveau du dĂ©bit, ZigBee oscille entre 20 kbit/s et 250 kbit/s.
  • RĂ©seaux Bluetooth : Les usages classiques domestiques du Bluetooth (enceinte, montre connectĂ©e, etc.) permettant de constituer des rĂ©seaux de quelques objets sont connus du grand public. Selon les usages, les dĂ©bits peuvent aller de quelques dizaines Ă  quelques centaines de kbit/s. Ă€ partir de sa version 4.2 le Bluetooth Low Energy (BLE) prend en charge 6LoWPAN[6], ce qui laisse entrevoir la constitution de rĂ©seaux plus denses. Mais dans tous les cas la portĂ©e de quelques dizaines de mètres en l'absence d'obstacle n'a aucun rapport avec celles Ă  l'Ĺ“uvre dans les LPWAN.

Réseaux WLAN (Wireless Local Area Network) basés sur IEEE 802.11 a/b/g/n/ac

Le Wi-Fi "conventionnel", puisque c'est de cela qu'il s'agit, est caractĂ©risĂ© par des dĂ©bits Ă©levĂ©s[7] (quelques centaines de Mbit/s pour 802.11ac), une facilitĂ© de dĂ©ploiement et une interopĂ©rabilitĂ© importante. Cela dit sa consommation relativement consĂ©quente et sa faible portĂ©e (quelques dizaines de mètres) en font rarement un choix idĂ©al pour des objets sur batterie très Ă©loignĂ©s d'une passerelle (un routeur Wi-Fi dans ce cas). Il faut toutefois noter le dĂ©veloppement de l'amendement IEEE 802.11ah (Wi-Fi Halow) clairement orientĂ© IoT, qui, avec un choix de frĂ©quence dans une bande ISM Sub-GHz, permet, par rapport aux deux autres bandes ISM 2,4 GHz et GHz utilisĂ© par le Wi-Fi conventionnel, de mieux franchir les obstacles et d'obtenir une plus grande portĂ©e (plusieurs centaines de mètres) tout en consommant moins[8]. Le dĂ©bit peut aller jusqu'Ă  plusieurs dizaines de Mbit/s. La portĂ©e n'est cela dit pas Ă  la hauteur de celle des LPWAN.

Réseaux à longue portée

Il s'agit des réseaux cellulaires de téléphonie conventionnels type 2G, 3G et 4G. Puisque de nombreux cas d'usage de l'IoT réclament désormais des portées élevées de la part des objets (quelques kilomètres), les technologies cellulaires semblent toutes indiquées étant donné des portées du même ordre entre un appareil cellulaire et son antenne relais. Cette réflexion est cela dit vite démontée. En effet, au fur et à mesure de l'évolution des normes de la téléphonie cellulaire, la tendance a été au sein d'une cellule de garantir pour un petit nombre d'utilisateurs toujours plus de bande passante pour le multimédia (1 Gbit/s théorique annoncé pour la 4G), et ce au prix d'une consommation conséquente des appareils[1]. Dans le contexte IoT qui nous préoccupe, c'est un peu l'opposé que l'on recherche, à savoir : des nœuds terminaux en grand nombre autour d'une passerelle, un bas débit (low throughput) de transmission des données et une faible consommation. Heureusement, l'organisation de standardisation 3GPP a proposé en 2016 des normes de réseaux cellulaires pour l'IoT, ceux-ci se classant parmi les LPWAN.

Panorama des LPWAN

En 2018, on évalue à 25% la part des objets connectés prenant place dans des LPWAN[1] - [9].

Les LPWAN présentent plus d'une dizaine d'implémentations très hétérogènes quant à la portée des nœuds, le débit atteignable, la modulation utilisée, le côté propriétaire ou ouvert de certaines couches, l'utilisation de bandes ISM ou de bandes licenciées, la nécessité de souscription auprès d'un opérateur, etc.

On peut cela dit les classer en deux catégories :

En France, Sigfox, LoRaWAN et Wize ont un déploiement significatif : Sigfox, à la fois opérateur et pourvoyeur de sa solution technologique, a une couverture quasi nationale en 2019[10]; LoRaWAN dispose d'une couverture comparable grâce aux opérateurs Bouygues Telecom et Orange qui, moyennant un abonnement, offrent un accès à leur infrastructure LoRaWAN[11]. Wize dispose du plus grand réseau IoT européen de par le déploiement de 15 millions de compteurs communicants par GRDF. Citons également le déploiement de 5 millions de tels compteurs par Suez en Europe, Asie, Amérique du Sud et Afrique du Nord. La technologie Wize permet également de créer des réseaux privés, la technologie étant libre de droit[12].
  • Ceux utilisant des bandes licenciĂ©es. Ils correspondant aux rĂ©seaux cellulaires pour l'IoT, Ă  savoir EC-GSM-IoT, NB-IoT et LTE-M, proposĂ©s dans la release 13 (2016) de 3GPP. Ces rĂ©seaux partent de normes de rĂ©seaux cellulaires existantes, ensuite optimisĂ©es pour l'IoT, notamment au regard de la consommation (plus faible) et du dĂ©bit (plus faible) :
    • EC-GSM-IoT (EC signifiant Extended Coverage) est une adaptation des rĂ©seaux 2G GPRS, historiquement assez utilisĂ©s dans la communication M2M. Aucun opĂ©rateur ne propose ce standard en France. De plus, dans certains pays, la 2G va ĂŞtre stoppĂ©e pour rĂ©cupĂ©rer ses bandes de frĂ©quences.
    • LTE-M, Ă©galement appelĂ© eMTC (enhanced Machine Type Communication) ou LTE Cat M1, dĂ©rive du standard LTE[13] (Long Term Evolution) de 3GPP apparu entre la fin de la 3G et le dĂ©but de la 4G. L'opĂ©rateur Orange affirme en 2019 couvrir 98 % de la population française en LTE-M[14]. Le dĂ©bit maximum est de 1 Mbit/s, le transport de SMS, voix, images et vidĂ©os est possible[15].
    • NB-IoT (Narrow Band IoT), Ă©galement appelĂ© LTE Cat NB1, dĂ©rive aussi de LTE. En France, l'opĂ©rateur SFR a dĂ©ployĂ© un rĂ©seau national NB-IoT en 2019[16]. Le dĂ©bit maximum est d'environ 100 kbit/s soit 10 fois moins que celui de LTE-M mais la consommation est moindre.

La 5G, dont les standards sont aussi définis par 3GPP et qui est déployée en France à partir de 2020, intègre trois dimensions :

  • l'accès en mobilitĂ© Ă  très haut dĂ©bit,
  • les missions critiques,
  • le dĂ©ploiement massif des objets connectĂ©s Ă  très faible Ă©nergie.

LTE-M et NB-IoT sont les supports de la dernière dimension, ce qui leur donne une bonne visibilité pour les années à venir. En outre, concernant le déploiement, il y a peu de coût d'infrastructure : LTE-M ne nécessite qu'un changement de logiciel des stations de base LTE et NB-IoT requiert certes des modems mais de faible coût[17]. On pourra se reporter à l'article 5G pour l'Internet des objets pour plus de détails.

Caractéristiques générales des LPWAN

Dans cette section, on tente de donner les caractéristiques qualitatives communes à toutes les implémentations de LPWAN.

Longue portée, faible débit (long range, low data rate)

De manière gĂ©nĂ©rale, dans un LPWAN, un nĹ“ud et une passerelle doivent pouvoir communiquer sur une distance de quelques kilomètres en environnement urbain et sur des distances encore plus grandes en environnement rural. L'intĂ©rieur des bâtiments doit optionnellement pouvoir ĂŞtre atteint (indoor coverage). Une consĂ©quence intĂ©ressante est le coĂ»t raisonnable du dĂ©ploiement d'une infrastructure LPWAN puisque peu de passerelles sont a priori nĂ©cessaires pour une grande surface Ă  couvrir. La Belgique (30 500 km2) a son rĂ©seau Sigfox assurĂ© avec sept passerelles[18].

Pour parvenir à de telles portées, des choix technologiques ont été faits :

  • La plupart des implĂ©mentations de LPWAN travaillent dans une bande de frĂ©quences dite "Sub-1GHz" (juste en dessous de GHz). Par rapport Ă  des frĂ©quences plus Ă©levĂ©es (comme 2,4 GHz ou GHz), de telles frĂ©quences permettent Ă  un Ă©metteur, toute chose Ă©tant Ă©gale par ailleurs, d'atteindre un rĂ©cepteur situĂ© plus loin, ainsi que le montre l'Équation de Friis. Une autre façon de voir les choses est que pour atteindre un mĂŞme rĂ©cepteur dans les mĂŞmes conditions de rĂ©ception, il faut moins de puissance d'Ă©mission (et donc moins d'Ă©nergie Ă©lectrique) avec des frĂ©quences Sub-GHz qu'avec des frĂ©quences plus Ă©levĂ©es. En outre, en Sub-GHz, les signaux sont moins attĂ©nuĂ©s par des obstacles comme le bĂ©ton et le multipath fading est moindre. Enfin, cette bande de frĂ©quence est certes encombrĂ©e mais elle l'est moins que la bande 2,4 GHz, utilisĂ©e par Wi-Fi, Bluetooth et ZigBee par exemple.
  • Ensuite, les modulations implĂ©mentĂ©es au niveau de la couche PHY des objets ont Ă©tĂ© conçues en choisissant des dĂ©bits de donnĂ©es (data rate) très faible par rapport Ă  ce qui Ă©tait envisagĂ© jusqu'alors. De ce fait, chaque bit ou symbole est transmis avec plus d'Ă©nergie, ce qui permet d'utiliser des rĂ©cepteurs avec une sensibilitĂ© de seulement -130 dBm[19]. C'est 1000 fois moins que les -100 dBm moyen des rĂ©seaux pour l'IoT basse portĂ©e ou cellulaires prĂ©sentĂ©s plus tĂ´t. On peut donc aller beaucoup plus loin avant d'obtenir un signal trop attĂ©nuĂ© mal interprĂ©tĂ© par le rĂ©cepteur. C'est essentiellement dans ce nouveau compromis dĂ©bit / portĂ©e que rĂ©side l'innovation des LPWAN.

Transmettre une information Ă  très bas dĂ©bit est donc une idĂ©e sĂ©duisante. Son implĂ©mentation n'est cela dit pas simple eu Ă©gard Ă  la prĂ©cision en frĂ©quence (20 ppm) des quartz utilisĂ©s dans les systèmes de communication[20]. Par exemple, une frĂ©quence thĂ©orique de porteuse Ă  870 MHz prĂ©sente une tolĂ©rance de 17 kHz. Or, en première approximation, la largeur de spectre nĂ©cessaire pour transmettre une information Ă  D bit/s est de l'ordre de D Hz. Ainsi, cĂ´tĂ© Ă©metteur, nous avons par exemple 100 Hz autour de la frĂ©quence centrale de porteuse pour transmettre une information de dĂ©bit 100 bit/s. Ă€ l'arrivĂ©e, cĂ´tĂ© rĂ©cepteur, il y a peu de chance que cette bande Ă©troite de 100 Hz se retrouve autour de la mĂŞme frĂ©quence centrale qu'Ă  l'Ă©mission, compte tenu des tolĂ©rances sur les frĂ©quences centrales des deux cĂ´tĂ©s. Deux classes de modulation existent pour rĂ©pondre Ă  cette problĂ©matique. Nous les citons sans rentrer dans les dĂ©tails :

  • Les modulations Ă  bande Ă©troite (narrowband modulations) sont utilisĂ©es par exemple par le nouveau standard cellulaire pour l'IoT nommĂ© NB-IoT. Quant Ă  la solution Sigfox, elle pousse le concept encore plus loin par le choix de la modulation UNB (Ultra Narrow Band, canaux de 100 Hz seulement). Pour celle-ci, la portĂ©e peut atteindre plusieurs dizaines de kilomètres en environnement rural, au prix bien sĂ»r d'un dĂ©bit extrĂŞmement faible, 100 bit/s maximum en montĂ©e.
  • Les modulations Ă  Ă©talement de spectre (spread spectrum modulations) sont par exemple utilisĂ©es par la solution LoRa (technologie de type Chirp Spread Spectrum ou CSS) et la solution Ingenu (technologie de type Direct-sequence spread spectrum ou DSSS).

Faible consommation (low power)

Il est de plus en plus de contextes IoT où, pour des raisons pratiques et/ou pour diminuer les coûts d'installation et d'exploitation, les objets sont alimentés par pile. Pour que celle-ci dure le plus longtemps possible, la consommation des objets, majoritairement due à leur partie radio[21], doit être la plus faible possible. Des durées de vie de pile jusqu'à 10 ans sont souvent annoncées comme argument d'appel pour les technologies basées sur des LPWAN. Ces durées n'étaient jamais atteintes dans les réseaux pour l'IoT basse portée ou cellulaires présentés plus tôt dans cet article[3].

Pour parvenir Ă  ces faibles consommations :

  • Les LPWAN observent presque systĂ©matiquement une topologie Ă©toile. Celle-ci, outre un dĂ©ploiement Ă©conomique, permet une faible consommation Ă©lectrique globale du rĂ©seau constituĂ© par les objets et les passerelles. En effet, les objets sont reliĂ©s directement Ă  une (ou des) passerelle(s) sans nĂ©cessitĂ© d'implĂ©menter un quelconque routage consommateur d'Ă©nergie[22].
  • ImplĂ©mentĂ©e dans la couche MAC des objets, la mĂ©thode d'accès au support est plus simple chez les objets des LPWAN que chez les objets des rĂ©seaux Ă  faible portĂ©e ou cellulaires conventionnels. Pour prendre le cas extrĂŞme, la MAC est de type ALOHA dans les rĂ©seaux LPWAN comme LoRaWAN ou Sigfox. La consommation Ă©lectrique et le coĂ»t de production des transceivers Ă©quipant ces exemples sont donc plus faibles.
  • Quand c'est possible, les objets au sein des LPWAN observent un fonctionnement intermittent. Il est par exemple envisageable qu'ils se rĂ©veillent uniquement quand ils ont une donnĂ©e Ă  transmettre Ă  la passerelle. Ils peuvent aussi n'Ă©couter la passerelle qu'Ă  certains moments choisis, par exemple après avoir rĂ©alisĂ© une Ă©mission[note 2]. Évidemment, dans ces conditions, la latence des communications passerelles-objets n'est pas maĂ®trisĂ©e.

Remarque : Les nĹ“uds (objets et passerelles) d'un rĂ©seau utilisant les bandes ISM ne peuvent accĂ©der Ă  celles-ci qu'une certaine fraction du temps (duty-cycle) afin que tout le monde puisse s'en servir. En Europe, c'est l'organisme de normalisation ETSI qui fixe ces accès[23]. Par exemple, pour la sous-bande 868.0 - 868,6 MHz, le duty-cycle est de 1%, ce qui signifie que dans une heure glissante un objet ou une passerelle ne peuvent transmettre plus de 36 secondes. La puissance maximale d'Ă©mission est Ă©galement imposĂ©e. Elle vaut 25 mW (14 dBm) pour la sous-bande prise en exemple. Ces contraintes ont un effet bĂ©nĂ©fique sur la consommation.

Faibles coûts des objets, de leur exploitation et du déploiement du réseau

Le succès des LPWAN est conditionné à leur faible coût. Un coût d'achat de $ pour l'objet et un coût de connexion de $ / objet / an sont cités comme ordre de grandeur[21]. C'est davantage pour les LPWAN utilisant les bandes licenciées[18].

  • DĂ©jĂ  Ă©voquĂ©e, la rĂ©duction de la complexitĂ© matĂ©rielle baisse non seulement la consommation Ă©lectrique mais aussi le coĂ»t de l'objet.
  • Le fonctionnement sur pile pendant plusieurs annĂ©es Ă©vite une maintenance Ă©nergĂ©tique coĂ»teuse.
  • Le cas Ă©chĂ©ant, l'utilisation des bandes ISM permet une exploitation gratuite du spectre dans le cas de la constitution d'un rĂ©seau privĂ© ou bien elle influe favorablement le coĂ»t des abonnements dans le cas de l'utilisation d'un rĂ©seau public.
  • Enfin, la portĂ©e de plusieurs kilomètres des nĹ“uds rĂ©clame le dĂ©ploiement de peu de passerelles pour une zone gĂ©ographique donnĂ©e Ă  couvrir.

Grand nombre d'objets connectés

Un des challenges de l'IoT concerne la quantité d'objets à connecter. En 2018, il y en avait 7 milliards et on évalue leur nombre à 21.5 milliards en 2025[24]. Les LPWAN vont prendre leur part dans cette croissance grâce à la scalabilité[21] qu'ils permettent. En effet :

  • Les objets sont Ă  faible consommation et Ă  bas coĂ»t.
  • Plusieurs communications peuvent avoir lieu en mĂŞme temps par l'usage de canaux et d'antennes multiples.
  • Des mĂ©canismes d'adaptation sont prĂ©vus pour choisir le meilleur canal, la meilleure modulation et adapter le dĂ©bit en fonction des conditions.
  • Pour certaines technologies, la redondance de message amĂ©liore le taux de succès des transmissions.

Cela dit, il y a une différence entre les LPWAN exploitant les réseaux cellulaires pour l'IoT (LTE-M, NB-IoT) et ceux comme Sigfox, LoRaWAN ou Wize exploitant les bandes ISM. Dans le premier cas, au prix d'un coût financier et énergétique, on a des bandes réservées permettant une gestion fine de la coordination entre éléments, procurant une Qualité de Service (Quality of Service ou QoS) avec des latences maîtrisées (de l'ordre de 10 ms pour LTE-M, jusqu'à 10 s pour NB-IoT[25]). Dans le second cas, malgré les mécanismes évoqués, les collisions sont nombreuses (en raison de la simplicité de la couche MAC), le QoS n'est pas défini et la scalabilité n'est pas aussi bonne (ordre de grandeur : quelques milliers de nœuds par passerelle LoRaWAN[26]).

Quelques exemples de technologies LPWAN

Nous avons choisi de présenter les caractéristiques de seulement quatre exemples de réseaux LPWAN, deux de type bas débit fonctionnant sur les bandes ISM, LoRaWAN et Sigfox, et deux fonctionnant sur des bandes licenciées de téléphonie cellulaire : NB-IoT et LTE-M.

Les chiffres ont été obtenus en croisant les données présentes dans les références citées en bibliographie. Il s'agit surtout de donner des ordres de grandeur et de montrer la grande hétérogénéité des caractéristiques des réseaux LPWAN.

Sigfox LoRaWAN NB-IoT LTE-M
Modulation UNB DBPSK (UL), GFSK (DL) CSS - Modulation LoRa QPSK 16 QAM
Bande Sub-GHz ISM :

868 MHz (Europe)

915 MHz (AmĂ©rique du Nord)

433 MHz (Asie)

Sub-GHz ISM :

868 MHz (Europe)

915 MHz (AmĂ©rique du Nord)

433 MHz (Asie)

LicenciĂ©e LTE 700-900 MHz LicenciĂ©e LTE 700-900 MHz
DĂ©bit 100 bit/s (UL) / 600 bit/s (DL) 0.3 Ă  37.5 kbit/s 100 kbit/s 1 Mbit/s
PortĂ©e 10 km (urbain) / 50 km (rural) 5 km (urbain) / 15 km (rural) 1 km (urbain) / 10 km (rural) < 10 km
MAC ALOHA ALOHA SC-FDMA (UL) / OFDMA (DL)[25] SC-FDMA, 16 QAM (UL) /

OFDMA, 16 QAM (DL)[25]

Topologie Ă©toile Ă©toile d'Ă©toiles Ă©toile Ă©toile
Charge utile max. (octets) 12 (UL) / 8 (UL) jusqu'Ă  250 1600[18] au moins 1000[27]
Sécurité sur la partie radio :

authentification, chiffrement

pas de chiffrement par défaut AES 128 bits basée sur LTE basée sur LTE
Mise Ă  jour Over The Air

du firmware

non possible mais complexe possible possible
QoS non non définissable définissable
Scalabilité + + ++ ++
Mobilité Oui. Les objets joignent

plusieurs passerelles.

Oui. Les objets joignent

plusieurs passerelles.

Non (pas de handover supporté)[28].

Pour objets fixes.

Oui (handover supporté)
Durée de vie de batterie > 10 ans 10 ans <10 ans << 10 ans
Coût (objets, exploitation) $ $$ $$$ $$$
Technologie propriétaire toute la pile couche PHY toute la pile toute la pile
Organisme de standardisation (SDO)

ou Groupe d'intérêt (SIG)

pas pour l'instant (2020) LoRa Alliance (SIG) 3GPP (SDO) 3GPP (SDO)
Déploiement opérateur Sigfox opérateurs / réseau privé opérateurs opérateurs

Challenges et perspectives dans les LPWAN

Nécessité de standardisation

  • Les LPWAN constituent un nouveau type de rĂ©seaux pour l'IoT, avec plus d'une dizaine de solutions proposĂ©es. MĂŞme si quelques technologies s'imposeront, le besoin de standardisation est important. Ainsi, l'ETSI (European Telecommunications Standards Institute) a par exemple proposĂ© en 2014 le standard LTN (Low Throughput Network) Ă  l'attention des solutions LPWAN Ă  faible dĂ©bit. Une architecture fonctionnelle ainsi que des interfaces et protocoles sont dĂ©finis sans toutefois imposer la couche PHY. Sigfox, Telensa et Semtech (Ă  l'origine de la modulation LoRa) sont impliquĂ©s dans cette standardisation[29].
  • Il n'y a pas de bande ISM unique Sub-GHz dans le monde. Par exemple, en Europe, on dispose de la bande des 868 MHz alors qu'aux États-Unis il s'agit de la bande des 915 MHz. La bande 2,4 GHz est commune au monde mais elle est moins intĂ©ressante du point de vue de la portĂ©e.

Sécurité

  • En aval de la passerelle, les matĂ©riels rencontrĂ©s (rĂ©seau intermĂ©diaire, serveurs) implĂ©mentent des mĂ©canismes classiques de chiffrement et authentification. Ces matĂ©riels ne sont pas contraints quant aux ressources. Sur la partie radio (objets - passerelle), on a affaire Ă  des communications sans fil certes souvent chiffrĂ©es et authentifiĂ©es mais qui sont par nature ubiquitaires. La gestion de la sĂ©curitĂ© est donc complexe puisque les signaux transportĂ©s peuvent ĂŞtre facilement capturĂ©s par des attaquants Ă©quipĂ©s de circuits d'espionnage dĂ©diĂ©s Ă  un protocole ou de radio logicielles (Software-Defined Radio ou SDR) gĂ©nĂ©riques. La synthèse de signaux par les attaquants est Ă©galement possible avec ce type d'appareils. Il faut donc anticiper les rĂ©ponses Ă  des questions comme : "Une Ă©coute passive peut-elle rĂ©vĂ©ler des informations ?", "Comment l'objet A peut-il ĂŞtre sĂ»r que c'est bien la passerelle B qui lui parle ?" ou "Que se passe-t-il en cas de brouillage ?". Le challenge est dans l'implĂ©mentation de systèmes de dĂ©fense et de prĂ©vention dans des objets qui sont Ă  faibles ressources. Il faut noter qu'une technologie comme Sigfox ne prĂ©voit pas par dĂ©faut le chiffrement des communications radio, c'est au dĂ©veloppeur de gĂ©rer cet aspect s'il le souhaite.
  • La mise Ă  jour Over The Air du firmware de l'objet est complexe voire impossible dans le cas des rĂ©seaux LPWAN bas dĂ©bit. C'est un problème dans le sens oĂą, au cours de la vie d'un objet, des vulnĂ©rabilitĂ©s peuvent apparaĂ®tre sans qu'il y ait possibilitĂ© de mettre Ă  jour son micrologiciel.

L'arrivée de NB-IoT et LTE-M et leur intégration dans la 5G

L'arrivée des réseaux cellulaires pour l'IoT NB-IoT et LTE-M, déjà déployés en France en 2020 et qui feront partie intégrante de la 5G, risque de fortement redessiner le paysage des LPWAN dans les années à venir. Plus grand débit, existence d'une Qualité de Service, faible latence et roaming sont des avantages importants, à contrebalancer toutefois avec une consommation électrique et des coûts d'exploitation plus élevés que ceux des réseaux LPWAN type Sigfox ou LoraWAN.

Quant à ces derniers réseaux, c'est justement en regard de leurs aspects très faible consommation et très bas coût qu'ils vont pouvoir poursuivre leur développement en complétant les réseaux cellulaires pour l'IoT[30] - [17]. En outre, la possibilité avec LoRaWAN ou Wize de pouvoir constituer un réseau privé sans passer par un opérateur est un avantage sur ses concurrents.

Notes et références

Notes

  1. Ces "mises à jour dans l'air" (Over The Air updates) sont fondamentales pour la sécurité.
  2. Cas d'un nœud Sigfox ou d'un nœud LoRaWAN fonctionnant en classe A.

Références

Bibliographie

Articles

  • (en) H. A. A. Al-Kashoash et Andrew H. Kemp, « Comparison of 6LoWPAN and LPWAN for the Internet of Things », Australian Journal of Electrical and Electronics Engineering, vol. 13, no 4,‎ , p. 268–274 (ISSN 1448-837X et 2205-362X, DOI 10.1080/1448837X.2017.1409920, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Usman Raza, Parag Kulkarni et Mahesh Sooriyabandara, « Low Power Wide Area Networks: An Overview », IEEE Communications Surveys Tutorials, vol. 19, no 2,‎ secondquarter 2017, p. 855–873 (ISSN 2373-745X, DOI 10.1109/COMST.2017.2652320, lire en ligne, consultĂ© le )
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Ouvrages

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