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Louise Moreau de Lassy

Louise Moreau de Lassy, nĂ©e d'Avezac de Castera[1] en 1782[2] - [3] - [n. 1], morte en 1860[5], d'origine française, Ă©pousa Edward Livingston, qui fut secrĂ©taire d'État amĂ©ricain sous la prĂ©sidence de Jackson. L'implication de son Ă©poux la mit en rapport avec les personnalitĂ©s les plus importantes de l'Ă©poque. Elle fut « remarquable, Ă  Washington comme ailleurs, pour sa beautĂ© personnelle et son intelligence Â»[6].

Louise Moreau de Lassy
Biographie
Naissance
Décès
Fratrie
Conjoint
Enfant
Cora Livingston (d)
Avis de mariage de 1805 évoquant la brièveté du patronyme de la mariée et la longueur de son sac.

1782 Ă  1805

Louise Ă©tait la fille de Jean-Pierre d'Avezac[7], un riche[8] planteur de canne Ă  sucre de Saint-Domingue[9], qui, avec 800 esclaves[6], Ă©tait un « grand blanc Â»[10], mais n'en Ă©tait pas moins « nĂ©grophile Â»[11]. Ă€ l'âge de treize ans, elle fut mariĂ©e Ă  Louis[12] Moreau de Lassy, un ancien capitaine[7] de l'armĂ©e française qui avait achetĂ© de la terre Ă  la JamaĂŻque, oĂą il l'emmena rĂ©sider[13]. En 3 ans, elle eut de lui 3 enfants, tous morts Ă  un très jeune âge, puis son mari mourut[14] et elle retourna vivre chez son père[13]. Une partie de la famille mourut durant l'insurrection de 1803[n. 2]. Louise, sa jeune sĹ“ur Aglae, une tante et deux cousins, Ă©chappant de peu au massacre, Ă©migrèrent, par diffĂ©rents bateaux, Ă  la Nouvelle-OrlĂ©ans[15] - [n. 3]. Ils seront rejoints par le frère de Louise, le futur major Auguste Davezac de Castera.

La Nouvelle-Orléans connaissait alors une période de transition. Elle était encore sous contrôle espagnol, quand bien même l'Espagne avait, de par le traité de San Ildefonso de 1800, rétrocédé la Louisiane à la France. La mise en pratique de cette rétrocession fut immédiatement suivie de l'annonce de la vente de la Louisiane par Bonaparte aux États-Unis. La déclaration officielle de la fin de l'allégeance espagnole, le , fut suivie, le par l'entrée en fonction de William C. C. Claiborne, le premier gouverneur américain[18]. Les d'Avezac, en tant que créoles des Antilles, furent accueillis chaleureusement, leur courage dans l'adversité suscitant l'admiration et la sympathie[19]. Madame Moreau et sa sœur vécurent d'abord dans une humble demeure, réussissant à subsister sans travailler grâce à la vente de quelques bijoux[20].

1805 Ă  1822

En juillet[12] 1805[21], Louise Moreau Ă©pousa l'avocat amĂ©ricain Edward Livingston, un brillant politicien de New York venu s'installer en Louisiane, qui rĂ©cupĂ©ra des terres inondables rĂ©putĂ©es publiques, au bord du Mississippi Ă  Batture, pour en faire des plantations de riz. Edward Livinston Ă©tait lui-mĂŞme veuf et père de deux enfants[22]. Au dĂ©but de leur mariage, ils parlaient français, Louise ne parlant pas encore anglais[23]. Leur salon devint un point de passage obligĂ© pour tous les Ă©trangers qui visitaient la Nouvelle-OrlĂ©ans et il Ă©tait rare qu'un visiteur français n'apportât pas une lettre du gĂ©nĂ©ral Lafayette Ă  son mai Livingston[24]. Ă€ cette Ă©poque, Madame Livingston Ă©tait « singulièrement frappante, Ă©lancĂ©e, dĂ©licate et merveilleusement gracieuse, une hĂ´tesse Ă  l'instar de celles dont s'enorgueillissait la France Â»[24]. Elle se comparait elle-mĂŞme, pour rire, dans son rapport Ă  son Ă©poux, Ă  la cuisinière de Molière, sur laquelle ce dernier expĂ©rimentait ses idĂ©es et avançait rapidement dans sa maĂ®trise de l'anglais[25]. En 1806 naquit Cora, la seule enfant du couple[26].

En 1814, après l'entrée en guerre des États-Unis contre l'Angleterre, Livingston dirigea le comité chargé d'accueillir le général Jackson à la Nouvelle-Orléans[27]. Son amitié étroite avec ce dernier date de cette époque. Il devint son aide de camp, son secrétaire militaire et son conseiller[27].

1822 Ă  1833

En 1822, Livingston fut Ă©lu au Congrès, reprĂ©sentant de la Louisiane[28]. Le couple partit vivre Ă  Washington. Dans une lettre de 1824, Louise Livingston dĂ©crit la ville comme très sinistre, « ni un village, ni une grande ville, mais combinant les inconvĂ©nients des deux Â»[29]. Peu après l'accession de Jackson Ă  la prĂ©sidence des États-Unis, Livingston fut nommĂ© secrĂ©taire d'Ă©tat[30]. Le salon de son Ă©pouse devint un centre de la vie mondaine de la communautĂ© Ă©trangère dans la capitale[31]. Louise Livingston montra un « talent spĂ©cial Â» dans l'accomplissement de ses devoirs d'hĂ´tesse[30]. « MĂŞme l'animositĂ© politique Ă©tait contenue par ses manières charmantes et conciliantes Â», en accord avec sa beautĂ© encore remarquable[30]. Sans avoir perdu son accent français, elle prĂ©fĂ©rait dĂ©sormais l'anglais pour s'exprimer sur les sujets sĂ©rieux[30].

1833 Ă  1834

En 1833, Livingston accepta une mission diplomatique en France[32]. Ce fut l'occasion pour Louise, pourtant née française, de s'y rendre pour la première fois[33]. Durant ce séjour, le couple fréquenta Thiers[34], Guizot[34], Chateaubriand[35] et Madame Récamier[35]. Louise Livingston se montra particulièrement attentive à la défense des intérêts des États-Unis, son pays d'adoption[36].

1835 Ă  1860

Après leur retour à Washington, Edward Livingston mourut en 1836[37]. Sa veuve dut faire face à des difficultés financières[38]. Elle fit quelques brefs voyages à la Nouvelle-Orléans, pour régler les affaires de son mari[39], et revint à Washington, où elle mena une vue retirée jusqu'à son décès en 1860[40].

Notes

  1. Et non 1785[4] ou 1786[5] comme indiqué par certains auteurs.
  2. Le père, les deux frères aînés et la grand-mère selon une source[15]; les seuls deux frères selon une autre, qui rapporte que le père mourut plus tard à Norfolk, en Virginie, de la fièvre jaune[16].
  3. On estime qu'environ un millier de réfugiés de Saint-Domingue arrivèrent à la Nouvelle Orléans en provenance, comme les d'Avezac, de la Jamaïque[17].

Références

  1. (en)Julius Klein, Milledge Bonham et Grosvenor Jones, « Edward Livingston and Hispanic America », The Hispanic American Historical Review, vol. 2, no 3,‎ , p. 468
  2. Fries Ellet, p. 202
  3. Livingston Hunt, p. 7
  4. (en) Who was who in America: a companion biographical reference work to Who's who in America, vol. 1, Marquis-Who's Who, (lire en ligne), p. 387
  5. (en) Harold Moser, J. Clint Clift et Wyatt C. Wells, The Papers of Andrew Jackson: 1825-1828, vol. 6, Univ. of Tennessee Press, (ISBN 9781572331747, lire en ligne), p. 135
  6. Livingston Hunt, p. 16
  7. (en) Nelson Osgood Rhoades, Colonial families of the United States of America: in which is given the history, genealogy and armorial bearings of colonial families who settled in the American colonies from the time of the settlement of Jamestown, 13th May, 1607, to the battle of Lexington, 19th April, 1775, vol. 6, Grafton Press, , p. 336
  8. (en) Adam Rothman, Slave country: American expansion and the origins of the Deep South, Harvard University Press, (ISBN 9780674016743, lire en ligne), p. 79
  9. Fries Ellet, p. 203
  10. (en)Thomas Fieher, « Saint-Domingue/Haiti: Louisiana's Caribbean Connection », Journal of the Louisiana Historical Association, vol. 30, no 4,‎
  11. Livingston Hunt, p. 17
  12. (en) Robert Williams Barnes, Marriages and deaths from the Maryland gazette, 1727-1839, Genealogical Publishing Com, (ISBN 9780806305806), p. 114
  13. Livingston Hunt, p. 18
  14. (en) Mary Smith Lockwood, Yesterdays in Washington, vol. 1, Commonwealth Company, , p. 175
  15. Hunt 1864, p. 125
  16. Livingston Hunt, p. 12
  17. (en)Paul Lachance, « The 1809 Immigration of Saint-Domingue Refugees to New Orleans: Reception, Integration and Impact », Journal of the Louisiana Historical Association, vol. 29, no 2,‎ , p. 111
  18. Livingston Hunt, p. 23
  19. Livingston Hunt, p. 25
  20. Livingston Hunt, p. 26
  21. (en) H.L. Mencken, American Mercury Magazine May to August 1924, Kessinger Publication, (ISBN 9780766164765, lire en ligne)
  22. Livingston Hunt, p. 30
  23. Livingston Hunt, p. 31
  24. Livingston Hunt, p. 39
  25. Livingston Hunt, p. 40
  26. Livingston Hunt, p. 41
  27. Livingston Hunt, p. 51
  28. Livingston Hunt, p. 72
  29. Livingston Hunt, p. 75
  30. Livingston Hunt, p. 98
  31. Livingston Hunt, p. 108
  32. Livingston Hunt, p. 109
  33. Livingston Hunt, p. 114
  34. Livingston Hunt, p. 115
  35. Livingston Hunt, p. 120
  36. Livingston Hunt, p. 121
  37. Livingston Hunt, p. 143
  38. Livingston Hunt, p. 146
  39. Livingston Hunt, p. 147
  40. Livingston Hunt, p. 173

Bibliographie

  • (en) Albert S. Hunt, Remarks made at the funeral of Mrs. Louise Livingston, widow of Edward Livingston, October 28th, 1860, (lire en ligne)
  • (en) Elizabeth Fries Ellet, The court circles of the republic: or, The beauties and celebrities of the nation; illustrating life and society under eighteen presidents; describing the social features of the successive administrations from Washington to Grant, Hartford, (lire en ligne), p. 202-226
  • (en) Charles Havens Hunt, Life of Edward Livingston, D. Appleton and Company, (lire en ligne)
  • (en) Louise Livingston Hunt, Memoir of Mrs. Edward Livingston : with letters hitherto unpublished, New York, Harper, (lire en ligne)

Articles connexes

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