Louis Réard

Louis Réard naît le 10 octobre 1896 à Lille[1], de Dominique Léon Réard, employé, et de Marie Eugénie Dufrenoy, son épouse[2], deux Parisiens mariés à Lille en 1891[3]. Pendant la Première Guerre mondiale, orphelin de père, il est évacué du département du Nord et est établi comme étudiant à Paris, 54, rue d'Hauteville[4]. Devenu fabricant de tricots, il se marie une première fois en 1928[5], puis, après avoir divorcé en 1936, une seconde fois en 1953[2].

En 1928, Louis Réard dépose les marques d'articles de tricot « Reara » et « R »[6] et l'année suivante, il crée avec deux associés les Établissements Réard, une société de fabrication de bonneterie établie 24, rue du Sentier[7].

En 1946, bien que Réard soit un ingénieur, il gère la boutique de sa mère « Les Folies Bergère » à Paris[8]. Ces années-là, Réard et Jacques Heim sont des concepteurs rivaux, en compétition pour créer le plus petit maillot de bain au monde. Heim développe son maillot de bain et l’appelle « Atome » en annonçant que c'est « le plus petit maillot de bain »[9] - [10].

En 1946, Louis Réard présente le bikini. Son maillot de bain est essentiellement un soutien-gorge à deux triangles de tissu inversés, reliées par des cordes, et il est nettement plus petit que l'« Atome ». Il commercialise sa création avec la phrase « plus petit que le maillot de bain le plus petit au monde ». Il appelle sa création le bikini, d'après l'atoll Bikini[10] - [11]. L'idée lui est venue en regardant les femmes retrousser leurs vêtements de plage pour obtenir un meilleur bronzage[12].

Réard ne trouve pas de modèle qui ose porter sa création. Il finit par embaucher Micheline Bernardini, une danseuse nue du Casino de Paris en tant que mannequin[13]. Le bikini, avec un imprimé papier journal, est « officiellement » présenté le 5 juillet 1946 à un événement de la mode à la piscine Molitor, une piscine publique populaire de Paris. Le bikini a du succès et Bernardini reçoit quelque 50 000 lettres de fans[10]. La création de Heim est quant à elle le premier de ce genre de vêtement à être porté sur la plage, mais c'est le bikini de Louis Réard qui lui a donné son nom[12]. Avec cette création les affaires Réard grimpent en flèche.

En publicitaire avisé, l'ex-ingénieur automobile qu'est Louis Réard fait réaliser un extravagant véhicule de « réclame », à partir d'une Packard 8 cylindres 1937 : il s'agit d'un « yacht de la route », une création du carrossier Chapron, qui imite un cabin cuiser de luxe, avec tous les détails nautiques tels qu'ancre, hublots, mât de pavillon, chaumards/taquets d'amarrage, sirène de brume et un cockpit arrière servant de présentoir à un ravissant équipage de jeunes filles en bikini.

Incorporé à la caravane publicitaire du Tour de France, l'« embarcation » et son « équipage » font sensation dans la France profonde des années 1950.

Plus tard, en 1980, Réard déménage avec sa femme à Lausanne en Suisse. Il y meurt en 1984, à l'âge de 86 ans[14].