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Louis Jurine

Louis Jurine est un médecin, chirurgien et naturaliste suisse, né à Genève, République de Genève, en 1751 et mort à Chougny, commune de Vandœuvres, près de Genève, en 1819.

Louis Jurine
Biographie
Naissance
Décès
Nationalités
suisse (Ă  partir de )
République de Genève
Activités
Enfant
Christine Etiennette Pernette Jurine (en)
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Abréviation en zoologie
Jurine

Biographie

Louis Jurine est le fils de SĂ©bastien Jurine, tisserand, et d'Anne-Esther Favre. Il Ă©pouse en 1774 Louise-Pernette Bonnet.

AgrĂ©gĂ© au collège des chirurgiens de Genève dès 1773, il complète sa formation Ă  Paris et devient docteur en chirurgie en 1775. Admis Ă  la bourgeoisie de Genève (1776), il ouvre ensuite une boutique de barbier chirurgien, puis devient l'un des trois chirurgiens de l'HĂ´pital gĂ©nĂ©ral (1781). Il se dĂ©couvre peu après une passion pour l'histoire naturelle Ă  la lecture des ouvrages de Jean-AndrĂ© Deluc, en particulier ses Lettres physiques et morales sur l'Histoire de la Terre et de l'Homme (1779-1780). Il semble que la passion pour la botanique de son ami Henri-Albert Gosse ait Ă©galement jouĂ© un rĂ´le et Jurine se constitue bientĂ´t un herbier de près de 1 300 espèces, indigènes pour la plupart.

Il mène ensuite une double carrière de praticien et de savant médecin et naturaliste. Comme chirurgien et médecin, il acquiert assez vite une clientèle réputée, de sorte qu'il vend sa boutique de barbier-chirurgien dès 1783 et démissionne de l'hôpital général en 1786[1]. Il est bientôt appelé à soigner des cas graves en dehors de Genève et jusqu'à Berne. Il exerce d'ailleurs brièvement à Berne en 1797-1798. La Société des Arts l'appelle en 1787 à donner des cours d'anatomie aux élèves de l'École de dessin. Mais sa réputation augmente également grâce à un Mémoire eudiométrique sur les gaz du corps humain (1787) et à un Mémoire sur l'allaitement artificiel (1788), tous deux couronnés par la Société de médecine de Paris. D'autres mémoires importants, sur le croup (1812) et sur l'angine de poitrine (1813), seront également couronnés, l'un, en 1807, par un grand prix institué par Napoléon Ier, l'autre par une médaille d'or de la Société de médecine de Paris.

En tant que naturaliste, Jurine se signale d'abord comme collectionneur de minéraux, d'insectes et d'oiseaux[2], auteur de plusieurs inventaires d'espèces indigènes[3] - [4], et comme spécialiste de la géologie du Mont-Blanc[5]. En 1794, il démontre le rôle de l'ouïe dans l'orientation des chauves-souris. Cette démonstration expérimentale se heurte cependant au scepticisme de beaucoup de ses collègues et son mémoire restera pour cette raison inédit[6]. La validité de ce travail ne sera établie qu'en 1941 par Donald Griffin et Robert Galambos, après la découverte des ultra-sons.

Dès la fin des années 1790, Jurine s'appuie sur ses collections pour élaborer, avec l'aide de sa fille Christine[7], qui est aussi excellente dessinatrice, une classification alaire des Hyménoptères. Le premier volume est publié en 1807, tandis que les autres, consacrés aux micro-hyménoptères et aux Diptères, sont demeurés inédits[8].

Jurine est, à partir de 1791, l'un des membres les plus assidus de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, et à partir de 1803 l'une des chevilles ouvrières de la Société des naturalistes genevois.

En 1802, Jurine est nommé professeur honoraire d'anatomie et de chirurgie à l'Académie de Genève et, en 1809, professeur de zoologie. Ces titres essentiellement honorifiques viennent surtout récompenser son dévouement pour la Société des Arts. Genève lui doit également la fondation de l'Hospice de la maternité (1807).

Jurine fut l'un des premiers à décrire, à partir de 1794, le zooplancton lacustre. Le résultat de ses observations sera publié, juste après sa mort, dans une Histoire des Monocles qui se trouvent aux environs de Genève (1820). Cette étude de mœurs se situe dans le prolongement des travaux de Charles Bonnet sur les insectes et d'Abraham Trembley sur les polypes d'eau douce[9]. Jurine s'est aussi occupé d'inventorier les poissons du lac Léman (posthume, 1825)[10].

Il eut comme élève Frédéric Soret[11], qui lui dédia une espèce minérale, la jurinite. Il s'avéra toutefois par la suite qu'il s'agissait d'une espèce déjà décrite, la brookite.

Son cabinet d'histoire naturelle était l'un des plus visités de Genève, avec celui des frères Deluc et celui de Horace-Bénédict de Saussure. Sa collection de minéraux, d'une richesse exceptionnelle, a été acquise par la Sorbonne. Elle est aujourd'hui dispersée. Une partie de sa collection d'insectes se trouve toujours conservée dans ses cadres d'origine au Muséum d'histoire naturelle de Genève.

Iconographie

  • Planche de la Nouvelle mĂ©thode de classer les HymĂ©noptères et les Diptères (1807). Dessin de Christine Jurine.
    Planche de la Nouvelle méthode de classer les Hyménoptères et les Diptères (1807). Dessin de Christine Jurine.
  • DĂ©tail de la planche 13 de l'Histoire des monocles (1820). Dessin de Christine Jurine. Gravure de Jean-Louis Anspach.
    DĂ©tail de la planche 13 de l'Histoire des monocles (1820). Dessin de Christine Jurine. Gravure de Jean-Louis Anspach.

Publications

Bibliographie

  • Vincent Barras, « Louis Jurine » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  • « Croup », dans Édouard Monneret et Louis de La Berge, Compendium de mĂ©decine pratique ou ExposĂ© analytique et raisonnĂ© des travaux contenus dans les principaux traitĂ©s de pathologie interne, vol. 2, BĂ©chet Jeune, 1837, p. 556-597.
  • (en) David M. Damkaer, « Monument to a much-loved daughter », dans The copepodologist's cabinet : a biographical and bibliographical history, American Philosophical Society, (lire en ligne).
  • [Sigrist 1999] RenĂ© Sigrist, Vincent Barras et Marc Ratcliff, Louis Jurine : chirurgien et naturaliste (1751-1819), Genève, Georg, 1999. — Comprend une liste des Ĺ“uvres de Jurine.
  • (en) Adrian Marston, « Louis Jurine (1751-1819): chirurgien et naturaliste. », Journal of Medical Biography, SAGE Publications, vol. 20, no 1,‎ , p. 15-16 (ISSN 0967-7720 et 1758-1087, OCLC 488592086, PMID 22499602, DOI 10.1258/JMB.2009.009017)
  • Jean WĂĽest, « Louis Jurine (1749-1819), mĂ©decin et entomologiste », Bulletin romand d'entomologie, MHNG, vol. 13,‎ , p. 84-106 (ISSN 0256-3991)
  • Vincent Monnet, « Louis Jurine, entre ombre et lumière », dans 48 Campus, no 123.

Notes et références

  1. Micheline Louis-Courvoisier et Vincent Barras, «Histoire naturelle d'un chirurgien : Louis Jurine », dans Sigrist 1999, p. 53-78.
  2. René Sigrist et Éric Asselborn, « Les richesses d'un cabinet », dans Sigrist 1999, p. 81-124.
  3. (de) Louis Jurine, « Benennung der seltenen Insekten im Chamouni-Tal », Neues Bergmännisches Journal,‎ , p. 186-192.
  4. Louis Jurine, « Histoire abrégée des poissons du lac Léman », Mémoires de la SPHN,‎ , p. 133-235.
  5. Albert V. Carozzi, « La théorie de l'origine des montagnes primitives de Louis Jurine, 1797 et 1804 », dans Sigrist 1999, p. 351-376.
  6. Colàn Mac Arthur, « Le mémoire sur l'orientation des chauves-souris », dans Sigrist 1999, p. 273-328.
  7. NĂ©e en 1777, morte en 1812.
  8. René Sigrist et Patrick Bungener, « Système ou méthode, forme ou structure : les dilemmes du systématicien, dans Sigrist 1999, p. 125-179.
  9. René Sigrist, « L'Histoire des Monocles, ou comment observer les insectes un demi-siècle après Bonnet », dans René Sigrist et al. (éd.), Louis Jurine, chirurgien et naturaliste (1751-1819),‎ , p. 181-236.
  10. Patrick Bungener et Marc Ratcliff, « L'Histoire abrégée des poissons du lac Léman », dans Sigrist 1999, p. 237-269.
  11. Sur Soret et Jurine voir Gaspard Monge, « Mirage », dans Dictionnaire chronologique et raisonné des découvertes, t. 11, 1823, p. 444.
  12. Gillet-Laumont, ou, peut-être mieux, François Pierre Nicolas Gillet de Laumont, minéralogiste. Consulter : Minéralogie de la France, 1901, p. 231 et 357.
  13. Réédition : « Mémoire sur l'angine de poitrine », dans un ouvrage collectif, 1855.
  14. TraitĂ© sur le croup, avec une prĂ©face et des commentaires de J. A. Albers. Ce travail a Ă©tĂ© traduit d'après le manuscrit par Philipp Cornelius Heineken. L'auteur de la prĂ©face est le mĂ©decin allemand Johann Abraham Albers (de).

Liens externes

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