Accueil🇫🇷Chercher

Louis-Antoine Jullien

Louis-Antoine Jullien[1], né le à Sisteron[2] et mort le à Neuilly-sur-Seine[3], est un compositeur et chef d'orchestre français.

Louis-Antoine Jullien
Lithographie de V. Guillet
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  47 ans)
Neuilly-sur-Seine
SĂ©pulture
Noms de naissance
Louis (George Maurice Adolphe Roch Albert Abel Antonio Alexandre Noé Jean Lucien Daniel Eugène Joseph-le-Brun Joseph-Barême Thomas Thomas Thomas-Thomas Pierre Arbon Pierre-Maurel Barthélémi Artus Alphonse Bertrand Dieudonné Emanuel Josué Vincent Luc Michel Jules-de-la-plane Jules-Bazin Julio César) Julien, Louis Antoine Jullien
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Mouvement
Maîtres
Fromental Halévy, Adolphe Le Carpentier (d)

Biographie

Article sur le Quadrille des Huguenots de Jullien dans Le Menestrel en juin 1836.

Fils de Jean-Baptiste Antoine Jullien marchand, chef de musique d'harmonie de régiment, qui apprit à jouer de la flûte et de plusieurs autres instruments, le jeune Jullien, élevé comme enfant de troupe dans une caserne, commença sa carrière par la position de petite flûte dans la musique du régiment où servait son père[4].

En , âgĂ© de vingt-et-un ans, il monta dans la capitale et se prĂ©senta au Conservatoire de Paris pour y faire des Ă©tudes de composition[4]. Admis le , il entra dans une classe prĂ©paratoire de contrepoint, oĂą il reçut des leçons de Le Carpentier (de)[4]. Ne comprenant pas l’utilitĂ© des Ă©tudes Ă©lĂ©mentaires qu’on lui faisait faire, il demanda l’autorisation de suivre le cours d’HalĂ©vy, et y entra le , mais ce fut pour y retrouver encore le terrible contrepoint, dont le nom seul lui donnait des vertiges[4]. « Je suis venu ici pour apprendre la composition, disait-il, et non pas le contrepoint. Â» On lui rĂ©pondait : « Attendez : cela viendra Â», mais attendre n’était pas ce qu’il voulait[4]. Au lieu d’exercices sur les cinq espèces et sur les renversements Ă  l’octave et Ă  la douzième, il apportait Ă  HalĂ©vy des contredanses, des galops et des valses, et le maitre finit par ne plus s’occuper de lui[4]. Julien frĂ©quenta ainsi le cours jusqu’au commencement de , puis il n’y revint plus ; il disparait des contrĂ´les le de cette annĂ©e[4].

Il venait de proposer à l’entrepreneur du Jardin Turc, lieu de divertissement parisien de l’époque sis boulevard du Temple, d’y établir des concerts de contredanses pour toutes les soirées d’été : son projet ayant été apprécié, il s’était mis immédiatement à l’œuvre[4]. Il acquiert rapidement une forte notoriété, à la fois pour ses nombreuses compositions de musique légère (quadrilles, polkas…) et pour ses effets de mise en scène (coups de canon, feux d’artifice et autres excentricités multiples). Bientôt tout Paris courut à ces concerts de danse : ce fut une véritable folie[4].

Il dirige également dans de prestigieuses salles parisiennes (dont l’Opéra, à l’occasion des Bals de l’Opéra). Ses musiques de danses remportent un grand succès au Carnaval de Paris. Il est souvent considéré comme le rival de Philippe Musard, en son temps autre célèbre compositeur de musique festive de danses de Paris au XIXe siècle. Ayant engagé plus de dépenses dans l’entreprise du Jardin Turc que les recettes ne lui rapportaient, il doit procéder, au mois de , à une cession de biens pour échapper à ses créanciers, qui le menaçaient de la prison pour dettes[4].

Ne possĂ©dant plus que son talent de compositeur de danses et son Ă©nergie, et l’Angleterre Ă©tant le pays qui lui offrait les chances les plus favorables, il alla s’y Ă©tablir dans cette mĂŞme annĂ©e [4]. Il devait y passer vingt ans dans une alternative de bonne et de mauvaise fortune, mais en y jouissant d’une popularitĂ© qui n’avait pas connu d’exemple auparavant, et qui jamais ne fut compromise[4]. Son activitĂ© productrice tenait du prodige ; car les quadrilles, valses et polkas qu’il Ă©crivit pour son orchestre se comptent par milliers[4]. Ses fameux « concerts promenades », dont le prix d’entrĂ©e n’était que d’un shilling, Ă©taient assiĂ©gĂ©s par une foule compacte chaque soir[4]. Composant son orchestre des meilleurs artistes, on y vit aux pupitres de premiers violons Vieuxtemps, Sivori, Sainton, et les plus grandes cĂ©lĂ©britĂ©s, au nombre desquelles on remarque Marie Pleyel, s’y firent entendre[4]. Intelligent et ferme, il donnait de l’entrain Ă  l’exĂ©cution[4].

Jullien caricaturĂ© par Roubaud dans sa sĂ©rie de caricatures « Le PanthĂ©on charivarique Â» dans le Charivari.

Ses « concerts monstres », mĂ©lange de musique classique et de musique lĂ©gère, assemblent des milliers de personnes malgrĂ© des critiques parfois fortes. Hardi, tĂ©mĂ©raire mĂŞme dans ses entreprises, il ne reculait devant aucune difficultĂ©, et parcourut pendant plusieurs annĂ©es toute l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande, avec tout son orchestre et ses solistes, s’arrĂŞtant le matin dans une ville pour y donner un concert : se remettant en route deux heures après, avec tout son personnel et allant donner Ă  cent milles de lĂ  un autre concert dans la soirĂ©e du mĂŞme jour[4]. Il risqua mĂŞme Ă  entreprendre le voyage de l’AmĂ©rique avec tout son orchestre et sut, par son activitĂ©, par ses immenses bĂ©nĂ©fices, couvrir les dĂ©penses Ă©normes d’une telle spĂ©culation[4].

Une maison de commerce de musique, qu’il avait fondée à Londres, fournissait à Julien des bénéfices annuels considérables grâce à la vente de ses quadrilles, valses et polkas[4]. Sa fortune paraissait solidement assurée jusqu’au jour où il se mit dans la tête l’idée que la composition d’airs de danse ne conférait qu’une célébrité momentanée, et qu’il devait composer des opéras s’il voulait passer à la postérité[4]. Ayant résolu de se livrer à ce genre de travail, il consulta Fétis, qui lui expliqua le mécanisme et les effets de certains procédés de l’art d’écrire[4].

Un an après, en , n’ayant rĂ©ussi Ă  faire jouer l’opĂ©ra Pietro il Grande, ouvrage Ă©norme en cinq actes, dont il avait Ă©crit la partition, il fit la ruineuse acquisition de la prestigieuse salle londonienne de Drury Lane, oĂą non seulement il fit venir Berlioz, mais Ă©galement eut la satisfaction de faire enfin jouer, dans la saison de , son opĂ©ra[4], qui lui valut de fĂ©roces critiques. Ayant perdu, en outre, environ 16 000 livres sterling Ă  son entreprise, sa position en fut compromise, et il dut vendre sa maison de commerce de musique[4]. Cet Ă©chec n’ébranla pas son courage ; ayant l’espoir de rĂ©parer ses pertes, redoublant d’activitĂ©, il parvint Ă  augmenter la vogue de ses concerts : ses bĂ©nĂ©fices furent considĂ©rables, et de leur produit il acheta mĂŞme une propriĂ©tĂ© en Belgique, mais les dernières annĂ©es furent dĂ©sastreuses, et la part qu’il prit dans une entreprise de fĂŞtes et de concerts aux Jardins royaux de Surrey (en) en et acheva de le ruiner[4].

Poursuivi par ses crĂ©anciers, il fut arrĂŞtĂ© Ă  Paris et enfermĂ© Ă  la prison pour dettes[4]. Rendu Ă  la libertĂ© après quelques mois de dĂ©tention, il espĂ©rait se relever encore par de nouveaux efforts, mais la crise avait Ă©tĂ© trop forte[4]. Le , il donna les premiers signes d’aliĂ©nation mentale ; le lendemain la perte de sa raison Ă©tait complète ; il se frappa de deux coups de couteau, et l’on dut l’interner dans une maison de santĂ© de Neuilly-sur-Seine, oĂą il expira, un mois plus tard[4].

Selon FĂ©tis, il y avait en Julien quelque chose de plus qu’un compositeur de danses ; car, nonobstant les dĂ©fauts susceptibles d’attirer l’attention dans sa partition de Pietro il Grande, on y voit briller des inspirations soudaines, qui prouvent qu’avec une Ă©ducation mieux faite dans la jeunesse, il aurait pu se faire un nom distinguĂ© parmi les compositeurs dramatiques[4]. Dans ses ouvrages pour la danse, il n’a ni l’originalitĂ© de Strauss, ni l’élĂ©gance de Lanner, mais il a plus d’entrain et plus d’effet de rythme[4].

Notes et références

  1. L'état-civil officiel (actes de naissance et de décès) ne mentionnent que deux prénoms. Il faudrait consulter l'acte de baptême. Le nombre inhabituel de prénoms de Julien est dû au fait que son père, violoniste, invité à jouer à un concert donné par la Société philharmonique de Sisteron, ayant cru bienséant de demander à l’un des membres de l’orchestre d’être le parrain au baptême de son fils, chacun des membres voulant être le parrain, décida de le faire baptiser avec le nom de chacun des 36 membres de l’orchestre.
  2. Mairie de Sisteron, « Acte de naissance du 23/01/1812 photo 476/501 1MI5/1268 », sur AD Alpes -de-Haute-Provence (consultĂ© le ) : « Jean-Baptiste Antoine Jullien marchand nous a prĂ©sentĂ© un enfant que Anne Marie Franco son Ă©pouse a accouchĂ© ce jourd'hui Ă  4h du matin, auquel il a donnĂ© le prĂ©nom de LouĂŻs Antoine. »
  3. Mairie de Neuilly, « Acte de dĂ©cès n° 70 du 15/03/1860 photo 20/73 », sur AD Hauts-de-Seine (consultĂ© le ) : « Acte de dĂ©cès de Louis Antoine Jullien, compositeur de musique, dĂ©cĂ©dĂ© hier Ă  7h du soir, avenue de Madrid, n° 6, Ă©poux de Suzanne Faulconbridge, 37 a. Les prĂ©noms de Georges et Jules sont mentionnĂ©s puis barrĂ©s. »
  4. François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, t. 4, Paris, Firmin Didot, , 2e éd., 491 p. (lire en ligne), p. 454-456.

Voir aussi

Bibliographie

  • Michel Faul, Louis Jullien : musique, spectacle et folie au XIXe siècle, Biarritz, Atlantica-SĂ©guier, coll. « Privilèges Atlantica », , 146 p., illust. (ISBN 978-2-35165-038-7, OCLC 890529019, lire en ligne)
  • Theodore Baker et Nicolas Slonimsky (trad. de l'anglais par Marie-Stella Pâris, prĂ©f. Nicolas Slonimsky), Dictionnaire biographique des musiciens [« Baker's Biographical Dictionary of Musicians »], t. 2 : H-O, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (rĂ©impr. 1905, 1919, 1940, 1958, 1978), 8e Ă©d. (1re Ă©d. 1900), 4728 p. (ISBN 2-221-06787-8), p. 2009
  • JoĂ«l-Marie Fauquet (direction) (prĂ©f. JoĂ«l-Marie Fauquet), Dictionnaire de la Musique en France au XIXe siècle, Paris, Fayard, , 1405 p. (ISBN 2-213-59316-7)
  • (en) Stanley Sadie (prĂ©f. Stanley Sadie), The Grave Concise Dictionary of Music, Londres, Macmillan, (1re Ă©d. 1988), 909 p. (ISBN 978-0-333-43236-5)

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.