Lola de Valence
Lola de Valence est un tableau réalisé par le peintre Édouard Manet en 1862.
Artiste | |
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Date |
1862 |
Type | |
Technique |
huile sur toile |
Dimensions (H Ă— L) |
123 Ă— 92 cm |
Propriétaire | |
No d’inventaire |
RF 1991 |
Localisation |
Description
La toile représente une danseuse vêtue d'habits espagnols traditionnels (Lola Melea), et fait en quelque sorte écho au Chanteur espagnol, peint en 1860. Ces deux peintures sont caractéristiques de la période hispanisante du peintre, au cours de laquelle ce dernier était fortement influencé par l'art espagnol et Diego Vélasquez.
Lola de Valence a la particularité d'être la première œuvre de Manet à avoir suscité une désapprobation quant à l'érotisme suggéré de son thème, ouvrant ainsi la voie aux scandales plus importants du Déjeuner sur l'herbe et d'Olympia.
Baudelaire enthousiasmé par ce tableau a écrit le quatrain :
Entre tant de beautés que partout on peut voir,
Je comprends bien, amis, que le désir balance ;
Mais on voit scintiller en Lola de Valence
Le charme inattendu d'un bijou rose et noir.
Baudelaire souhaitait étendre sa collaboration avec Manet jusqu’à demander l'inscription de « ces vers au bas du portrait, soit au pinceau, dans la pâte, soit sur le cadre en lettres noires »[1]. Finalement, comme l'atteste l’exposition de la toile en 1863, un cartouche où se lisait le quatrain fut fixé au cadre[2]. Le Musée d'Orsay mentionne que le quatrain figure sur un cartel et non sur le cadre[3], comme le souhaitait Baudelaire. L’épigraphe devint comme un second titre pour le tableau de Manet et brava avec lui un public prêt à l’émeute si l’on en croit Zola. Le texte finit même par supplanter l’image tant dans son compte-rendu de la « Revue du XIXe siècle »[4] - [5] - [6] que dans la mémoire collective où la teneur érotique des vers du poète s’est interposée et a modifié le regard posé sur l'œuvre du peintre[7].
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Joconde
- Musée d'Orsay
- Salons 1673-1914
- (de) Bildindex
- (nl + en) RKDimages
- Lola de Valence : eau-forte et aquatinte, 1862
- Histoire de la littérature des XIXe et XXe siècles une étude illustrée, voir en particulier le document 7 [ppt]
Notes et références
- Baudelaire, Œuvres complètes, p.1571.
- BnF, Cabinet des Estampes, cote 82C112
- Fiche de visite, Baudelaire critique d'art
- Zola, « Une nouvelle manière en peinture, Édouard Manet », Revue du XIXe siècle, 1er janvier 1867, p. 55 : « Je ne prétends pas défendre ces vers mais ils ont pour moi le grand mérite d’être un jugement rimé de toute la personnalité de l’artiste. Je ne sais si je force le texte. Il est parfaitement vrai que « Lola de Valence » est un bijou rose et noir; le peintre ne procède déjà plus que par taches »
- « et son Espagnole est peinte largement, par vives oppositions ; la toile entière est couverte de deux teintes. Et l’aspect étrange et vrai de cette œuvre a été pour mes yeux un véritable “ charme inattendu ”. » (Zola, Le bon combat, Hermann, 1974, p. 86)
- « … protester contre la parenté qu’on a voulu établir entre les tableaux d’Édouard Manet et les vers de Charles Baudelaire. Je sais qu’une vive sympathie a rapproché le poète et le peintre, mais je crois pouvoir affirmer que ce dernier n’a jamais fait la sottise […] de vouloir mettre des idées dans sa peinture. » (ibid. p. 81)
- Le bijou et la chauve-souris, Loxias D’autant plus qu’elle existe dans Les Fleurs du Mal indépendamment du tableau : « Je voudrais bien savoir Parmi toutes les belles choses Dont est fait son enchantement, Parmi les objets noirs ou roses / Qui composent son corps charmant / Quel est le plus doux. » (« Tout Entière »)