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Lois anti-métissage

Les lois anti-métissage sont des réglementations qui appliquent la ségrégation raciale dans la sphère du mariage et des relations intimes en criminalisant les mariages « interraciaux » (en), voire les rapports sexuels entre des représentants de « races » différentes.

Plusieurs pays ont appliqué des lois interdisant le mariage interracial : le Troisième Reich, dans le cadre des lois de Nuremberg en 1935, ainsi que l'Afrique du Sud sous le régime de l'apartheid à partir de 1948.

Aux États-Unis, les premières lois contre le métissage datent de la fin du XVIIe siècle dans plusieurs colonies et se sont propagées à de nombreux autres États et territoires en Amérique du Nord ; ces lois sont restées en vigueur jusqu'en 1967. Après la Seconde Guerre mondiale, les abrogations se multiplient dans les États, jusqu'à l'arrêt Loving v. Virginia de 1967, qui déclare inconstitutionnelle l'interdiction du mariage interracial[1] - [2].

Amériques

États-Unis

La première loi anti-métissage est votée par l'Assemblée générale du Maryland en 1691 : elle interdit le mariage interracial[3]. Dans un discours à Charleston en 1858, Abraham Lincoln, bien qu'opposé à l'esclavage, a déclaré[4] :

Je ne suis pas, ni n'ai jamais été, en faveur de faire des électeurs ou des jurés des nègres, ni de les qualifier pour occuper un poste, ni de les laisser épouser des blancs.

. À la fin des années 1880, 38 États des États-Unis possèdent des réglementations contre le métissage[3]. En 1924, cette interdiction reste en vigueur dans 29 États[3]. Même si le mariage interracial était légal en Californie depuis 1948, l'acteur Sammy Davis, Jr. a essuyé de vives critiques en 1957 à cause de sa relation avec une actrice blanche[5]. Pour se protéger des violences, il se marie brièvement avec une danseuse noire en 1958[5].

En 1958, les policiers de Virginie arrêtent Mildred et Richard Loving car ils ont conclu un mariage interracial à Washington où une telle loi n'existe pas. Les époux Loving saisissent la Cour suprême des États-Unis qui, dans l'arrêt historique Loving v. Virginia de 1967 abolit et déclare anticonstitutionnelles[6] toutes les lois contre les mariages interraciaux et anti-métissage[3].

Europe

Troisième Reich, nazisme

Les États-Unis étaient pionniers en matière de codification du racisme et leurs législations fascinaient certains Allemands[7]. Le Manuel national socialiste du droit et de la législation, paru en 1943-1945, contient de longs développements sur le système légal de ségrégation aux États-Unis, qui inspire diverses préconisations appliquées au Troisième Reich[7]. Le Troisième Reich a instauré des règles discriminatoires contre les Juifs, les Roms et les Noirs. Les nazis justifiaient les persécutions contre les Juifs en prétendant qu'ils produisaient un effet négatif sur le Troisième Reich. Pour échapper aux persécutions, les gens devaient présenter une preuve qu'ils étaient de race aryenne et produire un certificat d'aryanité.

Afrique

Afrique du Sud

En Afrique du Sud, les plus anciennes interdictions de mariages interraciaux remontent à l'époque de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, en 1685, quand le Haut Commissaire Hendrik van Rheede interdit les mariages entre les colons européens et les heelslag ou les femmes esclaves non métisses (c'est-à-dire celles dont les ancêtres sont uniquement des Asiatiques ou des Africains). Néanmoins, ces règles ne sont jamais entrées en vigueur[8].

En 1927, le gouvernement vote une loi interdisant le mariage entre les Noirs et les Blancs (mais rien n'interdit l'union entre les Blancs et les personnes « de couleur »). En 1936, une loi propose d'interdire le mariage entre les Blancs et les Coloured mais sans succès[9].

En 1949, sous l'apartheid, la loi Prohibition of Mixed Marriages Act interdit les mariages entre les Blancs et toute personne catégorisée non-blanche. Le Population Registration Act de 1950 offre le cadre permettant de catégoriser et de séparer la population d'Afrique du Sud selon plusieurs « races ». En effet, cette réglementation prévoit que toute personne vivant sur le territoire sera catégorisée comme blanche, coloured, ou native (qui, plus tard, est renommé « Bantou »). En 1969, les Indiens sont catégorisés comme « Asiatiques ». La même année, le Immorality Act est voté et interdit toute relation charnelle entre les Blancs et les non-Blancs. Cette réglementation constitue le développement d'une loi de 1927 qui interdisait toute relation sexuelle entre les Blancs et les Noirs[10]. Ces deux législations sont abrogées en 1985 dans le cadre des réformes entreprises par Pieter Willem Botha.

Asie

Chine

Des lois et des politiques décourageant le métissage ont été publiées sous diverses dynasties, notamment un décret datant de 836 après J.-C. interdisant aux Chinois d'avoir des relations avec d'autres peuples et nations tels que les Iraniens, les Arabes, les Indiens, les Malais, les Sumatranais, etc[11].

Inde

Après les événements de la rébellion indienne de 1857[12], plusieurs lois anti-métissages ont été adoptées par le gouvernement colonial britannique[13].

Bien qu'il n'y ait pas de dispositions spécifiques dans la Constitution indienne concernant l'exogamie ou la liberté d'épouser une personne d'une "race", "ethnie", "caste" différente, l'article 21 de la constitution indienne, qui est un droit fondamental, est largement considéré comme offrant cette liberté car elle relève de la "liberté personnelle", que la Constitution garantit de protéger[14].

Références

  1. (en) « Loving v. Virginia », sur Oyez (consulté le )
  2. (en) « Loving v. Virginia », sur LII / Legal Information Institute (consulté le )
  3. « Eugenics, Race, and Marriage », sur Facing History.org (consulté le )
  4. Stephen A. Douglas, The Complete Lincoln-Douglas Debates of 1858, University of Chicago Press, , p. 235
  5. Lanzendorfer, Joy (August 9, 2017) "Hollywood Loved Sammy Davis Jr. Until He Dated a White Movie Star", Smithsonian Retrieved February 23, 2021.
  6. https://www.lepoint.fr/culture/un-blanc-une-noire-l-amerique-revient-sur-l-affaire-loving-24-11-2016-2085359_3.php
  7. James Q. Whitman, Hitler's American Model: The United States and the Making of Nazi Race Law, Princeton University Press, , 37–43 p.
  8. Hermann Giliomee, The Afikaners: Biography of a People, Tafelberg, , 2nd éd. (ISBN 978-0-624-04823-7), p. 19
  9. Hermann Giliomee, The Afikaners: Biography of a People, Tafelberg, , 2nd éd. (ISBN 978-0-624-04823-7), p. 344
  10. « South Africa: A Country Study », Washington, GPO for the Library of Congress, (consulté le )
  11. Gernet, Jacques (1996), A History of Chinese Civilization (2 ed.), Cambridge University Press, p. 294 (ISBN 978-0-521-49781-7)
  12. Beckman, Karen Redrobe (2003), Vanishing Women: Magic, Film, and Feminism, Duke University Press, p. 31-33 (ISBN 0-8223-3074-1)
  13. Kent, Eliza F. (2004), Converting Women, Oxford University Press US, p. 85-86 (ISBN 0-19-516507-1)
  14. Gupta, Shivani (article en anglais du ). "MARRIAGE IN INDIA" sur lawctopus.com.
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