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Loi sur l'alcool (Suisse)

La loi fédérale du sur l'alcool est une loi suisse régissant la fabrication, la distribution, l'acquisition et la consommation de boissons alcooliques. Elle se fonde sur les articles 105 et 131, al. 1, let. b, et al. 3 de la Constitution fédérale.

Loi sur l’alcool
Présentation
Titre Loi fédérale du 21 juin 1932 sur l'alcool
Abréviation LAlc
Référence RS 680
Pays Drapeau de la Suisse Suisse
Type Loi fédérale
Adoption et entrée en vigueur
Entrée en vigueur

Lire en ligne

admin.ch

L'Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontiÚres est chargé d'appliquer la législation sur l'alcool.

Jusqu'à 2019, la loi conférait un monopole d'importation à la confédération, faisant de la Suisse le dernier pays d'Europe à avoir libéralisé le marché de l'éthanol[1].

Champ d'application de la loi

La loi sur l'alcool s'applique aux boissons contenant de l'Ă©thanol sous toutes ses formes et sans Ă©gard Ă  leur mode de fabrication.

Certains produits obtenus par fermentation (biĂšre, cidre, vin ou vin de fruits) sont exclus pour autant que leur teneur en alcool est infĂ©rieure Ă  15%, ou 18% pour les vins naturels. Ces produits ne tombent pas sous le coup de cette loi, mais sous celui de la loi sur les denrĂ©es alimentaires (RS 817.0)[2]. Les produits additionnĂ©s d’alcool sont sujet Ă  la loi quelque soit leur teneur en alcool (art. 2).

La loi fédérale sur l'alcool rÚgle la fabrication, le commerce et l'imposition des boissons spiritueuses. Elle contient en outre des dispositions relatives à l'importation et à la distribution de l'éthanol. La Confédération suisse détient un monopole tant sur la fabrication de boissons spiritueuses que sur la fabrication et l'importation d'éthanol.

Historique

Datant de 1887, la premiÚre loi sur l'alcool s'appliquait en premier lieu à la production d'eau-de-vie de pommes de terre. Elle a été promulguée en raison de la Kartoffelschnapspest (peste de l'alcool) qui sévissait à cette époque. Ce n'est qu'à partir de 1932 que toutes les boissons distillées ont été prises en compte dans la loi sur l'alcool. En outre, la transformation de fruits et de pommes de terre en produits ne contenant pas d'alcool a été encouragée dÚs 1949.

En 1997, la loi sur l'alcool a fait l'objet d'une deuxiÚme révision, qui a entraßné la libéralisation du marché de l'alcool et l'instauration du taux unique d'imposition. On a également pris des mesures pour alléger le processus de production des industries suisses. Enfin, le principe de la transformation de fruits et de pommes de terre en produits ne contenant pas d'alcool a été intégré dans la politique agricole.

Contexte

La loi sur l'alcool compte parmi les plus anciennes lois de la Confédération. Malgré plusieurs révisions partielles, elle ne répond plus aux réalités économiques et sociales d'aujourd'hui.

  • La "peste de l'alcool" qui sĂ©vissait aux 19e et 20e siĂšcles n'est plus qu'un mauvais souvenir et a fait place Ă  un comportement face Ă  l'alcool gĂ©nĂ©ralement responsable[3].
  • La production suisse de boissons spiritueuses tend Ă  diminuer. Ces 30 derniĂšres annĂ©es, les parts de marchĂ© des boissons spiritueuses suisses se sont effondrĂ©es, passant de 80 % Ă  13 %, ce qui correspond Ă  3 % de l’ensemble des boissons alcooliques consommĂ©es en Suisse[4].
  • Depuis 2008, l'Ă©thanol n'est pratiquement plus fabriquĂ© en Suisse[5].

L'entrée en vigueur de la nouvelle Constitution fédérale a également modifié le cadre juridique: à l'heure actuelle, la Confédération n'est plus tenue de prendre des mesures pour réduire l'importation et la production de boissons spiritueuses et d'éthanol. L'art. 105[6] de la nouvelle Constitution fédérale dispose uniquement que la Confédération doit tenir compte des effets nocifs de la consommation d'alcool.

Objectifs

La révision totale de la loi sur l'alcool constitue une condition importante pour que la politique de la Confédération en matiÚre d'alcool gagne en efficacité. Il s'agit en particulier d'atteindre les trois objectifs suivants:

  1. libéralisation du marché de l'éthanol et des boissons spiritueuses;
  2. optimisation du systĂšme d'imposition et de contrĂŽle;
  3. optimisation de la systématique de la loi.

Procédure de consultation (2010)

Le , le Conseil fĂ©dĂ©ral a ouvert la procĂ©dure de consultation relative Ă  la rĂ©vision totale de la loi sur l'alcool[7]. À cette occasion, il a prĂ©sentĂ© deux projets de loi:

  • la loi sur l'imposition des spiritueux (Limpspi), qui rĂšgle la perception et le contrĂŽle de l'impĂŽt Ă  la consommation grevant les boissons spiritueuses et l'Ă©thanol destinĂ© Ă  la consommation;
  • la (nouvelle) loi sur l'alcool (Lalc), qui regroupe les dispositions rĂ©gissant le commerce et la publicitĂ© des boissons alcooliques, actuellement rĂ©parties dans diffĂ©rentes lois, et qui les soumet Ă  des compĂ©tences d'exĂ©cution plus uniformes.

De début juillet à fin , la Régie fédérale des alcools (RFA), qui est responsable du projet de révision, a reçu 183 prises de position.

Le projet de loi sur l'imposition des spiritueux a reçu un large soutien. S'il a été bien accueilli par les cantons et les communes, le projet de loi sur l'alcool a en revanche été critiqué par les milieux économiques, qui ont estimé que les mesures proposées allaient trop loin et qui ont fait valoir l'absence de base constitutionnelle pour la réglementation de la vente de vin et de biÚre. Les représentants de la prévention ont approuvé l'orientation de la nouvelle loi sur l'alcool, mais considéré que les mesures proposées étaient insuffisantes. Divers cantons partageaient cet avis.

Message du Conseil fédéral (2012)

Tenant compte des résultats de la procédure de consultation, le Conseil fédéral a approuvé le message concernant la révision totale de la loi sur l'alcool le . Il soumet donc aux Chambres fédérales deux projets de lois, l'un sur l'imposition des spiritueux et l'autre sur le commerce de l'alcool.

Trois monopoles (fabrication et importation d'Ă©thanol ainsi que fabrication de boissons spiritueuses) et 41 des 43 autorisations dĂ©livrĂ©es par l'État devaient ĂȘtre supprimĂ©s. Des allĂšgements fiscaux ciblĂ©s et compatibles avec les accords internationaux permettraient de dĂ©lester la branche (dĂ©ductions pour les pertes liĂ©es Ă  la production, la transformation et l'entreposage; progressivitĂ© de l'impĂŽt pour les microproducteurs; exonĂ©ration fiscale des denrĂ©es alimentaires contenant des boissons spiritueuses).

Les restrictions relatives à la publicité pour les boissons spiritueuses seraient légÚrement assouplies, mais les représentations de type life style resteraient interdites.

La confirmation des limites d'Ăąge lĂ©gales applicables Ă  la remise de boissons alcooliques (18 ans pour les boissons spiritueuses et 16 ans pour la biĂšre et le vin), la crĂ©ation d'une base lĂ©gale pour l'exĂ©cution d'achats tests et l'interdiction de cĂ©der des boissons alcooliques Ă  des mineurs permettraient de renforcer l'efficacitĂ© des dispositions visant Ă  protĂ©ger la jeunesse. RĂ©glĂ© Ă  l'Ă©chelon fĂ©dĂ©ral, l'article dit du «sirop» obligerait en outre les dĂ©bits Ă  proposer trois boissons sans alcool dont le prix serait infĂ©rieur Ă  celui de la boisson alcoolique la meilleur marchĂ©. Cette prescription vise non seulement Ă  encourager la consommation de boissons sans alcool, mais Ă©galement Ă  limiter la vente d'alcool Ă  des prix extrĂȘmement bas.

Pour lutter de maniÚre ciblée contre les nouveaux problÚmes qui se posent, le Conseil fédéral proposait d'instaurer un régime applicable à la vente d'alcool durant la nuit (« régime de nuit »). De 22 heures à 6 heures, il serait ainsi interdit aux commerces de détail de vendre de l'alcool et aux débits de boissons de procéder à des offres d'appel. Celles-ci resteraient en outre interdites sans exception pour les boissons spiritueuses.

Pour que les spĂ©cificitĂ©s rĂ©gionales soient prises en compte, ces mesures seraient conçues comme un standard fĂ©dĂ©ral et pourraient ĂȘtre complĂ©tĂ©es au besoin par les cantons.

Une fois levé le monopole que la Confédération détient sur l'importation d'éthanol, Alcosuisse, le centre de profit de la RFA, serait privatisé. Le reste de la RFA perdrait sa personnalité juridique et serait intégré dans l'Administration fédérale des douanes (AFD), qui serait chargée d'appliquer la politique de la Confédération en matiÚre d'alcool et de surveiller le marché de l'alcool.

DĂ©bats parlementaires (2013-2015)

L’examen du projet de rĂ©vision totale de la loi sur l’alcool a dĂ©butĂ© le au sein de la Commission de l’économie et des redevances du Conseil des États (conseil prioritaire).

AprĂšs de longs dĂ©bats houleux, le projet de rĂ©vision totale a Ă©tĂ© classĂ© au cours de la procĂ©dure d’élimination des divergences, lors de la session d’hiver 2015.

Avant le classement de la révision totale, trois divergences principales demeuraient entre les deux Chambres du Parlement:

  • systĂšme d’imposition : contrairement au Conseil des États, le Conseil national Ă©tait favorable Ă  un train de mesures censĂ©es allĂ©ger la filiĂšre de production indigĂšne, notamment par le biais d’une rĂ©glementation sur les quantitĂ©s manquantes, d’une rĂ©duction de 30 % de l'impĂŽt pour les productions annuelles ne dĂ©passant pas 1 000 litres d'alcool pur ainsi que de mesures d'encouragement extrafiscales.
  • taux de l'impĂŽt : le Conseil des États souhaitait maintenir le taux actuel Ă  29 CHF par litre d'alcool pur. Le Conseil national s’était quant Ă  lui prononcĂ© en faveur d’une augmentation du taux Ă  32 CHF.
  • vente d'alcool : le Conseil des États souhaitait interdire la vente au dĂ©tail entre 22h et 6h. Le Conseil national rejetait cette interdiction. 

RĂ©vision partielle (2016-2019)

À la suite du classement du projet de rĂ©vision totale, le Conseil fĂ©dĂ©ral propose une rĂ©vision partielle de la loi en deux Ă©tapes[8].

La premiĂšre rĂ©vision partielle a Ă©tĂ© lancĂ©e au dĂ©but de l'annĂ©e 2016. Elle se limite Ă  trois aspects qui n’étaient pas contestĂ©s dans le projet de rĂ©vision totale classĂ© en , Ă  savoir l'intĂ©gration de la RĂ©gie fĂ©dĂ©rale des alcools (RFA) dans l'Administration fĂ©dĂ©rale des douanes (AFD), la privatisation d'Alcosuisse et la libĂ©ralisation du marchĂ© de l'Ă©thanol. Le Conseil fĂ©dĂ©ral a transmis son message au Parlement le [9]. Celui-ci a approuvĂ© le projet de rĂ©vision partielle de la loi sans y apporter de modifications lors de la session d'automne 2016[10]. L'entrĂ©e en vigueur et libĂ©ralisation du marchĂ© s'est faite par Ă©tapes en 2017, 2018 et 2019[11].

Liens

Notes et références

  1. « Le marché de l'alcool sera libéralisé dÚs 2018 », sur Le marché de l'alcool sera libéralisé dÚs 2018 (consulté le )
  2. http://www.admin.ch/ch/f/rs/817_0/index.html (Loi fédérale sur les denrées alimentaires et les objets usuels)
  3. https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-34407.html (L'alcool en chiffres: la tendance à la baisse de la consommation se confirme. Communiqué de presse de la RFA du 29 juillet 2010)
  4. http://www.eav.admin.ch/dokumentation/00439/00562/index.html?lang=fr
  5. « La Suisse se remet à produire de l'éthanol grùce à une sucrerie bernoise », sur rts.ch, (consulté le )
  6. « Fedlex », sur admin.ch (consulté le ).
  7. https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-34040.html (communiqué de presse de la RFA du 30 juin 2010)
  8. Le Conseil fédéral, « Révision partielle de la loi sur l'alcool en deux étapes », sur www.admin.ch (consulté le )
  9. « Révision partielle de la loi sur l'alcool en deux étapes »
  10. « Texte soumis au vote final »,
  11. « Fedlex », sur www.fedlex.admin.ch (consulté le )
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