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Limitarisme

Le limitarisme est un ensemble de théories, politiques, philosophiques, religieuse ou morales postulant la nécessité d'avoir des limites.

Origine

L'idée de limiter la richesse peut être trouvée jusqu'aux écrits d'Aristote[1].

Having too much

Ingrid Robeyns[2], dans son article Having too much (Trop avoir) rapporte que très peu d'analyses économiques ont fait référence aux revenus supérieur, les écrits faisant surtout référence à des solutions pour niveler par le bas, plutôt que de mettre une limite vers la richesse et son accumulation[3].

Économies

Elle rapporte que "la plupart des pays ont des partis disant que les plus riches devraient payer les crises, plutĂ´t que les classes moyennes ou les pauvres".

Elle inclut comme exemple Occupy Wall Street déclarant que les 1 % les plus riches devaient payer le plus de taxes.

Dans l'introduction, Ingrid Robeyns fait référence à d'autres possibles limites, cependant elle décide de concentrer sa thèse sur l'économie.

Elle parle de "surplus d'argent", en parlant de personnes dont le revenu est supérieur à celui dont il faut disposer pour assurer ses besoins.

Principaux arguments d'Having too much

Elle choisit dans ce papier de faire une argumentation "non-idéaliste", et ne dit pas que la richesse en soi est immorale, mais que dans le contexte actuel (dans un monde qui n'est pas idéal), elle l'est. Cependant pour certains auteurs comme elle le rapporte elle est décrite comme immorale, dès qu'il est pris plus que nécessaire pour vivre[4].

Équité politique

Ingrid cite à nouveau Thomas Christiano disant "personnes riches" et même les "classes moyennes" ont beaucoup moins de difficulté qu'une personne pauvre à acquérir de l'influence politique. Pour une personne pauvre, dépenser même 100 euros en donations politiques, peut être difficile.

Bien qu'en droit de vote les votes de personnes plus pauvres soient en principe égaux à ceux de personnes plus riches. La différence est que des personnes plus riches peuvent plus facilement acquérir de l'influence notamment en dehors du système électoral, mais en son sein également.

Contournement des obstacles légaux

Finalement, un autre argument avancé, est que « S'il était démocratiquement décidé qu'un pays veuille moins de gaz à a effet de serre, une entreprise pourrait délocaliser ses activités », de façon à se soustraire de certaines obligations.

Constitution

Aucune constitution selon Thomas Christiano, ne garantit "le droit d'accéder à la richesse" (en opposition avec prospérité seule). Être riche n'est pas un droit constitutionnel, voire légal selon lui, il continue dans cette lancée. Même sans avoir le droit de vote, une seule personne riche pourrait quand même obtenir une influence politique, potentiellement hors de proportion.

Besoin urgents

L'auteur ne condamne pas la richesse, mais elle considère qu'un certain nombre de besoins urgents[2], ne sont pas remplis actuellement, elle donne :

  • La pauvretĂ© absolue[1]
  • La pauvretĂ© relative[1]
  • La crise climatique[1]

Accumulation des richesses

L'accumulation des richesses est critiquée, car ne permettant pas de répondre à des besoins[5].

DĂ©finition de la richesse

Dans la 5e partie de sa thèse est mis en avant le besoin de "définir" ce qu'est une personne riche, ce qui peut causer quelques réflexions et problèmes, aussi parce qu'il n'y a pas de définition formelle, "standard"[1]

Plusieurs questions et éléments, dont rapporté par d'autres auteurs sont définis :

  • PauvretĂ© relative (par rapport Ă  un pays) et limitĂ©e dans l'espace. (C'est-Ă -dire l'Ă©tat de pauvretĂ© d'une personne l'Ă©chelle d'un Ă©tat, de l'Union europĂ©enne, ou du monde)[1].
  • PauvretĂ© absolue (pas d'Ă©ducation, sous-nutrition, pas d'accès Ă  une eau satanisĂ©e)[1]
  • PauvretĂ© relative (purement numĂ©rique, typiquement reprĂ©sentĂ©e par le seuil de pauvretĂ© d'un Ă©tat), mais qui peut ne pas prendre en compte la situation, le coĂ»t de la vie Ă  un endroit donnĂ© entre autres.
  • Possessions (avoir une voiture neuve, en Union europĂ©enne, ne fait pas qu'une personne est riche, pourtant dans certaines rĂ©gions du monde, possĂ©der une voiture, est suffisant, pour ĂŞtre considĂ©rĂ© comme riche)[1].
  • La capacitĂ© Ă  survenir Ă  ses besoins plutĂ´t que la pauvretĂ© relative (sous-emploi, travailler au salaire minimum) ou absolue (gagner 400 euros par mois, en Slovaquie, en travaillant Ă  mi-temps)[1].
  • Une personne par rapport Ă  sa capacitĂ© Ă  acheter des produits "de luxe" (classĂ©s "moins riche", " riche", "très riche")[1].
  • Le coĂ»t de vie, pour une personne Ă©conomiquement riche, mais ayant des coĂ»ts très Ă©levĂ©s pour vivre, ou trop Ă©levĂ©s par rapport Ă  la moyenne (par exemple une personne devant s'acheter de l'insuline tous les jours, bien qu'ayant sans ce cout un revenu, permettant d'acheter une voiture coĂ»teuse)[1].

Elle recommande de réaliser une mesure une prenant en compte les différences, mais pas toutes les différences entre personnes.

Qu'est-ce qu'un luxe ?

  • Un scooter, dans une ville avec d'excellents transports publics et des pistes cyclables; qui s'il est utilisĂ© "pour s'amuser" ou parce que la personne est "un peu paresseuse", est un produit de luxe, mais ne le serait pas dans une ville sans transports publics[1].
  • Un produit peu cher mais relativement superflu (des chips), par rapport Ă  un matĂ©riel professionnel couteux, mais indispensable et utilisĂ© tous les jours (une moissonneuse batteuse, une machine Ă  stĂ©nographie)[1]

Elle avance aussi la question des "goûts de luxe".

Recommandations

Donner une définition basée sur "ce que les gens peuvent, ou ne peuvent pas se permettre" plutôt que sur "Ce qu'ils possèdent et ne possèdent pas".

Notions introduites

Pouvoir matériel des ressources

Elle propose le Pouvoir matériel des ressources, pour mieux définir la richesse, qu'avec les mesures habituelles (revenu, salaire, quartile de revenu, etc.)[1]

La formule proposée est celle qui suit :

PMR = (Yg+Yk+ A–EXP–T–G)*ES*CF[1]

  • Yg = revenu d'un foyer.
  • G = argent donnĂ© gratuitement Ă  d'autres personnes
  • A = la valeur Ă  vie, des possessions matĂ©rielles d'une personne, sous la forme d'annuitĂ© mensuelles
  • EXP = dĂ©penses non essentielles
  • T = taxes et prĂ©lèvements.
  • CF= CapacitĂ© de fonctionnement (capacitĂ© subvenir Ă  ses besoins, sans intermĂ©diaire)

Si le CF est Ă©gal Ă  1, la personne est totalement capable d'entreprendre des actions, et subvenir Ă  ses besoins.

Si le CF est en dessous d'1, la personne est au moins partiellement handicapée.

  • ES = Échelle d'Ă©quivalent (une Ă©chelle utilisĂ©e, pour dĂ©finir la composition d'un foyer, et que qu'il implique sur les coĂ»ts), similaire au quotient familial français.

Si le CF est Ă©gal Ă  1, la personne est totalement capable d'entreprendre des actions, et subvenir Ă  ses besoins.

Si le CF est en dessous d'1, la personne est partiellement handicapée.

Auto-description

L'auteur donne un exemple, et fait le contraste entre richesse, et la richesse subjective[1].

Une personne peut être riche, et très seule. Et une personne au revenu moyen, peut se dire très satisfaite de ses amis, et se contenter de randonnée dans les bois[1].

"La seconde personne peut se considérer comme riche, mais d'un point de vue redistributif, elle ne l'est pas". Selon elle, l'inverse existe aussi une personne riche" peut ne pas se considérer en tant que tel. Beaucoup de personnes, ne savent pas ou pas précisément ou elles se situent réellement en richesse, par rapport aux autres[1].

Critères

Elle prend des critères dérivés "des écrits occidentaux"[1]

Santé physique, sécurité, loisirs, environnement, capacité de mouvement, sécurité, environnement. Elle propose ensuite de calculer le coût total pour une "vie totalement florissante", par rapport à une aire géographique, une quelconque personne, recevant un salaire supérieur à 200 000 euros par an est "riche"[1].

Elle propose un panier de produits "transport, nourriture, logement, etc." pour définir ce qu'il faudrait ou pas pour une vie florissante. Elle exclut certains produits. Cependant, le PMR ne prend pas en compte comment elle gens dépensent leur argent, et ne les force pas[1]. Une personne non riche, pourrait très bien prendre un avion, pour aller assister à une fête sur un autre continent. Mais c'est en dehors, c'est en dehors de ce que le panier inclurait[1].

Aspect politico-moral

Elle conclut que le limitarisme, peut exister moralement, à un niveau plus individuel, mais elle le défend comme un principe à appliquer politiquement, et elle encourage le débat sur les niveaux, indicateurs, et autre paramètre d'un limitarisme.

Selon Alexandria Corto, députée américaine, « Chaque milliardaire est un échec politique »[2] - [6]

Portée

Pour elle, l'objectif, n'est pas d'empêcher la poursuite de la richesse, mais dans le contexte actuel, elle voit le limitarisme, comme capable d'augmenter les opportunités notamment "plus pauvres du monde". S'enrichir n'est pas immoral, aussi longtemps que cela bénéficierait aux autres, cependant elle voit le limitarisme, comme un meilleur moyen, de répondre au besoin, au moins dans l'immédiat. Elle considère également, que malgré tout, le fait de ne pas mettre de limite à la richesse, serait quand même détrimental politiquement[1].

Proposition finale

Elle décrit ses propositions, comme "concentré sur ceux qui ont des obligations" (les personnes à taxer), plutôt qu'orienté vers "les receveurs" de l'aide[1].

Elle propose qu'à partir d'un certain niveau, les revenus soient taxés à 100 %[1].

Limitarisme non Ă©conomique

Pollution

Jet privé à l'aéroport de Djerba

Ingrid fait aussi référence au fait qu'une limite devrait être imposée sur la pollution, et qu'il serait souhaitable, de créer un PMR prenant également en compte l'aspect écologique[3]. Une idée similaire est rapporté par Andreas Malm dans son livre Comment saboter un pipeline, déclarant qu'il faut d'abord s'attaquer aux émissions des plus riches, notamment en faisant référence aux jets privés qui en sont l’exemple le plus commun. Cependant, il rapporte que les SUVs causent bien plus de pollution, bien que beaucoup plus accessibles. En son sens, beaucoup plus de personnes, devrait avoir leur styles de vies limités. Cependant, pour lui les jets sont une priorité et un symbole[5] - [7].

Ingrid donne l'exemple de la pollution causé par les yachts[5].

Enfin, plus généralement, il voit les jets et les SUVs, ainsi que l'industrie pétrolière, et les mines de charbon comme des exemples, de choses sur lesquelles il faudrait mettre des limites en priorité. Selon lui, c'est une minorité de choses, technologies et machines qui sont à viser, pour leur capacité à polluer, par rapport au « reste ».

Enfants

Dans l'introduction, Ingrid Robeyns déclare qu'il serait possible de vouloir demander à limiter le nombre d'enfants à 1 par famille, « le temps que la crise climatique durera ».

Articles connexes

Références

  1. Louis Baeck, « The Mediterranean Trajectory of Aristotle's Economic Canon », Revue belge de Philologie et d'Histoire, vol. 76, no 1,‎ , p. 5–30 (DOI 10.3406/rbph.1998.4252, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Suzanne Harrington, « Limitarianism: Rein in mega-wealthy before it’s too late », sur Irish Examiner, (consulté le )
  3. (en) Ingrid Robeyns, « Having too much »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) Accès libre,
  4. Christian Jobin, Les justes bornes de la richesse : fondements normatifs et mise en œuvre d’une richesse maximale, (lire en ligne)
  5. (en-US) « The billion-dollar question: Can you be TOO rich? », sur www.cbsnews.com (consulté le )
  6. (en) Dylan Matthews, « AOC’s policy adviser makes the case for abolishing billionaires », sur Vox, (consulté le )
  7. « « Comment saboter un pipeline » : plaidoyer pour l’insurrection climatique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
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