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Ligne de Joigny Ă  Toucy

La ligne de Joigny à Toucy est une ancienne ligne de chemin de fer départementale à voie métrique entre Joigny et Toucy exploitée sous le principe de concession par la Compagnie des Chemins de Fer d’intérêt Local de l’Yonne (CFY) puis sous le régime de l’affermage par la CFD et enfin par la SICA de la région Joigny-Toucy-Auxerre.

Ligne de
Joigny Ă  Toucy
Image illustrative de l’article Ligne de Joigny à Toucy
La gare de Joigny construite en 1901
Pays Drapeau de la France France
Villes desservies Joigny, Aillant-sur-Tholon, Toucy
Historique
Mise en service 1901
Fermeture 1946
Concessionnaires Cie des Chemins de Fer d’Intérêt Local de l’Yonne (CFY) (1902 – 1923)
CFD (1923 – 1942)
SICA de la région Joigny-Toucy-Auxerre (1942 – 1946)
Caractéristiques techniques
Longueur 35 km
Écartement mĂ©trique (1,000 m)
Nombre de voies Anciennement Ă  voie unique

Histoire

Le projet Larmanjat

Monorail Larmanjat Ă  Montfermeil

Le Jean Larmanjat adresse au ministre des travaux publics une demande d'autorisation pour établir une voie ferrée de son invention sur un des accotements de la route départementale no 3 entre Aillant-sur-Tholon et la gare de Joigny[1].

Le système Larmanjat utilise des locomotives à vapeur légères et un seul rail de guidage noyé dans la chaussée qui reste accessible aux autres véhicules. Il est en cours d'expérimentation sur la ligne du tramway du Raincy à Montfermeil. Le conseil général des ponts et chaussées, sur la base d'un rapport établi par Eugène Belgrand, inspecteur général des ponts et chaussées, émet un avis technique favorable et transmet la demande au conseil général de l'Yonne. Le projet attire l'attention de Messieurs Bénard, président du tribunal de commerce de Joigny, et Ablon, banquier, qui se proposent de constituer une société pour construire et exploiter une ligne suivant ce système depuis Joigny jusqu'à Toucy sous réserve d'obtenir des subventions de l'État et du conseil général[2]. Le projet sera remanié plusieurs fois durant les années suivantes.

Au vu du manque de fiabilité observé sur les lignes en exploitation à Montfermeil et au Portugal[3] - [4], le conseil général renonce à utiliser le système Larmanjat en 1877[5].

La réalisation

Après l'abandon du système Larmanjat, le conseil général de l’Yonne poursuit son objectif de développer un ensemble de lignes de chemin de fer entre Joigny, Toucy et Auxerre. Le but de ce projet est de mettre en valeur la vallée du Tholon par la création d’un axe de communication vers Toucy ou Joigny, toutes deux desservies par une ligne PLM. Mais il faut attendre le pour que la déclaration d’utilité publique soit prononcée. Le concessionnaire retenu est la Compagnie des Chemins de Fer d’Intérêt Local de l’Yonne (CFY) créée par les ingénieurs civils Coignet et Grosselin.

Le , la liaison Joigny-Toucy est ouverte. Le rythme est de 3 circulations journalières (matin et soir) dans les deux sens. Le temps de parcours 1h50 pour les 35 km avec 11 gares et 3 arrĂŞts facultatifs soit 1 arrĂŞt tous les 2,5 km. Cette ligne connait un beau succès et s’avère bĂ©nĂ©ficiaire jusqu’en 1914. 105 000 voyageurs sont transportĂ©s en 1907 et plus de 12 000 t de marchandises sont expĂ©diĂ©es tels les scories venant des ferriers d’Aillant-sur-Tholon, les pommes de terre, le bois, les bestiaux et le blĂ© de la coopĂ©rative de Senan.

La branche Joigny-Auxerre et l’antenne Aillant sur Tholon-Fleury-la-Vallée sont mis en service le .

Mais 5 mois plus tard, en , c’est la dĂ©claration de guerre et le dĂ©but de bien des difficultĂ©s de ce rĂ©seau confiĂ© Ă  la CFY. Du matĂ©riel roulant et mĂŞme des voies sont rĂ©quisitionnĂ©s pour rejoindre le front. La ligne Joigny-Toucy est rĂ©quisitionnĂ©e pour le transport de l’armĂ©e, seule la partie Joigny Auxerre fonctionne pendant ces 4 annĂ©es de guerre. En 1917, les voies de la section Aillant Fleury sont retirĂ©es pour des besoins militaires.

En 1920, après des dĂ©ficits chroniques et le dĂ©cès des deux dirigeants, la CFY est mise en liquidation. En 1923, le Conseil gĂ©nĂ©ral rachète le rĂ©seau du Jovinien et en confie l’exploitation Ă  la CFD qui gère dĂ©jĂ  la ligne du Serein. Les annĂ©es 1920 sont encore bĂ©nĂ©fiques pour ces lignes qui comptent plus de 150 000 voyageurs annuels. Mais dans les annĂ©es 1930, face Ă  la concurrence de la route, les chemins de fer dĂ©partementaux connaissent des dĂ©ficits importants.

Le , le Conseil gĂ©nĂ©ral se prononce, pour mettre fin au contrat qui lie le dĂ©partement Ă  la CFD, avec prise d’effet au . Plus aucun train ne roule Ă  partir de cette date. Toutefois, sur intervention d’un conseiller gĂ©nĂ©ral, il est accordĂ© un sursis de 3 ans avant la dĂ©pose des voies. Cette dĂ©cision va permettre de faire renaĂ®tre la ligne pendant les annĂ©es de guerre 1939-1945, pĂ©riode ou l’on sera bien content de retrouver des transports.

Sur demande de la sucrerie de Brienon-sur-Armançon, la ligne est rouverte le pour le transport des betteraves. Le , après une remise en état sommaire du réseau, le service voyageur est rétabli. C’est ainsi une renaissance provisoire pour ces lignes. La bretelle Aillant-Fleury n’est pas remise en service, les voies sont déposées en . Par manque d’investissements et par inexpérience, la Société exploitante connaît de nombreuses difficultés, pannes, déraillements, et manque de locomotive.

Le , elle est mise en liquidation, c’est la fin des lignes Joigny-Toucy et Joigny-Auxerre. Le , les rails sont retirés et réutilisés sur la ligne Laroche-l’Isle Angely[6] - [7].

Tracé

La ligne de Joigny Toucy dĂ©butait en face de la gare PLM de Joigny, avec rapidement une dĂ©rivation qui partait en direction de l’Yonne pour la gare d’eau situĂ©e Ă  900 mètres de la gare.

Ensuite, par une grande courbe, la voie franchissait la ligne PLM par un pont qui a été détruit en 1949. Puis traversait le Tholon par un ponceau au tablier métallique.

Après le franchissement de ces ponts, la voie était souvent en accotement de chaussée jusqu’à Aillant-sur-Tholon[8].

Après Aillant sur Tholon, la ligne était en site propre et sur un terrain sans déclivité. Mais à l'arrivée en gare de Beauvoir-Lindry, il fallait franchir les collines de Puisaye. Les locomotives vapeur peu puissantes devaient souvent laisser des wagons en gare et ainsi s’alléger, pour gravir la pente jusqu’à Toucy, et revenir ensuite pour les ramener à cette même gare.

La descente vers Toucy se terminait par un passage au-dessus de l’Ouanne pour ensuite arriver à la gare de Toucy-Ville près de la gare PLM où avaient lieu les transbordements ou la correspondance avec la ligne la Ligne de Triguères à Surgy.

Les 35 km de la ligne ont souvent Ă©tĂ© reconvertis en chemins vicinaux oĂą l'on pourra admirer les gares et autres vestiges de ce petit chemin de fer.

Les gares

À l’exception de la gare de Joigny, l’architecture des 13 gares de cette ligne reprend le style adopté par les chemins de fer d’intérêt local.

Le bâtiment voyageur (BV) comprenait au rez- de- chaussée, la salle d’attente et le bureau du chef de gare qui délivrait les billets, et au 1er étage son logement. D’un côté du BV la halle marchandise avec son quai surélevé, et de l’autre côté un petit bâtiment en appentis qui abritait les WC et la lampisterie.

Il y avait deux types de bâtiment, selon l’importance des gares : le type II d’une surface au sol de 48 m2 avec 3 fenĂŞtres en façade pour les gares d’Aillant sur Tholon et Toucy, et le type III d’une surface de 42 m2, avec 2 fenĂŞtres en façade pour toutes les autres gares[9]. Toutes ces constructions Ă©taient en pierres, avec encadrement des ouvertures en briques pleines, et toiture en tuiles mĂ©caniques, les matĂ©riaux employĂ©s provenaient des carrières et tuileries des environs.

Les gares de Joigny, Aillant sur Tholon et Toucy étaient équipées d’un château d’eau pour alimenter les locomotives à vapeur. La gare de Joigny était la gare principale avec remise à locomotives, atelier et bureaux. Les gares de Toucy et d'Aillant sur Tholon disposaient aussi d’une remise à machine, celle d’Aillant sera construite après 1913 avec la construction de l’antenne vers Fleury la Vallée.

En 2019, toutes les gares, sauf celle de Joigny démolie dans les années 1970, sont encore existantes et reconverties par leurs nouveaux propriétaires en habitation tout en conservant plus ou moins leur aspect d’origine.

Le matériel roulant

Le matériel de traction

Il se composait de locomotives Ă  vapeur tender de 17 tonnes, type 030 T, de marque Pinguely construites en 1900 et 1904. Elles portaient les numĂ©ros 4-5-6-8.

En 1913, 4 autres locomotives furent acquises, de marque Corpet-Louvet et de type 030 T. Elles portaient les numéros 24-25-29-30.

Enfin en 1914, 2 autres locomotives plus lourdes et plus puissantes furent affectĂ©es Ă  la ligne de Joigny Toucy. D’un poids de 22 tonnes et de type 130 T, elles sont de marque Corpet, et portaient les numĂ©ros 41-45.

Selon les disponibilités ces machines à vapeur circulaient aussi bien sur la ligne de Joigny à Toucy que sur celle de Joigny à Auxerre [10].

  • Les machines d'après photographies d'Ă©poque.
  • Pinguely 030 T n°5 en gare de Chamvres-Paroy tractant un train mixte.
    Pinguely 030 T n°5 en gare de Chamvres-Paroy tractant un train mixte.
  • Corpet Louvet 030 T n°24 en gare d'Aillant sur Tholon.
    Corpet Louvet 030 T n°24 en gare d'Aillant sur Tholon.
  • Corpet 130 T n°45 en gare d'Egleny, train en direction de Toucy.
    Corpet 130 T n°45 en gare d'Egleny, train en direction de Toucy.

Les voitures de voyageurs

voiture 2 essieux en gare de Joigny devant la remise Ă  locomotives

Le parc du matériel roulant était composé d’une vingtaine de voitures voyageurs, dont 3 voitures à bogies .

Ces voitures avaient deux plates formes aux extrémités.

A l’intérieur des voitures à 2 essieux, on comptait 24 places assises, avec deux banquettes en long de chaque côté de la voiture.

Les 3 voitures Ă  bogies offraient 52 places.





Les wagons marchandises

Gare de Senan-Volgré un train de marchandises en direction de Joigny

Le parc des wagons de marchandises se composait d’une quarantaine de Wagons surtout des couverts et quelques wagons plats.







Notes et références

  1. Journal officiel de l'Empire français, vol. 5 octobre 1869, Journaux officiels (Paris), , 4 p. (lire en ligne), p. 2
  2. Rapports et délibérations, Département de l'Yonne, Conseil général, , 600 p. (lire en ligne), « Rapport de la commission », p. 438
  3. Rapports et délibérations, Département de l'Yonne, Conseil général, , 240 p. (lire en ligne), « Séance du 17 avril 1874 », p. 145
  4. « Le train de Monsieur Larmanjat », sur MSA Modélisme, Michel Subrenat-Auger (consulté le )
  5. Rapports et délibérations, Département de l'Yonne, Conseil général, , 537 p. (lire en ligne), « Séance du 23 décembre », p. 92
  6. Centre Auxerrois de l’université pour tous de Bourgogne, Heurs et malheurs des tacots de Yonne p. 147 à 169.
  7. Les petits trains de jadis Sud Est de la France H. Domengie - Editions du cabri p. 31 Ă  38.
  8. Émile Level, De la construction et de l'exploitation des chemins de fer d'interêt local, Dunod, , 636 p. (lire en ligne), « Chemin de fer de transbordement à un seul rail. Système Larmanjat. Rapport de M. Belgrand. », p. 493-505
  9. Sources : Archives Départementales de L’Yonne
  10. revue F.A.C.S. no 209 de 1988 page 9-10

Voir aussi

Liens externes

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