Librairie du Travail
La Librairie du Travail est une ancienne maison d'édition française, fondée en 1917 à l'initiative de Marcel Hasfeld. Son activité cesse en 1939. Elle publie des textes révolutionnaires et contestataires.
Librairie du travail | |
Repères historiques | |
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Création | 1917 |
Disparition | 1939 |
Fondée par | Marcel Hasfeld |
Fiche d’identité | |
Forme juridique | Société coopérative ouvrière de production |
Statut | Éditeur indépendant |
Siège social | Paris (France) |
Spécialités | essais |
Langues de publication | Français |
Historique
Lors de sa création, le la Librairie du Travail est une bibliothèque qui ouvre dans le local de La Vie Ouvrière[1].
Le principal fondateur est Marcel Hasfeld secrétaire de la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR) et adhérent de la C.G.T[2]. Durant la guerre il est trésorier du Comité d’action internationale (CAI), qui se transforme en Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI). il cosigne le manifeste pacifiste La paix par les peuples. En 1917 Pierre Monatte l'accueille dans les locaux de La Vie Ouvrière afin de créer la bibliothèque[3].
Dès août 1918 la Libraire réédite une brochure de Romain Rolland Aux peuples assassinés. Elle est rapidement suivie d'autres : Les syndicalistes français et la guerre de Georges Dumoulin, des textes de Lénine...
Si la Librairie était une centrale de propagande des idées socialistes. le projet, qui ne put être réalisé, de Marcel Hasfeld était plus vaste " il avait dessiné un complexe schéma d’organisation structuré par régions et par services. Selon les principes syndicalistes qui lui étaient chers, ceux de la VO, il entendait que les ouvriers fussent le plus possible les metteurs en œuvre directs de ce centre. Il écrivait : « L’émancipation des prolétaires devant être l’œuvre des prolétaires eux-mêmes, il est temps que ceux-ci soient capables de créer, de faire vivre et de développer les organes dont ils ont besoin pour leur affranchissement. »[4].
Le la Librairie devient officiellement une Société Coopérative ouvrière de production présidée par Pierre Monatte et comprenant 12 associés dont Marcel Hasfeld nommé directeur.
Les publications de la Librairie font l'objet de censure "Dès 1927-1928, les livres édités par la Librairie du Travail sont interdits : c’est, en juin 1928, la censure des chemins de fer dans les bibliothèques des gares où figurent, parmi les ouvrages ne pouvant être mis à l’étalage, ni être vendus aux femmes et aux adolescents"[1]. La Librairie se heurte aussi à l'hostilité du Parti communiste français et de la CGT qui lui reprochent la publication des ouvrages de Victor Serge. Elle poursuit néanmoins son activité tout en la réduisant : quarante-deux titres seulement sont édités de 1929 à 1937. La Librairie, ne pouvant rembourser ses dettes, est déclarée en faillite par un jugement du tribunal de commerce de la Seine du 27 avril 1938. Le liquidateur nommé vend les stocks de livres restant aux enchères publiques. L'éditeur Maspero a, par la suite, réédité un certains nombres des titres publiés par la Librairie du travail. François Maspero présente, en 1971, une exposition dans laquelle est retracée la vie de la Librairie du Travail[5].
Activité éditoriale
Au cours de ses 22 années d'existence la Librairie du Travail a édité 130 titres différents de brochures et livres[6] , liste partielle :
Collection Histoire et éducation prolétariennes :
Marcel Martinet Culture prolétarienne, 1935, 188 p.
Albert Thierry RĂ©flexions sur l'Ă©ducation suivies des Nouvelles des Vosves
Marcel Martinet L'affaire Victor Serge
Collection Études et documents sur la guerre
Gustave Dupin Conférence sur les responsabilités de la guerre
Un livre noir, diplomatie d'avant-guerre et de guerre d'après les documents des archives russes (1910-1917). Correspondance d'Isvolsky
Collection Faits et documents
Wolf Bertram La guerre civile en Autriche
Félicien Challaye Un aspirant dictateur : André Tardieu
Maurice Dommanget Auguste Blanqui Ă Belle-Ile
Robert Louzon La déchéance du capitalisme
Robert Louzon Deux grands courants du capitalisme moderne : impérialisme et nationalisme
Rosa Luxembourg L'accumulation du capital , 1935
Jacques Perdu Les insurrections lyonnaises (1831-1834)
Victor Serge LĂ©nine 1917
Victor Serge L'an I de la RĂ©volution russe
Victor Serge Vie des révolutionnaires,
Victor Serge Le problème de l'illégalité",
Victor Serge 'La ville en danger - PĂ©trograd, l'an II de la RĂ©volution",
Léon Trotsky Les problèmes de la guerre civile
LĂ©on Trosky LĂ©nine
Collection Les bonnes feuilles Aristide Briand La grève générale et la révolution, 1920
Collection Discussion et polémique
Fernand Loriot Les problèmes de la révolution prolétarienne
LĂ©on Trosky Vers le capitalisme ou vers le socialisme ?
Notes et références
- Marie-Claire Bardouillet, La Librairie du travail (1917-1939), Paris, La DĂ©couverte, Centre d'histoire du syndicalisme, , 258 p. (ISBN 978-2-707-109415)
- Jean Prugnot, Guillaume Davranche, « Notice Hasfeld Marcel dit Lecram », sur maitron.fr, 2009, 2019 (consulté le )
- En 1920 , elle quitte le local de la Vie ouvrière, 96 Quai de Jemmapes, pour le 17 rue Sambre-et-Meuse. [lire en ligne]
- Maxime Braquet, « La « Librairie du travail » de Marcel Hasfeld », sur des-gens.net,
- « La librairie du Travail », Le Monde,‎
- Marcel Hasfeld indique les tirages suivants : "Jusqu’en 1925, 26 Bonnes Feuilles : 296 pages pour un tirage de 580 000. Brochures de moins de 100 pages : de 1918 à 1928, 1 790 pages pour un tirage de 313 250 ; de 1929 à 1937, 1 064 pages pour un tirage de 133 390. Livres de plus de 100 pages : 20 de 1918 à 1923, 4 300 (?) pages pour un tirage de 64 815 (?) (j’ai forcé de 260 pages et d’un tirage de 2 000 pour Activités de l’I.S.R.) ; 20 de 1929 à 1937, 5 640 pages pour un tirage de 68 060. Il s’agit donc, d’une part, de onze ans, et ensuite de neuf ans seulement. Pour le tirage des livres, de 1918 à 1928 ; 7 titres à 2 000 exemplaires, 5 à 3 000, 1 à 3 200, 2 à 3 500, 2 à 4 000, 3 à 5 000. De 1929 à 1937 : 3 à 2 000, 8 à 3 000, 2 à 3 500, 4 à 4 000, 3 à 5 000. Le tirage des livres atteignit donc près de 133 000 : 24 de 3 000 et moins, et 16 de 3 500 et plus, dont 9 pour la période de neuf ans. Le tirage global, brochures et livres, carte comprise, atteint donc près de 1 160 000, soit de plus de 8 000 en moyenne et près de 4 500 par mois." in Marcel Hasfeld Réflexions et corrections Dans La Librairie du travail (1917-1939) (1977), pages 199 à 228.