Les Peacocks
Les Peacocks sont une société littéraire secrète, anticonformiste et burlesque fondée vers 1910 par trois femmes : Blanche Rousseau, Marie Closset et Marie Gaspar bientôt rejointes par Francis de Miomandre. Ils se réunissent à Bruxelles et à Paris où l'initiative amuse. Théo Van Rysselberghe, l'ami des Peacocks, réalise une toile en 1901, La promenade, qu'il rebaptise ensuite la Peacocks march.
Forme juridique | Société secrète |
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But | Cercle littéraire (Poésie) |
Fondation | ~1910 |
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Fondatrice | Blanche Rousseau, Marie Closset, Marie Gaspar |
Siège | Rue de l'Échevinage, Uccle |
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Membres | Francis de Miomandre |
Sympathisants | Alain-Fournier, Théo et Maria Van Rysselberghe, Arnold Goffin |
Slogan | tout est permis, sauf de se conduire comme tout le monde[1] |
Historique
C'est vers 1910 que Blanche Rousseau, Marie Closset et Marie Gaspar fondent l'académie des Peacocks, une société littéraire secrète. Elles prennent avec humour des pseudonymes. Marie Closset qui a fait le choix de publier ses œuvres sous le pseudonyme masculin de Jean Dominique, se fait appeler Peacock (paon en anglais)[2].
Francis de Miomandre rencontre à Bruxelles Blanche Rousseau, Marie Closset et Marie Gaspar qui avaient fondé ensemble la société secrète des Peacocks[3]. Francis de Miomandre en devient l'un des membres[4]. D'autres artistes comme Théo et Maria Van Rysselberghe ou encore Arnold Goffin fréquentent le cercle littéraire[4].
Le critique littéraire, Edmond Jaloux, dira de ce groupe qu'il s'agissait d'une société littéraire Vivant en dehors de la réalité, dans une grande amitié avec les poètes, les objets et les petits animaux[5]. Cette société anticonformiste n'avait d'autre ambition que la poésie de la vie et le rire[6]. Francis de Miomandre écrit dans sa Digression peacockienne qu'au sein du groupe tout était permis, sauf de se conduire comme tout le monde[1].
Jusqu'en 1912, Marie Closset et Blanche Rousseau donnent des cours de français et de littérature à l'école normale de la rue du Marais fondée par Isabelle Gatti de Gamond. Leurs méthodes d'enseignement, non-conformistes, dérangent et, en 1913, avec l'aide de Marie Gaspar, elles décident de fonder l'Institut de culture française et d'y enseigner la littérature. Paul Reclus y enseigne l'histoire et la géographie. Sont également dispensés des cours d'histoire de l'art, de latin. En tout, six années de formation sont organisées[7].
Le cercle littéraire amuse, jusqu'à Paris et, en 1913, Alain-Fournier leur adresse un exemplaire du Grand Meaulnes dédicacé et se dit, à leur plus grande joie, être Membre correspondant du club des Peacocks[6].
Durant la Première Guerre mondiale, l'Institut tourne au ralenti et, lorsque le mari de Blanche Rousseau, Maurice Belval (1862-1917), connu en littérature sous le pseudonyme d’Henri Maubel, meurt, les trois femmes décident d'habiter ensemble. Au début des années 1920, l'Institut déménage pour s'installer rue de l'Échevinage à Uccle, le trio s'y installe également[7].
En 1924, Marie Closset y accueille une jeune américaine née en Belgique, May Sarton, dont elle devient le mentor[7].
The Peacock march
En 1901, Théo Van Rysselberghe réalise une peinture qui représente les trois Peacocks et son épouse, Maria, promenant sur une plage à Ambleteuse. De l'avant plan à l'arrière plan on distingue: Marie Closset, Blanche Rousseau, Maria Van Rysselberghe et Marie Gaspar[8]. Il rebaptisera par la suite sa toile : The Peacocks march (la marche des Peacocks).
Blanche Rousseau meurt à Ixelles, le [9]. Marie Gaspar, dite Gaspari, née en 1874 meurt en 1951. Marie Closset, la dernière en vie, meurt à Uccle, la [7].
Notes et références
Notes
- De l'avant plan à l'arrière plan : Marie Closset, Blanche Rousseau, Maria Van Rysselberghe et Marie Gaspar (Bulletin des Amis d’André Gide —191/192 — Juillet-Octobre 2016, Martine Sagaert : Maria Van Rysselberghe, une femme libre, p. 33 (lire en ligne)
Références
- de Miomandre 1911.
- Masson 1993, p. 115.
- Bulteau 1988, p. 23.
- Gemis 2010, p. 26.
- Edmond Jaloux cité par Rousselot 2016
- Rousselot 2016.
- Gubin 2006, p. 112.
- Sagaert 2016, p. 33.
- Gubin 2006, p. 489.
Ouvrages
Francis de Miomandre, Digression Peacockienne, Paris, Les Amis d'Édouard n°3, , 29 p..
Bibliographie
- Michel Bulteau, Le Club des longues moustache, Paris, Quai Voltaire, (lire en ligne), p. 23 et sq.
- Jacqueline Dalcq Depoorter, « Les trois Dames d’Uccle », Ucclensia, no 260,‎ , p. 3-13 (lire en ligne).
- Vanessa Gemis, « Femmes et champ littéraire en Belgique francophone (1880-1940) », Sociétés contemporaines, vol. 78, no 2,‎ , p. 15-37 (lire en ligne, consulté le ).
- Vanessa Gemis, « Socialisation genrée et création littéraire : les récits autobiographiques de Jean Dominique et Blanche Rousseau », COnTEXTES, no 15,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Catherine Gravet, « D’un Portrait Graphologique: « Infiniment Séduisant ». », Bulletin Des Amis D'André Gide, vol. 35, no 155,‎ , p. 371-390 (lire en ligne, consulté le ).
- Éliane Gubin, Dictionnaire des femmes belges : XIXe et XXe siècles, Lannoo Uitgeverij, , 637 p. (ISBN 978-2-87386-434-7, lire en ligne), p. 110-112
- Patricia Izquierdo, « Jean Dominique : des influences au silence (analyse du péritexte) », Sextant : Revue du groupe interdisciplinaire d'études sur les femmes, nos 17-18 « Poésie »,‎ , p. 149-168 (lire en ligne).
- Pierre Masson, « Gide Et Les Van Rysselberghe: Fragments Inédits Des Cahiers De La Petite Dame », Bulletin Des Amis D'André Gide, vol. 21, no 97,‎ , p. 103-117 (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Margot Peeters, May Sarton: Biography, Random House Publishing Group, , 496 p. (ISBN 9780307788535, lire en ligne).
- Remi Rousselot, Francis de Miomandre, un Goncourt oublié, La Différence, , 354 p. (ISBN 9782729122300 et 2729122303, lire en ligne)
- Martine Sagaert, « Maria Van Rysselberghe, une femme libre », Bulletin des Amis d’André Gide, vol. 49, nos 191-192,‎ , p. 21-34 (lire en ligne, consulté le ).
- Pierre Van Den Dungen, « Parcours singuliers de femmes en lettres : Marie Closset, Blanche Rousseau et Marie Gaspar. Des cours d’éducation d’Isabelle Gatti de Gamond à quelques expériences éducatives buissonnières », Sextant, nos 13-14 « Femmes de culture et de pouvoir »,‎ , p. 189-209 (lire en ligne, consulté le ).
- Pierre Van Den Dungen, « Rousseau Blanche, Eugénie, Pauline (1875-1949), épouse Belval », dans Eliane Gubin, Catherine Jacques, Valérie Piette et Jean Puissant, Dictionnaire des femmes belges: XIXe et XXe siècles, Bruxelles, éditions Racine, (lire en ligne), p. 488-489.
- (nl) Denise De Weerdt, « De Sartons en België », TGSB,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Collectif, « Catherine et son étrange famille : le clan Gide / Van Rysselberghe », Librairie les Amazones/La Basse Fontaine,‎ , p. 32 (lire en ligne, consulté le ).