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Les Fonderies d'acier

Les Fonderies d'acier (titre original en russe : Завод: музыка машин, « zavod: muzyka-mashin » ; en français : Usine : musique mécanique) op. 19 est un mouvement symphonique tiré du ballet L'Acier d'Alexandre Mossolov composé entre 1926 et 1927.

Cette pièce expressionniste de quatre minutes qui traduit la puissance mécanique des machines a fait la renommée de son auteur. C'est l'œuvre la plus connue du compositeur soviétique et l'un des premiers exemples de musique futuriste. Premier et seul mouvement restant de la suite de ballet Stal (Acier), En prison, Au bal et Au square étant perdus, Les Fonderies d'Acier est joué comme une pièce orchestrale autonome.

Contexte

Les Fonderies d'acier sont un produit de leur temps. Après la révolution russe de 1917, la musique romantique, bien que non interdite, perd de son prestige et devient un vestige de l'ancienne classe dirigeante pendant que les idées expérimentales et révolutionnaires prospèrent[1]. En 1923 est fondée l'Association pour la musique contemporaine pour les compositeurs d'avant-garde. Mossolov, son professeur Nikolaï Miaskovski, Dmitri Chostakovitch et d'autres compositeurs la rejoignent.

Historique

Les Fonderies d'acier sont originellement composées pour le ballet L'Acier sur un livret d'Inna Tchernetskaïa (ru) qui n'a finalement jamais été monté. La pièce est en revanche présentée comme premier mouvement de la suite orchestrale du ballet et créée à Moscou le lors du concert de l'Association pour la musique contemporaine commémorant le dixième anniversaire de la révolution russe[2]. Le même concert présentait la deuxième symphonie de Dmitri Chostakovitch, la cantate Octobre de Nikolaï Roslavets et le Prologue de Léonide Polovinkine[3] - [4].

La composition de Mossolov est exécutée le , lors du huitième festival de la Société internationale pour la musique contemporaine à Liège, où elle est acclamée par la critique[4] : « Nous avons là [...] une sorte de thème lyrique, le chant de l'acier, ou bien de l'homme, le maître de forges [...] C'est une idée essentiellement musicale portée avec conviction et, comme pièce conclusive d'un programme orchestral, elle mérite de devenir populaire[5]. »

À l'Hollywood Bowl en 1931, Les Fonderies d'acier sont utilisées pour la musique du ballet d'Adolph Bolm, The Spirit of the Factory — également connu comme Ballet mécanique (à ne pas confondre avec la composition de 1924 de George Antheil), Mechanical Ballet ou The Iron Foundry[6] — reçu avec « de vibrantes ovations, des commentaires enthousiastes et une ardente exigence » pour un bis[7]. C'était la première fois que Les Fonderies d'acier étaient exécutées pour une représentation scénique ; bien que ce fût l'intention originale, elles n'ont jamais été jouées pour le ballet L'Acier qui n'a jamais été monté.

Metallica a joué cette pièce avec l'Orchestre symphonique de San Francisco, lors de leurs concerts S&M2 au Chase Center de San Francisco les 6 et .

Instrumentation

Trois flûtes (dont piccolo), deux hautbois, un cor anglais, trois clarinettes (dont clarinette basse), deux bassons, un contrebasson, quatre cors, trois trompettes, trois trombones, un tuba, timbales, caisse claire, grosse caisse, cymbales, tam-tam, tôle d'acier, cordes.

Analyse

La pièce est écrite dans une forme ternaire. Elle commence avec un allegro composé de brèves figures (en) chromatiques circulant à travers l'orchestre et se développant lentement en trio puis retournant à l'allegro du début dans la coda. De cette manière, Mossolov « coordonne les rythmes mécanistes en groupes orchestraux spécifiques travaillant ensemble comme les rouages d'une machine bien huilée[8] ». Contrairement à George Antheil qui utilise des éléments mécaniques pour atteindre ses objectifs musicaux dans son Ballet mécanique, Mossolov utilise un orchestre en direct pour créer un son semblable à celui d'une usine[9].

Introduction

La pièce débute comme la représentation de la mise en route de la machine, avec des coups de timbales et des figures répétitives qui commencent avec quelques instruments auxquels, mesure après mesure, se joignent les autres pour finir par suggérer le son d'une usine au travail. À la vingt-septième mesure, les instruments qui se chevauchent créent un son délibérément mécanique dominé par les cors qui jouent le thème principal de la pièce.

Trio

Dans le trio, la machine s'arrête soudainement. Les vents et la caisse claire s'avancent vers un échange syncopé entre les cuivres et les vents et marqué par la grosse caisse et les timbales. Cela donne lieu à un motif de timbale stable, semblable à une marche, qui ramène l'orchestre à l'atmosphère du début.

Coda

Maintenant, la machine est revenue à sa pleine puissance. Les idées musicales de l'introduction sont réintroduites, et le piccolo et la tôle métallique sont ajoutés à la texture. Certaines interprétations, notamment celle de l'Orchestre royal du Concertgebouw, traduisent la partie de tôle métallique par l'association d'une tôle et d'une enclume avec des frappes sur l'enclume à chaque temps comme indiqué par les accents verticaux. Cependant le conducteur publié par Edwin F. Kalmus (en) indique dans une note que la tôle doit être mise en vibration à chaque accent vertical et vibrer naturellement entre les temps[10]. Les dix dernières mesures de la pièce s'accélèrent et s'intensifient jusqu'à l'avant-dernière mesure, où la plupart des instruments disparaissent. Le cor et la trompette jouent une brève figure et l'orchestre revient mettre fin à la pièce avec un finale sforzando.

Notes et références

  1. Makanowitzky 1965, p. 267.
  2. Nelson 2004, p. 200.
  3. Sitsky 1994, p. 61.
  4. Ferenc 2004, p. 12.
  5. Evans 1930, p. 901.
  6. Hammer 1997, p. 192.
  7. Hammer 1997, p. 191.
  8. Lewis 2005, p. 882.
  9. Kozlenko 1937, p. 302.
  10. Mosolov ed. Kalmus, p. 3.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Edwin Evans, « The Liége Festival », The Musical Times, Londres, Novello, vol. 71, no 1052, , p. 898–902 (ISSN 0027-4666, OCLC 53165808, JSTOR 916883)
  • (en) Anna Ferenc et Neil Edmunds (dir.), Soviet Music and Society under Lenin and Stalin, Abingdon, England, Routledge, , 8–18 p. (ISBN 0-271-03106-9), « Music in the socialist state »
  • (en) Les Hammer, George Dorris (dir.) et Jack Anderson (dir.), « 'The Spirit of the Factory': Adolph Bolm's Post-Moderne Masterpiece », Dance Chronicle, New York, Marcel Dekker, vol. 20, no 2, , p. 191–208 (ISSN 0027-4666, OCLC 48483212, DOI 10.1080/01472529708569279, JSTOR 916883)
  • (en) William Kozlenko et Carl Engel (dir.), « Soviet Music and Musicians », The Musical Quarterly, New York, G. Schirmer, vol. XXIII, no 3, , p. 295–305 (ISSN 0027-4631, OCLC 53165498, DOI 10.1093/mq/xxiii.3.295, JSTOR 738987)
  • (en) David Lewis, Gene Tyranny, Chris Woodstra (dir.), Gerald Brennan (dir.) et Allen Schrott (dir.), All Music Guide to Classical Music : The Definitive Guide to Classical Music, San Francisco, Backbeat Books, , 881–2 p. (ISBN 0-87930-865-6), « Alexander Vasil'yevich Mosolov »
  • (en) Barbara Makanowitzky et Dimitri Mohrenschildt (dir.), « Music to Serve the State », Russian Review, Hanover, NH, Russian Review, vol. 24, no 3, , p. 266–277 (ISSN 0036-0341, OCLC 47075590, JSTOR 126628)
  • (de) Alexander Mosolov, Die Eisengießerei "Iron Foundry", Hambourg, Musikverlag Hans Sikorski, (1re éd. 1926), Musical score
  • (en) Alexander Mosolov, The Foundry (Machine-Music), Boca Raton, FL, Edwin F. Kalmus (1re éd. 1926), Musical score
  • (en) Amy Nelson, Music for the Revolution : Musicians and Power in Early Soviet Russia, University Park, PA, Penn State Press, , 346 p. (ISBN 0-271-03106-9, lire en ligne)
  • (en) Larry Sitsky, Music of the Repressed Russian Avant-Garde, 1900–1929, Westport, CT, Greenwood Press, , 60–86 p. (ISBN 0-313-26709-X, lire en ligne), « Alexander V. Mosolov: The Man of Steel »

Discographie

Articles connexes

Liens externes

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