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Les Douaniers des langues

Les Douaniers des langues est une monographie des professeurs de traduction à la retraite Jean Delisle (Université d'Ottawa) et Alain Otis (Université de Moncton) publié en 2016, aux Presses de l'Université Laval.

Les Douaniers des langues
Grandeur et Misère de la traduction à Ottawa
Pays Drapeau du Canada Canada
Genre Essai
Éditeur Presses de l'Université Laval
Date de parution 2016
Type de média Papier
Nombre de pages 491
ISBN 978-2-7637-3117-9

Contenu

Dans cet ouvrage, les auteurs décrivent le parcours du monde de la traduction à Ottawa sur cent ans à partir de la Confédération canadienne (1867).

Le livre s'ouvre sur le débat qui s'est posé dès la Confédération au sujet de la traduction du mot anglais Dominion (en parlant du Canada), que George-Étienne Cartier tenait à faire traduire par « Puissance », mot que la plupart des traducteurs jugeaient inexact.

Dans la première moitié de la période étudiée, la traduction est une activité encore plutôt embryonnaire dans le nouveau Canada, et les traducteurs sont souvent des journalistes Canadiens français exilés du Québec en raison de l'anathème jeté sur eux par une société ultramontaine et conservatrice. C'est aussi un monde où les fonctionnaires sont couramment nommés par favoritisme.

Les choses commencent à changer avec le fondation du Bureau des traductions en 1934, geste politique et administratif qui donne lieu à un tollé dans le monde francophone, où l'on estime que le fait de regrouper les traducteurs en un seul bureau nie l'importance des spécialisations. (Cette importance sera cependant reconnue dans l'organisation du nouveau Bureau.)

L'ouvrage est émaillé de biographies et mini-biographies de dizaines de traducteurs couvrant la période étudiée. En filigrane, on y constate à quel point la traduction est au cœur de la nation canadienne et des inéquités, corrigées ou non, entre les deux peuples fondateurs. Ainsi, avec l'avènement de l'interprétation simultanée à la Chambre des communes à la fin des années 1950, le nombre d'interventions en français est subitement multiplié par cinq. Précédemment, les députés francophones soient devaient s'exprimer dans un anglais peu éloquent, soit se taisaient.

L'ouvrage se conclut sur les talents « connexes » des traducteurs d'Ottawa, beaucoup d'entre eux ayant également été auteurs, musiciens ou sportifs.

Extraits

  • (Sur la fondation du Bureau des traductions) « Selon Oscar Paradis (Division des lois), la centralisation “dĂ©sorganiserait” son service, car les traducteurs communiquent cinquante fois par jour avec les rĂ©dacteurs lĂ©gislatifs. Ils sont Ă©galement tenus au secret; il leur est mĂŞme interdit de dire quels bills ils ont sur le mĂ©tier. Hector Carbonneau (Traduction gĂ©nĂ©rale) demande, quant Ă  lui, que l'on conserve l'intĂ©gralitĂ© de son service et, pour en prĂ©server la vocation strictement parlementaire, que l'on cesse d'y faire traduire les rapports annuels des ministères. » (chap. 9, « Un projet de loi impopulaire », p. 202)
  • (Sur l'instauration d'un système d'interprĂ©tation simultanĂ©e Ă  la Chambre des communes) « Durant la discussion, un ministre fait part de ses apprĂ©hensions Ă  ses collègues : “Ce système risque de donner un caractère artificiel aux dĂ©bats de la Chambre et d'en changer l'ambiance. On a rendu les Communes mĂ©connaissables, ces dernières annĂ©es, et l'utilisation de l'Ă©quipement de traduction simultanĂ©e aura pour effet de dĂ©truire l'institution nationale la plus prisĂ©e du pays.” On lui rĂ©torque que les cabines seront très discrètes, que les dĂ©putĂ©s de langue française hĂ©siteront moins Ă  prendre la parole et que, si les conservateurs ne donnent pas suite Ă  cette mesure, ils risque de perdre beaucoup de sièges aux prochaines Ă©lections. » (chap. 16, « De dictateurs Ă  interprètes parlementaires », pp. 327-328)
  • (Sur l'instauration d'un système d'interprĂ©tation simultanĂ©e Ă  la Chambre des communes) « Chaque pupitre de la Chambre basse est muni d'un Ă©couteur et de deux boutons : l'un sert Ă  sĂ©lectionner la langue, l'autre Ă  rĂ©gler le volume. Les dĂ©putĂ©s se fĂ©licitent de leur nouveau “système”, mĂŞme s'il leur faut s'habituer Ă  mettre leur Ă©couteur au bon moment, Ă  le brancher convenablement et Ă  rĂ©gler l'intensitĂ© du volume. “Un nouveau bruit s'est ajoutĂ© Ă  tous ceux qu'on entend aux Communes, celui des commutateurs que manipulent les dĂ©putĂ©s qui font usage du système d'interprĂ©tation simultanĂ©e” (Globe and Mail, , p.1). Les dĂ©putĂ©s appellent familièrement leur Ă©couteur “mon traducteur” certains aimeraient bien l'emporter avec eux Ă  la fin de la journĂ©e. » (chap. 16, « De dictateurs Ă  interprètes parlementaires », pp. 336-337)
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