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Le DĂ©mon

Le Démon (conte oriental) est un poème composé par Mikhaïl Lermontov entre 1838 et 1841.

Le DĂ©mon
Image illustrative de l’article Le Démon
Tamara et le DĂ©mon, Constantin Makovski (1889)

Auteur MikhaĂŻl Lermontov
Pays Drapeau de la Russie Russie
Genre Poésie
Version originale
Langue Russe
Date de parution Après 1841

Contexte

Le poème Le Démon serait « dans la lignée de Faust et de Goethe » ; Lermontov apparaît alors comme le poète romantique russe par excellence. Le romantisme de Lermontov exprime bien souvent la révolte et l'amertume de toute une génération (cela ferait écho avec le Mal du Siècle que l'on retrouve en France). Cet auteur est l'une des figures emblématiques de la littérature russe. Lermontov était un très bon prosateur stylistique et créateur de roman psychologique. De plus, la langue russe permettrait une certaine musicalité qu'on ne retrouverait pas dans d'autres langues, cela permet donc aux œuvres et aux auteurs de jouer avec la musicalité originelle de la langue. En ce qui concerne la peinture russe, Didier Rykner dans La Tribune de l’art met en avant ceci: «Souvent formés en France ou par des artistes français, ayant beaucoup voyagé, en Allemagne notamment, les peintres russes montrent ce qu’ils doivent à l’art de ces deux pays, même s’ils possèdent leur propre originalité […]» L’inspiration des occidentaux reste encore en peinture très présents pour les Russes néanmoins, cela ne les empêche pas d’avoir leur propre inspiration et leur propre style autant dans la peinture que dans la littérature.

Résumé

Dans Le DĂ©mon, la Terre est vue comme une terre « pĂ©cheresse Â».

PARTIE I (16 sous-parties)

Le démon après une grande errance se pose dans le Caucase, terre « sauvage », « indomptable ». Cependant, cette nature admirable laisse insensible le démon. Bien au contraire, il la déteste. Ses sentiments changent pourtant en voyant la princesse Tamara. Il tombe sous son charme. À sa vue, sa nature diabolique s'étiole. Ce jour est un grand jour de fête, elle doit se marier au roi Cinodal. Son promis, le roi de Cinodal, est en chemin sur un coursier, accompagné d'une caravane et de nombreux chameaux, mais il meurt en arrivant, tombé de son cheval en furie. Ce jour qui devait être heureux se voile de tristesse. Le vieux Gudal et sa famille pleurent le roi de Cinodal. C'est la première fois qu'ils goûtent au malheur, impuissants.

La belle Tamara commence alors à avoir des rêves étranges, lugubres. Elle s'inquiète, elle est tourmentée.

PARTIE II (15 sous-parties)

Le démon poursuit Tamara dans ses pensées. Elle demande miséricorde à son père pour ses sentiments impurs, sa déraison. Une personne sombre la poursuit dans ses songes. Sa famille l’emmène dans un couvent caché entre deux collines. Elle devient religieuse. Son âme lutte avec acharnement contre sa « vision impie » mais, torturée, n'y pouvant rien, elle écoute la voix du démon. Celui-ci hésite à fomenter ses projets obscurs. Puis un doux son de harpe durant la nuit lui rappelle son amour pour la belle. Ce vif sentiment lui arrache une larme qui marque à jamais la pierre sur laquelle elle a coulé. C'est alors qu'il est trouvé dans le couvent par l'ange qui protège Tamara. Ce dernier le tance et cherche à l'éloigner. Il part mécontent mais décide de revenir à un moment plus propice. S'ensuit alors un dialogue entre Tamara et le démon où il explique qui il est. À travers ce portrait, il se montre esseulé : « vivre pour soi seul ; être un objet d'ennui pour soi-même. » Il ne semble pouvoir faire le mal : bien au contraire, dans son discours, il raviverait la foi des mécréants. À ces mots, Tamara ne sait plus quoi penser. La belle religieuse ploie sous le long monologue plaintif du démon. Pour éteindre toute méfiance chez Tamara, il lui jure de ne pas concevoir envers elle de mauvaises intentions. Les dernières résistances de la jeune femme s'évanouissent alors et l'étreignant follement, il lui retire la vie dans un dernier soupir de désespoir. Elle expire et l'esprit malfaisant triomphe. C'est alors que le veilleur de nuit qui fait sa ronde habituelle dans le couvent presse le pas, pressentant quelque chose de funeste.

La princesse devenue religieuse repose à jamais dans un cercueil. Sa beauté reste figée comme le marbre. Plus aucun signe de vie sur ses traits. Seul un sourire amer rappelle l'étreinte entre le démon et la religieuse. La famille de la belle commence un voyage de trois jours pour rejoindre la tombe de la jeune femme et lui faire ses adieux. Un ange aux ailes d'or vient alors récupérer l'âme de Tamara. Le jugement a été prononcé, Tamara sera sauvée des enfers. Le démon, après avoir été vainqueur, est totalement vaincu et restera à jamais seul.

Personnages

On a deux figures antithétiques : la religieuse (figure de pureté) et le démon qui se rejoignent dans l'histoire.

  • Le dĂ©mon : il passe d'un chĂ©rubin pur Ă  un dĂ©mon. Il est qualifiĂ© plusieurs fois de proscrit dans le rĂ©cit. Deux facettes se dĂ©gagent dans ce personnage. C'est un personnage ambigu dans l'histoire. Il semble abhorrer sa mission : faire le mal. Ce qui est assez antithĂ©tique avec l'image qu'on se fait du dĂ©mon. Tout le long de l'histoire, sa nature est difficile Ă  saisir. TantĂ´t il se repend, tantĂ´t il rĂ©vèle sa nature de sĂ©ducteur. Cette façon de montrer le dĂ©mon semble ĂŞtre lĂ  aussi pour tromper le lecteur. C'est ce qui rend cette histoire originale. Elle sort du contexte habituel. Il n'est plus reprĂ©sentĂ© comme un personnage malfaisant. En effet, par plusieurs aspects, il est douĂ© de sentiments. Ă€ la vue de Tamara, il pleure. Il paraĂ®t pouvoir changer. Le dĂ©mon est la figure mĂŞme du romantisme, il est dĂ©chu, proscrit. Il caractĂ©rise deux pĂ´les. On ne sait s'il fait le bien ou le mal. Il est tourmentĂ©, mĂ©lancolique, et il hĂ©site aussi Ă  mettre en action ses funestes projets. En cela, il n'est pas totalement froid et calculateur comme on pourrait s'imaginer le mal en personne. Sa nature tourmentĂ©e est d'autant plus marquĂ©e par son cĂ´tĂ© trompeur qui reprend le dessus malgrĂ© lui.
  • La princesse Tamara : est vue tout d'abord comme une jeune fille pleine d'innocence. Ă€ l'aube de son mariage, elle semble tout juste sortir de l'enfance comme l'indique la formule « gaĂ®tĂ© enfantine ». La princesse Tamara dĂ©passe toutes les beautĂ©s connues en ce monde. Elle resplendit. Il est montrĂ© qu'en ce sens elle dĂ©passe mĂŞme la nature : « jamais semblable beautĂ© n'a Ă©clos sous le soleil du midi. » Elle est comparĂ©e Ă  « un ange terrestre ».
  • Le roi de Cinodal : il est montrĂ© comme un bel homme. Il est fringant, vif. L'abondance le caractĂ©rise. Sa richesse se dĂ©ploie dans le nombre de chameaux, d'objets, de parures qu'il dĂ©tient et qu'il cherche Ă  offrir Ă  Tamara.
  • Le roi Gudal : vieil homme.

Les thèmes, les motifs

  • le thème de la religion : confrontation entre l'ange et le dĂ©mon, le pur et l'impur. Thème très prisĂ© dans le mouvement romantique.
  • le thème du songe, du rĂŞve très utile pour brouiller les frontières entre le rĂ©el et le fantastique. Ce motif est rĂ©current dans le romantisme notamment dans la branche gothique.
  • le motif de la nuit : la nuit est le moment oĂą les cĹ“urs s'agitent, oĂą la raison s'enfuit. Ici, dans ce conte oriental, c'est la nuit que le dĂ©mon vient rendre visite Ă  la religieuse et essaye de la corrompre. « Le brouillard du soir a dĂ©jĂ  couvert de ses vapeurs lĂ©gères les collines de la GĂ©orgie, et fidèle Ă  sa douce habitude, le dĂ©mon a dirigĂ© son vol vers le couvent. » (deuxième partie).
  • le motif de la musique : la musique lors du banquet, source de bonheur, et la musique rĂ©vĂ©latrice des sentiments avec le son de la harpe.

Les lieux

  • le Caucase : lieu oĂą se passe l'histoire.
  • les rives de l'Arachvna : c'est lĂ  oĂą la princesse Tamara puise l'eau mais c'est aussi l'endroit oĂą se passe un grand malheur : la mort des cavaliers de Cinodal.
  • le couvent : est un lieu de retraite. Il est reprĂ©sentĂ© comme un asile, un refuge. Il se situe entre deux collines. Il est donc protĂ©gĂ© et cachĂ©.

Critique

Cette œuvre est considérée comme l'un des chefs-d'œuvre de la poésie russe, en raison de la richesse exceptionnelle de ses images. Le Démon se distingue aussi par la sincérité et la justesse de son écriture. Fortement romantique, on y reconnaît l'influence de Byron et de Pouchkine. Ce poème a inspiré de nombreux poètes et écrivains russes, notamment Pasternak, ainsi que les compositeurs Boris von Vietinghoff-Scheel (opéra Tamara), Anton Rubinstein (opéra Le Démon) et Eduard Nápravník (Symphonie no 3).

Adaptation

En 1871 le compositeur russe Anton Rubinstein écrit un opéra, à l’aide de Pavel Viskovatov (en) qui a rédigé le livret, Le Démon, inspiré du poème éponyme. Cet opéra se compose de trois actes qui restent fidèle au déroulement du poème. Il est facile de reconnaître les personnages, tels que Tamara ou le Démon, ainsi que les passages précis comme la tentative du Démon d’entrer dans le couvent où est enfermée Tamara. Le poème n’est pas seulement une inspiration musicale. Lors de la publication de l’œuvre, des peintres ont réalisé une multitude de peintures représentant le poème. L’un d’entre eux, Mikhaïl Vroubel, a peint une dizaine d’illustrations pour le jubilé de la publication de l’œuvre de Lermontov. Sa première œuvre apparentée au poème est un portait du Démon intitulée Tête du Démon, qui est une sculpture en plâtre confectionnée en 1890. Vroubel en a fait une peinture entre 1890 et 1891 qui est aujourd’hui exposée au musée d’art russe de Kiev. Dans la même année, il a peint Le Démon assis, qui est aussi une représentation du Démon, qu'on peut voir aujourd'hui à la galerie Tretiakov à Moscou. En 1899, Vroubel peint Le Démon volant qui appartient aujourd’hui au Musée russe de Saint-Pétersbourg. Sous le même titre, il a réalisé un fragment de toile datant de 1899 et une aquarelle de 1891. La dernière représentation du portrait du Démon par Vroubel est le Démon terrassé qui est la dernière œuvre que le peintre a réalisé pour le jubilé du poème. Elle est réalisée en 1902 et exposée à la galerie Tretiakov. Vroubel réalise aussi quatre esquisses du même sujet. Outre ces portraits représentatifs du Démon, le peintre a aussi réalisé un tableau où des personnages du poème apparaissent : Tamara et le Démon, peint entre 1890 et 1891 et qui appartient aujourd’hui à la galerie Tretiakov à Moscou, une œuvre qui a été maintes et maintes fois retouchée par le peintre qui était éternellement insatisfait.

Notes et références

    Liens externes

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