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Le Cerf se voyant dans l'eau

Le Cerf se voyant dans l'eau est la neuvième fable du livre VI de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668.

Le Cerf se voyant dans l'eau
Image illustrative de l’article Le Cerf se voyant dans l'eau
Gravure réalisée par Jacques Jean Pasquier d'après un dessin de Jean-Baptiste Oudry.

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1668
Chronologie


Illustration d'Auguste Vimar (1897)

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Texte

LE CERF SE VOYANT DANS L'EAU

[Ésope[1] + Phèdre[2] - [3]]

Illustration de Benjamin Rabier (1906)
Illustration en silhouettes d'Henri Avelot (1932)
Gravure de Gustave Doré (1876)
Peinture murale du groupe scolaire Jules Ferry à Conflans-Sainte-Honorine réalisée en 1936 par un peintre inconnu.

Dans le cristal d'une fontaine

           Un Cerf se mirant autrefois
           Louait la beauté de son bois,
           Et ne pouvait qu'avecque peine
           Souffrir ses jambes de fuseaux (1),

Dont il voyait l'objet (2) se perdre dans les eaux.

" Quelle proportion de mes pieds à ma tête ! "

Disait-il en voyant leur ombre avec douleur :

" Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte ;

           Mes pieds ne me font point d'honneur. "
               Tout en parlant de la sorte,
                Un limier (3) le fait partir.
                Il tâche à (4) se garantir ;
                Dans les forêts il s'emporte (5).
           Son bois, dommageable ornement,
           L'arrêtant à chaque moment,
           Nuit à l'office (6) que lui rendent
           Ses pieds, de qui ses jours dépendent.

Il se dédit alors, et maudit les présents

           Que le Ciel lui fait tous les ans (7).


Nous faisons cas du beau, nous méprisons l'utile ;

           Et le beau souvent nous détruit (8).

Ce Cerf blâme ses pieds qui le rendent agile ;

           Il estime un bois qui lui nuit.


Vocabulaire

(1) Ses jambes effilées comme des fuseaux

(2) "Chose où l'on arrête les yeux" (dictionnaire de Richelet). Le reflet

(3) grand chien de chasse qui sert à détourner et à lancer le gros gibier

(4) tâcher de

(5) il s'élance, il s'enfuit

(6) aux services

(7) Le bois du cerf tombe chaque année au printemps, et se refait au mois d'août orné d'une nouvelle ramification (les pointes supplémentaires sont nommées andouillers)

(8) nous perd, nous ruine. Se conférer à Pierre Corneille, Médée, acte II, scène 1 : "Jason m'a trop coûté pour le vouloir détruire" ; et à Jean Racine, Athalie, acte I, scène 1 : "Achab détruit"

Notes et références

  1. (fr + grk) Ésope (trad. Émile Chambry), « LE CERF À LA SOURCE ET LE LION », sur archive.org,
  2. (la) Phèdre, « CERVUS AD FONTEM », sur gallica.bnf.fr,
  3. Phèdre (trad. Ernest Panckoucke), « LE CERF PRÈS D'UNE FONTAINE », sur gallica.bnf.fr,

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