Le Cerf se voyant dans l'eau
Le Cerf se voyant dans l'eau est la neuvième fable du livre VI de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668.
Le Cerf se voyant dans l'eau | |
Gravure réalisée par Jacques Jean Pasquier d'après un dessin de Jean-Baptiste Oudry. | |
Auteur | Jean de La Fontaine |
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Pays | France |
Genre | Fable |
Éditeur | Claude Barbin |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 1668 |
Chronologie | |
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Texte
LE CERF SE VOYANT DANS L'EAU
[Ésope[1] + Phèdre[2] - [3]]
Dans le cristal d'une fontaine
Un Cerf se mirant autrefois
Louait la beauté de son bois,
Et ne pouvait qu'avecque peine
Souffrir ses jambes de fuseaux (1),
Dont il voyait l'objet (2) se perdre dans les eaux.
" Quelle proportion de mes pieds à ma tête ! "
Disait-il en voyant leur ombre avec douleur :
" Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte ;
Mes pieds ne me font point d'honneur. "
Tout en parlant de la sorte,
Un limier (3) le fait partir.
Il tâche à (4) se garantir ;
Dans les forêts il s'emporte (5).
Son bois, dommageable ornement,
L'arrêtant à chaque moment,
Nuit à l'office (6) que lui rendent
Ses pieds, de qui ses jours dépendent.
Il se dédit alors, et maudit les présents
Que le Ciel lui fait tous les ans (7).
Nous faisons cas du beau, nous méprisons l'utile ;
Et le beau souvent nous détruit (8).
Ce Cerf blâme ses pieds qui le rendent agile ;
Il estime un bois qui lui nuit.
Vocabulaire
(1) Ses jambes effilées comme des fuseaux
(2) "Chose où l'on arrête les yeux" (dictionnaire de Richelet). Le reflet
(3) grand chien de chasse qui sert à détourner et à lancer le gros gibier
(4) tâcher de
(5) il s'élance, il s'enfuit
(6) aux services
(7) Le bois du cerf tombe chaque année au printemps, et se refait au mois d'août orné d'une nouvelle ramification (les pointes supplémentaires sont nommées andouillers)
(8) nous perd, nous ruine. Se conférer à Pierre Corneille, Médée, acte II, scène 1 : "Jason m'a trop coûté pour le vouloir détruire" ; et à Jean Racine, Athalie, acte I, scène 1 : "Achab détruit"
Notes et références
- (fr + grk) Ésope (trad. Émile Chambry), « LE CERF À LA SOURCE ET LE LION », sur archive.org,
- (la) Phèdre, « CERVUS AD FONTEM », sur gallica.bnf.fr,
- Phèdre (trad. Ernest Panckoucke), « LE CERF PRÈS D'UNE FONTAINE », sur gallica.bnf.fr,
Liens externes
- Le cerf se voyant dans l'eau (78 tours numérisé / audio : 1 minute 05 secondes), lecture de Robert Manuel sur le site de la Médiathèque Musicale de Paris
- Le Cerf se voyant dans l'eau, Musée Jean-de-La-Fontaine à Château-Thierry.