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Le Caire confidentiel

Le Caire confidentiel (The Nile Hilton Incident) est un thriller germano-dano-suĂ©dois (inspirĂ© de l'Égypte) Ă©crit et rĂ©alisĂ© par Tarik Saleh et sorti en 2017. Il a d'abord Ă©tĂ© montrĂ© au Festival du film de Sundance.

Le Caire confidentiel

Titre original The Nile Hilton Incident
RĂ©alisation Tarik Saleh
Scénario Tarik Saleh
Acteurs principaux

Fares Fares
Ger Duany (en)

Pays de production Drapeau de la SuĂšde SuĂšde
Drapeau du Danemark Danemark
Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau de l'Égypte Égypte
Genre thriller
DurĂ©e 106 minutes
Sortie 2017

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

« Le Caire confidentiel » ou « The Nile Hilton incident », est un film de Tarik Saleh, sorti en salle en 2017. En raison des fortes connotations politiques prĂ©sentĂ©es, ce long mĂ©trage s’est vu sĂ©lectionnĂ© pour le ‘‘festival international du film politique’’ de cette annĂ©e-lĂ . L’histoire se passe au Caire dans une pĂ©riode prĂ© rĂ©volutionnaire, moins de deux semaines avant le , jour traditionnel de la ‘‘fĂȘte de la police’’, que les activistes ont choisi pour organiser la premiĂšre manifestation contre le rĂ©gime du prĂ©sident Hosni Moubarak. À l’image, on nous prĂ©sente une ville oĂč l’argent et le statut social ont pris le dessus sur la justice. Au fil de l’histoire, nous suivons un policier du nom de Noureddine, qui enquĂȘte sur le meurtre d’une chanteuse cĂ©lĂšbre retrouvĂ©e Ă©gorgĂ©e dans sa chambre d'hĂŽtel. Mais on se rend trĂšs vite compte que les personnes chargĂ©es de rendre l’ordre et la justice au sein du peuple, sont les plus facilement corruptibles. Noureddine soupçonne un puissant dĂ©putĂ© et entrepreneur, proche du pouvoir du prĂ©sident Moubarak, d'ĂȘtre liĂ© au meurtre. L’affaire est alors rapidement jugĂ©e comme Ă©tant un suicide afin de ne pas empiĂ©ter sur les liens privĂ©s qui incluent les pouvoirs exĂ©cutif, lĂ©gislatif et judiciaire. Nous suivons tout le long du film, le policier (prĂ©sentĂ© comme un ‘‘anti-hĂ©ros’’) Ă  travers sa quĂȘte de vĂ©ritĂ© et de dĂ©mystification des fonctionnements du pays avec l’aide d’une jeune fille immigrĂ©e dont la vie est complexe et qui s’expose volontairement aux consĂ©quences de sa collaboration afin d’aider l’ordre Ă  rĂ©gner de nouveau.

Fiche technique

Distribution

  • Fares Fares : Noureddine Mostafa
  • Yasser Ali Maher : le gĂ©nĂ©ral Kammal Mostafa, oncle de Noureddine
  • Ahmed Selim : Hatem Shafiq, le dĂ©putĂ© et entrepreneur
  • Hania Amar : Gina, la chanteuse
  • Mari Malek : Salwa, la femme de chambre
  • Mohamed Yousry : Momo, l'Ă©quipier de Noureddine
  • Slimane Dazi : l'homme aux yeux verts (le tueur)
  • Ger Duany (en) : Clinton
  • Hichem Yacoubi : Nagui « le Tunisien »
  • Tareq Abdalla : Amir
  • Ahmed Khairy : le chauffeur de taxi
  • Nael Ali : Major Yosef
  • Ahmed Abdelhamid Hefny : Saleh
  • Emad Ghoniem : le capitaine Khalil

Production

Le scénario s'inspire librement du meurtre de la chanteuse libanaise Suzanne Tamim[2].

Initialement prĂ©vu en Égypte, le tournage a finalement eu lieu Ă  Casablanca aprĂšs l'annulation des autorisations par les autoritĂ©s Ă©gyptiennes[2].

Distinctions

Aspects politiques extérieurs liés au film

La situation des immigrés et des femmes

Les situations des immigrĂ©s et des femmes sont relativement similaires. À une exception prĂšs, la prĂ©caritĂ© omniprĂ©sente des habitations dans lesquelles vivent les immigrĂ©s. Il y a une mauvaise isolation et quasiment aucune des rĂ©parations n'est faite. Plusieurs femmes et enfants vivent dans un mĂȘme endroit confinĂ©s avec un homme comme chef du groupe, qui s’occupe des affaires publiques. Les femmes immigrĂ©es travaillent au jour le jour, sans assurance ; et font des mĂ©tiers qui nĂ©cessitent trĂšs peu de qualifications. Elles sont souvent accusĂ©es de vol, sans aucune preuve, par le reste du personnel. Il n’y a visiblement pas de rĂ©els centres d’accueil pour les rĂ©fugiĂ©s et autres personnes non-Ă©gyptiennes ; ils sont donc forcĂ©s Ă  se mettre dans une sorte d’allĂ©e avec le strict nĂ©cessaire pour survivre. Les conditions de vie des immigrĂ©s s'avĂšrent plus mauvaises que celles dont ils auraient bĂ©nĂ©ficiĂ© dans d’autres pays.

Les femmes subissent des violences physiques et verbales couramment. À tel point que cela ne choque plus[3] la population ou une personne regardant le film avec un bagage culturel suffisamment dĂ©veloppĂ© sur le pays. La vision que projette le film sur les femmes[4] est la parfaite rĂ©flexion de l’image qu’elles ont au sein de la population. Les femmes, et plus prĂ©cisĂ©ment les femmes faisant partie du show business , sont vues comme Ă©tant des ĂȘtres manipulateurs, attirant et causant les problĂšmes des hommes (qui eux, sont vertueux).

La situation sociale des Cairotes

Le sentiment d’insĂ©curitĂ©[5] de la population provient de la passivitĂ© des forces de l’ordre. Selon le peuple Ă©gyptien, ils ne font pas rĂ©gner l’ordre et la justice. Ils se contentent d’ĂȘtre violents envers les innocents, les pauvres, etc. De plus, les soins mĂ©dicaux sont privĂ©s ou inefficients. En effet, ils sont excessivement chers et pas toujours de bonne qualitĂ©. C’est la raison pour laquelle les plus fortunĂ©s se font soigner en dehors du pays.

Quant au pouvoir d’achat de la population, il diminue de façon exponentielle et le gouvernement ne semble pas s’y intĂ©resser. Les pauvres sont de plus en plus dans le besoin[5]. Il y a l’évocation d’un des principaux problĂšmes des marchands et petits commerçants :  l’arrivĂ©e des asiatiques sur le marchĂ© Ă©gyptien. La construction des compounds dans ce que les entrepreneurs appellent le ‘‘nouveau Caire’’ creuse encore plus la sĂ©paration inĂ©galitaire de la population.  

Lien entre la sphÚre publique et privée

Peut devenir policier, celui qui se fait pistonner par une personne influente, ce qui est le cas dans le film. On remarque Ă©galement que l’enquĂȘte est immĂ©diatement arrĂȘtĂ©e lorsque celle-ci empiĂšte sur les affaires privĂ©es de grands investisseurs dans le pays[6]. L’enquĂȘte n’est pas autorisĂ©e par le chef du dĂ©partement de police car le principal suspect est un ami proche du fils du prĂ©sident Mubarak. Il y a une sĂ©rie de meurtres qui ont lieu sur toutes les personnes ayant un rapport avec l’enquĂȘte afin de protĂ©ger le gouvernement et ses haut placĂ©s. On observe aussi une grande diffĂ©rence de traitement entre l’interrogatoire d’une personne pauvre et d’une personne riche. Notons Ă©galement le double rĂŽle de certains fonctionnaires de police, qui aident des criminels[7] et prĂ©tendent aider avec l’enquĂȘte. Les personnes les plus influentes sont souvent celles qui sont le plus dans l’illĂ©galitĂ©.

SystĂšmes qui contournent la justice

Acceptation de la corruption[8] de la part de l’anti-hĂ©ros : il divulgue ou cache certaines informations cruciales en Ă©change d’argent. Pour les policiers et les membres influents de la population, la justice a un prix monĂ©taire. Au-delĂ  du fictif, on nous montre Ă  l’image la rĂ©alitĂ© de l’ordre qui rĂšgne sur l’Égypte. On assiste Ă  des mensonges et des corruptions rĂ©alisĂ©s au sein mĂȘme de la police : entre deux dĂ©partements ou entre un policier et son supĂ©rieur.

Les policiers ne gagnent pas beaucoup d’argent, cela est visible dĂšs le dĂ©but du film. Noureddine vit dans un logement pas plus soignĂ© que cela avec une voiture d’occasion qui fonctionne Ă  peine. Ils volent alors l’argent du peuple, qui est lui-mĂȘme victime de la misĂšre. Le fait est que les personnes qui doivent aider l’ordre Ă  rĂ©gner de nouveau sont ceux qui volent les morts comme les vivants. Il y a de plus, une violence physique exercĂ©e par les policiers et l’armĂ©e envers la population lors des interrogatoires (des personnes pauvres). Mais cette mĂȘme violence est visible Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme du dĂ©partement de police prĂ©sentĂ©. On torture un apprenti afin de lui soutirer des informations. Violence Ă  la main, Ă©lectrocution volontaire, coup de matraque; tous les moyens sont bons pour obtenir l’information voulue.

RĂ©volution Ă©gyptienne

La rĂ©volution est de prime abord une volontĂ© des Ă©tudiants de manifester contre le rĂ©gime politique en place. Ils se rebellent contre les vidĂ©os de propagande montrant Ă  la tĂ©lĂ©vision Ă  quel point le prĂ©sident est incroyablement bon envers son peuple et son armĂ©e. Les Ă©tudiants sont arrĂȘtĂ©s au dĂ©but et torturĂ©s aux yeux de tous. Ce qui devait ĂȘtre une simple manifestation d’une partie du peuple pour montrer son mĂ©contentement a pris une ampleur plus importante grĂące Ă  la date choisie : le [9], jour national cĂ©lĂ©brant la gloire des forces armĂ©es et de la police. Lors de cette rĂ©volution, les droits de l'homme ont Ă©tĂ© bafouĂ©s; les forces avaient pour ordres de tirer aveuglĂ©ment sur la foule, faisant des blessĂ©s innocents. Les Ă©vĂ©nements du film ne font que confirmer les rĂ©clamations du peuple lors de la rĂ©volution.  

Accueil

Accueil critique

L'accueil critique est positif : le site Allociné recense une moyenne des critiques presse de 3,9/5, et des critiques spectateurs à 3,9/5[10].

Pour Samuel Douhaire de TĂ©lĂ©rama, « le cinĂ©aste Tarik Saleh offre une intrigue criminelle captivante de bout en bout, avec tous les ingrĂ©dients du genre — femme fatale incluse. Mais aussi le portrait, social et politique, d'une mĂ©galopole Ă  un moment clĂ© de son histoire, avec ses puissants qui se croient au-dessus des lois et ses misĂ©rables utilisĂ©s pour les basses Ɠuvres... puis Ă©liminĂ©s quand ils deviennent trop gĂȘnants. »[11].

Pour Jean-François Rauger du Monde, « à travers un polar efficace et passionnant, le réalisateur Tarik Saleh dénonce une société égyptienne faisandée, gangrénée par la corruption à tous les niveaux. »[12].

Pour Akram BelkaĂŻd du Monde diplomatique, « Le Caire Confidentiel, du rĂ©alisateur suĂ©do-Ă©gyptien Tarik Saleh, est un film noir trĂšs rĂ©ussi. En France et Ă  l’étranger, la critique l’a reconnu de maniĂšre quasi unanime. C’est peut-ĂȘtre mĂȘme la premiĂšre fois qu’une fiction de ce type se dĂ©roulant au cƓur du monde arabe – en Égypte, en l’occurrence –, et mettant en scĂšne des personnages arabes, atteint une telle dimension universelle. [...] Le Caire Confidentiel, qui aurait gagnĂ© en stature en conservant son vrai titre The Nile Hilton Incident plutĂŽt que de proposer une rĂ©fĂ©rence appuyĂ©e au L.A. Confidential de James Ellroy, a donc pour toile de fond cette Égypte minĂ©e par la mafia, l’affairisme, la dictature et la violence. »[13].

Box-office

Notes et références

  1. (en) « The Nile Hilton Incident », sur IMDb (consulté le )
  2. « “Le Caire confidentiel” : regarde les hommes de Moubarak tomber », sur Courrier international, (consultĂ© le )
  3. (en) «Deconstructing the Regime’s Claim of Women’s Protection», Le Caire, The Department of English Language and Literature, the Faculty of Arts, Cairo University, , p. 125-127
  4. (en) May M. Kamal, « Women In Post Revolutionary Egyptian Cinema: Female Centered Film Plots (2011-2018) », The American University in Cairo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  5. (en) McDermott A., « Egypt from Nasser to Mubarak », sur www.taylorfrancis.com, (DOI 10.4324/9780203070376, consulté le )
  6. « « Le Caire Confidentiel », ou les abĂźmes de l’Égypte », sur Le Monde diplomatique, (consultĂ© le )
  7. « « Le Caire Confidentiel », un vrai film noir », le monde français,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  8. (en) Rapold Nicolas, « A Dirty Business. », sur search.proquest.com, (consulté le )
  9. (en) Fahmy Menza, Mohamed, « « Cairo’s new old faces. » », Clientelism and Patronage in the Middle East and North Africa.,‎ , p. 98-117
  10. « Le Caire confidentiel », sur Allociné (consulté le ).
  11. Samuel Douhaire, « Le Caire confidentiel », sur Télérama, (consulté le )
  12. Jean-François Rauger, « « Le Caire Confidentiel », un vrai film noir », sur Le Monde, (consulté le )
  13. Akram BelkaĂŻd, « « Le Caire Confidentiel », ou les abĂźmes de l’Égypte », sur Le Monde diplomatique, (consultĂ© le )
  14. JP-Boxoffice.com ; page du film Le Caire confidentiel consulté le 7 février 2018.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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