Lalla Zakia
Lalla Zakia, de son vrai nom Zakia Bey (arabe : زكية باي), née en et morte le à La Marsa, est une princesse tunisienne. Issue de la dynastie husseinite, elle est la fille de Lamine Bey, le dernier bey de Tunis.
Militante contre le protectorat français, elle fait passer des armes dans des voitures de sa famille et utilise son amour pour le chant pour collecter des dons pour les combattants.
Elle fonde une association de soins aux nourrissons et envoie de l'argent au leader nationaliste Habib Bourguiba, mais elle est dépossédée de tous ses droits et biens avec le reste de sa famille après l'indépendance de la Tunisie.
Biographie
Débuts dans le chant
Fille de Lamine Bey[1], le bey de Tunis, Zakia naît en [2] dans la banlieue nord de Tunis. Elle est le septième enfant du bey, sur un total de neuf filles et trois fils. Sa mère est Lella Jeneïna, fille de Hadj Béchir, d'origine libyenne et l'un des plus grands commerçants de la région de La Manouba.
Elle étudie à l'école des religieuses et s'attache à la littérature et à la peinture, mais plus particulièrement à la musique[1]. Elle fait écouter à son père tout ce qu'elle apprend, et il l'encourage à être assidue, lui permettant également d'apprendre à jouer du piano. À un stade avancé, un professeur de musique qui n'est autre qu'Ali Sriti, le plus grand joueur de oud à l'époque en Tunisie, vient l'accompagner, ce qui doit à Zakia Bey le surnom de « princesse artiste ».
Elle commence à chanter uniquement dans un cercle familial restreint, son père ayant refusé qu'elle chante en dehors de la famille.
Zakia a composé une chanson pour Hédi Mokrani et une deuxième chanson pour Abderrazak Karabaka[3].
Soutien au mouvement national
Après avoir épousé le docteur Mohamed Ben Salem, elle peut pratiquer librement sa passion musicale. Elle commence à organiser des concerts à l'intérieur de sa maison, en présence de grands artistes, en particulier le groupe Al-Manar, mais ces concerts sont en fait une couverture pour sa lutte contre le protectorat français. En effet, ils consistent en des réunions politiques et des débats entre des dirigeants nationalistes tels que Farhat Hached, Ali Belhouane, Mohamed Masmoudi, Salah Ben Youssef et Mongi Slim entre autres.
Zakia cache des armes sous le lit de sa sœur, la princesse Aïcha, et les distribue en utilisant les voitures du palais. Parce qu'elle n'est pas soumise à la fouille de la part des autorités françaises, elle accompagne son mari dans des campagnes de don de sang pour sauver la vie de victimes des attaques françaises. Elle crée aussi un comité national d'aide pour porter secours aux blessés des combats, ainsi qu'une institution de soins aux nourrissons. Les revenus des fêtes qu'organise Zakia Bey sont utilisés pour soutenir les résistants. Elle organise aussi des campagnes de collecte de dons au profit des personnes touchées par la famine. En 1952, l'agence France-Presse rapporte la découverte d'une cellule « terroriste » qu'elle a contribué à financer[4].
Lorsque la France exile le leader nationaliste Habib Bourguiba, Zakia lui envoie de l'argent pour l'aider. Toutefois, après l'indépendance, celui-ci prive tous les membres de la famille beylicale, y compris elle, de tous leurs droits et biens[5], en les soumettant à une assignation à résidence[6].
Elle meurt d'un cancer, à La Marsa[2], le à l'âge de 76 ans.
Vie privée
Zakia Bey se marie à Mohamed Ben Salem le [2]. Ils ont trois fils et trois filles[2].
Références
- Hatem Bourial, « La princesse Zakia Bey aux origines du Stade tunisien », sur webdo.tn, (consulté le ).
- (en) « Tunisia », sur royalark.net (consulté le ).
- (ar) Tahar Melligi, « أثر البايات في الحياة الموسيقية بتونس » [« L'impact des beys sur la vie musicale en Tunisie »], sur turess.com, (consulté le ).
- « La princesse Zakia, fille du bey serait compromise dans un complot « terroriste » découvert à Tunis », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- (ar) « طمس بورقيبة ذكراها.. هذه حكاية الأميرة المناضلة زكية باي » [« Bourguiba a brouillé sa mémoire : voici l'histoire de la princesse combattante Zakia Bey »], sur noonpost.com, (consulté le ).
- « Salwa Bey : « Lamine Bey comptait proclamer la République mais a été menacé par Bourguiba » », sur webdo.tn, (consulté le ).