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Labrieville

Labrieville est un lieu-dit du territoire non organisé de Lac-au-Brochet, en Haute-Côte-Nord, au Québec.

Labrieville
une illustration sous licence libre serait bienvenue
GĂ©ographie
Pays
Territoire non organisé au Québec
Province
Coordonnées
49° 18′ 00″ N, 69° 33′ 50″ O
Fonctionnement
Statut
Carte

Le lieu-dit se trouve sur le site d'un village construit par Hydro-Québec au début des années 1950 afin de loger les travailleurs bâtissant les centrales hydroélectriques Bersimis-1 et Bersimis-2. Le village est démantelé en 1974.

Historique

Projet hydroélectrique

Labrieville doit son existence Ă  la forte croissance Ă©conomique de l'après-guerre, qui force le dĂ©veloppement accĂ©lĂ©rĂ© de deux centrales hydroĂ©lectriques sur la rivière Betsiamites, Ă  85 km de la ville de Forestville, sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent. En , le gouvernement du QuĂ©bec accorde par dĂ©cret la concession de la force hydraulique de la rivière Betsiamite Ă  l'entreprise publique Hydro-QuĂ©bec, au grand dam de la Shawinigan Water and Power Company, la plus grande entreprise privĂ©e du secteur de l'Ă©lectricitĂ© Ă  cette Ă©poque[1].

En raison de l'augmentation substantielle de la demande d'Ă©lectricitĂ© au QuĂ©bec prĂ©vue au cours des annĂ©es 1950, la production de la première centrale du complexe, Bersimis-1 avec une puissance initiale de 912 mĂ©gawatts, sera requise dès la fin de l'annĂ©e 1956. S'engage alors une course contre la montre afin de construire les deux barrages, la centrale et les lignes d'Ă©lectricitĂ© Ă  315 kilovolts qui livreront la production du complexe aux marchĂ©s de QuĂ©bec et de MontrĂ©al, situĂ©s respectivement Ă  350 et 600 km.

Construction

Les premières Ă©tapes devant mener Ă  la crĂ©ation de Labrieville consistent Ă  construire une route et une centrale hydroĂ©lectrique. Construite entre novembre 1952 et juillet 1953, la centrale temporaire de 15 000 chevaux-vapeur (environ 12 mĂ©gawatts) est montĂ©e au Lac CassĂ©. Elle devait fournir le chantier et les camps de travailleurs. L'Ă©quipement utilisĂ© pour la centrale temporaire provient du dĂ©mantèlement en 1949 de la centrale de Saint-TimothĂ©e, près de la centrale des Cèdres, sur le Saint-Laurent près de MontrĂ©al[2].

La construction du village comme tel a débuté en . Le premier locataire a pris possession de son logement le . Les travaux au village ont été complétés en 1955[3].

La construction des installations a dĂ©butĂ© au cours de l'hiver de 1953 pour se terminer en 1955. La Commission hydroĂ©lectrique de QuĂ©bec, nom officiel d'Hydro-QuĂ©bec Ă  l'Ă©poque, a financĂ© la construction d'un complexe comportant un certain nombre de services : un hĂ´pital, une Ă©cole avec 8 salles de classe, une Ă©glise de 400 places, un Ă©difice abritant Ă  la fois un centre commercial et un centre rĂ©crĂ©atif, des terrains de baseball, des courts de tennis, une patinoire, une auberge, des dortoirs temporaires et des cafĂ©tĂ©rias temporaires pour les travailleurs ainsi que 116 rĂ©sidences individuelles, qui Ă©taient rĂ©servĂ©es aux cadres[4] durant la construction. Au cours des premières annĂ©es, elle comportait des quartiers distincts pour les hommes et les femmes.

La ville a été nommée en l'honneur de Napoléon-Alexandre Labrie premier évêque catholique du diocèse du Golfe Saint-Laurent. Dans une envolée oratoire, lors de l'inauguration de l'église, le premier ministre de l'époque, Maurice Duplessis, vante les qualités de pionnier de Mgr Labrie, et déclare que la ville porterait le nom de Labrieville. Mgr Labrie lui rend la pareille en déclarant que l'église du village porterait le nom de St-Maurice.

Décrit par un contemporain comme « un véritable joyau enchâssé dans la rugosité d'un pays inculte », le village était situé dans la vallée de la Betsiamites, à une courte distance de la centrale électrique. Dans un article publié dans le Canadian Geographical Journal en 1960, W.J.W. McNaughton ajoute que Labrieville est une « gentille petite ville, avec ses parterres dont le vert brillant contraste vivement avec l'austérité impressionnante du paysage environnant »[5].

DĂ©clin et fermeture

Après la construction et la mise en service des deux centrales — la centrale Bersimis-2 est entrée en service en 1959 —, Labrieville cherche désespérément un employeur majeur afin de diversifier son économie, complètement dépendante du personnel d'exploitation des deux centrales. Le village tente de faire valoir un potentiel minier et la valeur de l'hydroélectricité à portée de main. Ce sera toutefois peine perdue. Tout comme le village de Rapide-Blanc en Mauricie, qui devait lui aussi son existence à l'éloignement de la centrale électrique des zones peuplées, le village de Labrieville a été victime des progrès technologiques réalisés en matière de télécommunications et de télécommande au début des années 1970.

En 1974, Hydro-Québec démantèle Labrieville et la majorité des maisons est transportée dans un nouveau quartier de Forestville[6]. Les autres maisons, l'école et l'église seront rasées[7].

De nos jours

La route 385, qui autrefois servait de lien entre Labrieville et Forestville mène aujourd'hui à la centrale Bersimis-1 et à des chemins forestiers.

: un feu de forêt d’une grande importance fait rage et est toujours hors de contrôle en date du . La qualité de l’air en est affectée et la fumée traverse même le fleuve Saint-Laurent.

L'auberge, dernier bâtiment d'origine de la ville, est rasé en 2021[8].

Maintenant, la compagnie forestière Boisaco occupe l'ancien village avec son camp contenant environ 200 travailleurs forestiers.

Hydro-Quebec a aussi installé un camp forestier a seulement quelques kilomètres de là.

Références

  1. Claude Bellavance, Shawinigan Water and Power (1898-1963) : Formation et déclin d'un groupe industriel au Québec, Montréal, Boréal, , 446 p. (ISBN 2-89052-586-4), p. 180-181
  2. Ian McNaughton, Beauharnois, Montréal, Hydro-Québec,
  3. Jos Benoît, « Bersimis », Trait d'union, Commission hydroélectrique de Québec, vol. 1, no 7,‎
  4. McNaughton 1960, p. 125
  5. McNaughton 1960, p. 124
  6. Bolduc, Hogue et Larouche 1989, p. 137
  7. Frenette 1996, p. 501-502
  8. Stéphane Tremblay, « Le dernier bâtiment d'une ville fantôme sous le pic des démolisseurs », sur Ma Côte-Nord, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • AndrĂ© Bolduc, Clarence Hogue et Daniel Larouche, Hydro-QuĂ©bec, l'hĂ©ritage d'un siècle d'Ă©lectricitĂ©, MontrĂ©al, Libre Expression / Forces, , 3e Ă©d. (1re Ă©d. 1979), 341 p. (ISBN 2-89111-388-8)
  • Pierre Frenette, Histoire de la CĂ´te-Nord, Sainte-Foy, QuĂ©bec, Institut quĂ©bĂ©cois de recherche sur la culture, , 667 p. (ISBN 2-89224-266-5)
  • Richard Landry, Le projet d'amĂ©nagement de la rivière Bersimis 1952-1956 (MĂ©moire de maĂ®trise), UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al, , 136 p. (lire en ligne)
  • W.J.W. McNaughton, « Bersimis: La mise en valeur d'une rivière », Canadian Geographical Journal, Ottawa, SociĂ©tĂ© gĂ©ographique royale du Canada, vol. 60, no 4,‎ , p. 114-135

Articles connexes

Liens externes

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