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La Vague (film)

La Vague (Die Welle) est un film allemand réalisé par Dennis Gansel et sorti en 2008. Il est librement inspiré de « La TroisiÚme Vague », une étude expérimentale sur un régime autocratique, menée par le professeur d'histoire Ron Jones avec des élÚves de premiÚre de l'école Cubberley à Palo Alto (Californie) durant la premiÚre semaine d'.

La Vague
Description de l'image Logo La Vague.png.
Titre original Die Welle
RĂ©alisation Dennis Gansel
Scénario Dennis Gansel
Todd Strasser
Peter Thorwarth (de)
Musique Heiko Maile (de)
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Genre Drame, thriller
DurĂ©e 108 minutes
Sortie 2008

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Accroche

Un professeur de lycĂ©e allemand, Rainer Wenger, face Ă  la conviction de ses Ă©lĂšves qu'un rĂ©gime autocratique ne pourrait plus voir le jour en Allemagne, dĂ©cide de mettre en place une expĂ©rience d'une semaine dans le cadre d'un atelier. En reprenant chacun des attributs qui reprĂ©sentent une autocratie et plus prĂ©cisĂ©ment une dictature, on observe alors la mise en place d'une sorte de jeu de rĂŽle grandeur nature. Construite comme une communautĂ©, « la Vague Â», rassemblĂ©e autour d'un symbole, un salut, un uniforme et des rĂšgles, s'Ă©tend rapidement Ă  l'extĂ©rieur de l'Ă©cole. En quelques jours, ce qui n'Ă©taient que de simples notions telles que l'esprit de groupe et la discipline se transforment en un rĂ©el parti politique. Les Ă©lĂšves, alors motivĂ©s par leurs valeurs, vont s'investir beaucoup trop, et de maniĂšre extrĂȘme. DĂšs le troisiĂšme jour, les membres du mouvement commencent Ă  exclure puis Ă  persĂ©cuter tous ceux qui ne se rallient pas Ă  leur cause. Ce qui n'Ă©tait initialement qu'un jeu de rĂŽle va Ă©chapper au contrĂŽle de Rainer Wenger. Lors d'un match de water-polo, une dispute Ă©clate et dĂ©gĂ©nĂšre en conflit entre les membres et les « non-membres » de « la Vague ». C'est Ă  la suite de cet Ă©vĂ©nement que Rainer Wenger dĂ©cide de mettre fin Ă  l'expĂ©rience, mais « la Vague » est dĂ©jĂ  incontrĂŽlable.

Résumé détaillé

Dans un lycĂ©e de l'Allemagne des annĂ©es 2000, Rainer Wenger est un enseignant quelque peu anarchiste proche de ses Ă©lĂšves. Lors d'une semaine de cours spĂ©ciaux et d'ateliers ayant pour thĂšme l'anarchie et l'autocratie, Wenger doit s'occuper, au dĂ©part Ă  contre-cƓur, de l'autocratie plutĂŽt que de l'anarchie. Il dĂ©cide alors, pour son cours, de mettre en place une expĂ©rience sur la dictature, face Ă  l'incrĂ©dulitĂ© de ses Ă©lĂšves quant Ă  la possibilitĂ© d'une renaissance d'un rĂ©gime autoritaire.

Rainer Wenger choisit le nom de son mouvement avec ses élÚves : « la Vague » et met petit à petit en place tous les éléments d'une dictature : un symbole (une vague), un salut (un mouvement de la main imitant celui d'une vague), un uniforme (une chemise blanche et un jean) et des rÚgles strictes, comme appeler le professeur par son nom et non plus par son prénom. Il s'impose comme leader et dirige l'activité, certain des bienfaits que peut apporter l'expérience à ses élÚves.

« La Vague » provoque sur les élÚves des réactions diverses : une minorité, composée de deux jeunes filles, Mona et Karo, refuse l'expérience et s'oppose à « la Vague », alors que la plupart se laissent séduire et suivent l'idée, notamment Marco, le petit ami de Karo. Au fil des jours, une véritable idéologie se met en place, basée à la fois sur un mouvement identitaire des jeunes et sur un soutien mutuel des lycéens. Mais « la Vague » prend des proportions démesurées : les membres commencent à persécuter les non-membres et les forcent à rejoindre le mouvement ; « la Vague » se dote également d'un site Internet aux images violentes, créé par Tim, un élÚve d'habitude réservé mais que « la Vague » a transformé en un garçon énergique et participatif. Un soir, un petit groupe de membres, mené par Tim, décide notamment de peindre le symbole de « la Vague » sur toute la ville. Le lendemain, Rainer, furieux de l'ampleur qu'a prise le mouvement, arrive brutalement en cours et cherche à raisonner ses élÚves, mais c'est déjà trop tard.

Le quatriĂšme jour, une grande soirĂ©e est organisĂ©e entre tous les membres de « la Vague » ; Karo refuse de s'y rendre, mĂȘme quand Marco l'y invite. Le lendemain, lors d'un match de water-polo, des violences Ă©clatent et le match tourne Ă  l'affrontement entre les membres de l'Ă©quipe de « la Vague » et leurs adversaires ; Rainer, Coach de l'Ă©quipe de « la Vague », doit mĂȘme plonger pour sĂ©parer deux garçons se battant violemment sous l'eau. Karo et Mona font alors irruption dans la salle et l'inondent de tracts anti-Vague, avant de fuir. Marco rejoint alors Karo pour la raisonner, mais la discussion s'envenime, l'un n'arrivant pas Ă  convaincre l'autre, et Marco finit, sous le coup de l'Ă©nervement et Ă  la suite d'une gifle de Karo, par frapper la jeune fille, avant de s'enfuir. Honteux et dĂ©semparĂ©, Marco se rend chez Rainer, Ă  qui il explique sa situation ; Rainer lui promet d'arrĂȘter « la Vague », conscient de la tournure qu'elle a prise.

Le dernier jour, Rainer convoque tous les Ă©lĂšves membres de « la Vague » au lycĂ©e et leur annonce qu'il a l'intention de poursuivre « la Vague », et mĂȘme d'organiser une rĂ©volte contre le gouvernement. Il est acclamĂ© par les Ă©lĂšves enthousiastes, mais Marco, stupĂ©fait, se lĂšve et interpelle Rainer, qui le fait taire et amener jusqu'Ă  l'estrade, avant de suggĂ©rer de le torturer ou de l'exclure du mouvement. Voyant que certains Ă©lĂšves sont prĂȘts Ă  le faire, Rainer, horrifiĂ©, rĂ©vĂšle qu'il simulait le dynamisme et l'emportement, pour que les Ă©lĂšves se rendent mieux compte de ce qu'ils auraient Ă©tĂ© capables de faire et finit par leur intimer l'ordre de rentrer chez eux. Mais c'est alors que Tim, fou de rage et de chagrin que « la Vague », qui lui a apportĂ© tout ce qu'il n'avait pas (la sociabilisation, le pouvoir, des responsabilitĂ©s
), s'arrĂȘte, sort un pistolet et bondit sur l'estrade, obligeant tout le monde Ă  rester. Il commence par tirer sur Bomber, un Ă©lĂšve, avant de menacer Rainer, qui tente dĂ©sespĂ©rĂ©ment de raisonner Tim. Ce dernier, accablĂ© par Rainer, qui lui dit de se reprendre, qu'il serait inutile de le tuer et que « la Vague » doit s'arrĂȘter, se met Ă  pleurer, avant de se suicider en se tirant une balle dans la bouche.

Bomber est emmenĂ© d'urgence Ă  l'hĂŽpital. Le cadavre de Tim est transportĂ© dans un cercueil. Karo et Marco se rĂ©concilient et contemplent l'horreur de la conclusion de « la Vague ». Rainer Wenger est arrĂȘtĂ©, emmenĂ© par la police puis s'effondre en rĂ©alisant les consĂ©quences de l'expĂ©rience.

Fiche technique

Distribution

Sources et légende : Version française (VF) selon le carton de doublage.

Production

GenĂšse

Le film est adaptĂ© d'un fait divers intervenu aux États-Unis dans les annĂ©es 1960 en classe de premiĂšre du lycĂ©e Cubberley Ă  Palo Alto (Californie) lors d'un cours sur l'Allemagne nazie par le professeur Ron Jones (ce dernier n'arrivant pas Ă  expliquer Ă  ses Ă©lĂšves comment les citoyens allemands avaient pu laisser sans rĂ©agir le parti nazi procĂ©der aux gĂ©nocides). Le mouvement s'appelait « La troisiĂšme vague », il Ă©tait mis en place sur cinq jours avant que le professeur dĂ©voile la supercherie. Cette expĂ©rience aura menĂ© Ă  l'Ă©criture du livre La Vague de Todd Strasser, qui aura inspirĂ© la rĂ©alisation du film.

Bande originale

  • Rock'n'Roll High School par EL*KE, l'original Ă©tant de The Ramones.
  • Rock'N'Roll Queen de The Subways.
  • Execution Song de Johnossi (en).
  • NIghtlight de Bonobo (feat. Bajka) (la discussion entre Marco et Lisa dans un bar).
  • Tick Tick Boom de The Hives.
  • Garden of the Growing Hearts d'Empty Trash (de) (sur la plage).

Accueil

Accueil critique

La Vague
Score cumulé
SiteNote
Rotten Tomatoes67 %[1]
Allociné2.8 étoiles sur 5[2]
Compilation des critiques
PĂ©riodiqueNote

Sur l'agrĂ©gateur amĂ©ricain Rotten Tomatoes, le film rĂ©colte 67 % d'opinions favorables pour 18 critiques[1].

En France, le site AllocinĂ© propose une note moyenne de 2,8⁄5 Ă  partir de l'interprĂ©tation de 19 critiques de presse[2].

Box-office

En France, le film a Ă©tĂ© vu par 184 886 spectateurs en salles[3].

Aspect politique

L'histoire qui se cache derriĂšre ce film est ancienne et s’est vue reproduite et interprĂ©tĂ©e plus d’une fois et ce, de deux façons diffĂ©rentes. Commençant en expĂ©rience rĂ©elle, elle a Ă©tĂ© adaptĂ©e en livre par Todd Strasser en 1981. Celui-ci dĂ©clare d’ailleurs en parlant de l’histoire : « Le plus important, c’est le message de cette histoire, qui doit servir Ă  la fois de souvenir Ă  propos de ce qui s’est passĂ© et d’un avertissement Ă  propos de ce qui peut se reproduire[4]. » C’est dans cette mĂȘme optique qu’est rĂ©alisĂ© le film La Vague. Simplement, une adaptation Ă  l’écran permet de rejoindre un plus grand public en cette Ăšre du mĂ©diatique. Le film aborde les sujets du fascisme[5] et de l’autocratie dans le but de dĂ©signer le risque politique de l'autoritarisme : le film emprunte le canal d'une dystopie dans le seul but de mettre en avant le risque, rĂ©el selon le rĂ©alisateur, de la naissance d’un parti extrĂ©miste.

Selon Marie-HĂ©lĂšne Masse[6], la premiĂšre base Ă  la crĂ©ation d’un groupe ou mouvement est la prĂ©sence d’un leader. Dans le cas du film, c’est le professeur Wenger qui sera un leader dit autocratique. Cela implique qu’il est le seul au pouvoir et que jamais lui-mĂȘme ou ses dĂ©cisions ne sont remises en question. Comme l’aborde Kae Reynolds[7] dans son Ă©tude de cas, ce film « expose la tendance Ă  sous-estimer le pouvoir des adeptes ». Toujours selon M.-H. Masse, en vue d'organiser un rĂ©gime politique fasciste, il est nĂ©cessaire de savoir gĂ©rer ceux qui vont donner naissance au mouvement et faire vivre cette idĂ©ologie. Le pouvoir accordĂ© Ă  la communication, passant surtout par la propagande du dirigeant Ă  son peuple est donc primordiale. Le film avait pour but de reprĂ©senter une sociĂ©tĂ© miniature, les Ă©lĂšves reprĂ©sentant le peuple qui suit le leader et qui, Ă  grande Ă©chelle, engloberait la population d’un pays. Le lien entre la communication et le monde politique est aujourd’hui dĂ©crit en employant un concept prĂ©cis : celui de communication politique. Il se rĂ©sume au « processus par lequel le langage et les symboles, employĂ©s par les leaders, les mĂ©dias ou les citoyens, exercent des effets prĂ©vus ou imprĂ©vus sur les connaissances, les attitudes ou les comportements politiques des individus ou sur les rĂ©sultats qui portent sur les politiques publiques d’une nation, d’un État ou d’un groupe social »[8]. C’est pourquoi la communication politique s’applique Ă  tout type de rĂ©gime. De plus, ce n’est pas une mentalitĂ© d’individualitĂ©, mais toujours celle d’un groupe uni. C’est un autre aspect des rĂ©gimes totalitaires que d’inclure tous les gens dans une mĂȘme quĂȘte. Cela permet notamment de rejoindre les gens plus faibles qui auraient gĂ©nĂ©ralement Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s, ou encore les intellectuels qui se sentent diffĂ©rents. Si l’un des membres n’est pas comme les autres, il devient dangereux pour le parti, et se voit donc enfermĂ© dans le camp adverse. Cette union des membres au sein du parti se forge d’ailleurs avec l’usage d’un langage et de symboles prĂ©cis comme on l’a vu dans la dĂ©finition prĂ©cĂ©dente. Dans le film, comme parfois au cours de l'Histoire, les exigences du mouvement sont graduelles. Il y a donc le salut par lequel les membres se reconnaissent entre eux, mais qui les distinguent de ceux qui ne font pas partie de leur mouvement. L’effet de groupe apporte une conscience de pouvoir, le fait de se croire plus fort donne aux partisans une mentalitĂ© de supĂ©rioritĂ©. Il y a une multitude de moyens de se distinguer, notamment le symbole suprĂȘme du rĂ©gime, simple, mais facilement identifiable, le logo de vague. Sans oublier les noms attribuĂ©s, les postes, l’uniforme et les nombreux slogans totalitaires. Survient enfin la derniĂšre phase, celle que les spĂ©cialistes appellent le phĂ©nomĂšne de l’obĂ©issance extrĂȘme[9]. C’est alors aisĂ©ment que le leader contrĂŽlera et entraĂźnera tous les membres, ceux-ci Ă©tant dĂ©jĂ  prĂȘts Ă  tout pour leur parti.

Impacts et réception du film

Plusieurs professeurs utilisent ce film comme exemple de la simplicitĂ© qu'a un rĂ©gime autoritaire ou considĂ©rĂ© comme fasciste Ă  prendre le contrĂŽle d’un peuple. Dans le milieu pĂ©dagogique, ce film devient donc un rĂ©el outil d’enseignement[10] lorsque vient le moment de parler de propagande, de dictature ou encore de la place des contre-pouvoirs en dĂ©mocratie.

Ce film peut ĂȘtre rapprochĂ© d'autres films qui questionnent la responsabilitĂ© des choix pĂ©dagogiques et les risques de la sĂ©duction en contexte Ă©ducatif, face Ă  des adolescents. Marc Demeuse et Antoine Derobertmasure proposent une analyse de La Vague, en parallĂšle du Cercle des poĂštes disparus de Peter Weir et de quelques autres films[11]. Ils soulignent l'intĂ©rĂȘt de ce type d'analyse lors de la formation d'enseignants.

Distinctions

RĂ©compenses

Le film a été lauréat à deux reprises des prix du film allemand avec le Prix de bronze (catégorie meilleur film) et le Prix d'or décerné à Frederick Lau (prix d'interprétation masculine, catégorie meilleur second rÎle).

SĂ©lection

Le film a également été sélectionné en compétition au festival du film de Sundance (grand prix du jury).

Autour du film

  • Une seconde version de la fin du film a Ă©tĂ© tournĂ©e, pour Ă©viter de choquer les spectateurs : Tim, Ă  la fin, ne se suicide pas, mais tombe en pleurs dans les bras de Rainer, avant d'ĂȘtre emmenĂ© avec lui par la police.
  • Une sĂ©rie Netflix, adaptĂ©e du livre et du film, est intitulĂ©e Nous, la Vague.

Notes et références

  1. (en) « La Vague (2008) », sur Rotten Tomatoes, Fandango Media (consulté le ).
  2. « La Vague - critiques presse », sur Allociné (consulté le ).
  3. sur Allociné.
  4. (en) Susan Stan, « How Todd Strasser Became Morton Rhue », The ALAN Review, vol. 35, no 2,‎ (ISSN 1547-741X, DOI 10.21061/alan.v35i2.a.7, lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. nicolaslebourg, « Fascismes : cent ans, et aprÚs ? », sur Fragments sur les Temps Présents, (consulté le ).
  6. Marie-HĂ©lĂšne Masse, « Les effets des pratiques de leadership sur la performance de l'Ă©quipe : rĂŽle mĂ©diateur de l’engagement des membres envers les objectifs d’équipe », MĂ©moire,‎ (lire en ligne).
  7. (en) Kae Renolds, « The Interplay of Follower and Leader Ethics: A Case Study of the Film “The Wave”: Cases and Commentaries », sur ResearchGate.
  8. Jean-Michel Utard, Philippe Aldrin, Nicolas Hubé et Caroline Ollivier-Yaniv (dir.), Les mondes de la communication publique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (DOI 10.4000/books.pur.71750, lire en ligne).
  9. Les Grignoux, « Dossier pĂ©dagogique ; La vague », Dossier pĂ©dagogique,‎ (lire en ligne).
  10. « Die Welle », sur Superprof Ressources, (consulté le ).
  11. Marc Demeuse et Antoine Derobertmasure, « Lorsque ça dérape... John Keating, Rainer Wenger et quelques autres », dans A. Derobertmasure, M. Demeuse et M. Bocquillion, L'Ecole à travers le cinéma. Ce que les films nous disent sur le systÚme éducatif, Bruxelles, Mardaga, (ISBN 978-2-8047-0873-3)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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